Chapitre 12
"Étais-je morte ?"
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On gravissait les marches de plus en plus lentement à cause du nombre de Tzitzimimes qui ne cessaient d'augmenter au fur et à mesure de notre ascension.
Naïa savait maîtriser l'art de se battre. Elle arrivait à manier l'épée que m'avait fabriqué Tezcatlipoca aussi bien que moi.
Je devais en permanence récupérer les flèches que j'avais lancé pour éviter d'être en manque. Les coups s'enchaînaient et les squelettes détruits s'accumulaient.
Cependant, j'avais l'impression qu'on arrivera jamais à tous les exterminer. Les démons continuaient sans cesse à sortir par la porte reliant nos deux mondes.
À un moment, Naïa se fit griffer par un des monstres. La griffure était profonde, elle avait déchiré sa chair et le hurlement que poussa ma dite soeur me déchira les oreilles.
Je me rapprochai d'elle tout en continuant à attaquer puisque Naïa était à genoux sur le sol. Je voulais essayer de la guérir mais avant même que je l'atteigne, elle avait utilisé sa propre magie contre elle.
Elle avait utilisé la même matière solide dont étaient faites mon armure et mon épée pour en entourer son bras pour éviter toute infection ou tout écoulement de sang.
Je devinais qu'elle avait dû faire en sorte de ne plus rien ressentir car elle reprit l'arme et recommença à se battre sans dire un mot. Je l'admirai de se montrer si forte.
Je continuai donc à combattre de mon côté sans parler pour éviter de perdre de l'énergie pour rien. Il devait nous rester une dizaine de marches et c'était l'enfer.
Les Tzitzimimes semblaient sortir à l'infini de ce portail. On avait dû tuer une centaine de monstres et mes membres commençaient à peser lourd.
Je voyais Naïa avoir de plus en plus de difficultés à combattre à mes côtés. Dès qu'elle levait le bras pour l'abattre sur un des démons, elle grimaçait de douleur. Son sortilège n'était probablement pas assez fort contre la douleur qu'elle ressentait.
On était en train de faiblir alors que les Tzitzimimes devenaient de plus en plus nombreuses. On allait jamais arriver au bout à cette allure. On allait mourir sur ces marches, épuisées.
Je gravis une marche de plus, il m'en restait encore quelques unes. On était si près du but mais je n'avais plus la force d'avancer. Mes tirs étaient moins précis, et devenaient de plus en plus lent.
On allait bientôt se faire massacrer par les démons sortis tout droit des Enfers. Je n'en pouvais plus. Je n'y arrivais plus. Je voyais à mes côtés que Naïa n'arrivait plus non plus à garder le rythme soutenu qu'on avait au départ.
Je n'avais plus d'énergie et je tombais au sol, complètement vidée. Puis je vis noir.
Dans ce noir se dessina un rayon de lumière qui augmentait de plus en plus. Étais-je morte ? Étais-je dans un monde après la mort ?
J'étais chez moi. J'étais dans les bras de ma mère assise dans le canapé du salon. Voir ma mère en vie et sentir sa chaleur me donna envie de pleurer.
Elle me manquait terriblement et me sentir coupable de sa mort et la voir dans mes rêves ne m'aidait pas à faire totalement le deuil. J'étais cependant incapable de verser une seule larme mais je sentais que mes joues étaient humides.
- Tu sais Alyssia, je trouve que tu es une fille très forte, différente certes, mais forte. Et tu sais pourquoi ? Parce que malgré tout ce que les autres te font, tu trouves la force de persévérer et d'avancer. Et puis, une fois, on m'a dit que la force ce n'est pas de tomber mais de se relever. Donc bats toi ma chérie, pour être heureuse, pour être libre parce que chaque jour la vie est un combat. Si le monde te persécute, alors tu devras persécuter le monde. Bats toi pour vivre.
Je n'eus pas le temps de répondre que déjà je me sentis partir en arrière. Je m'en allais de la chaleur réconfortante des bras de ma mère. La lumière s'en alla au fur et à mesure et je me retrouvais dans le noir.
J'ouvrai les yeux d'un coup. J'étais sur ces marches, au milieu du chaos. Je me souvenais des paroles de ma mère. Elle me les avait dites une fois, lorsque des élèves s'étaient amusés à me persécuter. Ces simples mots m'avaient redonné la force de me battre.
Je voulais vivre. Apollon m'avait dit de vivre pour ma mère puisqu'elle ne le pouvait plus. Je devais donc me battre pour vivre. J'allais arriver à bout de ce portail reliant nos deux mondes.
J'avais eu un regain d'espoir et de force. Je regardai à côté de moi mais Naïa, elle, n'allait pas pouvoir continuer. Il allait falloir que je les décime tous, tout en protégeant ma soeur. Mon cerveau fonctionnait à vive allure pour trouver une solution.
Je me sentis être mise en arrière de mon corps. Un de mes Dieux étaient en train de prendre possession de mon corps. Je n'avais pas encore appris à savoir quels Dieux c'était en fonction de leur présence en moi. Je ne savais pas encore les différencier, je n'avais pas pris cette habitude.
- Naïa, couvre-moi quelques instants pour que je mette au point un sortilège qui les anéantira tous, m'entendis-je dire.
- Tu en es capable ? me demanda-t-elle avec précaution.
Je hochai la tête et elle se mit devant moi. Elle devait redoubler d'efforts alors qu'elle était déjà exténuée et blessée. De mes mains, je formais une sorte de lumière blanche. C'était donc Apollon.
"Qu'est-ce que c'est ?" demandai-je dans ma tête.
"C'est une vieille magie qui tuera tous ceux que tu considères comme des ennemis."
Je laissais mon Dieu préparer le sortilège qui me prenait énormément d'énergie mais je ne devais pas faiblir. "Bats toi pour vivre". "Vis pour ta mère". Ces deux phrases tournaient en boucle dans ma tête. C'était les mots qui me permettaient de ne pas faiblir.
Je voyais bien que Naïa ne tarderait pas à ne plus avoir de force alors je pressai intérieurement Apollon. La magie entre mes mains ne cessait de grandir, mais allait-ce être suffisant pour anéantir tous les Tzitzimimes d'un coup ?
D'un geste rapide, je jetai mon sortilège devant moi, là où se trouvaient les ennemis. Je poussai un cri horrifié en voyant que Naïa était aussi sur la trajectoire de mon sortilège.
Puis je me rappelai ce qu'Apollon m'avait dit : "C'est une vieille magie qui tuera tous ceux que tu considères comme des ennemis.". Je ne considérais pas ma soeur comme un ennemi donc elle ne risquait rien. Je faisais confiance à Apollon.
Lorsque la lumière de mes mains arriva sur les cibles, une lumière éblouissante se manifesta. On ne voyait plus rien mis à part du blanc.
On n'entendit par la même occasion une sorte d'explosion puis les cris de Tzitzimimes qui avaient l'air de se décomposer sous cette lumière.
La lumière diminua laissant place à la lumière sanglante due à l'éclipse lunaire qui n'avait toujours pas cessé. Cette lumière allait à merveille avec le décor chaotique qui était autour de nous.
Les Tzitzimimes avaient été réduits en tas de poussière. Nous n'avions plus aucun ennemi devant nous. Le portail était à portée de main. Je m'élançai vers lui.
Naïa me suivit mais elle chancelait derrière moi. Je me sentais faible aussi, dû à cette grosse attaque qui m'avait demandé beaucoup d'énergie, mais je ne devais pas me laisser aller. Je devais continuer à avancer afin de refermer ce portail.
- Il faut le fermer avant que d'autres démons sortent, dis-je à Naïa. Il faut que tu fasses l'incantation pour fermer le portail au plus vite.
Elle hocha la tête et se plaça à côté de la pierre qui avait accueilli le coeur et le sang d'Inti. Je voyais encore son muscle battre dans la main de Koya qui l'avait pressé au-dessus de la stèle.
J'essayai de chasser ces images de mon esprit pour éviter d'avoir la nausée. Naïa commença à réciter un texte dans la même langue, qui m'était inconnue, qu'avait utilisé Koya au début de l'incantation.
Je me penchais au-dessus du portail et je vis que des Tzitzimimes arrivaient dans notre direction. Le temps nous était compté.
La lumière les avait repoussé assez loin pendant quelques minutes mais maintenant, elle ne faisait plus effet et elles allaient revenir.
Naïa fermait les yeux et elle commençait à perdre équilibre. Elle chancelait mais se tenait fermement au bord de la pierre, ce qui la maintenait debout. Elle commençait à grimacer. Un jet de lumière sortit du portail. Elle devait être à la moitié de l'incantation.
Son corps heurta soudainement le sol. Naïa venait de perdre connaissance. Je me précipitai vers elle.
- Naïa ! Naïa réveille toi ! Il faut que tu finisses l'incantation sinon ça va être la fin du monde ! Naïa s'il te plait, ne me laisse pas toute seule ! Pas maintenant ! J'ai besoin de toi ! On a tous besoin de toi ! Seule toi peut finir le sortilège ! Sans toi, nous sommes tous destinés à mourir ! Naïa !
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