Le soleil déclinait doucement à l’horizon, projetant une lumière dorée à travers les hautes fenêtres du château. Lenora, assise, le regard perdu dans le vide, fut soudainement tirée de ses pensées par une voix familière.

- Princesse Lenora, cela fait un moment que nous n'avons pas eu l'occasion de parler, dit Alaric, son sourire chaleureux illuminant son visage. Il s'inclina légèrement devant elle, ses yeux pleins de bienveillance.

- Comment allez-vous ?

Lenora releva les yeux et lui rendit un sourire faible.

- Cela fait longtemps, Alaric. Je vais bien… enfin, aussi bien qu’on peut l’être à l’approche d’un mariage forcé, répondit-elle avec une pointe d’amertume.

Alaric avait toujours eu cette capacité à la réconforter, à apaiser ses tourments intérieurs. Mais cette fois, l’inquiétude qui la rongeait était plus tenace, plus profonde.

- Ce mariage approche à grands pas, en effet, reprit Alaric en scrutant son visage. Mais dites-moi, vous semblez préoccupée. Avez-vous des doutes ?

Lenora hocha la tête, se mordillant la lèvre.

- Alaric, crois-tu que… mon père pourrait changer d’avis ? Que je pourrais échapper à ce mariage ? Sa voix trembla légèrement, trahissant l’espoir fragile qu’elle nourrissait.

Alaric resta silencieux un moment, réfléchissant soigneusement à ses mots.

- Votre père est un homme de principes, mais il vous aime profondément. S’il avait une raison solide, il pourrait peut-être reconsidérer les choses. Je sais à quel point au fond de lui il vous aime votre altesse.

Lenora baissa les yeux, elle qui croyait que son père mettait toujours le devoir envers le royaume avant ses propres sentiments.

- Oui, je comprends… murmura-t-elle. Pourtant, les paroles du chevalier Enric, et l’idée de chantage qu’il avait suggérée, résonnaient de plus en plus fort dans son esprit.

Après quelques instants de discussion, Alaric prit congé, la saluant avec une courtoisie respectueuse. Lenora resta seule, réfléchissant à ses options. Incertaine, elle décida d’aller se promener dans le palais, espérant que cela l'aiderait à apaiser son esprit tourmenté.

Elle erra dans les couloirs jusqu’à ce qu’elle trouve Delcy, dans ses appartements, en train d’examiner de nouvelles robes. Dès que Lenora entra, sa sœur cadette la salua avec un sourire malicieux.

- Eh bien, grande sœur, tu viens t’assurer que je ne prends pas ta place dans ce mariage arrangé ? lança Delcy d'un ton sarcastique.

Lenora serra les dents. Les piques de sa sœur faisaient partie du quotidien, de puis 5 ans maintenant cela devait être le cas et elle ne savait même pas pourquoi. Mais aujourd’hui, elle ne se sentait pas d’humeur à plaisanter.

- Je ne suis pas d’humeur, Delcy, répliqua-t-elle sèchement, croisant les bras.

Delcy haussa un sourcil, amusée par la réaction de sa sœur.

- Oh vraiment ? Tu sembles bien mystérieuse ces derniers temps. J'ai entendu des rumeurs, tu sais. Il paraît que tu passes plus de temps avec le chevalier Enric qu’avec le prince Yonel. N’est-ce pas... étrange ?

Les paroles de Delcy frappèrent Lenora comme une gifle. La colère monta en elle, mais elle se força à garder son calme.

- Ce que tu entends ne te regarde pas. Ce mariage est déjà assez difficile à accepter sans que tu viennes ajouter tes insinuations, répondit-elle d’un ton glacé.

Delcy s'approcha, ses bras toujours croisés, l'air de défi dans le regard.

- Peut-être. Mais cela ne m’étonnerait pas que tu cherches à saboter ce mariage. Après tout, tu n’as jamais voulu te plier aux devoirs royaux. Tu as toujours voulu… être différente.

Les mots de Delcy firent naître une vive tension dans l’air. Lenora serra les poings, son regard se durcissant.

- Peut-être que je refuse de vivre une vie dictée par les attentes des autres. Peut-être que je veux choisir mon propre chemin, lança-t-elle avec une détermination qui lui brûlait les lèvres.

Les deux sœurs se faisaient désormais face, le regard noir. Après un long silence, Delcy finit par éclater de rire, un rire froid et distant.

- Tu es tellement égoïste, Lenora. Tu ne penses vraiment qu’à toi.

- Et toi, Delcy, tu es tellement obsédée par ta petite vie parfaite que tu ne vois même pas ce qui est vraiment important ! rétorqua Lenora, son cœur battant à tout rompre.

Les mots frappèrent juste, et Delcy resta silencieuse, visiblement touchée. Elle détourna finalement le regard.

- Fais ce que tu veux. Mais sache que tout cela aura des conséquences, lâcha-t-elle avant de tourner les talons.

Lenora, dégoûtée par cette confrontation, quitta la pièce à son tour, le cœur lourd. Elle savait que son chemin serait semé d'embûches, et que cette querelle avec sa sœur n’était que le début des épreuves qui l’attendaient.