Chapitre 71
Ils avaient quittés la boîte de nuit à quatre heures du matin, sans encombres. Vasco était tendu comme un arc, et voir durant toute la soirée les visages de soldats qu'il connaissait n'avait pas arrangé son anxiété. La seule chose qui l'avait un minimum calmé était de voir Chrysis heureuse.
La jeune princesse avait dansé en riant toute la soirée. L'espace de quelques heures, elle avait retrouvé l'insouciance de sa jeunesse. Et puis, cette robe qu'elle portait la sublimation tant qu'il avait parfois du mal à en croire ses yeux. C'était un tissu qui ressemblait à un filet de perles, et qui recouvrait son corps, la faisant briller de mille feux. Il s'arrêtait au dessus des genoux de la jeune femme, et tombait jusqu'à ses poignets. Son corps aurait été complètement mis a nu là-dessous, si elle n'avait pas enfilé un short et une brassière noire, qui contrastait à merveille avec la blancheur de la robe perlée.
Voir d'autres hommes lorgner sur les courbes de sa petite amie d'un air avide avait néanmoins énervé le jeune mafieu, mais il avait rapidement envoyé les vigiles —des hommes sous sa direction hiérarchique— écarter tous ceux qui ne gardaient pas leurs yeux et leurs mains pour eux.
Ils étaient arrivé chez eux à cinq heures, après avoir déposé leurs trois amis à leurs domiciles respectifs.
Haris était visiblement couchée, mais son ordinateur était toujours allumé sur la petite table du salon. Chrysis s'en approcha et lut machinalement la page ouverte. C'était sur le pôle de maïeutisme d'un des hôpitaux de Lisbonne. La jeune princesse haussa les épaules et ferma l'écran de l'appareil.
Chrysis était bien moins sobre que Vasco. À vrai dire, par crainte de ce qui se trafiquait sur le toit de l'Aphrodite, le jeune mafieu n'avait pas pu une seule goutte d'alcool dans la boîte de nuit.
Alors qu'elle commençait à monter les escaliers d'un pas chancelant, Sasha était arrive derrière elle pour la soutenir. Mais le garde du corps fut rapidement interrompue par Vasco, qui le tira par l'épaule et disant :
— Je m'en occupe. À demain.
Le bodyguard hocha la tête et fit demi-tour, sûrement pour vérifier que toutes les caméras du rez-de-chaussée étaient fonctionnelles, et toutes les portes fermées. Haris semblait particulièrement paranoïaque sur le sujet depuis quelques jours, ce qui le rendait lui-même particulièrement minutieux.
Pendant ce temps, au dernier étage, la jeune maman s'était écroulée sur son lit, bras en croix et visiblement éreinté.
— Tes cernes font peur à voir. Lui avait doucement dit son petit ami, tout en lui enlevant ses chaussures.
— Les tiennes aussi.
Le jeune homme grimaça, et ils terminèrent calmement de se déshabiller.
Mélanger la vie de jeunes parents avec celle d'étudiants était particulièrement facile, d'autant plus lors de ces périodes d'examens. Ni l'un ni l'autre ne savait à quand remontait leur dernière vraie nuit reposante. Heureusement que Sasha et Haris étaient quotidiennement présents pour les aider.
Ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils feraient sans eux.
Les deux amoureux se blottirent l'un contre l'autre, en cuillère. C'était Vasco la petite cuillère, ce soir-là. N'ayant pas de préférence, ils inversaient souvent les rôles.
C'est Bestiole qui les réveilla le lendemain matin. La porte de leur chambre avait dû s'entrouvrir pendant la nuit, car le chien sautait à présent en aboyant sur leur lit. Chrysis grogna en remontant la couette au dessus de son visage lorsque Vasco tira les rideaux.
— Il est neuf heures, mon amour.
— Laisse moi dormir, ou je t'étrangle. Avait grommelé la princesse d'une vois pâteuse. Le garçon ricana de bon cœur avant de quitter la pièce, l'animal sur ses talons. Il lui donna des croquettes, comme chaque matin, avant de se diriger à son tours vers la cuisine. Haris, Sasha et Dulce y étaient déjà, et la jeune papa prit sa fille dans ses bras pour l'embrasser.
— Bonjour ma Dudu.
— Bonzour papa.
— Tu as bien dormis ?
La blondinette acquiesça vivement, tout en se replongeant dans son bol de céréales.
— Je suis étonnée de te voir debout si tôt. Avait dit Haris au jeune mafieu, un demi-rictus tracé sur le visage.
— Je n'ai pas bu, donc ça va... et Bestiole nous a offert le meilleur des réveils. Avait-il ironisé tout en se beurrant une tartine de pain.
— C'est quand, les résultats de vos examens ?
— À la fin du moins, je pense.
— Et vous êtes optimistes ?
— Oui.
De toute façon, ni l'un ni l'autre n'avaient le choix. Leurs projets d'avenir ne laissaient en aucun cas la place à un possible redoublement.
Devinant pertinemment ce à quoi le blond pensait, la bodyguard avait continué :
— Tout est prêt, sinon ?
— Absolument tout.
— Qu'est-ce qui est prêt ? La petite voix fluette de Dulce s'étaient élevée dans les airs, et les trois adultes s'étaient retournés vers elle, d'un seul mouvement.
Vasco sourit et dit une petite pitchette sur le nez de son enfant :
— Une surprise.
Les yeux marrons de la blondinette se mirent à pétiller :
— Une surpriiiiise ?! Για πότε; Pour quand ?
La portugais lança un regard de biais à Haris : il ne parlait pas grec.
— Elle te demande c'est pour quand. Lui avait dit celle-ci à mi-voix.
Vasco sourit de plus belle :
— Treize jours.
— C'est beaucoup ?
Oh oui, beaucoup trop.
— Non, c'est très très bientôt ma Dudu.
Ils attendaient ce mardi onze juin en comptant presque les secondes. En fait, par moments, c'est ce qui se passait réellement.
La veille du jour j, alors qu'ils n'arrivaient pas à dormir, Chrysis s'était légèrement levée du lit, pour aller s'allonger entièrement sur Vasco. Se dernier l'avait immédiatement entouré de ses bras, pour la serrer contre lui et l'embrasser dans le cou.
La jeune femme posa sa joue sur la poitrine de son partenaire. Tout aurait été silencieux si son cœur ne battait pas aussi vite dans sa poitrine.
— Tu as hâte ? Avait-elle soufflé tout en parsèment de baisers le menton du blond. Ce dernier sourit, et resserra sa prise :
— Si tu savais à quel point...
La jeune femme remonta un peu, pour coller sa joue à celle du jeune homme. Elle emmêla ses doigts dans ses cheveux, qui commençaient à retrouver leurs longueur, tandis qu'il passait sa main sous son teeshirt de pyjama pour toucher la peau féminine. Elle frissonnait au contact de ses doigts.
— Demain, plus ne sera jamais comme avant. Tout va changer. Avait dit Vasco, autant pour Chrysis que pour lui.
— Je ne suis pas sure de réussir à dormir cette nuit.
Il avait glissé sa deuxième main sous son tee-shirt, pour dire d'un air malicieux :
— On peut faire autre chose, si tu veux.
La jolie blonde avait rit, d'un rire cristallin qui lui venait de sa mère, et avait rétorqué sur le même ton :
— Moi, ça me va.
— Ah oui ?
Ni une, ni deux, le jeune homme avait fait tourner leurs corps, pour inverser les rôles et qu'il se retrouve au dessus d'elle. Sans attendre plus, Vasco avait embrassé la princesse. De cette même manière avec laquelle il lui montrait tout l'amour qu'il avait pour elle. Cette façon dont leurs lèvres dansaient ensemble avait don de prouver que oui, ils étaient fait l'un pour l'autre.
Les mains du blond, toujours coincées dans le dos féminin, remontèrent promptement, emportant le haut avec elle. Chrysis sourit lorsqu'il quitta ses lèvres pour son cou, son buste, sa poitrine.
Vasco esquiva les mains de sa partenaire qui tentaient à son tours de le déshabiller. Au lieu de ça, il la prit par les fesses pour la remonter dans le lit, et mieux la caler sur les coussins.
— Qu'est-ce que tu fais ? Avait-elle soufflé, alors qu'il relevait vers elle ses yeux remplis de désir.
— Laisse-moi faire, veux-tu.
Les lèvres du mafieu s'étaient à nouveau remises à parcourir le ventre de sa compagne. Chaque contact déclenchait une nuée de papillons brûlants, qui voltigeaient dans le corps de Chrysis, pour remonter jusqu'à son cœur. Le garçon continua à descendre, toujours plus, et la jeune femme prit un coussins pour le plaquer en gémissant contre son visage.
Leur nuit fut courte, et peu reposante. Ils se levèrent à huit heures le lendemain matin, et s'apprêtèrent pour se rendre au Palais Royal.
Aujourd'hui, cela faisait un mois tout pile que leur relation avait été révélée au grand public. Le mois no man's land, sans bavures et routinier, étaient enfin terminé. Ça avait très bien porté ses fruits, d'ailleurs, car les mouvements de haine s'étaient tous éteints.
Chrysis et Vasco comptaient bien profiter de cette récente liberté, et ce dès les premières heures. Juste avant le déjeuner, qu'ils passeraient chez les Apo Ti Thalassa, le jeune couple avait prévu une conférence de presse au château.
Ils s'habillèrent chacun d'une tenue élégante, mais qui les représentait malgré tout. Chrysis avait mise une robe longue jeune pâle à fleurs roses. Elle avait un décolleté carré et des petites manches bouffantes. Ses cheveux blonds, dont certaines mèches étaient rendues pressées blanches par le sel et le soleil, tombaient dans son dos et sur ses épaules.
Vasco, lui, avait mis un pantalon de coton blanc, ainsi qu'une chemise elle aussi jaune pâle.
Leurs tenues étaient assez simples, mais se prêtaient tout de même à l'occasion. Ils avaient choisis d'un commun accord que Dulce ne participerait pas à l'interview, et leur fille ne fut donc pas habillée d'une manière particulière.
Alors qu'ils allaient entrer dans la voiture pour partir, Haris se dirigea vers Chrysis d'un pas hésitant. Sasha se tenait droit derrière elle, comme ci sur les secondes à venir la brunette était devenue sa protégée. La jeune femme tripotait nerveusement sa frange de la main droite, et tenait une pochette dans sa main gauche. Elle s'arrêta à deux mètres de sa meilleure amie, qui l'a regardait les sourcils froncés.
Quelques chose clochait.
— Haris ? Quelque chose ne va pas ?
Mais au lieu de répondre à la question, la garde du corps en posa une autre :
— Ça y'est, vous allez faire l'annonce ?
— Oui. Ça y'est.
La brune sourit, comme pour les encourager dans leur démarche. Mais le coin de ses lèvres commença à tressauter. Elle était sur le point de pleurer. Chrysis se décomposa face à cette scène, et fit un pas un avant pour enlacer son amie. Mais cette dernière la retint éloignée, tout en reprenant de la face :
— Tiens. C'est pour toi.
Elle lui tendait la pochette qu'elle tenait jusqu'ici, et la princesse s'en saisit. À côté d'elle, Vasco dévisageait la grecque. Il avait déjà deviné ce qui se trouvait à l'intérieur. À vrai dire, il s'en doutait depuis plusieurs jours déjà. D'un geste, il posa sa main sur l'épaule de sa petite amie pour lui apporter du soutien, alors qu'elle demandait :
— Qu'est-ce que c'est ?
— Je suis désolé, Chrysis. Mais je ne peux pas faire autrement. Pour ma vie...
Non... non, non, non...
La jeune femme refusait de comprendre ce qui se passait. Ça ne pouvait pas être ça. Ça ne pouvait pas...
— Tu me fais peur, là... Avait-elle dit d'une voix faussement amusée.
Elle tremblait contre Vasco. Elle sentait tout son corps trembler, et c'était une sensation horrible.
— C'est ma lettre de démission. Je m'arrête ici, et dès demain je ne serai plus ta garde du corps, Chrysis. Je ne suis même pas sure de continuer dans la garde rapprochée... je veux être sage femme. J'ai les diplômes pour ça, j'ai postulé à...
La jeune n'entendait plus rien. Elle sentait juste son corps s'écrouler dans les bras de l'homme qu'elle aimait.
Haris partait.
Haris partait, et le problème c'est qu'elle ne savait plus faire sans elle.
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