Chapitre 57
Dès qu'elle fut arrivée dans sa chambre, Chrysis tira sur les rubans de son corset jusqu'à défaire le noeuds, et laissa sa robe tomber à terre. Elle s'en extirpa ensuite en reniflant, vêtue seulement d'un petit short et d'un soutien-gorge.
Ses yeux couleur automne se retournèrent lentement vers Vasco, qui l'observait d'un air démunis. Et la jeune femme explosa en sanglots, laissant ses jambes flageolantes tomber à terre. Son partenaire ne réfléchit pas à deux fois avant de se précipiter vers elle, et l'encercler de ses bras.
— Chrysis...
— Je ne sais vraiment pas quoi faire. Sanglotait-elle tout en se blottissant contre lui. Vasco passa doucement sa main dans les cheveux féminins. Quelques mèches blondes s'étaient détachées du chignon de la princesse pour tomber dans son cou.
— Ils ont réagit à chaud... c'est normal.
Il espérait vraiment que ses propos étaient vrais.
Lui-même était très affecté par la situation. Envisager que Chrysis s'éloigne de sa famille par sa faute était insupportable. La jeune femme s'accrochait à son cou de manière si désespérée qu'elle donnait l'impression d'être suspendue dans le vide. Et c'était un peu le cas. La princesse avait besoin du soutien des gens, et sans celui de sa famille elle se savait incapable de gérer la situation.
À peine une minutes eut le temps de passer qu'un toquement précipité se fit entendre sur la porte, qui s'ouvrit presque immédiatement. Lüka apparut en trombes dans la chambre, Chrysis se redressa d'un seul coup en sous-vêtements, et Vasco fit de même en se plaçant devant elle de manière protectrice. En voyant de sa sœur avait enlevé sa robe, le prince plaça vivement ses mains devant les yeux en s'excusant maladroitement. Le mafieu, quant à lui, enlevait précipitamment sa veste de costume pour la mettre sur les épaules de sa petite-amie, alors qu'en même temps les deux autres frères entraient dans la pièce.
Estevan faillit s'emporter en découvrant la scène, mais les larmes de sa cadette suffirent à lui faire comprendre que ce n'était pas ce qu'il pensait, et qu'elle avait dû retirer sa robe sous le coup de l'angoisse.
Vasco, lui, était bien à la limite de les fusiller froidement du regard et s'était placé entre eux et leur sœur comme pour la protéger du danger.
Parce qu'en ce moment, c'était bien eux le danger. Pas lui.
— Oh, Chrysis, je... enfin, nous... Avait commencé Fabiano d'une voix hésitante, et Estevan rajouta très vite :
— On s'est emportés un peu rapidement.
Mais comprends nous.
Il voyait le mafieu les évaluer du regard, mais sans oser prendre la parole. Probablement avait-il peur d'envenimer les choses.
La blondinette avait fait un pas sur le côtés. Ses bras serrés contre sa poitrine plaquaient nerveusement la veste de Vasco contre elle. Elle aurait bien aimé répondre, dire quelque chose, exprimer ce qu'elle pensait, mais aucun mort ne sortait de sa bouche. En fait, Chrysis ne savait même pas ce qu'elle ressentait, exactement.
Lüka fut le premier à se détacher pour venir enlacer sa sœur, et il fit très vite suivi de ses deux autres frères, qui prirent néanmoins soin de garder une distance respectable avec Vasco. Leurs étreinte dura quelques secondes silencieuses, jusqu'à ce que l'aîné de la fratrie prenne la parole :
— On va essayer de faire un effort.
Il se tourna de manière rigide vers le mafieu avant de rajouter :
— Comporte toi en acte et en pensée comme un homme normal, et nous te considérerons comme un homme normal. Cependant, si tu ose leur faire du mal de quelconque manière qu'il soit, ou si tu leur attire des ennuis...
— Ça n'arriva pas. Avait tranché Vasco avant que le prince ne puisse terminer ses menaces. Celui-ci et Fabiano le jaugèrent sûrement du regard avant d'acquiescer, et reporter leur attention sur leur sœur.
— Tu as sûrement au l'occasion de parler longuement de cette relation avec les parents. Et ils ont l'air convaincu de son bon fondement, même papa.
Lüka avaient appuyé sur ses derniers mots, et ses deux frères avaient acquiescés. Que leur mère accueille cette nouvelle avec optimisme n'était pas étonnant, mais de la part de leur père, c'était une autre affaire.
— J'imagine que si vous nous révélez votre relation, c'est pour bientôt faire de même avec les médias.
— Oui. Continuer à nous cacher n'est sain pour personne.
— Et tu attends de nous qu'on monte droit dans les yeux à notre peuple, quand ils nous demanderont qui est ce garçon ?
— Non ! Non... Vasco n'est pas un mafieu de profession, mais de sang. Et jamais des détails sur ce sujet ne vous seront demandés. Quel métier fait-il ? Il est étudiant ? Et sa famille ? Aucune idée, c'est un Sonhador et ses proches préfèrent rester éloignés des projecteurs ? Et ses projets, son caractère ? Il est amoureux de notre sœur. Voilà tout ce que vous aurez à dire, et c'est la stricte vérité !
Estevan, bien qu'il essayait de se montrer gentil, restait visiblement le plus réticent :
— On vous sert d'alibi en fait.
— Non ! Ça n'a aucun rapport...
Elle n'avait aucune envie que ses frères aient l'impression qu'elle se serve d'eux.
— On sait, que ça n'a aucun rapport. L'avait rassuré Lüka d'une voix douce, tout en lançant un regard entendu à son aîné.
— Moi, j'ai d'autres question. Avait relancé Fabiano tout en gardant un air tracassé :
— J'imagine qu'il y a un lien entre toutes ces révélations et le fait que tu aies déserté ta villa ces derniers jours ? Et que ta garde du corps soit absente, elle qui est si pointue...
Chrysis se ratatina légèrement sur place alors que tous les regards s'étaient tournés vers elle. Dans l'entre bâillement de la porte, Oksana, Inês et Inata écoutaient toute la conversation sans pour autant interférer dans le dialogue familial. Voyant que sa bien-aimée ne trouvait pas ses mots, Vasco avait volé à sa rescousse en répondant à sa place :
— Nous nous dévoilons majoritairement pour faire face au harcèlement que subit Chrysis. Elle a subit une attaque frontale, l'autre jour, avant que ma famille n'intervienne. Haris et l'un de nos amis sont à l'hôpital.
Et les autres six pieds sous terre.
Les trois princes avaient blêmit et touchaient la moindre parcelle du corps de leur cadette, comme pour vérifier si elle allait bien et n'avait aucune blessure.
— Ça va, ça va... Plus de peur que de mal de mon côté.
Mensonge.
Ta vie est construite sur un mensonge, Chrysis. Plus jamais tu n'existeras sans tes mensonges, et tu mourras avec eux.
— Qui va assurer ta protection si y'a bodyguard est H.S. ?
— Moi, je peux.
Estevan semblait réellement bienveillant lorsqu'il se retourna vers Vasco, qui avait répondu instinctivement. On lisait de l'approbation au fond de ses yeux, mais il avait néanmoins répondu :
— J'accepte certains choses, mais que ma sœur n'ait plus aucun professionnel chargé de protection à ses côtés n'est pas sur la liste.
— J'ai parlé au médecin, Haris devrait vite se remettre sur pieds.
— Chrysis, tu ne vas pas réembaucher une éclopée !
— Je vais continuer le contrat de la garde du corps attitrée.
La princesse s'était exprimée rudement, signifiant que l'emploi d'Haris n'était même pas une question sur laquelle débattre.
— Mais même si elle le voulait elle va être en congé maladie pour quelques temps ! Même si c'est l'espace de quelques jours, c'est déjà trop !
— Eh bien j'ai Vasco. Et j'ai des gardes royaux.
Son frère s'était massé les tempes.
— Je ne doute pas de la capacité de ton petit-ami à te protéger des violences physiques, mais jusqu'aux dernières nouvelles ça n'est pas lui qui va t'offrir un cadre légal stable !
Ni de Chrysis ni de Vasco ne réagit à cette balle perdue. Fabiano s'était tourné vers la porte de la chambre où se trouvaient les trois femmes, il croisa le regard malicieux de sa fiancée, avant de froncer les sourcils et crier :
— Papa ! Je sais que tu es là ! Donne ton avis, au moins !
En moins de deux, le roi Jayson et Léna se dévoilèrent à eux. L'homme se massait les tempes tandis que sa femme embrassait la salle de son regard chaleureux.
— J'ai eu le temps de parler à Haris et à son agence. Elle a une encore trois jours de repos dans lesquels tu vas rester ici avec Dulce. Ensuite, elle reprendra petit à petit du service. Mais en binôme. Un autre bodyguard avec lequel elle a l'habitude de travailler va venir s'assurer de ta sécurité physique. Les premiers jours voire semaines elle ne pourra pas fournir trop d'effort, et se contentera donc de lui expliquer le fonctionnement des choses et ton quotidien.
La jolie blonde ne riposta pas. Elle savait que cette décision avait été prise après mûre réflexion de la part de son géniteur.
— Mais comment on va faire pour lui cacher Vasco... enfin pas Vasco mais la Mafia.
— Ta garde du corps était dans le coup ?! S'emporta soudainement Estevan, encouragé par le regard offusqué que leur adressait Oksana.
— C'est plus compliqué que ça. Avait grommelle la princesse.
— Tu vas devoir cacher le vrai Vasco toute ta vie, Chrysis. Ça commencera avec ce garçon.
Un grand silence se fit dans la pièce. Chacun réfléchissait visiblement, sur des sujets similaires ou différents.
Vasco, lui, phasait sur le dernier mot du monarque :
— Ce garçon ?
Qui va vivre avec Chrysis, dormir dans la chambre à côté de Chrysis, tout partager avec Chrysis ?
— Oui, ce garçon qui est dans le meilleur de sa promotion en protection rapprochée en situation à risque.
Sasha.
Sasha qui pendant ce moment-même enchaînait depuis trois heures des combats de lutte avec les autres membres de son institution. Il était épuisé, mais semblait inépuisable. Son corps refusait de se plier sous la fatigue tant son esprit turbinait.
Il n'avait pas travaillé en équipe avec Haris depuis l'accident. Et ça lui allait très bien. Ça leur allait très bien à tout les deux.
Il n'était jamais retourné au Portugal. Rien que penser à son pays lui donnait envie de chialer. Ce pays n'était pas le sien mais qu'est-ce qu'il l'avait aimé, à une époque. Il avait rêvé de le parcourir, d'en faire le tours, d'y vivre même.
Plus maintenant.
Un grognement de rage sortit de sa gorge alors qu'il mettait à terre un énième adversaire.
Ses plaies internes ne s'étaient jamais cicatrisées, et ce contrat les rouvraient violemment. Il se demandait encore pourquoi il l'avait accepté.
Pour Haris ou pour lui ?
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