Chapitre 53
Vasco était évidemment retourné dans la chambre qui lui avait été attribuée, avant que le palais ne se réveille. Mais il avait bien cru tomber du mur et mourir là, bêtement. De fait, jeune homme s'était juré de ne plus jamais utiliser cette technique pour rejoindre Chrysis. Ils allaient bien pouvoir trouver quelque chose de moins casse-cou, la prochaine fois...
Comme prévu la princesse, et deux gardes royaux pour l'accompagner, s'étaient rendus à l'hôpital, en secret. La prise en charge d'Haris et de Noah restait toujours secrète, pour éviter une tsunami médiatique. Bien évidemment, la famille de Noah et l'entreprise d'Haris avaient été mises au courant, et tous appréciaient cette décision.
Le jeune mafieu, lui, avait préféré rentrer chez lui. Il se doutait bien que la garde du corps n'avait aucune envie de le voir, et que son meilleur ami attendait plus la venue de Chrysis que la sienne.
Les deux étaient alités dans la même chambre. Les infirmières firent entrer la princesse après lui avoir expliqué la situation et l'état de ses amis. Noah avait une commotion cérébrale mineure, mais allait devoir rester allonger une semaine. Haris, elle, avait eu moins de chance. Le couteau qu'elle s'était pris avait frôlé ses organes, engageant ainsi son pronostic vital. Son agresseur avait retiré l'arme après l'avoir planté, et par conséquent elle avait bien faillit se vider de son sang sur la chaussée.
La jolie blonde entra silencieusement dans la chambre. Ses amis, réveillés, tournèrent la tête vers elle.
— Bonjour...
— Oh, Chrysis ! Lança Noah alors que la princesse déposait deux énormes bouquets colorés sur une petite table.
— Personne n'a voulu nous donner de tes nouvelles, nous avons eu si peur ! Avait continué le portugais.
La princesse sourit, et vint enlacer le brun :
— Je vais bien. Mes poursuivants ont été interceptés à temps. On a pu s'en sortir sans dégâts, avec Dudu.
La jolie blonde s'était ensuite dirigée vers sa garde du corps, pour l'enlacer à son tours, faisant bien attention à ne pas trop la serrer :
— Je suis tellement désolée, Haris.
— Ne t'excuse pas. C'est mon métier. Trancha-t-elle fermement.
— Je crois que mon père va venir te parler.
— Je m'en doute.
Le visage de la brunette s'était fermé, et Chrysis décida donc de changer de conversation :
— Ça va ? Vous ne vous ennuyez pas trop ici ?
— Ça ne fait que deux jours. Avait ricanné Noah. Donc non. Et puis, on a nos téléphones et la télé.
En réalité, ce qu'ils n'avaient pas dit à la jolie blonde, ce que pas une seule fois ils n'avaient eu recourt à un de leurs écrans pour faire passer le temps. Depuis les nombreuses heures où ils étaient ici, ils avaient passé leur temps à parler. Pour l'une des premières fois depuis le début de leur relation, les deux jeunes gens se retrouvaient seuls. Seuls sans personne autours à les observer, seuls sans devoir jouer le rôle de la bodyguard et du meilleur ami de Chrysis.
Ils étaient rien que tout les deux, allongés dans leurs lits placés côte-à-côte, à parler librement sans avoir peur de se faire surprendre ou interrompre.
Leurs conversations avaient d'ailleurs immédiatement repris après le départ de Chrysis.
Si Noah savait qu'Haris était orpheline, il savait à présent que l'organisation de protection rapprochée dont elle faisait partie formait des mineurs. Et qu'elle même avait été recrutée par eux à ses dix ans, après la mort tragique de sa mère. Il savait à présent que s'occuper de Chrysis vaut été sa première grosse mission et qu'elle avait faillit mourir de peur en apprenant qu'elle avait été choisie.
Elle lui avait tout raconté : comme elle était arrivé dans leur base, en France. Comment elle avait suivi tous leurs entraînements : les cours de sciences comme de littérature, les entraînements sportifs, les cours de self-défense et de maniement d'armes.
Et puis, la manière dont elle s'était spécialisée dans la maïeutique et la petite enfance. Les cours de médecine, de psychologie. Tout ça de manière intensive bien avant l'âge de l'université.
Noah trouvait ça ahurissant, la manière dont elle avait réussi à apprendre toutes ces choses alors qu'à l'époque lui-même n'était intéressé que par son skate et sa planche de surf.
Elle avait aussi fini par lui dire qu'elle avait toujours fonctionné en duo, auparavant. Son coéquipier abordait l'aspect plus physique et sécuritaire, tandis qu'elle s'occupait de l'organisation et du côté médical.
Haris lui avait parlé de ce garçon pendant une heure, à un tel point que le jeune homme avait finit par se demander si elle n'avait pas été amoureuse de lui.
Sasha était son prénom. Sasha était une machine de guerre, disait-elle. Sacha était une montagne de muscle. Sasha ressemblait à un dieu scandinave. Sasha était un talent à l'état brut.
Mais Sasha avait eu un accident en mission, et Haris avait tout entendu dans l'oreillette. Ses cris, sa panique, ses larmes. Et elle n'avait rien pu faire pour l'aider. Et, étrangement, leur amitié était morte ce jour-là.
Comme si, pour oublier ce qui s'était passé, le jeune homme avait eu besoin de couper les ponts.
Depuis, Sasha et Haris ne s'étaient jamais reparlés. Ils n'avaient pas eu le temps, de toute façon : tous deux avaient fait le deuil de leur relation en se réfugiant dans le travail. La jeune femme avait été envoyé en mission à long terme auprès de Chrysis, tandis que lui avait enchaîné les petits contrats aux quatre coin du monde.
Noah s'était levé de son lit pour venir enlacer la brunette après ce récit. Sa tête tournait, mais il ignora cette sensation pour se concentrer sur le corps féminin qui lui rendait maladroitement son étreinte.
— Assez parlé de moi. Avait-elle alors soufflé.
Le garçon était retourné se coucher avant que des infirmières en alerte ne déboule dans la chambre.
— Qu'est-ce que tu veux savoir ?
Il se sentait mal, de débouler sa vie, alors que c'était elle qui avait besoin d'attention.
— Tout ! Qui es-tu, Noah Cardoso ?
Il avait sourit bêtement.
— Un étudiant en école de commerce.
— Non, sans blague, je savais pas.
Les deux jeunes adultes avaient ris ensemble, mais Haris s'était très vite reprise. Son ventre la faisait atrocement souffrir. Elle serra les dents, faisant tout son possible pour ne la gémir. Elle ne voulait pas inquiéter le brun pour rien. La pitié et la compassion qu'elle voyait dans ses yeux suite à son histoire était déjà bien assez désagréable comme ça.
— Chrysis m'a parlé de toi un jour... tu as été amoureux d'elle ?
— Oh...
Il s'était mordu la lèvre, cherchant ses mots :
— Oui. En troisième. Elle était déjà avec Vasco, à l'époque, en plus. Il rit nerveusement. Sombre époque.
— Ça n'était pas trop dur ?
— Si, atrocement. J'étais amoureux de ma meilleur amie, qui était en couple avec mon meilleur ami ! L'angoisse ! Ça a bien duré un an, en plus. Puis c'est passé, sans que je sache pourquoi. C'est Vasco qui l'a sût en premier. Il a fait comme si de rien n'était, mais ça l'a vraiment affecté, à l'époque. Il avait l'impression que j'étais malheureux par sa faute, et j'avais l'impression de lui mettre des coups de pression.
Il se souvenait de la culpabilité, de l'angoisse, du secret qui avait fini par exploser. De Kim et Antoni qui avaient tentés de le rassurer. De son cousin, Gabin. Qui habitait dans la maison voisine de la sienne depuis tout petit et qui avait joué au psy.
Gabin avait cinq ans de plus que lui. Il avait toujours été ce grand frère que Noah n'avait jamais eu. Il avait les cheveux noirs et les yeux de la même couleur, comme Noah. Mais à part ça, les deux garçons ne se ressemblaient en rien. L'on ne devinait pas aisément leur lien de parenté, à moins de très bien les connaître.
Gabin, c'était le garçon gentil et populaire. Celui au lycée qui avaient toutes les filles à ses trousses, mais sans jamais s'y intéresser. Le mec avec les converses, la veste en cuir et la grosse moto toujours parfaitement cirée. Le garçon qui avait sauté la sixième et qui, depuis, travaillait le minimum syndical. Il avait quand même réussi à décrocher une place dans une école de commerce international. Gabin avait fait son premier semestre de cours à Lisbonne, alors que Noah était au lycée.
Puis, il était allé en Erasmus à Paris. Seulement pour six mois, au départ.
Mais Gabin avait eu le coup de foudre.
Le coup de foudre pour la ville, avait-il dit à ses parents.
Mais Noah, lui, avait bien compris que ce n'était pas de la ville dont Gabin était tombé amoureux, mais bien de quelqu'un. Un français aux cheveux couleur paille qu'il affichait souvent sur les réseaux sociaux. Parfois même, alors que les deux cousins s'appelaient en visio, le blond était en arrière plan.
C'est en découvrant l'homosexualité de Gabin que Noah avait compris que ce n'était pas son cas. Lui qui se posait des questions depuis tant d'année —avant même l'histoire avec Chrysis— il avait enfin résolu ce problème.
— Comme tu sais je suis fils unique. Mais j'avais Gabin. Mon grand cousin, âgé de cinq ans de plus que moi.
Haris avait tressaillit, comme si le prénom lui évoquait quelques souvenirs :
— Gabin ? Tu ne m'en as jamais parlé ! Et comment est-il ?
— Incroyable. Le grand frère idéal. C'était le populaire qui ne prenait pas pour autant la grosse tête. Au collège et au lycée, on se voyait tous les jours. On alternait pour dormir l'un chez l'autre, il m'aidait pour mes devoirs. Je pense qu'il aimait bien l'idée d'avoir quelqu'un à protéger. Et moi, l'idée d'être protégé.
Il y eut un léger silence, puis Haris prit la parole :
— Pourquoi tu parles de lui au passé ?
— Il est mort un soir de réveillon. Et quelques mois après, c'est Chrysis qui partait.
Noah ne le vit pas, mais la garde en corps avait le souffle court.
— Je suis vraiment désolé...
— Ce n'est rien. On a tous perdu quelqu'un.
— Tu as une photo de lui ?
Noah avait déglutit avec difficulté avant de répondre. Sa gorge se nouait.
— Bien sûr. Je t'envoie la plus récente. Il était rentré pour Noël.
— Si ça te fait du mal de le revoir, ne t'inquiète pas ne me l'envoie pas.
— Non ! Non, t'inquiète. Ça va.
Il tapait déjà à toute allure sur l'écran de son téléphone, et quelques secondes plus tard Haris avait reçu une notification. Elle ouvrit l'image, et tomba nez à nez face à un Noah de seize ans déguisé en lutin. Il était les épaules d'un étudiant habillé en rouge, qui tenait une barbe blanche dans la main comme trophée.
— C'était un cavalier. Chaque année, il déguisait son cheval et nous avec, et on allait faire le tour du quartier. Les gosses adoraient ça, et nous encore plus.
— C'est une tradition incroyable.
— Tu ne sais pas à quel point. J'ai emmené Chrysis, une fois. Elle avait prit l'une des jument de sa mère. Elle était complètement folle.
Noah souriait doucement face à ces vieux souvenirs.
— Et il est mort comment ?
— Une fusillade à Paris. Il n'était pas dans les pires quartiers, pourtant. Mais c'était Gabin. Le garçon protecteur. Il a sauté sous les balles pour protéger les gens.
Non, pour protéger son copain. Son copain seulement.
Comme pour se rassurer lui-même, Noah continuait :
— Ils ont dit qu'il n'a pas souffert, qu'il est mort sur le coup.
— Tu crois en Dieu ?
Le brun sursauta, surpris par la question.
— Oui.
— Eh bien je suis sure qu'il est au ciel.
— Moi aussi.
Cela faisait quatre ans à présent, que Noah avait perdu Gabin. Qu'il avait perdu son modèle. Il avait fait le deuil, à présent. Mais il ne l'avait pas oublié pour autant.
On n'oubliait jamais les gens.
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