Chapitre 48
— Ils vont lui faire quoi ? Ils vont lui faire quoi ?
Chrysis faisait des aller-retours avec ses yeux entre la porte qui venait de se fermer, et Soraia qui l'avait doucement prise par le bras pour l'emmener avec elle.
— À lui, rien.
— Il faut leur dire que ce n'est pas de sa faute ! Il... je... je savais toutes les conséquences et j'ai pourtant insisté pour tout savoir !
Elle parlait si vite que c'était presque inaudible. La mafieuse ne dit rien, et les firent entrer dans une pièce bien plus accueillante que la précédente. Il y avait un canapé, dans un coin, et la femme aux yeux violets l'invita à s'y asseoir à ses côtés.
— As-tu été blessée avant d'arriver ici ?
Mais pourquoi elle me demande ça ? Il y a bien plus urgent ! La jeune femme secoua vivement la tête de droite à gauche.
— Doucement, calme-toi. Respire doucement, tout ira bien.
La princesse fit de son mieux pour écouter les conseils de son interlocutrice. Elle mit bien deux minutes avant de retrouver une respiration régulière, et ses muscles la lâchèrent d'un coup. Son dos s'écroula sur le dossier du canapé, et ses bras retombèrent mollement de part et d'autre de ses jambes.
Dulce gigota, mécontente d'avoir été lâchée par sa mère.
— Je ne veux pas que Vasco meurt.
— Personne ne veut que Vasco meurt.
L'émotion qui se lisait dans le timbre vocal de la femme disait à quel point elle aimait son fils.
— Je ne veux pas mourir.
— Personne ne veut que tu meurs.
Elle semblait si sincère. Et pourtant, tout à l'heure, son mari ne donnait pas l'impression d'être du même avis.
— J'ai peur...
Elle avait peur de mourir. Elle voulait voir Dulce grandir. Elle voulait vieillir avec Vasco. Elle ne voulait pas que tout s'arrête maintenant.
— C'est normal, d'avoir peur.
— Avez-vous déjà pensé mourir ?
La mafieuse marqua un léger silence avant de répondre, comme si elle laissait les souvenirs l'envahir.
— Plus d'une fois.
Chrysis acquiesça en déglutissant. Reprenant le contrôle de ses bras, et les serra autours de Dulce qui était assise sur ses genoux. Elle se mit à la bercer, machinalement, mais mécontente la petite se détacha de sa mère pour descendre par terre. Elle se mit à explorer la pièce, s'éloignant des deux femmes qui la suivaient du regard.
Soraia avait sortit son téléphone portable, et y jetait quelques coups d'œils.
— Je ne sais pas ce que Vasco t'a déjà dit, mais il y a deux manière d'entrer dans la Mafia. En devenant des externes ou des internes. Les externes prêtent loyauté, et jurent de ne pas trahir les secrets de l'organisation, ils doivent protéger la Mafia et la Mafia les protègera en retours. Et il y a les internes, qui au delà de la loyauté prêtent allégeance. Dans ce cas, on appartient à la Mafia. Nous sommes la Mafia, et il n'y a aucune issue pour en sortir. Es-tu conscience que par ton rang, tu ne pourras jamais prêter allégeance ? Il y aurait conflit d'intérêt.
— Je sais.
Ses yeux ne quittait pas Dulce du regard. La fillette avait ouvert le tiroir d'un meuble et en fouillait minutieusement le contenu.
Soraia l'observait à présent sans parler, comme si elle attendait qu'elle dise quelque chose. Chrysis réfléchit à ce qu'elle venait de lui explique. Cela signifiait que...
— Et si je prêtais loyauté ? Ça arrangerait les choses ?
— Oui.
— Quand vous voulez. Je donne ma loyauté quand vous voulez !
Elle s'était subitement redressée, mais la mafieuse l'avait retenue en posant doucement sa main sur sa cuisse.
— Attends. Ça n'est pas tout. Prêter loyauté te protègera une fois les papiers signés, mais n'excusera pas les secrets qui t'ont été révélés. Il y a autre chose.
— Je ferai n'importe quoi !
— Je sais. Elle avait sourit en lui répondant. Il y a un seul moyen : que Vasco te prenne sous ta protection. Il aura alors droit de venger quiconque s'attaquerait à toi, et aura pour cela le soutien de toute la Mafia. Plus personne ne pourra essayer d'atteindre à ta vie sans s'attirer le courroux justifié d'un des membres de notre élite.
La femme avait marqué un léger silence avant de continuer :
— Ça permettrait à Inacio de ne pas avoir à te tuer.
Oh...
— Parce qu'il ne le veut pas ?
— Bien sûr que non, il ne le veut pas. Mon mari est un homme rude, mais pas mauvais.
— Comment faire pour qu'As me prenne sous sa protection ?
La mafieuse grimaça :
— Il doit prendre à ta place un coup qui doit t'être fatal.
Chrysis blêmit. Elle angoissait tellement ces dernier moments qu'elle se demandait si elle n'allait pas finir par s'évanouir.
Et cerise sur la gâteau, à quelle mètre de là, Dulce sortait un gros objet métallique du tiroir, et se mit à le secouer dans tous les sens.
Sa fille avait trouvé un putain de pistolet.
Soraia fut la première à réagir, et se rua vers sa petite fille pour lui enlever sans brusquerie l'objet des mains, et lui tendre à la place un jeux de carte qui traînait là.
— Il faut pas toucher à ça, ma chérie. C'est des objets de grands.
Dulce observait la femme avec des yeux ronds, la bouche semi-ouverte. Elle pointa son visage du doigt en lançant :
— Violet !
— Oui, j'ai les yeux violets. Tu aimes bien ?
La petite princesse acquiesça vivement, avant de reporter toute son attention sur le jeu de carte qu'elle vida par terre.
Soraia farfouilla dans le même meuble, et trouva rapidement ce qu'elle cherchait. Elle se retourna vers Chrysis. Cette dernière, debout au centre de la pièce, était pâle comme la mort.
— Votre mari va me tirer dessus ?
— Oui. Et tu vas mettre ce gilet pare-balle. S'il te touche, tu n'auras qu'un bleu comme si tu jouais au paint-ball. Enlève ta veste, nous allons le mettre dessous.
— Mais Vasco n'aura pas de gilet pare-balle, lui ?
Les beaux yeux de son interlocutrice se voilèrent. Elle se mit frénétiquement à la déshabiller. L'empressement de ses mouvements manifestaient son angoisse.
— Non, et il ne saura pas que tu en as un. Il doit croire que ça va te tuer, ou bien la prise sous protection ne marchera pas.
— Mais, mais...
Vasco n'allait pas avoir de gilet pare-balles ! C'était trop dangereux !
Elle aurait voulu s'enfuir en courant, mais son corps ne lui obéissait plus.
— Écoute-moi attentivement. La voix de Soraia tremblait. D'ici quelques secondes, Inacio va arriver dans cette pièce et te tirer dessus. Ne bouge pas. Surtout, ne bouge pas. Mon mari est un très bon tireur. Vasco ne mourra pas. D'accord ? Il ne mourra pas.
On aurait dit qu'elle essayait de se convaincre elle-même. Ses paroles sonnaient tellement faux. Le menton de Chrysis tremblait.
Ne bouge pas.
Elle ne pensait qu'à ça.
La porte s'ouvrît dans un fracas, et elle ne bougea pas. Elle vit du coin de l'œil la mafieuse prendre Dulce dans ses bras et l'entraîner hors de la pièce.
Le Parrain était à quelques mètres d'elle, à peine. L'autre mafieu tenait fermement Vasco et le lâcha d'un seul coup. Au même instant, le garçon se ruait vers elle.
Le coup de feu vrombit dans ses oreilles. Le bruit à lui même infligea une douleur atroce à son crâne et dans toute sa colonne vertébrale.
Chrysis ferma les yeux. Elle était lâche, mais elle ne voulait pas voir ça. Elle avait trop peur.
Et si le gilet pare-balle était défectueux ?
Au moins, elle elle en avait un.
Vasco, non.
Elle rouvrit les yeux en se rendant compte que la balle ne l'avait pas atteinte. Et qu'elle ne l'atteindrait jamais. Elle s'était engouffré dans un autre corps que le sien.
Le sang de Vasco coula sur le sol avant même que son corps n'ait eu le temps de s'y écrouler. Chrysis porta ses mains à sa bouche avec effroi.
Vasco...
Sa petite voix intérieur hurlait.
Son âme entière hurlait.
Vasco !
L'arme d'Inacio était tombée par terre en même temps que le corps du garçon.
Le Parrain se rua vers son fils.
Son dernier enfant.
Son petit garçon.
J'ai tiré sur mon petit garçon.
Tombant à genoux à côté du corps, l'homme passa délicatement sa main derrière la tête du blond.
Il avait bien visé, normalement. La balle devrait se trouver entre le foie et le poumon. Sans avoir touché un seul organe vital.
Il posa tout doucement sa main à plat sur le corps ensanglanté de son fils.
— Je suis désolé...
Rares étaient les fois où il s'était entendu avoir une voix aussi rauque. Il fit glisser sa main sur la joue de Vasco. Leurs visages étaient à quelques mètres l'un de l'autre.
— Je suis désolé...
— Papa...
Sa voix était si faible.
Mais il n'avait pas le droit de mourir. Son fils était un guerrier. Il était fort, il était dans la fleur de l'âge, il avait une belle et longue vie devant lui.
— Mon petit garçon...
Une seule larme coulaient à présent sur le visage de Vasco. Celle d'Inacio.
— J'ai mal, papa.
Il n'avait pas répondu, se contentant de caresser calmement sa joue avec son pouce. Vasco reprit, d'une voix à peine audible :
— J'ai réussi ?
— Oui, tu as réussi.
La jeune homme sourit faiblement. Au même instant, Soraia déboula avec deux de leurs meilleurs médecins. On plaça une masque respiratoire et chloroformé sur le visage de Vasco. Le jeune homme papillota des yeux trois fois avant de s'endormir.
Inacio observa son fils s'éloigner sur le brancard, entouré du personnel soignant. Soraia s'approcha de lui et serra fermement sa main dans la sienne. Ce contact seul réussi à réchauffer son corps, et le sourire de sa femme eut le mérite de le calmer.
Il se retourna vers Joâo :
— Fait passer le message qu'à partir de ce dix mars, Chrysis Apo Ti Thalassa est placée sous la protection de Vasco. Tu appelles tous mes Capis, je veux que l'entièreté de nos hommes soient au courant dans les prochaines heures. Toute atteinte envers sa vie est passible de mort. Toute insulte envers sa personne est passible de riposte.
Le mafieu acquiesça à son père et supérieur et commençait déjà à partir de la pièce de pied ferme, quand le Parrain rajouta :
— Les directives concernant les corps des sept harceleurs, placez-les au centre des conflits territoriaux entre les gangs de la ville, pour que ça passe comme une fusillade de dealers. Nos hommes sauront la véritable cause décès, croiront que c'est l'œuvre de Vasco pour défendre son droit de protection. Laisse les rumeurs circuler, fait analyser les corps par nos médecins pour ne pas que ça se retrouve dans la une des journaux. Ce sera tout.
— Bien.
Le corps d'Inacio se relâcha légèrement, sous le poids de toute l'attention qu'il accumulait, depuis qu'il avait ouvert la porte pour tomber nez à nez avec Chrysis. Il se pinça l'arrête du nez en soupirant, et sa femme vint doucement l'embrasser sur la mâchoire.
— Tu as fait que qu'il fallait faire. Chuchota-t-elle, de manière à ce que lui seul puisse l'entendre.
— J'ai tiré sur notre fils.
Elle posa délicatement ses mains sur ses deux joues. Ses doigts remontaient jusqu'à ses tempes, et il dû courber la tête pour la regarder dans les yeux.
— Moi, je vois un homme qui a fait le choix difficile de devoir blesser une personne pour éviter de devoir en tuer une autre et rendre une enfant de deux ans orpheline.
— Nous ne savons pas s'il ne va pas mourir.
— Inacio. Je t'interdis de penser ça. As-tu déjà tué quelqu'un sans faire exprès ?
Il laissa son front tomber contre le sien.
— Non.
— Donc notre fils va s'en tirer. Dans quelques heures, il sera parfaitement soigné et parlera avec nous dans le salon comme si tout était normal.
Mais rien n'est plus normal.
Ils durent penser la même chose, car le sourire triste de Soraia fit écho au regard de son mari. Elle l'embrassa tendrement avant de quitter la pièce, à la suite des médecins.
Il n'y avait plus que Joâo, Inacio, Chrysis et Dulce.
Le Parrain se retourna vers la jeune femme, se rappelant soudain de son existence. Elle était toujours debout au même endroit, et le regardait en sanglotant. La petite Dulce, collée à sa jambe, n'avait pas vu la scène grâce à Soraia et ne comprenait pas ce qu'il se passait.
Il lisait plusieurs sentiments dans ses yeux marrons. La peur. L'angoisse. L'horreur. Le mafieu repoussa la culpabilité qui avait faiblement tenté de l'assaillir.
— Tu vas devoir prêter loyauté, Chrysis.
— Il, il... il, il n'est pas mort ?
Elle avait bafouillé ces mots entre deux sanglots. Inacio fit un signe de tête à son fils aîné, qui comprit le message et sortit rapidement de la salle.
— Notre équipe médicale va s'en charger, ce sont les plus compétents. Nous l'avons transféré dans l'une de nos bases, plus vers de centre de la ville. Nous le rejoindrons d'ici peu.
Il ne répondait pas à sa question. Et il le savait. Lui-même luttait contre l'envie de s'effondrer face à la possible fatalité de la réalité.
Il ne laissait transparaître aucune émotion dans sa voix. De toute façon, il ne savait pas faire autrement.
— Acceptes-tu de jurer loyauté à la Grande Mafia Européenne ?
— Oui, mille fois oui si ça peut le sauver !
Elle ne demandait même pas les termes du contrat. Ces derniers étaient simples : elle s'engageait à garder toute information concernant la Mafia pour elle, et sa vie pâtirait de toute transgression. En échange de bons procédés, la Grande Européenne pouvait tout autant l'aider que la protéger.
Joâo revint au même moment dans la pièce, et tendit un papier à son père.
— Il faut signer.
La princesse regardait les deux mafieux face à elle d'un air hébété. Vasco était peut être en train de rendre l'âme, et il ne s'intéressaient qu'à lui faire signer un papier ? Presque rageusement, elle s'empara du stylo à plume qu'on lui avait tendu, et c'est avec étonnement qu'elle se rendit compte qu'il s'agissait un ancien modèle. De ceux qui n'avaient pas de cartouches et qu'il fallait tremper dans l'encre.
Elle sursauta en voyant un couteau entrer dans son champs de vision. C'est Inacio qui le lui tendait :
— Avec son sang.
La jeune princesse eut un léger mouvement de recul. Avec son sang ? Il voulait réellement qu'elle se coupe pour pouvoir signer avec son sang ? Tétanisée, elle ne s'empara pas de l'arme dans un premier temps, mais finit pas succomber sous la pression du Parrain.
On ne se rend pas compte à quel point il est difficile de se blesser soi-même. Prendre l'arme, l'approcher de sa peau, l'appuyer et la faire glisser en sachant pertinemment que ça fera un mal de chien.
Merde alors, comment ils font ces mafieux et ces héros de livres, à se blesser sans problème comme des gros masochistes ?
Elle finit pas réussir à se faire une petit coupure, sur le bout de l'indexe gauche. Ou bien ses sens étaient exacerbés par les récents événements, ou bien ça brûlait atrocement. La princesse avait signé d'une main tremblante, avec cette horrible impression d'être en plein rituel maléfique. Elle s'attendait d'un moment à l'autre à voir sortir des hommes cagoules tapant dans des tambours.
Mais rien de tout ça ne se produit. Le pièce était tellement silencieuse que son cœur pulsait dans ses tempes, c'était assourdissant. Sa tête lui tournait. Aussi étrange que cela puisse paraître, Inacio dû le sentir car il posa sa main sur l'épaule de la jeune femme alors qu'elle lui rendait la feuille.
— C'est tout ?
Elle recommençait à pleurer, et passa rang rudement le revers de sa main sur ses yeux humides. Elle détestait ce sentiment d'impuissance et de désespoir dans lequel elle était plongée.
— En une heure nous avons appris que le Parrain avait une petite fille cachée. Vasco vient de se prendre une balle, ce qui fait de lui le seul Osabio en vie à avoir quelqu'un sous sa protection. Tu viens de signer avec la Mafia un contrat qui t'engagera jusqu'à la mort. Tes amis sont dans une aile hospitalière sécurisée. Tes parents sont le roi et la reine du pays et ne sont pas au courant de la situation. Si ça, « c'est tout » pour toi, alors soit. C'est tout. Plus qu'à te protéger, éponger le scandale médiatique des sept morts de la soirée, espérer que ton petit-ami soit en vie, et réussir à voir tes parents. Ça n'est rien.
Chrysis s'était retourné vers l'homme, éberluée. Il était là depuis le début, et pourtant avait à peine parlé. Elle ne savait même pas son nom. Ces propos ne firent qu'augmenter son stress, que Dulce dut sentir car elle s'accrocha d'autant plus à sa jambe.
— Ce n'était pas...
Ce que je voulais dire. Mais sa voix mourut dans sa gorgée avant qu'elle n'ait le temps de prononcer la fin de sa phrase.
La jeune femme allait se baisser pour prendre sa fille dans ses bras, plus dans l'envie de se conseiller elle même que de la rassurer, elle. Elle n'avait jamais fait de crise de panique mais avait la subite impression que la, tout de suite, ça allait être le cas.
Mais Chrysis n'eut pas le temps de se baisser : deux mains masculines s'était soudainement posées sur ses épaules, pour glisser dans son dos. Elle se laissa tomber mollement sur Inacio, qui la serrait fermement contre lui.
La jeune femme passa elle-même ses bras autours de l'homme. Elle aurait tellement aimé que ce soit son père à elle, qui soit en train de la consoler. La princesse s'imaginait Jayson, qui la prenait dans ses bras et essayait de la faire rire, comme quand il faisait lorsqu'elle n'était qu'une enfant.
Or, ce n'était pas son père à elle mais bel et bien celui de Vasco, dont elle sentait les bras autours de son corps et le souffle chaud dans les cheveux. Chrysis ferma les yeux, dès lors persuadée que tout ceci n'était qu'un rêve. Pas un cauchemar, étrangement, mais bel et bien un rêve. Quelques larmes silencieuses continuaient à couler sur ses joues, mais elle ne les sentait plus.
Ce fut la voix du Parrain qui la ramena brusquement à la réalité :
— Bienvenue dans la famille, Chrysis.
Elle ne se rendait pas encore compte de l'importance de cette phrase.
La famille.
Il ne parlait pas là de la famille Osabio seulement, mais de la Mafia toute entière.
Encore à moitié tétanisée, elle bégaya un faible « merci » auquel le mafieu ne réagit pas. Il s'était au contraire détaché d'elle pour sortir son téléphone de sa poche.
— Noah et Haris vont vite se rétablir. Personne, si ce n'est mes hommes, ne sont au courant de leur hospitalisation. Même pas tes parents. Vasco a été transféré à une autre de nos bases, équipée médicalement. Nous allons le rejoindre et y passer la nuit. Il faudrait que tu informes les gardes royaux qui surveillent ta villa que votre absence est normale.
La jolie blonde acquiesça et s'exécuta immédiatement. Elle appela les gardes de patrouille pour leur transmettre l'information, sous les yeux attentifs des deux mafieux face à elle.
— Vasco est bien en vie, hein ?
Les yeux des deux hommes s'assombrissent simultanément, et Inacio avait répondu :
— J'espère, Chrysis. J'espère.
La jeune femme avait déglutit.
Oh, elle aussi elle l'espérait. Elle l'espérait de tout son cœur, car la vie sans Vasco serait si fade que sans Dulce elle ne vaudrait plus le coup d'être vécue.
La main chaude du Parrain s'était posée sur son épaule :
— Allons-y.
Mais avant de partir, ses yeux s'étaient baissés vers Dulce.
Douceur était la signification du prénom de sa petite fille.
Douceur était le tempérament de son fils.
Il s'accroupit à la hauteur de l'enfant pour l'observer, sans un mot. La blondinette n'avait pas reculée et l'observait droit dans les yeux, avec un air de défi. Elle avait visiblement compris la tristesse de sa mère, et lui mettait la faute sur ses épaules.
Chrysis observait l'échange, quand soudain le petit poing de sa fille se serra.
Qu'est-ce que...
Dulce frappa Inacio en plein visage. Son poing s'était écrasé mollement sur son nez, et à présent elle lui tirait la langue.
La princesse observait sa fille avec effroi et se courba à sa hauteur pour l'éloigner :
— Désolé je, elle...
Mais Inacio l'avait brusquement coupée :
— Ce n'est rien.
Comment ça, ce n'est rien ? Il est le Parrain de la Mafia, des hommes meurent pour avoir prononcer son prénom, et ma fille vient de le frapper !
Inacio n'avait rien ajouté.
Mais un sourire s'était tracé sur son visage.
Un sourire.
Même le mafieu à côté semblait tétanisé par la situation.
Le Parrain tendit le bras, et frotta affectueusement les cheveux blond de Dulce. Il se releva, observa la jeune femme et lança :
— Eh bien, allons-y.
⭐️⭐️⭐️
J'espère que ceux qui ont détestés Inacio dans le chapitre précédent, vous êtes revenus sur votre position :)
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