Chapitre 18
Le lundi qui suivit, lorsque Chrysis éteignit son ordinateur après ses cours à distance, et le travail qu'elle avait dû faire après ceux-ci, il devait être dix-neuf heures. Épuisée, elle laissa son dos retomber sur le dossier moelleux de son fauteuil.
Alors qu'elle cherchait dans sa mémoire quel dessin animé elle allait pouvoir regarder avec Dulce, ses yeux se posèrent sur une lettre chiffonnée posée dans un coin de son bureau. Une lettre qui disait :
Si c'était un nouveau départ.
Et si tu m'as embrassé, étais-ce pour fermer le livre une bonne fois pour toute ou pour laisser l'espoir d'une happy end ?
Chrysis avait trouvé ça sur son balcon le matin même. Il n'y avait aucune signature, mais elle n'avait aucun doute sur l'auteur. Probablement Vasco était-il venu de déposer ce mot avant de partir en cours ce matin là.
La petite lettre avait été minutieusement enroulé autours d'un beau galet violacé qui sentait encore le sel. Le garçon avait dû le lancer du bas du jardin.
Elle ne savait pas quoi répondre. En fait, depuis le début de la journée, elle refusait d'y penser. La princesse soupira lourdement et poussa la feuille derrière l'écran de son ordinateur, pour ne plus la voir. Elle se leva mollement pour descendre au rez-de-chaussée où sa fille l'attendait impatiemment, assise sur le grand canapé, un baquet de biscuits à la fraise sur les genoux. Pas très conventionnel pour un dîner, mais ça fera largement l'affaire pour aujourd'hui...
— Âne Trotro ! Cria la fillette de deux ans en agitant ses petites jambes dans tous les sens. Chrysis sourit, et écarta les bras pour laisser le petite bout d'humain venir se lover contre elle.
Le dessin animé à peine commencé, la jeune mère épuisée s'écroula de sommeil et s'endormît dans un sommeil profond. Haris était en congé et ne fut donc pas là pour la réveiller. Il y avait seulement des gardes royaux posés dans une voiture devant le portail, pour filtrer tous ceux qui voulaient entrer dans la villa.
C'est Noah qui retrouva son amie, à vingt heures trente. Il avait décidé de passer après le cours, et les gardes à l'entrée l'avaient laissé passer sans rechigner. On leur avait donné des photos de lui-même et des autres pour qu'ils puissent venir voir leur amie librement.
À peine eut-il le temps d'ouvrir la porte que Dulce vint courir vers lui, le doigt sur la bouche :
— Zuuuut ! Maman dodo.
— Ah bon, maman fait déjà dodo ? Demanda le brun, étonné. Pour toute réponse, la fillette l'entraîna vers le grand canapé ou en effet, Chrysis dormait d'un sommeil profond. Ses yeux étaient cernés, et c'est sûr qu'entre ses études, sa fille, son statut de princesse et ses histoire avec Vasco, la pauvre devait avoir des nuits peu reposantes.
Sur l'immense télévision, le générique d'un dessin animé tournait. Noah s'empara de la télécommande pour éteindre l'écran. Puis, il se baissa pour rendre les bras vers Dulce et la soulever de terre en chuchotant :
— On va laisser maman faire dodo. Tu as mangé ce soir ?
— Oui, des gâteaux.
— Tu as faim ?
— Zoif !
La petite princesse commença à tirer, presque avec admiration, sur les cheveux noirs du garçon tandis qu'il l'emmenait jusqu'à la cuisine pour lui donner de l'eau. Elle vit avidement tout en restant accrochée à lui, emmêlant ses petits doigts potelés dans les mèches ébènes de l'étudiant.
— Tu es d'accord pour aller faire dodo ? Et maman viendra te faire un bisou plus tard, quand elle sera réveillée.
La petite acquiesça tout en bâillant. La portant toujours dans ses bras, il la conduisit jusqu'à sa chambre. Un pyjama était posé sur le lit et il prit soin de la changer, et la laisse s'allonger alors qu'ils fermait les volets.
— Une histoire siteuplait...
— Tu veux une histoire sur quoi ? Chuchota-t-il tout en s'asseyant sur le rebord du lit.
— Sur la mer !
Il sourit, se disant que c'était bien là la fille de sa mère, et se mit à inventer à haute voix une romance entre une jolie sirène et un beau surfer... En quelques minutes, la fillette s'endormît et il sortit de la chambre sur la pointe des pieds, prenant soin de fermer délicatement la porte derrière lui.
Noah était donc redescendu auprès de Chrysis, qui dormait encore. Il s'assit doucement à ses côtés, remettant tendrement ses cheveux derrière ses oreilles.
Il hésitait entre la laisser ici et lui emporter une couverture, ou la porter jusqu'à son lit, quand la porte s'ouvrît.
C'était Vasco, Alexi et Kim. Les trois arrivèrent tout joisses dans le salon, et immédiatement le brun leur fit signe de se taire, et ils s'exécutèrent dans la seconde :
— La vache, c'est qu'elle est vraiment crevée. Souffla Kim tout en ramassant la boîte de gâteaux vide qui gisait par terre.
— Et Dulce ? Interrogea Alexi tout en passant une main dans ses cheveux roux.
— Je l'ai couchée en arrivant, elle dort je pense. Haris n'arrivera que demain matin.
— On la réveille ?
— Non, vous connaissez Chrysis, elle risque de ne pas se rendormir de si tôt si on fait ça.
— Je vais la porter en haut alors. Conclut Noah tout en se levant d'un air déterminé. Mais à peine eut-il le temps de se baisser vers la blonde pour la soulever, une main de posa sur son épaule :
— Non, je vais le faire.
C'est Vasco, et il avait parlé plutôt sèchement. Les trois amis se retournèrent vers le garçon. Maintenant qu'il n'avait plus de cheveux, il avait vraiment l'air sévère, presque dangereux s'il tentait de jouer le jeu. Il fallait bien avouer que sa nouvelle coupe les avait surpris, mais après quelques questions sans réelles réponses, ils avaient arrêté d'essayer d'en savoir plus. Et puis, dans le fond, ça lui allait bien.
C'est juste que ça le changeait.
Mais à vrai dire, ça faisait des mois que Vasco avait changé. Les cheveux n'y modifiaient plus grand chose.
Voilà que les deux garçons étaient debout, face à face, à se regarder dans le blanc des yeux.
— T'inquiète, As. Je vais le faire.
— Non. Vraiment. J'insiste.
La tension était palpable et visiblement, aucun ne semblait laisser l'autre gagner ce privilège. Kim et Antoni observaient la situation, plus embarrassés qu'autre chose. À se demander si leurs deux potes n'allaient pas se sauter à la gorge dans les prochaines secondes.
Mais coupant court à leurs réflexions, Chrysis grommella dans son sommeil et tout en essayant de changer de positions, faillit tomber de tout son long. Vasco la retint au dernier moment en enroulant son bras autours de ses épaules. Jetant un regard provocateur à Noah, le mafieu plaça son deuxième bras sous les jambes de la jeune femme pour la porter contre lui.
Sans un mot de plus, il se dirigea vers l'escalier et monta les deux étages d'un seul coup, comme si la blonde ne pesait rien du tout.
Arriver dans la chambre de la princesse lui fit bizarre. Il connaissait cette pièce, s'y sentait bien, comme chez lui. Du moins, avant. Avant tout ça. Alors voilà qu'il se trouvait les bras brûlants, à serrer le petits corps endormis contre lui, et à s'immobiliser au seuil de la porte comme si un mur invisible l'empêchait d'entrer.
C'est alors que Noah le doubla, et lui lança d'une manière presque agressive :
— Bah alors, qu'est ce que t'attends ?
Le jeune homme serra la mâchoire avant de faire un pas en avant, puis deux. Il se dirigea de manière robotique vers le lit pour y déposer la princesse, et prit soin de remonter la couverture sur elle.
Avant de partir, Vasco ne put s'empêcher de jeter un rapide coup d'œil vers le balcon. Le galet n'y était plus, ce qui signifiait qu'elle avait bien reçu son mot. Pourquoi donc ne lui avait-elle pas répondu ? Il souffla du nez, pris un air résigné et redescendit au rez-de-chaussée.
— Il faudrait que l'un de nous reste cette nuit, jusqu'au retours de Haris demain matin. Si jamais Dulce a besoin de quelque chose en pleine nuit. Décréta As en voyant ses trois amis remettre leurs chaussures, prêt à partir.
Kim et Antoni s'échangèrent un regard en grimaçant :
— Désolé mec, commença le garçon à la peau ébène, on a un truc de prévu et on est déjà en retard...
— Merde, moi j'ai mon taff qui m'attends. Grommella le mafieu en jetant un coup d'œil à son téléphone, et voyant que son père ne cessait de le harceler.
— Bah moi, je suis là. Renchérit Noah.
— Tu peux rester ? Bougonna le mafieu, un peu contre son gré, car il était pris de jalousie.
— Oui, j'ai des habits à moi dans la chambre d'amis en plus.
— Bien. Tu m'appelles s'il y a un problème. Finit-il par dire froidement avant de se chausser à son tours, prendre sa veste et rejoindre Kim et Antoni qui l'attendaient devant la porte d'entrée.
— Quoi comme taff ? Avait alors demandé le roux, piqué par la curiosité. Vasco lui jeta un regard en oblique tout en remontant la fermeture éclairé de son manteau. Il fourra les mains dans ses poches :
— Non, Antoni, je ne suis pas un dealer.
Ses deux interlocuteurs parurent surpris, alors il continua en haussant les épaules :
— Je sais que tout le monde le pense, depuis quelques temps. Ce n'est pas parce que les rumeurs me concernent qu'elle ne m'arrivent pas aux oreilles. Termina-t-il en ricanant.
— J'espère bien, que tu n'es pas un dealer. T'es trop intelligent pour ça. Les cités, tout ça, après ça te fou dans des engrenages pas possibles qui te bouffent la vie !
— Je sais. Vasco sourit tendrement à ses deux amis avant de continuer :
— Promis, votre petit blond tout gentil n'est pas en train de devenir un un toxico accro à sa came.
— On espère bien. Lui avait alors dit Kim en écartant les bras. Ils s'étaient détendus. Vasco ne put s'empêcher de rire , et il vint enlacer son ami, très vite suivi par le rouquin.
— Ouf, moi qui avait peur que Vasco Sonhador ne soit plus une guimauve !
— Rho, ta gueule. Lança le concerné en riant, avant de se détacher des deux garçons pour se diriger vers sa voiture.
— Mon mystérieux travail m'attends. Et il leur fit un clin d'œil avant de démarrer le moteur et disparaître en quelques secondes.
Un dealer... quelle idée. Jamais son père ne le laisserait s'abaisser au travail d'un petit dealer de banlieue. Il était bien plus que ça, il était le fournisseur, le négociateur, le mec au dessus grâce à qui la drogue arrivait dans le pays. Pas celui qui la vendait aux ados.
Le jeune mafieu, le jeune prince du royaume invisible de la Grande Mafia Europénne, avait donc rejoint son père. Ses deux sœurs Amélia et Adriana était de retours à Lisbonne pour quelques jours. Les deux jumelles ne comptaient pas en profiter pour se reposer, bien au contraire. Leur implication dans la Mafia était toute leur vie, et passer au siège social était une occasion pour elles d'asseoir leur autorité... et de trimballe —ou former— leur petit frère.
Le jeune homme rentra donc à sa villa à l'aube, les yeux cernés. Il ferma la porte derrière lui et se dirigea vers la cuisine pour grignoter quelques choses avant de dormir. Il avait quelque d'heures devant lui pour rattraper sa nuit, mais il devait être à la heure du déjeuner chez ses parents.
Vasco bailla, se déshabilla presque entièrement pour ne garder que son caleçon, et se fit couler un chocolat chaud dans lequel le il trempa quelques grasses tranches de brioches.
Mais à peine son en-cas terminé que la sonnette retentit à ses oreilles. Le blond grommella tout en se dirigeant vers la porte d'entrée d'une démarche endormie.
Le courant d'air frai gifle sa peau nue lorsqu'il ouvrit la porte. D'abord, ne voyant rien, il fronça les sourcils. Puis il éclat de rire parvint d'un seul coup à ses oreilles, le faisant baisser les yeux :
— Tout nu !
Dulce était là, et la petite était visible hilare de le trouver là, à lui ouvrir en caleçon en plein hiver.
Sa fille tendait les bras vers lui et il ne put s'empêcher à la tentation de la soulever de terre pour la prendre dans ses bras :
— Bah alors, qu'est ce que tu fais ici ? Souffla-t-il tout en lui embrassant les cheveux. La petite gigotait dans tous les sens, visiblement ravie, et lui tendit une feuille de papier toute pliée.
— Maman ! Dit-elle tout en pointant du doigt le portail d'entrée. En effet, Chrysis était là. Bras croisés sur sa poitrine, une grosse écharpe enveloppait son cou. Vasco se demande si Noah avait appris à la princesse que c'était lui qui l'avait porté à son lit. Probablement pas.
— Maman ne veut pas venir ? Murmura-t-il sans détacher ses yeux de ceux de la femme.
— Non ! Que Dudu bonjours Asco !
Il sourit :
— Vasco.
Papa.
— Fasco !
— Vvvvvvasco ! Réessaie !
— Vvvvvasco ! Et la fillette éclata de rire tout en serrant le garçon contre elle. Elle finit rapidement par réclamer le sol et le jeune homme le re déposa donc. À peine fait, la petite blonde courrait déjà vers sa mère tout en lui faisant coucou. Le Brun sourit, fit à son tours des signes de mains avant de rentrer chez lui, doigts serrés retours de ce bout de papier chiffonné.
Il orienta jusqu'à sa chambre pour ouvrir la feuille. Bien calé sur son lit, ses yeux qui il y a quelques secondes se fermaient de sommeil étaient maintenant parfaitement éveillés. Chrysis avait écrit au bic noir :
Penses-tu qu'après un baiser écrits par des auteurs désenchanté, les héros des romans arrivent à trouver leur happy end ?
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