Tony

Je marche dans la salle en direction de la place libre que j'ai repéré. À côté il y a une fille sublime, c'est toujours ça de pris. Sauf que je sais qui est cette fille; tout le monde le sait. C'est la reine des glaces du lycée : magnifiquement intouchable. Apparemment tous les gars qui sont sortis avec elles ont eu le cœur brisé, en même temps bien fait pour eux, quelle idée de vouloir sortir avec une garce pareille. Vous, vous demandez peut-être pourquoi je vais vers elle ? Bah parce que cette connasse de CPE est allée se plaindre de moi à ce connard de directeur qui m'a changé de classe. Donc je vais vers elle parce que je vois à ses grands yeux bleus écarquillés qu'elle vient de comprendre que je me dirige droit dans sa direction et qu'elle n'est pas contente donc qu'elle va me faire chier et donc que je vais me marrer. Ça c'est un bon plan.

Je passe devant deux pouffiasses, décolorées et barbouillées de maquillage qui doivent être jumelles, qui me regardent avec la bouche en O. Je lève les yeux au ciel et arrive à ma nouvelle place, je fais un grand sourire à ma future nouvelle voisine qui me fusille du regard. Caractère bien trempé ? J'adore. Je pose mon sac sur la table et tire la chaise, dessus il y a un sac à main noir brillant de marque. Quelle marque ? J'en sais rien moi ! Sûrement un truc de riche.

« - Tu veux bien enlever ton sac de bourge de ma chaise ? »

Elle a l'air de se retenir de me frapper puis elle me répond :

« - Non, parce que ici c'est SA place. »

Je crois que si un regard pouvait tuer, je serai mort mille fois.

« - Ah parce qu'il est tellement précieux qu'il a une place ? Trop cool ! Et c'est quoi son petit nom propre ? »

Un éclair de joie passe dans l'océan glacial de ses yeux.

« - Il n'a pas de prénom, tu veux le baptiser ? »

Non la reine des glaces vient de faire de l'humour ? Et rien qu'à moi ? Putain je vais passer une bonne journée ! Je prends son sac, le pose sur ses jolies cuisses serrées dans un jean bien trop moulant pour être décent, m'assois sur la chaise et pose mon sac au sol. J'entends une inspiration profonde du côté de ma charmante voisine. Je tourne la tête vers elle, elle a posé son sac parterre et pince ses lèvres à outrance.

« - Tu sais tu devrais pas pincer tes lèvres comme ça. Après elles vont devenir fripées et elles vont tomber. »

Elle soupir de désespoir.

« - Dis, tu voudrais pas te taire pour me faire plaisir ?

- Pourquoi je voudrais te faire plaisir ? »

Elle pose sa joue dans sa paume, dissimulant son visage sous ses cheveux noirs légèrement ondulés au bout. Je touche ses magnifiques cheveux, histoire de voir si ils sont aussi doux que je l'imagine.

Ils sont juste super doux ! À mon contact elle sursaute et passer ses cheveux sur son épaule gauche, hors de ma portée. Dommage. Le prof pour la parole :

« - Aujourd'hui travail de groupe. Vous allez simplement raconter à votre voisin ce que vous avez fait pendant les vacances. Sauf pour Monsieur Moore et Mademoiselle Mannet, vous, vous faites connaissance. En espagnol bien sûr. »

« Mademoiselle Mannet » gémis. Je me tourne vers elle et joue le jeu.

« - Hola, soy Tony y tengo 18 años ¿ Y tú ?* »

Elle soupire et finit par me répondre à contrecœur.

« - Me llamo Kassidy y no te amo.* »

OK, cash, la fille elle me dit qu'elle m'aime pas, d'accord. Pourquoi pas. Je souris et lui dit :

« - T'inquiètes, moi non plus je t'aime pas, je suis pas con comme tout ces bourges que tu te tapes. »

Elle me regarde et dit :

« - Tant mieux parce que tu n'es pas vraiment mon genre. »

Vexé, je réponds :

« - Ouais, c'est vrai que je suis pas du genre blond, footballeur, intelligent et totalement naïf.

- Non en effet, mais qu'est-ce qui te fait croire que ça c'est mon genre ? »

Elle sourit diaboliquement.

« - Si t'aimes ni les blonds ni les bruns t'aimes quoi ? Ah non ! Je sais, tu préfères les roux ! »

Elle grimace de dégoût.

« - Euh non. »

À moins que, oh mon dieu, ça se trouve elle aime les filles !

« - Non, ne me dis pas que t'es lesbienne ! »

Kassidy ouvre grand les yeux et me fixe dans un mélange de stupéfaction et d'horreur puis d'amusement. Elle éclate de rire.

« - Oh mon dieu, tu verrais ta tête. »

Je suis sûr que si elle le pouvait, elle se roulerait parterre. La peste. Les deux blondes décolorées se retournèrent vivement en entendant Kassidy rire. Leurs yeux marrons passent d'elle à moi, leur visage affiche une telle stupéfaction  que je dois me retenir de rire moi aussi.

« - Quoi, ça vous étonne qu'elle rie ? »

Celle de gauche secoue violemment la tête en jetant un œil craintif à Kassidy qui rit toujours en se cachant son visage dans ses mains. Puis elle se mord nerveusement la lèvre inférieure et dit :

« - Non ça ne m'étonne pas du tout qu'elle rie, encore moins qu'elle rie avec toi. »

Elles se retournent et Kassidy s'arrête de rire, elle regarde blondasse 1 et blondasse 2 avec un mélange de mépris et de mélancolie. Elle soupire. D'accord, cette fille est bien plus compliquée que je ne le pensais. Très intéressant. Ça me donne envie d'en savoir plus.

Le cours terminé, je sors de la salle en vitesse. Kassidy rejoint les jumelles. Elles sont donc amies. Il faudra que je creuse plus en profondeur ... C'est pas mon genre de m'intéresser à la vie d'une fille. Enfin si mais moi ce sont mes petites proies. Ma grande spécialité c'est séduire des filles, sortir avec elles jusqu'à ce qu'elles tombent amoureuses de moi, puis je les jette. Vous trouvez ça dégueulasse ? Moi je pense que je leurs rends service – je choisis que des naïves. Après ça elle ne donne pas leur confiance à n'importe qui. Ce qui est mon but. Mais Kassidy n'est pas ma cible, je n'en ai pas en ce moment, je me concentre sur mes matchs de boxe pour aider ma mère - financièrement - à son insu bien sûr si elle le savait elle me tuerait et c'est pas dans mes projets pour l'instant.

Bon il faut que je trouve Hugo et Matt, pour savoir à quelle heure on se retrouve pour le match de ce soir. Je leur envoie un SMS pour leur dire où me trouver parce qu'après deux heures d'espagnol j'ai la flemme de me bouger. Je m'adosse au mur, pose mon sac au sol et regarde autour de moi. Ma petite voisine est toujours là, ses amis les ont rejointes elle et les blondasses, ils sont exactement comme je les avais imaginé : beaux, riches, bien habillés. Ils personnifient le cliché des gosses de riches dans les écoles privées. Ridicule. Je me concentre sur elle, elle domine ça se voit, mais elle ne participe pas à la conversation, elle a l'air ailleurs et triste. J'ai presque envie d'aller la réconforter puis je vois un gars, plutôt fin avec des airs hispaniques, la rejoindre et passer ses bras autour d'elle. La magnifique jeune fille se blottit contre lui et ferme les yeux. Elle est vraiment super canon dans son jean moulant et son tee-shirt rose...

« – Je vois que t'as déjà trouvé une nouvelle proie ! Dis-moi tu vises pas un peu trop haut ? Parce que même pour toi une bombe pétée de thunes, populaire et en couple c'est un peu chaud.»

Je suis interrompu dans mes douces pensées par Matt mon meilleur pote. Je souris, me tourne vers lui, lui fait un check et lui répond :

« - T'inquiètes pas pour moi mon frère, c'est pas ma nouvelle proie, c'est juste ma nouvelle voisine.

- Ouais c'est ça on sait tous comment ça va se finir... »

Ça c'est mon autre meilleur pote : Hugo, il est tout le contraire de Matt. Alors que Matt est noir, brun, rasé et a les yeux marrons, Hugo est super pâle, blond, il a les cheveux longs et les yeux bleus. Mais ils ont aussi des points communs : ils sont beaux – du point de vue des filles bien sûr – ils sont musclés et grands et surtout : ce sont mes meilleurs potes. Je fais un check à Hugo et lui répond :

« – Très drôle mec, tu veux pas me lâcher ? C'est pas parce que je suis célibataire que tu dois me caser ! En plus j'veux pas de c'te meuf, non mais tu l'as vue sérieux ?»

Nous nous tournons vers Kassidy et ses potes, elle est toujours dans les bras de son copain. Tous deux interceptent nos regards, il lui chuchote quelque chose à l'oreille, elle fronce les sourcils et lui répond. L'autre s'écrit : « Tu vecino ! ¿ Eres seriosa ?*».

Déjà autant dire que je m'étais pas trompé, ce gars est espagnol jusqu'au bout des ongles. Pour ce qui est du reste je dois dire que le fait que je m'assoie à côté d'elle et la fasse rire en étonne plus d'un.

« – Ouais, me répond Matt, je la vois, elle est putain de canon mais je dois dire que ses potes sont chelous et que son copain est un putain de beau gosse sa mère la cachottière !»

On échange un regard avec Hugo et on éclate de rire. Sacré Matt avec son langage plus fleuri d'une phrase à l'autre.

« – Pff, ces hétéros, se croit toujours au-dessus de tout le monde ! Dit-il en levant les yeux au plafond. Épuisant !»

Notre fou rire ne fait que croître, nous riions aux larmes. Je reprends mon souffle, mon sérieux et me calme.

« – Ouf, bon les mecs on fait quoi pour ce soir ? »

1 : Salut, je suis Tony et j'ai 18 ans. Et toi ?

2 : Je m'appelle Kassidy et je ne t'aime pas .

3 : Ton voisin ! Tu es sérieuse ?

Voilà pour le chapitre 2 j'espère qu'il correspondait a vos attentes et vous en a appris plus sur l'histoire. Pendant toute l'histoire, le rôle de narrateur va alterner entre les personnages de Kassidy et de Tony . Normalement il n'y en aura pas d'autres, du moins pas pour l'instant . toujours pareil pour les questions et les commentaires n'hésitez pas !