Kassidy

La sonnerie retentit, j'ai une heure d'économie, étant en filière ES. Cette fois je suis avec Lucie.

Je la rejoins, elle m'accueille avec un sourire hypocrite. On arrive dans la salle en parlant du dernier exemplaire de vogue, cliché, je sais. On s'assoit au fond au milieu et on sort nos affaires. Le prof rentre. C'est le plus ennuyant de tous les profs, pendant son cours tout le monde dort, discute ou joue sur son portable.

Je sors le mien et consulte mes notifications Snapchat et Instagram pour faire passer le temps. Des coups frappés à la porte me font relever la tête. Je regarde l'heure, le cours a commencé depuis 10 minutes.

« – Entrez. »

La porte s'ouvre et laisse passer un Tony souriant, sûrement à cause de sa crise de fou rire de tout à l'heure. Il balaie la classe du regard et fixe à nouveau le prof. Il lâche un long gémissement de déception et s'exclame :

« – Oh non ! Pas encore vous monsieur ! »

Le prof soupire de dépit, apparemment leurs sentiments sont réciproques.

« – Heureux de vous revoir monsieur Moore.

– Non, mais sérieux ! J'ai changé de classe pour faire un retour à la case départ !

– Bon, il suffit ! Allez-vous asseoir ou sortez ! »

OK, c'est vraiment tendu entre eux ! Tony regarde la classe, la porte et de nouveau la classe. Il semble chercher quelqu'un, son regard s'arrête à notre table et il fait un clin d'œil. Je pensais qu'il m'était adressé mais Lucie se tient toute droite et elle rougit légèrement. Lucie, rougir ? Tony qui fait des clins d'œil à Lucie ? J'ai loupé quelque chose là ...

« – Mmm, j'ai le choix entre : m'ennuyer seul dehors ou mettre un peu d'animation dans une classe qui s'ennuie. »

Il réfléchit et sourit.

« – La deuxième solution bien sûr ! »

Il s'assoit à deux tables devant la nôtre et le prof reprend son cours. Je me tourne vers Lucie.

« – Lucie Saland qui rougit ? »

Elle baisse les yeux, gêné et m'explique :

« – Euh déjà ne te fais pas d'idées, je ne sors pas avec lui. »

Tant mieux !...

Pourquoi tant mieux Kassy ? Super, si on ne peut même plus faire confiance à ses pensées...

« – ... C'est juste un plan cul hein, si j'ai rougi c'est parce que j'ai déjà couché avec lui et... C'est un vrai dieu, il sait tout faire...

– OK, c'est bon garde les détails ! »

Je ne sais pas pourquoi mais les imaginer ensemble me fait ressentir comme un nœud dans le ventre mais je ne sais pas ce que ça signifie... Lucie souris niaisement.

« – Pardon, c'est vrai c'est degueu.

– Un peu ouais. »

Pendant toute l'heure d'éco on a écouté Tony raconter n'importe quoi et remballer le prof à chaque phrase qu'il sortait. A un moment il est carrément monter sur sa table pour nous lire un texte drôle sur Instagram, toute la classe était écroulée de rire.

Il est 12h25 et on sort de notre cours d'anglais dans 5 minutes pour aller manger. C'est pas trop tôt, après une heure d'éco, une heure de maths, une heure de philo, une heure d'anglais avec 15 minutes de pause, croyez-moi j'ai juste envie de nourrir mon cerveau.

L'anglais est le seul cours que j'ai en commun avec Téo, on a parlé pendant tout le cours du bordel qu'est ma vie et on a essayé de trouver des solutions. Mais imaginez-vous en train d'essayer de ranger votre chambre qui est elle aussi est en bazar. Vous choisissez de ranger d'abord les sous-vêtements mais ils sont coincés sous les T-shirts eux-mêmes dissimulés sous le lit. Et bien ma vie, c'est pareil, tous les éléments sont différents mais liés. Si c'est assez complexe à décrire ça l'est encore plus à vivre...

« – On a toujours pas décidé de ce que l'on faisait de lui, Kassy. »

Je soupire.

« – Je sais Téo mais j'ai pas envie d'en parler ça le rend plus réel et lui donne de l'importance et c'est ce qu'il aurait voulu, que j'aie peur, que je le craigne même en son absence. »

Il prend ma main dans la sienne pour me montrer son soutien.

« – Tu peux toujours porter plainte, mi querida*, ne l'oublie pas. »

Je fixe mes bottines noires à talons hauts.

« – J'ai trop de fierté pour assumer Téo, et trop honte surtout. »

Mon meilleur ami me regarde tristement.

« – Je sais, je sais. »

Avant que j'ouvre la bouche pour lui répondre, la cloche sonne, enfin la délivrance ! Je ne saurais absolument pas dire de quoi le prof a parlé, mais c'est pas grave, je demanderai ses notes à une intellote toute mignonne qui s'appelle Isabelle. 

Je fais croire aux autres que je l'utilise mais j'essaie d'être gentille avec elle, je crois qu'elle comprend. Téo et moi on se précipite hors de la salle et on rejoint le groupe aux casiers. Aujourd'hui on a prévu d'aller se chercher à manger à la boulangerie et de se poser au parc.

Avouez que vous espériez un défilé à la cafétéria comme dans les films américains. Et bien vous allez être déçu, nous on mange dehors, au moins on est plus tranquille. Je rejoins Lucie, Léa, Mara et Mélissa qui me mettent au courant de tous les ragots qui tournent dans ce lycée, Mara commence.

« – Oh là là, Kassy ! Tu ne sais pas la dernière ! »

Sa jumelle enchaîne.

« – Il y a un cassos qui est amoureux de toi... »

Je lève les yeux au ciel, elle est sérieuse ?

« – Et alors ? C'est pas le premier, ni le dernier... »

Léa secoue la tête.

« – Non mais là, il est vraiment atteint ! Il veut te faire une sérénade dans... »

Elle s'arrête au milieu de sa phrase, son regard est braqué sur un point dans mon dos. Je me retourne lentement, et découvre ... horreur !

Un gamin – sûrement en seconde ou première – boutonneux avec des lunettes à doubles ou triples foyers tellement elles sont épaisses, qui m'offre un gigantesque sourire pleins de bagues crasseuses. Il porte une chemise vert pomme avec un pantalon à bretelles marron côtelé et ses cheveux qui devaient être blond le jour de sa naissance sont maintenant dans un espèce de marron/jaune poisseux et gras...

Beurk, mais c'est quoi ce mec ! Je sais qu'il ne faut pas juger sur le physique mais il y a un moment où je dis stop ! Ce type ne se respecte vraiment pas pour être habillé aussi mal, et c'est quand la dernière fois qu'il a croisé une douche ! Et la brosse à dents il connaît ? Si j'arrive à avaler quoi que ce soit ce midi, je m'appelle « Madame ».

Sortie de sa torpeur, Léa fini sa phrase dans un murmure.

« – ... la cour, ce midi. »

C'est donc lui qui veut me faire une déclaration. Ça explique l'énorme bouquet de pissenlits qui le tient dans sa main droite. Je tiens à dire que je déteste ces fleurs au plus haut point, je les trouve vraiment laides et le jaune est tellement... criard. J'observe les gens autour de moi, ils ont créé un cercle autour du gars. Mes amis forment un demi cercle derrière et à côté de moi et toute la cour est silencieuse, attendons que le gars prenne la parole, ce qu'il ne tarde pas à faire en criant inutilement.

« – Kassidy, je t'aime à la folie,

J'apprécie tellement quand tu souris,

Et puis tu es si jolie,

Je suis ici aujourd'hui

Pour te dire que tu es toute ma vie ! »

Il se met ensuite à genoux devant moi et me tend le bouquet.

« – Pour te le prouver, je t'offre ces pissenlits. »

Je suis sûre qu'il a choisi ses fleurs juste pour que ça rime. Non mais sérieusement on est plus au 16e siècle ! Il attend quoi ? Que je lui saute dans les bras ? Tout ce qu'il va avoir c'est une année gâchée, non mais, je tiens à ma réputation moi ! Je ne vais pas me faire ridiculiser par un thon sans répliquer ! Je signerai mon arrêt de mort ! Autour de moi, les gens me fixent, ils attendent ma réaction, ils vont être servis. Je réponds en comptant sur mes doigts.

« – Premièrement je déteste les pissenlits, c'est moche et ça pue, deuxièmement c'est quand la dernière fois que tu es rentré dans une salle de bain ? Et troisièmement j'avais faim mais tu m'as dégoûté... »

Ma tirade achevé je fais volte-face et part, suivi de ma troupe. Je sais que derrière moi les autres élèves sont en train de faire la misère à ce type. C'est l'une des raisons pour laquelle je garde mon masque, les lycéens n'ont aucune tolérance, tu peux passer de la reine du lycée à la risée du lycée en moins de deux secondes. S'en est flippant.

Par exemple la fameuse Lorraine Vermont que les jumelles n'arrêtaient pas de critiquer c'était la reine avant mais je l'ai détrôné. Elle doit être la fille la plus détestée du lycée. Léa et Lucie viennent me prendre chacune un bras et me complimentent sur ma répartie. Je leur souris. On va prendre nos sandwiches à la boulangerie et on s'installe sur trois bancs dans le parc pas loin du lycée et on parle de tout et de rien. Je suis entre Téo et Léa. Je mets ma tête sur l'épaule de mon meilleur ami et il me fait des papouilles sur le crâne, il sait que ça me détend... Et je m'endors. Juste avant de fermer les yeux je vois Tony et ses amis Hugo et Matt s'assoir sur le quatrième banc du parc et fixer l'entrée comme s'ils attendaient quelqu'un ...

1 : ma chérie

tadamm ! la chapitre 13 !! bon il n'est pas très long mais vous m'en voudrez pas hein ?

Alors la sérénade vous en avez pensé quoi ?

Je sais pas ce qui s'est passé dans ma tête le jour où j'ai écrit ce chapitre mais je devais être particulièrement inspirée !

Bon le prochain chapitre samedi prochain ? Je sais que c'est long mais j'avance pas trop à côté alors je vais essayer de retrouver l'inspiration du début ...

Allez gros bisous mes amours !! Et un grand MERCI pour toutes ces vues on est presque à 1000 !!