
- Chapitre 20 -
Il pleuvait de nouveau. Les gouttes, qui m'avaient déjà bien fait chier, tout à l'heure, étaient revenues en force et plus nombreuses. Elles tombaient sur mon nez à une vitesse phénoménale. D'ailleurs, pas que sur mon nez, mais sur la totalité de mon corps.
Ce n'était pas si grave que ça, puisque je devais me faire un shampoing, ce soir. Donc, être trempé, ou non, ne me faisait plus rien.
Qu'est-ce que je devais faire, aussi ? Mes leçons, c'était bon. Répondre à mes « amis », pareil. Avoir une journée de merde, également. Réfléchir sur mes sentiments... Ah, ce n'était pas encore fait, ça.
Et puis, je n'avais que ça pour m'occuper.
Manon... Étais-je amoureux d'elle ? Sûrement. Après tout, je la trouvais géniale, cette fille, mais ça ne devait pas être la raison de mon amour envers elle. Pourquoi y aurait-il forcément une raison ? Je l'aimais, point barre.
J'avais mis combien de temps à l'accepter, ce nouvel amour ? Longtemps, c'était sûr. Pour moi, c'était normal de douter sur ce sujet-ci. Après Paula, je n'avais plus jamais osé tomber amoureux de quelqu'un.
En repensant à cette grognasse, je voulus sortir toutes les injures de mon vocabulaire, mais la force n'était pas au rendez-vous. Je n'avais même pas les muscles intacts pour me lever de mon confortable lit de détritus et m'abriter de cette douche d'eau sale.
Ça devait faire vingt minutes que la bande de Kevin s'était barrée. Ils m'avaient explosé. Enfin, ils auraient pu faire mieux : seuls mon nez et mon genou droit laissaient mon sang découvrir le monde extérieur. Je pensais mieux de leur part et était un peu déçu par leurs performances.
Je ne pouvais pas non plus faire croire que je n'avais pas mal. Je souffrais le martyr. Je pourrais m'en plaindre pendant des heures, mais j'avais mérité cette « correction ».
Ça devait remonter à six mois. Ma famille et moi-même étions arrivés depuis une semaine. Je devais faire mon premier combat. Ce jour-là, j'étais un peu stressé, car je savais que la première impression était toujours la plus importante, dans ce monde. « Soit tu gagnes, soit tu meurs », m'avait-on dit, lorsque j'habitais encore à Aix-en-Provence, et ils avaient raison.
Quand j'étais monté sur le ring, la première chose que j'avais vue n'était pas le pouce en l'air de Marc pour m'encourager, ou les visages des spectateurs, mais mon adversaire : Pierre JOLY. Il ressemblait tellement à Enzo : visage fin, cheveux bruns, yeux marron, peau foncé, corps élancé, mais, surtout, un sourire moqueur et un air supérieur.
Mon sang n'avait fait qu'un quart de tour.
Le problème, c'était que je l'avais envoyé à l'hôpital et, depuis cet « incident », Pierre refusait de remettre un pied sur le ring.
Me sentant coupable d'avoir fait subir un millième des saloperies d'Enzo à un simple inconnu, je m'étais juré d'apprendre à contrôler cette haine qui me rongeait. Pourtant, aujourd'hui, elle grandissait de plus en plus, faisant ressurgir des moments inoubliables et exécrables.
« Si seulement j'avais été comme je suis maintenant, il y a plus de sept ans... », marmonnai-je dans le vide, ma tête regardant le ciel, qui me faisait savoir sa bonne humeur en me jetant plus d'eau qu'avant.
Soudain, je me mis à rire joyeusement, malgré ce temps de chien. Le souvenir de Manon, courant vers moi, essoufflée, me demandant si j'allais bien, m'était revenu à l'esprit – puisque ma situation actuelle était similaire à celle du jour où elle m'avait « sauvé ». J'avais immédiatement compris que le bruit des sirènes de police était son œuvre et qu'elle m'avait tiré d'un mauvais pas. Je ne savais pas comment elle avait réussi son coup, mais elle l'avait fait.
« Je recommence à penser à elle... Je ne suis pas possible... », soufflai-je, tout seul, dans la ruelle des poubelles.
Je me mis à sourire, comme un idiot.
Fatigué par toutes ces émotions éreintantes, je fermai les yeux et attendis que le temps passe. Ce n'était pas important si je rentrais tard chez moi. Mes parents étaient chez des amis et mon frère dormait chez sa Léa. Pour faire simple : j'étais seul du week-end.
Me laissant bercer par la mélodie des gouttes de pluie, je me mis à chantonner un petit peu :
« I'm singin'in the rain... Just singin'in the rain... What a glorious feeling... I'm happy again... I'm laughing at clouds... So dark up above... 'Cause the sun's in my heart... and I'm ready for love... »
Plutôt ironique, mais c'était le moment parfait pour chanter « Singing in the rain ».
Je continuai à siffloter l'air des paroles, toujours les yeux fermés.
« Adrien, t'es vraiment pas fait pour chanter. T'imagine pas ressembler à Gene KELLY. Et qu'est-ce que tu fous ? Il pleut comme vache qui pisse ! »
Ah, ça, c'était les bonnes manières de Jean.
J'ouvris mes yeux et vis Marc me regarder, inquiet, et Jean à ses côtés.
« Ça ne se voit pas ? Je profite du soleil. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu.
- Putain, il raconte n'importe quoi, en plus.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi t'es allongé sur des poubelles ? demanda Marc en essayant de m'arracher de mon superbe matelas d'ordures.
- Lâche-moi, j'veux dormir, ordonnai-je en dégageant mon bras. Et c'est la faute de la pluie.
- La pluie ?
- Oui, la pluie. »
D'accord, j'étais un peu à l'Ouest.
•••
« Si je te fais mal, tu me le dis, hein ?
- Oui, oui... »
Satisfaite par ma réponse, la jeune fille rousse se hâta de désinfecter mes blessures.
Cette fille, je l'avais déjà aperçu quelques fois dans les parages. C'était une des infirmières. Sa rousseur n'était pas commune. Je pensais qu'elle avait, à peu près, le même âge que moi.
Marc et Jean étaient partis régler – je citais – « une affaire importante ». Du coup, j'étais seul avec Miss Rouquine.
« Euh... », entonna-t-elle, un peu rouge.
J'attendis qu'elle donne une fin à sa phrase, attentif.
« Je voulais savoir...
- Quoi ?
- Tu as quel âge, au juste ? »
Quoi, c'était tout ? Elle aurait pu trouver plus intéressant pour faire la conversation.
« Quinze ans.
- Quinze ans ?! redit Miss Rouquine, visiblement choquée. Mais... Mais tu fais deux ans de plus !
- Ah bon ? Première nouvelle. »
Et la conversation s'arrêta là. Du moins, c'était ce que je croyais, car elle continua :
« Tu t'es fait ça comment ?
- C'est une fourmi qui m'a fait des prises de karaté. J'ai rien vu venir. »
Je pensais qu'elle allait être vexée, mais pas du tout. Elle revint à la charge :
« T'es un petit rigolo, toi ! »
Je me contentai de la regarder assez durement pour qu'elle se reconcentre dans son travail. Plus vite je m'en allais, plus vite je me faisais ce foutu shampoing : mes cheveux me grattaient.
Sentant que ma patience s'effritait peu à peu, la Rouquine passa à la vitesse supérieure et fit de grands mouvements avec ses bras pour attraper plus rapidement certains objets. Elle me faisait vaguement penser à un chef d'orchestre.
Seulement, dans sa précipitation, elle renversa le flacon d'alcool.
« Oh non... Je vais devoir aller en racheter...
- Ouais, c'est pas de bol. », glissai-je.
Elle me jeta un petit regard noir, avant de se précipiter nettoyer la catastrophe qu'elle avait créée.
Miss Rouquine s'en alla chercher des serviettes.
C'était le bon moment pour fuir ! À moi le shampoing et les cheveux propres !
Tel dans un film à la James BOND, je sortis furtivement du bâtiment, de peur que les folles reviennent à la charge. Une fois dehors, je me dirigeai vers l'endroit où j'avais garé mon 50cc.
En passant devant une des ruelles, je vis deux ombres s'enlacer intimement. Oups ! Je ne devrais pas être là, moi.
Mais, en tournant la tête, je crus reconnaître deux personnes familières. Prenant mon courage – et ma curiosité – à deux mains, je me collai contre un mur et penchai un peu ma tête pour observer un peu ces deux personnes.
C'étaient deux hommes. Et ils s'appelaient Jean et Marc.
Une minute... Quoi ?! Marc et Jean... ENSEMBLES ?! Si je m'attendais à ça...
Mais... C'était donc à cause de Marc que j'avais été agressé par la pluie ! Traître ! Faux frère ! T'aurais pu attendre un peu, avant d'occuper ton petit ami, tandis que moi, pauvre être insignifiant, restait sous la pluie, telle une crotte de chien ! Et puis, « une affaire importante », hein ? Faudrait trouver une meilleure excuse !
J'avais envie de leur crier toutes mes pensées peu flatteuses en pleine poire, mais je ne voulais pas gâcher leur moment.
Et j'avais vraiment envie de rentrer chez moi faire ce shampooing.
Je courus vers mon deux-roues, qui était au sec – la chance.
« Eeeeeeeeeh ! Atteeeeeeeends ! », brailla la voix de Miss Rouquine.
Je tournai la tête et l'observai trottiner vers moi, en se protégeant des gouttes d'eau avec... Mon manteau ?
« Tiens... Tu... Tu l'avais... Oublié..., haleta la Rouquine en tendant mon vêtement pour que je le prenne.
- Merci de me l'avoir rapporté.
- Ah, je voulais aussi savoir... »
Quoi, encore ?! Elle était journaliste ou détective, ce n'était pas possible !
« As-tu une petite amie ?
- Pardon ?
- Ce n'est pas pour moi ! C'est pour ma cousine ! Elle a flashé sur toi, parce que je lui avais montré une photo d'un de tes combats – c'était au hasard, je ne voulais pas lui montrer une image de toi, en particulier, va pas croire des choses – et elle ne me pose que des questions à ton sujet, depuis.
- Ah, c'était pour ça, les questions de tout à l'heure...
- Oui, je suis désolée. Elle est infernale et n'a pas arrêté de me harceler à propos de toi.
- Elle s'appelle comment, ta cousine ? »
Un sourire s'installa sur son visage et elle me répondit :
« Emma. Emma MARTIN.
- Eh bien, tu diras à Emma que j'aime déjà quelqu'un. »
Et j'espérais que ça serait différent de Paula.
〰〰〰〰〰〰〰〰✴〰〰〰〰〰〰〰〰
Salut ! Comment ça va ?
Je sais. Personne ne va répondre à ma question...
Bref.
Ah, Adrien a enfin accepté ses sentiments. Ce fut long, mes amis, mais long... J'ai été heureuse décrire ce chapitre !
Bon, je vais vous remercier encore une fois pour ça :
Grâce à vous tous, POMD à dépassé les 500 votes, les 4,25 K de vues et est classée 395 ème (nouveau record) !
M. E. R. C. I !
Et pour vous remercier (et parce que je devais le faire depuis longtemps) voici le tag de @Neradja :
P.S. : Je dois dire une chose que j'aime et que je déteste pour chaque sens.
La vue :
J'aime : regarder des animés japonais (tels SNK (la saison 2 est enfin arrivééééée !) ou One Punch Man).
Je déteste : regarder les gens que je hais.
Le toucher :
J'aime : toucher la moquette dans les magasins. Je sais, c'est bizarre.
Je hais : toucher de la merde.
Le goût :
J'aime : manger des spaghettis
Je hais : manger des haricots verts.
L'ouïe :
J'aime : écouter des openings japonais.
Je hais : écouter du rap.
L'odorat :
J'aime : sentir le cuir.
Je hais : sentir du parfum.
Bon, à bientôt pour le prochain chapitre (après ce tag bizarre - où je ne tague personne en retour, par simple flemme).
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro