- Chapitre 18 -
« Jérémie, reviens ici !
- Comme si j'allais me rendre en Enfer ! », rétorqua-t-il une fois qu'il avait dépassé le seuil du couloir.
Tout en courant, je le vis regarder partout, sûrement pour se trouver une planque. Je pensais pouvoir le rattraper facilement, comme d'habitude, sauf que mon merveilleux petit frère me lança tout ce qu'il avait sous la main pour me ralentir : les coussins du canapé, sa peluche Tita le Chinchilla, des revues de ma mère, quelques boules de papiers qu'il avait eu le temps de fabriquer - comment il avait fait, sérieusement ? - et même son pull.
J'esquivai toutes ses munitions avec assez d'agilité, mais pas suffisamment pour ne pas recevoir son pull sur ma tête. Celui-ci me cacha la vue. Je me hâtai de l'enlever. Seulement, Jérémie avait disparu du salon.
La réapparition du ninja PEMLER. Ou plutôt, la disparition.
« Jérémie, t'es où ? Faut qu'on cause, toi et moi ! Et pas qu'un peu ! »
Bien sûr, il ne m'avait pas répondu : « Je suis ici, Adrien ! », mais j'avais eu envie de crier ça. C'était une sorte de libération.
Je décidai alors d'aller vérifier ses cachettes préférées. En premier, le placard de la salle à manger : pas de Jérémie dedans. Ensuite, sous la table du bureau : toujours personne. Pour finir, je m'en allai voir sous le lit de sa chambre : que dalle.
« Atchi ! »
Ah ? C'était un de ses éternuements que j'avais entendu, là ? Peut-être que j'allais gagner, pour une fois, parce qu'il fallait le savoir : lorsque je jouais à cache-cache avec Jérémie, je perdais à chaque fois.
En tout cas, le bruit venait de la salle de bains. D'un pas silencieux, je me rendis dans la pièce et jubilai d'un air triomphant, en ouvrant la porte :
« Jérémie, c'est moi... Ton grand frère chéri ! »
J'inspectai attentivement la pièce et ne voyais qu'une seule cachette possible : derrière le rideau de la douche. Je me plaçai devant et l'écartai brusquement.
« Ha ha ! T'es fait comme un rat ! »
Pourtant, il n'y avait personne. Même pas un rat. Putain, j'étais maudit, ou quoi ? Je m'étais encore trompé en beauté ! À moins que... Non, il n'avait pas osé !
Je tournai ma tête en direction du panier de linge sale. S'il se repliait sur lui-même, ça serait assez grand pour qu'il se cache dedans.
J'ouvris le bac et vis une touffe de cheveux noirs qui dépassait d'une culotte et d'une paire de mes chaussettes.
« T'as même mis des vêtements sur toi en espérant que ça te rendrait invisible à mes yeux ? T'es vraiment pas croyable, toi ! », le raillai-je de bon cœur, trop heureux de pouvoir le faire.
Jérémie sortit sa tête de sa planque, la culotte grise sur son petit nez, en me regardant avec mépris.
Clic !
« Désolé, Jérémie, mais le monde devait savoir ce qu'il s'était passé aujourd'hui. Regardes comme t'es mignon avec cette jolie petite culotte grise sur ton visage ! », lui fis-je remarquer, en tendant mon téléphone vers lui, pour qu'il puisse admirer toutes l'art et la finesse de ce superbe cliché.
Honteux d'avoir compris qu'il venait de se faire photographier à l'instant, Jérémie s'extirpa très rapidement de sa cachette et jeta son magnifique accessoire dans le bac. Ensuite, il tenta une nouvelle fois de s'enfuir, mais trop tard : j'avais déjà fermé la porte.
« Mais laisse-moi sortir ! J'veux pas mourir ! trépigna-t-il en sautant sur place.
- Tu ne mourras pas, si tu me promets d'arrêter de t'occuper de mes affaires. J'en ai plus qu'assez que tu me considères comme un élève raté à qui tu dois faire avoir des vingt sur vingt à tout prix !
- Attends, pourquoi tu me parles d'école, tout d'un coup ?
- C'était une image.
- Une image de quoi ? J'comprends rien, moi ! Avoues que tu dis n'importe quoi pour m'embrouiller ! s'emporta Jérémie - même si je ne comprenais pas pourquoi.
- Mais non... Bref. En gros, ce que je veux, c'est que tu me laisses gérer ma vie comme je l'entends. D'accord ?
- Mais... Si je ne fais rien, qui va t'aider à te trouver une copine ?
- Personne, parce que ce sont MES oignons. Pas ceux de quelqu'un d'autre. »
Jérémie s'assit sur le tabouret, à côté de la douche, et murmura d'une voix étouffée :
« Je te préférais quand Paula était encore là, moi. »
Qu'est-ce qu'il avait osé dire ?
« Pardon ?
- J'ai dit que je te préférais quand il y avait Paula ! insista Jérémie. T'étais plus cool, avant ! Là, t'es qu'un gros ronchon qui se fait chier à avoir des millions de copains et de copines débiles juste pour être « populaire » ! précisa-t-il en mimant les guillemets - ce qui me rappelait quelqu'un. Il est passé où, l'ancien Adrien, hein ?! Il est où ?! »
Sans réfléchir, je pris son bras pour qu'il se taise.
« Tu me fais chier, Jérémie ! Tu comprends, ça ?! Oublie-moi un peu et vis ta vie ! Et laisse cette connasse où elle est, ça vaut mieux !
- Adrien, tu me fais mal ! Lâche-moi ! », s'énerva Jérémie, qui tentait tant bien que mal d'arracher ma main de son bras.
En entendant ça, je le lâchai automatiquement. J'observai mon petit frère frotter avec sa main droite l'endroit où je l'avais attrapé. Son visage se tordait de douleur. Il se mit dos à moi et déclara :
« Avant, t'étais pas aussi violent. »
•••
Je m'étais enfermé dans ma chambre, dos à la porte et assis par terre.
Ça faisait une heure que j'avais fait mal à Jérémie et que celui-ci ne me parlait plus. Nos parents étaient rentrés entre temps, mais ils ne nous avaient pas posé de questions à propos de ce qu'il s'était passé. Et tant mieux.
C'était mon petit frère et je l'avais blessé.
J'étais nul.
C'était mon petit frère de quatre ans.
J'étais pitoyable.
Jérémie n'avait qu'onze ans.
J'étais un gros con.
Et je l'avais frappé.
Toutes ces pensées se bousculaient dans ma tête et se répétaient encore et encore, jusqu'à ce que celle-ci me fasse mal. Je l'avais mérité.
Tout ça à cause de cette sale pouffe du nom de Paula MANART ! Si je la tenais entre mes mains, je la déchirerais en milliers de morceaux, la brûlerais et l'enverrais dans son élément : la décharge ! Si seulement je pouvais revenir environ dix ans en arrière ! Rien n'aurait été pareil !
J'en avais marre.
Instinctivement, je soulevai mon t-shirt pour regarder les jolies cicatrices qu'ils m'avaient laissées, telle une malédiction. Puis, je le remis en soupirant. J'avais cherché des solutions pour faire disparaître ces magnifiques brûlures, mais il n'y avait pas de remède à cela : elles étaient comme invincibles et ne s'effaceront jamais, à mon plus grand malheur.
Je cachai ma tête entre mes bras.
J'aurais peut-être dû mourir, finalement. Ça aurait tout arrangé.
Soudain, je sentis quelque chose se glisser sous la porte et se stopper sous mes fesses. Après, j'entendis quelqu'un courir, une porte se fermer et « Love Yourself » résonner dans toute la maison.
Du Jérémie PEMLER tout craché.
Je pris ce qu'il avait fait glisser dans ma chambre et constatai que c'était un de ses magazines. Il avait mis un marque-page dedans.
Ça sentait l'arnaque, son truc.
J'ouvris son cadeau à la page indiquée et ne fus pas surpris de tomber sur une de ses rubriques connes que les filles devaient adorer. C'était un quiz. Mais pas n'importe quel quiz, puisque que celui-ci portait comme titre : Êtes-vous amoureux/se ?
Putain, qu'est-ce qu'il était chiant.
Dans le magazine, il y avait aussi une feuille de papier pliée en deux. Je la dépliai et lus : Mon Cher Adrien, je sais, je n'ai pas été cool tout à l'heure. Je m'en excuse. Mais je n'abandonne pas pour autant et maintiens qu'il te faut absolument une copine ! Seulement, étant une personne géniale, j'ai décidé de te confier à de vrais experts (parce qu'on ne va pas se le cacher, je n'ai pas trop d'expérience dans ce domaine, snif). Donc, je te PRÊTE (tu devras me le redonner après, je te préviens, je t'ai à l'œil !) cette merveilleuse Bible sur l'Amour ! Je suis impressionnant, n'est-ce pas ? P.S. : j'ai mis « Love Yourself » pour t'encourager ! Good Luck, my brother ~
Auparavant, j'avais envie de balancer son livre dans la poubelle, mais étant demandé aussi gentiment, j'allais peut-être faire ce fameux quiz. « Ce sera comme une excuse de ma part. », me convainquis-je.
Mon manque de pouvoir envers mon frère me perdrait, décidément.
Je commençai à lire cette « merveille ». Ce n'était pas bien brillant, à mon goût, surtout l'introduction.
Une personne vous plaît en secret, mais vous n'en êtes pas sûr/e ? Alors, ce quiz est fait pour vous ! C'est parti !
Ouais, haut les cœurs...
Question n°1 : est-ce que vous aimez sa compagnie ?
A - Plus que tout au monde !
B - Ouais, c'est sympa.
C - Non, parce qu'il/elle casse toujours l'ambiance.
Réponse B.
Question n°2 : qui a fait le premier pas vers l'autre ?
A - Moi, bien sûr !
B - On s'est parlé en même temps.
C - C'est lui/elle qui m'a sauté dessus...
Pour être franc, je ne m'en souvenais plus très bien. Donc, réponse B.
Question n°3 : est-ce que c'est son physique qui vous intéresse ?
A - Absolument pas !
B - Non, même si il/elle n'est pas vilain/e.
C - Bah, y a que ça d'intéressant chez lui/elle.
Pas du tout ! D'ailleurs, son visage un peu joufflu, ses rares boutons, ses lèvres minces et son aura glaciale ne la rendaient pas attirante. Réponse A.
Question n°4 : quelles sont les qualités qui le/la définissent le mieux ?
A - Parfait/e.
B - Sympa, drôle, intéressant/e et intelligent/e.
C - Chiant/e, collant/e et pas facile à vivre. Le/La casse-pieds de service, quoi.
Réponse B - c'était la seule réaliste.
Dernière question : est-il/elle spécial/e à vos yeux ?
Ah, enfin ! Je croyais que ça ne se terminerait jamais !
A - Complètement ! Même son clone serait moins bien que lui/elle !
B - Un peu.
C - Même pas en rêve !
C'était vrai que je ne pouvais plus la considérer comme une inconnue, dorénavant. Réponse B.
Ayant une majorité de réponses B, je m'en allai lire la conclusion adaptée.
B comme « belle personne » : vous ne voulez peut-être pas vous l'avouer, mais ce « quelqu'un » ne vous est pas aussi insensible que vous voulez vous faire croire. Il/Elle a pris une place dans votre vie, vous devez l'accepter. Mais avant de l'aimer, vous le/la respecter sincèrement. Réfléchissez d'avantage à votre amour envers lui/elle et vous verrez que la Vie vous sourira de toutes ses dents !
Ah. Donc, j'aimais Manon, mais je la respectais tellement que ça me voilait la face ?
C'était n'importe quoi.
Je finis pas lancer le magazine à l'autre bout de ma chambre, exaspéré par ces conneries sur papier. Ensuite, je m'assis à mon bureau et m'apprêtai à faire mes devoirs, mais j'entendis mon téléphone vibrer.
Je le pris et vis que c'était un message de Marc.
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Bonjour !
Je tiens bien les délai, en ce moment, non ? Enfin, bref.
Je voulais encore une fois vous remercier, parce qu'on est bientôt à 400 votes et à 4K vues, c'est juste énorme ! Je ne vous remercierai jamais assez pour ça !
Ensuite, voici :
Oui, j'ai changé le résumé. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Personnellement, le premier était assez cliché, je ne vais pas vous le cacher.
Allez, à bientôt pour le prochain chapitre ~
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