La nuit était tombée depuis un long moment, déjà. Les étoiles étaient hautes dans le ciel, ainsi que la Lune. Quant à moi, après ce repas, je n'avais pas mis longtemps à venir me réfugier dans cette chambre. J'étais donc emmitouflée dans les draps, le cœur battant bien trop vite, ce soir.

Pourquoi, me direz-vous ?

Car depuis une heure, une longue heure, un bruit ne cesse de se répéter.

Tic tac. Tic tac.

Toujours le même. Toujours aussi fort. Je n'ai pas osé me lever, ayant bien trop peur d'aller voir. À force de lire des livres morbides, voilà à quoi tout cela m'a évidement mené. Plus l'histoire de ce cher Demetrio, par rapport à son cousin perdu je ne sais où, ne faisait qu'accroître ma peur. Elle m'envahissait totalement.

Tic tac. Tic tac.

Ce bruit continuait encore. Cela allait me rendre folle, j'en étais sûre. Si je ne me levais pas, afin d'aller voir d'où provenait-il, j'allais devenir hystérique. Et puis, je dois me débrouiller seule, comme une grande fille. Je retirai les draps d'un mouvement brusque, puis posai un pied timide au sol. Je me levai ensuite, essayant de retrouver l'interrupteur dans cette immense chambre. Mes pieds se cognaient aux différents meubles, se mêlaient aux tapis, mais je n'avais pas encore trouvé ce que je recherchais.

Bon sang mais quel idée aussi de le mettre aussi loin ! Il ne pourrait pas avoir une flèche fluorescente, qui m'aiderait à le trouver au beau milieu du noir ? Eh bien non, évidement ! Seul la lune me permettait légèrement de voir. Plus tard, ce qui me parut interminable, j'arrivai finalement vers une porte. Mais soudainement, une main froide se posa sur mon bras. Un cri aiguë s'échappa de ma gorge, pendant que je me débattai en hurlant comme une folle. Mon cœur s'accéléra à une vitesse phénoménale, tandis que les larmes me montaient précipitamment aux yeux.

— Lâchez-moi et prenez le prince, je vous en prie ! hurlai-je, en commençant à donner de violents coups de pieds dans le vide.

J'arrivai finalement à frapper l'individu, sur ce que je jugeais le visage, avant d'ouvrir la porte violemment. Celle-ci claqua, alors que je commençai à courir très vite dans les couloirs, en criant de plus en plus fort.

— Elena ! entendis-je soudainement hurler, ce qui me fit m'arrêter.

Plus loin j'aperçus Demetrio, le torse nu. Je m'élançai vers lui, puis me jetai dans ses bras quitte à le faire tomber. Je pleurais sans pouvoir m'arrêter, en enroulant mes jambes autour de sa taille.

— Je suis là, Elena... dit-il directement, en me caressant le dos.

— I-il y avait un bruit et puis quelqu'un... quelqu'un... bredouillai-je en serrant son cou, à la limite de l'étrangler.

— Tout va bien, ne t'en fait pas, me souffla-t-il contre mes cheveux, en commençant à marcher.

Toujours agrippée à lui, il m'a fallu un certain moment pour comprendre que je venais de pénétrer dans la chambre royale. Sa chambre. Demetrio continua d'avancer, avant de me poser sur le grand lit qui prônait la pièce. Mon cœur ne s'étant toujours pas calmé, je n'osais plus m'extirper de ses bras qui me paraissaient soudainement très protecteur. Et très utiles, aussi.

— Tu vois. Tu es encore un chaton apeuré, me murmura Demetrio, en me caressant doucement le dos.

— Il... il m'avait attrapé... sanglotai-je en enfonçant mes ongles sur sa peau hâlée, qui serait bientôt marquée de griffures rouges.

— Si, si... dit-t-il, en émettant un étrange rire.

Non...
Cela devait être mon imagination...

Soudainement, un nouveau bruit étrange se fit entendre et déjà je m'agrippai à sa taille, quitte à lui broyer les côtes avec mes mains.

— Calme-toi, Elena, reprit-t-il, contre mon front, en posant une main sur ma joue tiède.

— Tu ne comprends pas ! Ton château est hanté ! Ton cousin s'est trouvé d'autres amis et ils sont venus m'agresser dans ma chambre ! Il m'a touché !

— Tu... entendis-je murmurer, pendant que mes larmes redoublaient.

— Eh bien, je pense que nous allons devoir cohabiter ensembles pour cette mervei...nuit.

— C'est... c'est la première et la dernière fois. Ne va rien t'imaginer. J'ai juste une phobie des esprits et surtout de ton cousin... marmonnai-je, en me collant davantage à son corps brûlant.

— Bien-sûr, dit-t-il, en passant un bras autour de ma taille.

J'arrêtai enfin de pleurer quelques minutes plus tard, en commençant à fermer les paupières.

Ce château est hanté...
Et son cousin est bel et bien vivant...

Cette pensée fit monter en moi un tas de frissons, que Demetrio apaisa en posant ses lèvres dans mon cou. Un plaintif gémissement s'échappa de mes lèvres, totalement incontrôlé, pendant que je m'efforçais de garder les yeux clos.

— Personne ne pourra rentrer dans la chambre, Elena. Nous sommes en sécurité et puis je te protégerai, continua Demetrio, contre mon visage.

J'acquiesçai de la tête, en m'agrippant aux avant-bras du prince psychopathe, qui vit dans un château hanté...