— Dix secondes, me précisa-t-il, alors que je m'arrêtais devant un faux mannequin recouvert de bouts de tissus ignobles.

— Mais c'est totalement impossible ! Je n'ai choisi qu'une seule pièce, et encore !

— C'est fini, Athéna. J'arrive, l'entendis-je s'exclamer, avant de malheureusement le voir derrière une pile de nuisettes.

    Alexeï marcha jusqu'à moi, d'une démarche assez féline, puis s'arrêta à quelques pauvres centimètres de mon corps, en tendant sa main. Je râlai un court instant, puis lui tendis finalement la seule nuisette qui me paraissait potable.

— Pourquoi as-tu pris la taille XXL ? me questionna-t-il aussitôt, un sourcil arqué.

—  Pour qu'elle descende jusqu'à mes genoux, pardis ! C'était à la limite si les autres ne m'arrivaient pas en dessous des seins !

— Je vois. Je vais donc être dans l'obligation de choisir moi-même, énonça-t-il, avant de se retourner et de partir exploiter les divers rayons.

— Mais la Reine ne va pas venir s'incruster dans la chambre et fouiller les affaires, tout de même ! Ça... Ça ne sert à rien d'acheter tout ça cela, arrête !

—!Belle-mère. Tu peux l'appeler comme ça, désormais. Tu n'es plus notre employé, tu es ma fiancée, renchérit-il, se dirigeant comme par hasard dans ce fameux rayon.

Le rayon nommé petites nuisettes hyper courtes et de couleur rouge.

Pourquoi cette couleur existait-elle...

— On... On fermera la porte à clé et ça sera bon ! continuai-je, tandis qu'il attrapait une nuisette en dentelle rouge.

    Alexeï se retourna, puis s'avança jusqu'à moi ; il tendit ses deux mains, qui tenaient la nuisette, la plaçant à présent devant mon corps. Il ferma un œil, puis analysa chaque recoin pendant quelques secondes.

—  Celle-ci conviendra parfaitement.

— C'est trop court, voyons !

— Athéna... N'as-tu jamais fait plaisir à ton homme avec ce genre de tenue ?

— Bien sûr que non ! Pourquoi serait-ce toujours aux femmes de s'habiller avec ce genre de tenue obscènes ! Vous les hommes, vous ne portez jamais de petites nuisettes où on voit la moitié de votre derrière !

— Nous n'en avons pas besoin, voyons. Seul notre corps, totalement nu, suffit totalement à faire plaisir à nos femmes.

— D'accord, eh bien... Eh bien tu porteras la nuisette alors ! ajoutai-je, en l'entendant rire de nouveau.

— Tu seras donc l'homme dénué de vêtement, c'est ça ? Seul ton corps fera office de pyjama à ce que je comprends, renchérit-il d'une voix rauque, alors que j'attrapais sa maudite nuisette.

— On prend la même en deux autres coloris et c'est bon, on y va ! m'exclamai-je, en me dirigeant vers la sortie.

— J'arrive ma déesse ! Je te choisis les plus belles tenues et nous en aurons enfin fini avec la case pyjama ! l'entendis-je subitement crier, alors que je posais mon front contre le mur.

Et dire que la journée n'était pas terminée.

Hélas.

**

    La case pyjama s'était terminée sans trop de dégâts. Certes il avait gagné, mais ce qu'il ne savait pas encore, c'est que jamais, ô grand jamais je ne les porterai. Je garde mes pyjamas confortables et puis c'est bon.

    Donc, après avoir fait les magasins de vêtements, principalement constitué de hauts en tout genre et de pantalons, nous arrivions finalement dans une boutique spécialisée dans les chaussures. Je savais pertinemment que j'allais souffrir, pile au moment où mon regard avait croisé les quelques paires à talons dans la vitrine. Je soupirai en cachète, puis m'aventurai enfin dans la boutique.

— Celle-là, avec les paillettes grises est ravissante, déclara soudainement Alexeï, en me montrant du doigt les chaussures de Cruella.

Horrible.

— Il y a quatre vingt dix-neuf pour-cent de chance que je tombe par terre avec ces échasses. Je préfère celle qui se trouvent au coin là-bas, c'est beaucoup plus raisonnable, avouai-je, en lui montrant du doigt la nouvelle paire.

— Non. C'est extrêmement hideux, commenta le professionnel de la vente.

— Alexeï... Chacun a ses goûts bon sang...

— Les escarpins rouges là-bas, tu en penses quoi ? me demanda-t-il plus tard, alors que je me retournais.

Mais achevez-moi avec cette couleur.

— Ma garde robe est principalement constituée de rouge. Je vais ressembler à quoi, après ? À une tomate c'est ça ?

— Oui. C'est ravissant, compléta-t-il, avant que je ne prenne place sur un fauteuil.

    Alexeï commença à me fixer, le silence prit place autour de nous. Plus tard, il s'avança jusqu'à moi, en commençant à s'agenouiller.

     Alexeï commença à me déchausser puis enfin, il me fit naturellement enfiler les escarpins noirs que je n'avais même pas vu tenir dans ses mains avant.

— Euh... J'ai encore mes chaussettes là, le prévins-je rapidement, alors qu'il me regardait droit dans les yeux.

— Je n'ai pas envie d'être asphyxié, dit-il, tandis que ma main s'abattait sur son épaule.

— Eh ! La prochaine fois c'est ta tête. Mes pieds ne sentent pas... marmonna-je, en le voyant de nouveau sourire.

— C'est bon, c'est parfait. Par contre on retirera les chaussettes la prochaine fois, déclara-t-il, en même temps que je me levai maladroitement.

    Je décidais de tester un peu, et donc de faire quelques pas avec ces nouvelles chaussures. Moui. Elles étaient plutôt jolies et confortables. Et surtout pas rouge, hum.

— Roule plus des hanches, Athéna, il faut faire bouger ces adorables fesses, l'entendis-je, tandis que je m'arrêtais net.

Le retour de ce vaurien.

— Mais arrête ! Tu as été styliste dans ta vie ou quoi !

    Alexeï me fixait attentivement de haut en bas, alors que je me rapprochais de lui.

— Disons que j'ai déjà collaboré avec des personnes de ce monde et cela a été très intéressants et instruisant pour ma personne.

— Mais tu commences sérieusement à me...

— Elles te plaisent ? me coupa-t-il.

— Disons que... Elles ne sont pas moches.

— Parfait alors. J'avais bien vu dans ton regard qu'elles t'avaient plu.

Et mince. Il l'avait vraiment vu.

    C'est vrai que cette paire m'avait fait de l'œil. Mais je croyais pourtant avoir été discrète tout à l'heure...

La fashionista avait visiblement un œil partout.

**

( Merci pour vos commentaires ! Bonne lecture !) 😊♥️