Depuis dix bonnes minutes déjà, Athéna et moi s'affairions à la pâte. J'apprenais enfin à réaliser quelques plats. Et je ne m'étais pas douté que cela était si compliqué que cela, finalement. J'ai toujours baigné dans ce monde où tous mes plats étaient préparés par les plus grands cuisinier. Je n'avais jamais, avant, préparé quelque chose par moi-même.

Le cacao avait lui aussi, été une grande première, je me l'avoue.

— Il faut davantage touiller la pâte, Alexeï, oh ! On dirait une grand-mère là ! râla pour la dixième fois ma chère Athéna.

— Je fais à mon rythme. Et dois-je te rappeler que je suis le prince ? Je n'aime guère que l'on me parle ainsi.

Elle leva les yeux au ciel, en arrêtant étrangement ses remontrances digne d'une maman. Je continuais donc de touiller la pâte, à mon rythme, mais je trouvais désormais ce silence assez ennuyeux.

Elle me boudait, encore.

— Bon. Je peux éventuellement faire un effort... Après tout nous allons cohabiter ensemble pendant un long moment, repris-je beaucoup plus tard, distinguant sans peine ce petit sourire triomphant sur ses lèvres roses.

— Allez, on accélère ! Même les grands-mères vont plus vite ! continua-t-elle aussitôt, visiblement à fond dans son rôle.

Elle me donna soudainement un coup de fouet sur mon postérieur.

Sur mon postérieur, oui oui.

Je reposai le saladier, puis me retournai avec un air faussement offusqué. Rapidement, le fameux torchon tomba à terre, tandis qu'Athéna émettait un léger rire gêné.

Mademoiselle se lâche, à ce que constate.

Je souris malicieusement, puis m'approchai d'elle. Je m'abaissai avec légèreté, mon souffle venant désormais s'abattre sur ses lèvres mi ouvertes. Finalement, cette proximité était assez intéressante. La demoiselle rougissait.

— Tu me compares à une personne âgée. Mais tu sais, je pourrais te montrer un autre domaine dans lequel je suis plutôt bon, même très bon. Et je peux aussi t'avouer, que je suis très rapide et endurant...

— Euh... C'est très... Intéressant, dit-elle tout bas dans un raclement de gorge.

— Oui, très. Et peut-être devrai-je te montrer tout cela... murmurai-je d'une voix sensuelle, avant de me recevoir un nouveau coup de torchon.

Néanmoins, cela me décrochait un sourire en coin, amusé par ce comportement digne d'une petite sauvage.

— Reprenons... Hum reprenons la pâte et immédiatement, s'exclama-t-elle aussitôt, en me remettant le fameux plat dans les mains.

Je soufflai tout bas, puis me remettais à l'écouter, appréciant apprendre de nouvelles choses. Même si je n'aimais guère que l'on me cri dessus, que l'on me parle avec un ton plutôt désinvolte, j'arrivais finalement à me faire à la situation. Athéna aboyait juste tel un jeune chiot de quelques mois ; elle n'était pas méchante dans le fond.

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— C'est très bon, Alexeï, annonça-t-elle entre deux bouchées, l'air sincère.

— Merci de m'avoir éduqué, Athéna, continuai-je d'une voix calme, en la voyant soudainement s'étouffer avec sa part.

Elle tapota sur le haut de sa poitrine, alors que je la regardais avec moquerie.

— Je fus assez rapide, alors ? Ce n'était pas trop mou et lent ? repris-je d'une voix rauque, sa fourchette tombant subitement à terre.

— J'ai... J'ai connu mieux !

— Merci beaucoup pour tes conseils, Athéna.

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Le repas se passait donc dans le plus grand des calmes ; je ne me gênais pas pour l'observer s'amuser avec ses boulettes de pain, d'ailleurs. Mais plus tard, je décidais de reprendre la conversation, ma curiosité reprenant à présent le dessus. Je n'avais pas demandé à ce que l'on me fournisse les papiers nécessaires, qui auraient pu ainsi m'aider à la connaître davantage. Non, j'avais déjà une idée bien précise dans ma tête : j'apprendrai moi-même à la découvrir, même si cela risquait d'être légèrement difficile avec son tempérament de feu.

Je ne la pensais pas si caractériel, à vrai dire. Quand quelque chose ne lui plaisait pas, vous pouviez être sûr d'entendre ses remontrances et ses pensées colériques s'étendre dans l'air. Alors, après avoir bien réfléchi, je décidai finalement de reprendre la conversation :

— Où se trouvent tes parents ?

Athéna haussa un sourcil, puis reposa aussitôt sa fourchette sur la table.

— Pourquoi cela t'intéresse ? répliqua-t-elle presque sèchement.

— Je me dois bien de savoir quelques informations Notre rôle doit être assuré par celles-ci.

— Ils se trouvent en France, répondit-elle finalement, son regard étant parcouru par une émotion étrange.

— Comment s'appellent-ils ?

— Auxence et Dareios, dit-elle dans dans un souffle, alors que je fronçais les sourcils.

Attendez...

— Excuse-moi, sans t'offusquer bien sûr, mais quel est le prénom féminin entre ces deux-là ? renchérît-je aussitôt, perdu.

Athéna me lança étrangement un regard noir, en passant sa main dans ses cheveux bruns.

— Il y'en a pas. Ce sont deux noms purement masculins.

— Ne me dis pas que... repris-je, avant qu'elle ne tape son petit poing sur la table.

— Oui ce sont mes pères ! Oui ce sont des hommes ! Oui j'ai été adopté ! Oui ils sont mariés et ils sont très heureux comme ça ! s'exclama-t-elle soudainement.

— Je... Je ne savais pas, poursuivis-je plus tard, en la fixant d'un air très sérieux.

— Tu peux te moquer. J'ai subi ça toute mon enfance, j'attends ! Mais tu sais que je m'en contrefiche de ce que tu vas dire ! Car oui, moi je les aime comme ça et ils sont les meilleurs parents pour moi !

Ah... La demoiselle partit s'enfermer dans sa chambre.

Bon eh bien. Je n'avais même pas pu placer un seul mot. La demoiselle m'avait férocement attaquée, ses crocs et ses griffes étant sortis. Je n'ai même pas pu émettre un simple jugement ou quoique ce soit. Et évidement, elle s'était donc trompée. J'aurai voulu lui dire que je trouvais cela impressionnant et que j'admirais réellement sa famille. Mais visiblement, ma petite déesse avait vite d'étalé comme un lapin...

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( Merci pour tous vos commentaires, sincèrement !