Éveil Partie 3
Planète Sadanar Tertius, Zone Secondaire, Section de réparation des Galaids, 02h34
La nuit était tombée sur Sadanar Tertius, ou plutôt dans la zone Primaire, sur laquelle se trouvait l’infrastructure militaire, et technologique. La zone Secondaire correspondait à la face scientifique, où les ingénieurs humains travaillaient principalement sur les différentes ressources venues des multiples planètes du secteur afin de leur trouver une quelconque utilité, scientifique ou militaire. Et enfin la Tertiaire, celle où la plupart des colons vivaient.
Des trois faces, c’était celle-ci qui était la moins protégée. Pas de canons automatiques, pas de systèmes de défenses avancées, la seule protection commune aux trois faces était un bouclier tout de même extrêmement résistant endurant, et intelligent. Il ne se contentait pas bêtement de recouvrir l’intégralité de la planète quand celle-ci était attaquée, mais protégeait de manière ingénieuse les parties attaquées. Et aussi étrange que cela puisse paraître, aucun système permettant de gérer le bouclier planétaire n’avait été trouvé par les humains. Ces derniers supposaient qu’il s’agissait d’un système de défense basique, qui s’activait à l’approche du danger, et pas une technologie extrêmement avancée.
Cependant, la face Tertiaire était protégée par un champ d’astéroïdes très dense et par lequel aucun vaisseau n’avait la moindre chance de passer indemne, si bien que les humains avaient abandonné l’idée de surveiller ces rochers stellaires, d’autant plus qu’à chaque fois qu’ils avaient essayé, les systèmes d’observation s'étaient désactivés de manière automatique.
Et pourtant, un pilote assez audacieux, talentueux, ou suicidaire, voir les trois à la fois, se mouvait avec aisance dans ce champ d’astéroïdes, avec pour objectif d’atteindre la planète dont les reflets métalliques lui donnaient une teinte de bleu argenté. Son vaisseau était d’un noir d’obsidienne, comme si il absorbait la lumière. Ses courbes étaient fines et élégantes, son nez allongé. Sa couleur plus sombre que la nuit, sa capacité de camouflage trop avancée pour être détectée par un détecteur primitif humain, sa vitesse, et surtout le fait qu’il venait d’un endroit dont aucun humain n’aurait pu espérer sortir vivant, firent que le vaisseau pu atterrir sans que personne sur la planète ne s’en rendre compte.
Et pendant ce temps, sur la zone Secondaire, le destin se mettait en marche. Et ça, l’ingénieur humain Bort ne pouvait le deviner. Actuellement, il était simplement en train de maudire l’état-major, les Galaids, et toutes les formes d’autorité qui le forçait à rester éveillé par une heure aussi tardive. L’arrivée d’une nouvelle machine dans la « section de réparation » était un évènement assez rare, mais pas assez à son gout.
Car cela signifiait des heures ennuyeuses et inutiles à essayer de régler un problème dont il savait pertinemment que personne sur cette planète ne pourrait régler. L’ingénieur finit de vérifier que les capsules de Néodium étaient bien fixées au système qui permettrait de les enclencher si le Galaid s’activait. A sa connaissance, aucune de ses machines ne s’était réactivée dans une cellule, comme si elles savaient que cela les tueraient à coup sûr. Mais malgré l’énervement qu’ils causaient en lui, Bort ne portait pas un regard haineux envers les Galaids, plutôt empreint de curiosité, voire d’admiration, comme tout scientifique qui se respecte quand il voit une énorme machine dont il ne comprend pas la moitié du fonctionnement. Les humains ne savaient pas grand-chose, voire rien du tout de ces machines, et toutes les tentatives de disséquer un de ces robots s’étaient soldées par des échecs.
A chaque fois, ils avaient utilisé du gaz de Néodium. C’était en effet le moyen le plus simple d’ouvrir les armures, les autres intermédiaires nécessitaient une dépense d’énergie monstrueuse. Malheureusement, le gaz détruisait également les composants à l’intérieur des armures, et de toute façon, les ingénieurs humains se doutaient bien que même avec les composants intacts, ils ne pourraient pas comprendre la structure de ces guerriers d’acier. Bort recula pour observer la machine. Celle-ci avait été renommée Unité R-25, et il se doutait bien qu’elle garderait ce nom pour un bon bout de temps, jusqu'à ce que les humains puissent correctement l’analyser et la réparer. Peut-être un jour pourraient-ils les comprendre, et même en fabriquer de nouveaux…
Un événement étrange fit sortir Bort de ses rêveries. L’ingénieur ressentit une sorte de vibration traverser son être. Il pensait avoir halluciné jusqu’à ce qu’il voit la vitre devant lui trembler. L’armure de l’Unité se mit également à trembler, comme prise de convulsions. Bort constata avec horreur qu’une sorte de couleur verdâtre commençait à se répandre sur le Galaid comme un seau de peinture. Puis, l’impossible se produisit. Encore. Les yeux de l’Unité R-25 s’ouvrirent. Techniquement parlant, ils s’étaient juste activés, mais le mouvement de la tête, ainsi que la manière dont ils s’étaient allumés donnait l’impression d’une action humaine. Pourquoi les capsules ne s’activent pas ?! Elles auraient dû s’activer depuis plusieurs secondes déjà, mais rien ne se passait. Un vrombissement s'échappa du corps métallique, tel un générateur s'activant après une longue période d'activité. Le Galaid posa son poing contre la vitre qui le séparait de l’humain dans un léger tintement. Nul doute que seule la vitre le protégeait de la mort. Une bien mince protection face à une telle machine de guerre.
Dans un bruit sec, les capsules s’ouvrirent, et délivrèrent leur poison à l’intérieur de la cellule. Bort expira lourdement. Pendant ces secondes qui lui avaient semblé durer une éternité, il avait retenu sa respiration. Mais c’était fini, il devait par contre faire un rapport dans lequel il expliquerait que la dernière Unité envoyée dans la section de réparation s’était encore activée, mais que le Néodium l’avait détruite. Quel gâchis, se dit l’homme.
Soudainement, le poing du Galaid ressurgit de la fumée, et frappa la vitre qui craqua légèrement. Merde ! Comment la machine pouvait-elle encore agir ? Le gaz aurait techniquement dû détruire tous les circuits qui composaient le corps du Galaid ! L’Unité envoya son poing une seconde fois dans la vitre, propulsant quelques morceaux de verre par terre. Pour ne rien arranger à son effroi grandissant, des bruits similaires à ceux qu’il venait d’entendre se répétèrent dans toute la salle. Ça n’était pas un cas isolé.
Toutes les unités de combat se réactivaient, certaines après plusieurs années de repos. L’humain vit que l’Unité R-25 avait fini de détruire la vitre, et commençait à s’extraire de la cellule. On aurait dit un géant s'arrachant à l'étreinte de la terre. L’être organique ne voulait absolument pas savoir ce qui allait arriver par la suite, il commença à courir en direction de la caserne militaire, située à côté de la section de réparation, pour régler ce genre d’incidents, du moins l’espérait-il.
L’Unité R-25 s’était désormais entièrement extraite de la cellule, son armure brillait désormais d’un gris métallisé, légèrement teinté d’un vert qui lui permettait désormais de résister au Néodium auparavant fatal. Ses yeux luisaient désormais d’une lueur verte. Il avait maintenant le contrôle complet et permanent de son corps, même sans l’aide du Primex. Il était redevenu le guerrier Galaid qu’il était. Il était redevenu Caeryd.
A quelques centaines de mètres, des soldats se rassemblaient pour éradiquer une menace de haute dangerosité. Sachant que le gaz de Néodium ne semblait plus avoir d’effet sur les Galaids, les humains étaient tout sauf confiants en leurs capacités de vaincre les machines de guerre, même si leur nombre dépassait largement celui des guerriers d'acier présents dans la section de réparation.
Pourtant, il était de leur devoir de tout faire pour tenter de stopper les robots, car si personne ne les en empêchait, ils pourraient s’attaquer aux civils du secteur en toute impunité. Les deux-cents soldats s’étaient divisés en deux groupes, l’un d’entre eux se dirigeait vers l’entrée principale de la section de réparation, et l’autre avait pour objectif de couper toutes les voies de replis possibles des Galaids.
Le premier groupe se trouvait désormais devant la salle où les machines de guerre défaillantes étaient entreposées. De la fumée de Néodium rendait l’air verdâtre, mais respirable pour les humains. Des morceaux de verre brisés jonchaient le sol, cependant, aucune machine n’était visible. Et alors que tous les soldats fouillaient du regard la salle, sans oser y avancer, une masse sombre surgit des poutres d’acier et broya le crâne du soldat le plus proche d’elle.
Aussitôt, les autres soldats se tournèrent dans cette direction et s’apprêtaient à tirer sur le Galaid. Malheureusement pour les humains, celui-ci se déplaçait trop vite pour qu’un simple soldat puisse le viser correctement. Le guerrier fonça vers les Solariens qui tentaient vainement d’agir. Il ne leur laissa aucune chance.
Chacun de ses coups envoyait au sol un des êtres organiques, la plupart du temps, morts. Puis, d’autres Galaids sortirent de l’ombre et fondirent sur les soldats humains, les tuant de leurs poings, ou, pour l’un d’entre eux, en envoyant des décharges d’énergie qui brûlaient les systèmes nerveux et décomposaient les chairs. Les humains n’avaient aucune chance, déjà qu’un Galaid contrôlé pouvait occasionner de sévères dommages, mais en étant libres de leurs mouvements et actions, ils étaient à leur plein potentiel de destruction ! Le combat fut bref, les soldats humains furent annihilés. Les fusils des colons ne pouvaient à la limite qu’égratiner les armures robotiques.
Le deuxième groupe n’eut pas plus de chance, d’autres Galaids les avaient pris en embuscade avant qu’ils ne puissent faire quoi que ce soit. Caeryd exultait, il était libre ! Enfin ! Enfin il pouvait contrôler son corps et son esprit ! Enfin il pouvait lutter contre les humains qui empiétaient son monde !
Il savait que ses camarades ressentaient la même chose que lui. Leur lien psychique s’était émoussé avec le temps, mais ils avaient toujours la possibilité de communiquer entre eux tant qu’ils restaient à une distance respectable les uns des autres. Cependant, leur lien était actuellement inutile. Une communication leur était parvenue au moment où la résistance au Néodium leur avait été acquise. Leur présence était requise ailleurs. Les 25 Galaids s’en allèrent, silencieusement, sans un regard vers leurs victimes. C’étaient les premières d’une longue liste, la révolution venait de commencer.
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