Système: Arcadia

Planète: Idrican

Appartenance: Sadanarienne

Statut: Instable

La dernière ligne parvint à arracher au sergent Vorn un minuscule sourire. Le maximum autorisé pour un membre des forces armées Sadanariennes durant son service. Le statut instable pouvait signifier en somme, bien des choses: d'un simple tremblement de terre à la présence d'armes pouvant détruire l'intégralité du système d'Arcadia en quelques heures.

Sans être aussi apocalyptique, la situation restait tout de même critique.

Le soldat possédait un visage légèrement ovale, une peau relativement intacte, et deux yeux dorés qui fixaient son écran de communication. Il n'avait pas de caractéristique qui faisaient de lui un guerrier d'exception, mais il avait réussi les épreuves de sélection qui avaient fait de lui un pilote d'exo-armure sans grandes difficultés, ce qui le plaçait au-dessus du standard des armées Sadanariennes. Quand il s'était engagé, il ignorait qu'il se retrouverait dans une telle situation. Comment les humains du système en étaient-ils arrivés là?

Lors de l'installation sur Idrican, le gouverneur de la planète orangée avait réussi à convaincre les hautes instances Sadanariennes qu'une immunité législative permettrait une extraction minière plus efficace sur son monde. A l'époque, cela avait semblé être une bonne idée. Les différents mondes du système travaillaient dans une parfaite cohésion, et l'idée d'une révolte paraissait impensable. Les premiers colons étaient déterminés à s'émanciper de l'autorité Solarienne, décrétée par le gouvernement du système Solaire.

Mais bien sûr, le temps avait corrompu les idéaux, et altéré les mentalités. Désormais, la majorité des humains du système agissaient par intérêts personnels, et Idrican avait cherché à s'isoler du reste du système, d'abord subtilement, puis par la force.

La mobilisation des forces armées de Sadanar s'était avérée nécessaire.

Certains, comme Vorn, rejoignaient les forces armées car cela s'avérait nécessaire pour leur survie, ou celle de leur famille. Mais d'autres encore, comme le général Midral combattaient car cela s'avérait pour eux la seule manière d'apporter la paix dans le système. Les hommes et les femmes comme lui étaient persuadés d'agir pour le bien de l'humanité.

Mais pour l'instant, tous les soldats Sadanariens se trouvaient dans la même situation, indépendamment de leurs motivations.

Au centre de la salle de contrôle du vaisseau amiral Solarien se tenait fièrement le général, s'adressant une dernière fois à ses troupes avant l'assaut d'Idrican. Malgré un physique que certains auraient pu qualifier de trop svelte pour rejoindre les rangs des forces spatiales, Midral possédait une musculature et une assurance suffisantes pour pouvoir facilement attirer l'attention de ses subordonnés, notamment à l'aide de ses deux yeux verts perçants. Rien dans sa coupe au carré, ou sa tenue ne permettait de le distinguer des autres militaires, sinon le grade. Cependant, quelque chose différait chez Midral, et chez tous ceux qui avaient vécu sur Sadanar plus d'une dizaine d'années. Sa peau, ainsi que ses cheveux, avaient viré au bleu azur de manière assez légère pour ne pas être détecté de loin, mais assez importante pour être remarquée dès que l'on observait le général de près. Chez certains, cette coloration était presque inexistante, chez d'autres, la teinte bleutée atteignait des intensités extrêmes, jusqu'à modifier la couleur des yeux et du sang.

Ce genre de modifications avait d'abord dérangé bon nombre de Sadanariens, avant qu'ils n'acceptent l'inéluctabilité de leur situation.

Comme avant chaque opération, le général prononçait son éternel discours, que Vorn se contentait d'ignorer de plus en plus, avec chaque opération qui passait, pour procéder à plusieurs vérifications de dernière minute. Pas par irrespect, mais parce qu'il connaissait déjà le contenu du discours. Des gens allaient mourir par centaines, voire par milliers, mais pour la bonne cause; pour l'unification du système.

Après toutes ces batailles, le sergent avait fini par se demander si Midral croyait encore en ce qu'il racontait.

Après tout, la situation générale s'améliorait-elle? Des milliers de soldats étaient-ils vraiment morts pour l'union des colons? Ou tout simplement pour permettre aux dirigeants de Sadanar de réaffirmer leur autorité sur les autres? Depuis des mois Arcadia était plongé dans le chaos, plusieurs gouverneurs ayant décidé de s'émanciper de l'autorité Sadanarienne. Evidemment les dirigeants de la planète principale du système ne voyaient pas d'un bon œil cette soudaine volonté d'indépendance. Rapidement, les forces de combat de la planète bleue avaient réagi avec force, mais la violence n'avait fait qu'encourager les indépendantistes à lutter. Les combats se multipliaient chaque jour, batailles rangées ou embuscades, la guerre s'exprimait de toutes les fibres de son être, et aucun endroit du système n'était épargné. D'abord lentement, puis avec plus d'assurance désormais, la folie et le chaos agrandissaient les charniers, sans aucune distinction entre les soldats et les civils.

Personne n'aurait pu dire lequel des deux camps commettait le plus d'atrocités. D'un côté, les guerriers de la première colonie mataient impitoyablement toute forme de révolte, mais de l'autre, les rebelles n'hésitaient pas à sacrifier des innocents pour arriver à leurs fins. Chacune des deux factions était déterminée à l'emporter.

L'objectif de Lokai, gouverneur actuel d'Idrican était assez flou, certains affirmaient qu'il voulait libérer les populations du joug des maîtres de Sadanar, d'autres que son unique but était d'asservir le plus d'humains possible dans le système d'Arcadius.

En tant que soldat, Vorn possédait plus d'informations que les gens qui spéculaient sur les objectifs du gouverneur rebelle, et il savait que cet homme ne valait pas mieux que le gouvernement actuel.

Après des mois d'effusions de sang, les dirigeants de Sadanar avaient enfin décidés de stopper cette révolution de manière radicale. En éliminant l'instigateur de ce mouvement de résistance, les forces armées du système pourraient enfin reprendre le contrôle des mondes dissidents, et punir ceux qui avaient eu l'audace de défier leur autorité.

C'est pour cela que les unités mécaniques se trouvaient mobilisées en force, comme peu de fois auparavant.