Sous l'auvent du préau,
Un couple d'hirondelles
Chante ses ritournelles
En un tendre duo.

Le temps est clair et beau, juin à son apogée
Sur la classe figée
Promène son zéphir :
Juin, prélude à l'été, lourd du parfum des roses,
Juin de métamorphoses
Au décor de saphir.

Sous l'auvent du préau,
Un doux friselis d'ailes :
Les oisillons appellent.
Leur babil sonne haut.

A tous mes polissons de dénicheurs en herbe,
Emphatique et superbe
En ma leçon d'un jour,
J'ai fait prêter serment, sous le nid qui palpite,
Au respect, douce invite,
Joli pari d'amour...

Sous l'auvent du préau,
Père et mère hirondelles
Leur merci renouvellent
Avec joie et brio.

Quoi de plus gracieux que l'âme vagabonde
D'une charmante aronde
Sur un carré d'azur ?
Et que n'imitez-vous, mes piètres calligraphes,
De ces savants paraphes
Le sillage si pur ?

Sous l'auvent du préau,
Les bébés-hirondelles
En chœur battent des ailes,
L'air joyeux et faraud.

Déjà tout au plaisir de rendre les nuages,
Ils rêvent de voyages,
Volent sous d'autres cieux.
La mère, en vain, sermonne une progéniture
Eprise d'aventure
Sur un ton anxieux...

Sous l'auvent du préau
Se sont tus les bruits d'ailes :
Ont fui mes toutes belles
Vers un pays plus chaud.

Octobre est revenu : à son cours monotone
La classe s'abandonne,
S'efforce à la raison.
Le nid est toujours là : il vivra dans l'attente
Sereine et patiente
De la neuve saison.

Sous l'auvent du préau,
A leur havre fidèles
Mes gentes hirondelles
Gazouilleront bientôt...