5 CLASSE D'ANTAN
Tu étais l'âme du village,
Toi qui accueillais en tes murs
Garçons et filles de tout âge
Frondeurs, timides, parfois durs...
Vieux pupitres qu'enjolivèrent
Tant d'enfantines passions,
Que vous aviez mines austères
Au fil des générations !...
Je revois les gentils visages,
Clairs minois de pleurs emperlés,
De gamins pas toujours très sages
Par quelque grande sœur hâlés :
Chagrin de rentrée éphémère,
Désespoir humide et bruyant,
Qu'avec les gestes d'une mère
Je consolais en essuyant.
On me revenait tout sourire
L'après-midi du même jour :
Qu'aurais-je trouvé à redire
Au seuil d'aussi riant séjour ?
L'heure avait sonné de l'étude,
De l'alphabet... et des leçons :
A cinq ans, quelle servitude
Pour tous ces joyeux polissons !
Mais ma studieuse famille
A s'évader aimait pourtant,
De revanches de pacotille
Se grisait, le cœur tout content :
D'alors nos folles escapades,
Dans la blondeur d'un bel été,
Avaient nom classe-promenades
Et fleuraient bon la liberté.
Parfois, sur la classe assagie,
- Autre instant privilégié -
Passait un souffle de magie
Où l'on vivait réfugié :
De l'aîné à la benjamine,
On croisait les bras, sagement,
Pour voir Peau d'Ane en sa chaumine,
Poucet, ou le Prince Charmant...
Oui, j'ai chéri ma classe unique
Et le proclame avec chaleur.
Nulle crainte d'être impudique :
On ne peut feindre côté cœur...
Le village a perdu son âme
En te perdant, classe d'antan !
Faudrait-il que je me blâme
Si je ne t'aime plus autant ?
Adieu, tendresse inassouvie,
Bambins que l'on voyait grandir,
Adieu, l'école de la Vie :
Tu appartiens au souvenir !...
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