Un souffle...
― Viens allons au concert.
C'est ce que dit Kylian. Pour autant, nous ne bougeons pas d'un pouce, les yeux perdus chacun dans ceux de l'autre. Mon cœur a pris un rythme que je ne lui ai jamais connu, il semble complètement détraqué. Je n'ai jamais ressenti ce qui me traverse à l'instant.
Le regard qu'il me lance est tellement intense que je sais qu'il restera gravé à jamais dans ma mémoire. Même des années plus tard, le seul fait d'y repenser me replongera toute entière dans ce moment. Mon cerveau semble mis sur pause, m'interdisant de réfléchir, des poser des mots sur ce qu'il se passe, seules les émotions comptent.
Tout doucement, Kylian caresse mon bras pour remonter jusqu'à mon épaule, je frissonne à ce contact. J'ai envie de goûter ses lèvres une fois encore, cela me semble tellement nouveau que je ne sais pas si j'en ai l'autorisation. Il existe des instants fragiles, suspendus dans le temps, il est de celui-là. Depuis notre premier baiser seulement quelques instants plus tôt, l'ambiance a changé.
Je lui effleure les lèvres en fermant les yeux et m'enivre de son goût et son odeur. Il me semble que je n'ai vécu que pour cette sensation. Sa langue caresse la mienne dans un baiser à la française qui me fait chavirer. C'est tellement intime et si peu à la fois. J'ai envie de plus, de me fondre en lui. Je colle mes hanches à son bassin, ce qui le fait reculer plus près du lit et il bascule dessus sans pour autant lâcher mes lèvres.
Je sens la chaleur de son corps sous le mien et les battements fous et irréguliers de nos deux cœurs. J'ai l'impression que le mien pourrait lâcher d'une minute à l'autre, pourtant rien ne pourrait m'arrêter. Je glisse ma main sous l'étoffe de son tee-shirt, je sens la douceur de sa peau sous mes doigts et c'est délicieux. Kylian sourit contre ma bouche.
J'ouvre les yeux un instant, vois le flou dans les siens et réalise ce qui est en train de se passer. Cela me semble irréaliste.
― Amy, murmure-t-il.
Sa voix est rauque, enflée de désir. Son désir pour moi. Tout doucement, il fait glisser mon pull par-dessus ma tête, puis mon tee-shirt. Puis il dégrafe mon soutien-gorge et dans son regard, je me sens belle. Il me bascule à côté de lui et entreprend de déboutonner mon pantalon. Allongée sur le dos, je sens mes vêtements glisser en une lente caresse, un à un le long de mes jambes. Ses mains de musicien jouent alors un morceau sur mon corps. Une musique silencieuse mais une des plus belles, qui fait vibrer chaque fibre de mon être. Je prends vie sous ses doigts. J'ai envie de le découvrir aussi. Je le déshabille de mes mains, de mes yeux et dessine de mes doigts chaque ombre, chaque contour de lui. Ses gémissements m'envoient en orbite.
Nos caresses rapprochent nos corps et nos âmes, mon cœur noirci reprend quelques couleurs. La fièvre nous prend et nous nous perdons l'un dans l'autre. Nos deux souffles se font court, je me sens partir loin, très loin. La respiration saccadée de Kylian m'indique son excitation et son lâché prise quand son corps se tend sur le mien.
Mon cœur se calme peu à peu et je prends le temps d'observer son visage. Ses yeux sont encore empreints de son désir pour moi. Il enroule une mèche de mes cheveux autour de des doigts et m'attire doucement à lui pour poser un baiser sur mes lèvres. Il se rallonge, un bras derrière la tête et le regard perdu au plafond.
― Lorsque je t'ai revue au pub, commence-t-il, c'est comme si je te voyais pour la première fois. Tu étais tellement belle et femme, j'ai été complètement déstabilisé. Cela réécrivait tous les souvenirs que j'avais de toi, tu comprends ? Je me souvenais d'une gamine, je voulais juste te revoir pour te remercier, et soudain... Soudain ce n'était plus ça...
Je l'écoute, ses mots qu'il donne si rarement, et mon cœur recommence à battre plus fort.
― Puis, tu m'as recontacté, tout était simple avec toi, naturellement fluide. Lorsqu'après le concert tu m'as invité chez toi, j'ai vu... j'ai vu ton dessin et je n'ai pas compris. Je me suis mis à espérer. Tu as débarqué ensuite dans ma chambre d'hôtel un soir et c'est devenu difficile de résister.
Il marque une pause, fixant toujours le plafond au-dessus de lui, semblant remonter intérieurement le cours des évènements.
― J'ai appris que tu étais en couple, je ne voulais pas interférer. Tu es une si belle personne Amy. Ces longues semaines de silence ont été une torture. Trouver une personne qui me bouleverse à ce point et ne pas pouvoir lui partager mes sentiments... Je t'aurais laissé tranquille Amy. Mais tu as débarqué ici...
Je suis un peu sonnée par ses révélations, je pensais être la seule à avoir ressenti l'étrange connexion entre nous, refusant peut être de voir l'évidence. Ce qui est un comble pour une dessinatrice avec le sens du détail exacerbé telle que moi. Je repense à son appel du nouvel an. Je ne sais absolument pas où cela va me mener, j'ai juste l'impression d'être pour la première fois de ma vie exactement à l'endroit où je dois être. Difficile d'expliquer une telle sensation.
Je lui presse la main comme toute réponse, je sais qu'il comprend. Nous restons longtemps allongés l'un près de l'autre, un peu alanguis, à écouter nos respirations, à s'effleurer du bout des doigts. Les draps sont froissés et la lumière décline lentement derrière la fenêtre.
― Merde, dit-il soudain en français.
Je me redresse.
― Le concert !
Nous sautons dans nos vêtements, je croise son regard et nous nous mettons à rire. Un fou rire qui nous apaise et nous fait du bien. Le son de son rire est tellement beau à mes oreilles. Je ne sais dire pourquoi, mais je ne me sens plus seule. Un pied dans une jambe de son pantalon et l'autre dehors, il se penche pour m'embrasser. Il me dit une phrase en français, que je ne comprends pas mais mon ventre se liquéfie à l'intonation de ses mots.
Je n'ai pas le temps d'approfondir mes pensées que nous sommes déjà dehors. J'ignore ce que j'étais venue chercher en venant à Londres, mais je sais ce que j'ai trouvé. Et alors que je suis de nouveau pressée contre une barrière au milieu d'une salle de concert pleine à craquer et que je ne lâche pas un certain guitariste du regard, je me sens plus vivante que jamais.
Comme si, enfin, les portes s'étaient ouvertes. Comme si le fait d'ouvrir mon cœur et de m'autoriser à ressentir me faisait entrevoir une autre perspective sur la vie. Certes, je ne sais pas où tout cela me mènera, mais je sais à présent que je n'ai pas besoin de tout planifier. Que la vie est imprévisible et qu'elle offre ses surprises, bonnes ou mauvaises, et qu'il faut savoir les accepter.
Ces derniers mois ont été compliqués, je me suis senti plus d'une fois étouffer, bloquée, mais j'ai appris au moins une chose : l'importance du lâcher prise. J'ai défait aujourd'hui encore un minuscule nœud et le mouvement est réapparu dans ma vie. Mes peurs ne m'ont menée qu'à des culs de sacs, je dois apprendre à écouter mon instinct et mon cœur. La peur n'évite pas le danger diraient certains, je crois à présent que cela est vrai.
Pour vivre, vivre pleinement, il faut se libérer de ses chaînes, admettre de parfois souffrir. Pour la première fois, je me sens en phase avec moi-même. A mesure que la musique me traverse, je réalise une chose. Je suis prête. Prête à prendre mon envol.
******
Et voilà, il ne restera qu'un seul et unique chapitre pour clôturer cette histoire.
Je ne sais pas si j'aurai du mettre un avertissement pou ce type de scène mais pour moi, rien de cru ou vulgaire donc je n'en voyais pas la nécessité!
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