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Quand ca tourne mal


            Assise par terre dans la future chambre de mon neveu ou nièce, au milieu des pots de peinture, je mélange deux teintes de couleurs avant d'observer le résultat. A mes côtés, Leagh a déployé une bâche afin de protéger les sols. Comme prévu, nous allons peindre aujourd'hui notre décor. Satisfaite du résultat obtenu, je plonge mon pinceau dans le pot et prend une grande inspiration. Je me sens sûre de moi, après tout, je viens de passer une semaine à dessiner nuit et jour et je sais exactement le résultat que je veux obtenir. Aucun doute ne plane.

Nous avons tracé plus tôt notre esquisse au crayon à papier à même le mur, il ne nous reste qu'à peindre. Me sentant en confiance, je décide de mettre ma sœur dans la confidence.

― J'ai décidé de quitter le cabinet d'avocats, j'annonce en chuchotant.

― Wahou, réagit ma sœur,

― Chut, lui somme-je en riant à moitié

― Whaou, redit-elle un ton plus bas. Sacré décision Amy ! Tu as du courage ma sœur !

― Haha ! Attends, je n'ai encore rien annoncé, tu es la première, enfin, après Joey. C'est là qu'il va m'en falloir. Pour affronter papa. Il ne va pas comprendre c'est sûr...

Je me penche pour replonger mon pinceau dans le seau, observe le mur un moment avant de le faire glisser dessus dans un mouvement circulaire.

― Je suis sérieuse Amy, tu es courageuse. Tu as essayé de donner satisfaction aux parents, de rentrer dans les cases prévues pour toi, la succession du cabinet tout ça, mais tu as quand même bien le droit de te rendre compte que cela n'est pas fait pour toi !

― Attends, j'ai prévu d'annoncer ca demain à la réouverture, enfin si j'y arrive. Je verrai de quelle humeur papa est luné, je ne suis pas kamikaze non plus.

― Sinon commence par le dire à Neal ? Ça te fera un soutien? Ou maman ?

Je réfléchis un instant, puis-je trouver du soutien auprès de mon frère ou de ma mère ?

― Ça ira, le plus dur est de le faire, tu te sentiras soulagée ensuite... Et sinon, tu as des nouvelles de Drissa ?

Ma sœur prend un air dégagé en me posant cette question, mais je la connais un peu. Je crois bien que mon petit réfugié lui a tapé dans l'œil. Aux dernières nouvelles, son poste de brancardier se passait bien. Il m'a appelé surexcité l'autre jour car il avait reçu sa première paye et tout envoyé à ses parents. Il n'avait gardé que cent livres pour se nourrir pour le mois. Ça me fait penser que je dois rappeler ma voisine à propos du studio. Drissa doit quitter le centre d'accueil à la fin du mois, même si il pourra s'y rendre s'il a besoin d'aide ou des questions spécifiques.

― Je t'enverrai son numéro, tu pourras lui demander toi-même, dis-je dans un clin d'œil.

― Et toi alors, ce triangle amoureux ça donne quoi ? change de sujet Leagh.

― Ca ne donne rien de bon, dis-je honteuse. J'ai vexé Joey en le renvoyant chez lui l'autre jour après un des meilleurs orgasmes de ma vie. Je crois qu'il va avoir du mal à s'en remettre. Je ne sais pas ce que je veux. C'est débile de penser à Kylian alors que j'ai une personne formidable avec moi.

― Meilleur orgasme ? Vraiment ? dit ma sœur moqueuse. Il cache bien son jeu le petit chirurgien ! Allez, plus sérieusement, on ne contrôle pas ses sentiments, si ton cœur bat pour Kylian, alors sois honnête avec Joey non ?

Ma sœur a raison. Je crois qu'une discussion s'impose mais cela me fait mal au cœur, je ne suis pas très sûre de moi. D'autant plus que je ne me vois rien construire avec Kylian. Vivant dans deux pays différents, avec des vies diamétralement opposées. Rien de raisonnable là-dedans. Je ne sais même pas s'il me voit de la même manière dont moi, je le vois...

La tête de blonde de mon frère passe par l'entrebâillement. Leagh se précipite vers lui pour la lui claquer limite au nez.

― Secret défense ! hurle-t-elle.

― Ok, ok, râle Neal de l'autre côté du chambranle, je venais vous proposer une pause thé, pas vous espionner !

― En même temps, j'ai mal aux bras, je constate. Puis on a terminé la première couche, on la prend cette pause ?

Nous rejoignons donc Neal et Kelly au salon. Ma belle-sœur a clairement pris un bon ventre à présent. Elle entame son septième mois de grossesse. Elle semble rayonner. Elle a déposé sur la table basse du salon, une théière en inox et des tasses. Je me jette sur les cookies de Noël disposés dans une assiette à côté.

― Ben quoi ? dis-je la bouche pleine devant le regard effaré de Neal.

― Laisse-la, me défend ma belle-sœur, elle est en train de peindre une merveille pour notre bébé, elle a le droit de prendre des forces !

Je rougis à la remarque de Kelly, face à la confiance qu'elle me témoigne. Nous buvons notre thé en échangeant quelques blagues et potins. Neal me demande comment s'est passée ma semaine sur la côte et Leagh me lance un regard pour me dire, vas-y, jette toi à l'eau. Sauf que ma peur prend le dessus, je suis incapable de parler. Si je ne n'arrive pas à l'annoncer à mon frère, comme vais-je pouvoir le dire à mon père ? Mon père, le bâtonnier, qui m'impressionne tellement que je n'ose que rarement en placer une quand il est à mes côtés. Un homme que j'admire mais je sais que je vais décevoir. Je bois mon thé en fixant le sol.

― Tu as perdu ta langue là-bas ? plaisante Neal. Ne te méprends pas, hein, ça me fera des vacances auditives, mais tu m'inquiète un peu quand même.

― Amy a quelque chose à annoncer, balance Leagh et je la fusille du regard.

Neal et Kelly se regardent intrigués.

― Ne me dit pas que notre cher Joey t'a demandée en mariage ? Mise enceinte ?

― Neal ! le sermonne Kelly.

Je prends mon courage à deux mains, j'ai la gorge sèche et le cœur qui bat la chamade. Jusque-là, ma décision pouvait encore m'appartenir, me réconforter. Mais la partager avec eux rendra les choses beaucoup plus concrètes, je ne suis plus très sûre de moi. Leagh m'encourage d'un « Allez Amy ». Je racle ma gorge et annonce sans respirer.

― Jevaisquitterlecabinet. Je veux dire, je vais quitter le cabinet. Enfin, c'est une décision que j'ai prise.

J'ai répété ma phrase une deuxième fois d'une voix plus assurée. Je croise le regard de mon frère et j'y lis un mélange d'incrédulité et de fureur, ce qui n'est pas pour me rassurer. Il me lance encore un regard de dégoût, se lève et quitte carrément la pièce. Mes yeux volent tour à tour de Kelly à Leagh, je ne comprends pas sa réaction. Mes mains tremblent quand je reprends ma tasse de thé. J'étais loin de m'attendre à ça. Kelly se lève, vient s'assoir à côté de moi et me prends la main.

― Ne t'en fais pas Amy, ça lui passera. Il faut juste qu'il digère la nouvelle. Alors, ça y est, tu as fini par te décider ?

― Mais il est malade lui ! intervient Leagh. C'est quoi son problème ?

― Laisse Leagh, il ne devait pas s'y attendre. J'ai balancé ça de but en blanc aussi... Oui Kelly, pour te répondre, je pense que c'était une nécessité.

― Une idée de ce que tu vas faire ? Tu as trouvé un autre cabinet d'avocats ?

― En fait, je pense que je veux complètement arrêter le droit, dis-je mal à l'aise.

Cette fois c'est au tour de Kelly d'avoir l'air choqué. Je lis dans son regard son incompréhension, mais elle se reprend aussitôt.

― Je sais à quel point cette décision a dû te coûter Amy. Si tu sens que c'est la bonne alors écoute toi. Tant pis pour Neal s'il ne comprend pas. Ou même tes parents, ajoute-t-elle devançant ma pensée. Ne t'en fais pas, ça lui passera.

― Merci Kelly.

Je me lève du canapé et repose ma tasse. Je pense qu'il serait préférable de partir. Je retourne dans la chambre afin de nettoyer mon matériel et fermer les pots. Je reviendrais terminer plus tard. Pour l'heure, je n'ai qu'une envie : rentrer chez moi.



*****

Notre Amy s'est lancée... Avec des réaction spas vraiment espérées...

Et sinon, mon compteur de mots sur Word me dit que ce chapitre fait 1425 mots et whattpad m'indique 1413 mots? Etrange...

Prochain chapitre probablement ce dimanche!

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