« Alya, tu trouves pas que j'ai un peu grossi ? »

C'était lors d'une soirée pyjama entre ces deux meilleures amies que Marinette avait posé cette question, debout de côté devant le miroir de sa chambre.

« Quoi ?

- Tout à l'heure, Chat Noir m'a dit que j'avais grossi, alors je voulais ton avis.

- Chat Noir t'a dit que quoi ?! Et c'est lui que t'appelles un gentleman ? Quel garçon dit à une fille qu'elle a grossi ?? »

Décontenancée, Alya oubliait de répondre à son amie. C'était en reposant son regard sur elle qu'elle soupira.

« Tu sautes tellement de toit en toit que ça m'a l'air difficile de t'imaginer grossir. Déjà que tu manges pas beaucoup, le seul moyen pour toi de grossir serait d'être enceinte »

À partir de là, un grand silence se créa dans l'esprit de la super-heroïne.

« Ce qui est impossible, continua Alya. T'es tellement timide, t'es sûrement encore vierge »

Elle n'entendait même plus ce que lui disait la rousse. Enceinte ?

« Allô, la Terre appelle Marinette !

- Seigneur, faites que ce soit pas ça...

- Mari ? »

Alya sembla comprendre peu à peu ce qui inquiétait tant sa meilleure amie.

« Mari, rassure-moi. T'es encore vierge ? »

Leurs deux regards se croisèrent, et l'une comme l'autre comprit immédiatement le problème. Pourtant, aucune d'elle ne souhaitait dire quelque chose. Alya car elle était surprise d'entendre que sa meilleure amie depuis des années lui avait caché quelque chose comme ça, et Marinette parce qu'elle se sentait honteuse, et pas qu'un peu.

« Avec qui ? Raconte-moi tout ! »

La métisse avait repris son intérêt. Elle voulait tout savoir. Avec qui, comment ça s'était passé, quand. Elle désirait avoir les moindres détails.

« H-Hum... Il y a quatre mois...

- QUATRE MOIS ??!! Et tu m'en as jamais parlé ?!

- Je t'en ai pas parlé... parce que je sais que tu n'apprécierais pas l'heureux élu...

- Si tu le dis comme ça, c'est que c'est pas Adrien. Alors c'est qui ?

- Chat Noir..., murmura-t-elle si bas qu'elle ne fut pas entendue. Chat Noir ! C'était avec Chat Noir !, répéta-t-elle plus fortement. Et c'est pas arrivé qu'une fois... »

La journaliste n'en croyait pas ses oreilles. Elle était même plus surprise d'apprendre ça que lorsqu'elle avait appris que Marinette et Ladybug étaient une seule et même personne.

« Alya... Dis quelque chose, s'il te plaît... »

Marinette stressait encore plus que quand elle n'arrivait pas à vaincre un vilain. Enceinte de Chat Noir, enceinte d'un super-héros, enceinte de quelqu'un qu'elle ne connaissait sûrement pas sous le masque.

« Mari, il faut d'abord être sûr que t'es enceinte. Et si tu l'es, je pense que tu devras le dire à Chat Noir.

- Quoi ?? Non !

- Donc tu vas élever son gosse sans même qu'il soit au courant ?

- Non, si je suis enceinte, j'avorterai ! Alya, j'ai que 18 ans ! C'est vrai, j'ai passé ma vie à imaginer mon futur avec Adrien, nos trois enfants, notre villa et notre hamster, mais là, non seulement c'est pas Adrien, mais je suis encore trop jeune ! »

Marinette paniquait. Elle avait un bon équilibre financier, elle pouvait largement se payer son avortement elle-même, sans même mettre au courant qui que ce soit.

« Et si c'est trop tard ?

- Trop tard ? Qu'est-ce que tu veux dire, trop tard ?

- Je veux dire... Et si tu ne peux plus avorter ? »

Elle n'avait pas pensé à cette possibilité. Après tout, elle n'avait pas eu qu'une seule nuit avec le héros masqué, et la première datait d'il y a quatre mois déjà.

« Si, et seulement si on en arrive là, j'en parlerai à Chat... »

Elle releva son regard larmoyant pour voir sa meilleure amie lui ouvrir les bras. Elle s'y réfugia immédiatement, ne retenant pas ses larmes plus longtemps.

「ƚɾαɳʂιƚισɳ」

Après la découverte de sa grossesse, la découverte que c'était trop tard pour avorter, Marinette décida d'aller prendre l'air sur les toits de Paris, habillé de son éternel costume rouge à points noirs. Elle avait envoyé un message vocale à son partenaire, d'une voix tremblante, lui demandant de ramener ses moustaches au plus vite. Et pourtant, elle se retrouvait ici, à faire les cents pas, son coeur faisant une course avec ses tripes entre celui qui s'arrêtera le premier.

« Ma lady, tu vas bien ? T'as l'air stressée »

Son corps tout entier fit un bond lorsque la voix de Chat Noir atteignit ses oreilles.

« Moi, stressée ? Pas du tout ! Jamais ! Jamais de la vie ! Le stress, ça existe pas chez moi ! Je connais pas ça ! »

Sa manière de parler rapidement, et ses jambes tremblantes qu'on pourrait croire qu'elles allaient lâcher montrait définitivement au héros qu'elle mentait. Il s'approcha d'elle, mais elle recula, comme si elle avait peur.

« Ladybug, qu'est-ce qu'il se passe ? »

Le ton inquiet de son partenaire la rendit encore plus vulnérable. Ses yeux qui avaient déjà assez pleuré pour les derniers jours trouvèrent pourtant encore une source de larmes non-exploitée.

« Hey, pourquoi tu pleures ? Tu m'inquiètes vraiment, là...

- Chat... J'ai fait une terrible erreur... »

Il s'approcha à nouveau. Voyant que cette fois, elle ne fuyait pas, il la prit dans ses bras et la rassura du mieux qu'il pouvait.

« Tu peux tout me dire...

- T-Tu sais... la dernière fois, quand tu m'as dit... que j'avais grossi... »

Alors c'était ça qui la blessait autant ? Il s'en voulait, il avait dit ça pour rire et il se retrouvait fautif des larmes de sa lady.

« Je suis enceinte... »

Ses bras qui la serraient jusque là semblèrent perdre de leur force. Pas assez pour la lâcher, mais assez pour qu'elle s'en veuille de lui avoir annoncé.

« Le truc... c'est que je suis enceinte... de toi, Chat... »

Cette fois, ce fut de trop. Ses bras la lâchèrent et il eut quelques mouvements de recul.

« Qu'est-ce que t'as dit... ?

- Je... Je porte ton enfant...

- Et... qui te dit qu'il est de moi... ?

- Je... Je ne suis passée à l'action... qu'avec un seul garçon... il n'y a pas 36 solutions... »

Chat Noir était mitigé. Il ne sait pas s'il devait être heureux que sa lady, la femme de sa vie, porte son enfant, s'il devait être apeuré pour la suite des choses, ou s'il devait être en colère.
Ladybug, elle, n'osait pas relever le regard. Elle n'osait pas regarder son partenaire en face. Elle repensait également sans cesse à ce que lui avait dit sa meilleure amie.

« Tu n'as même pas à t'inquiéter qu'il découvre ton identité secrète. Chat Noir est un vrai dragueur, il a dû avoir des centaines de conquêtes. Il ne comprendra pas qui tu es juste avec cette annonce »

Elle espérait. Elle espérait de tout son coeur que ça soit vrai. Si ça signifiait qu'elle devait s'occuper de l'enfant seule, ou qu'ils devaient se retrouver sur les toits et avoir la garde chacun leur tour, elle y serait prête.

« Je n'ai couché qu'avec une seule fille, moi aussi... »

Elle tomba des nus. Tous ses espoirs de garder son identité secrète étaient brisés aussi facilement qu'elle ne brisait les objets contenant l'akuma.

« Mar-

- Ne dis plus rien. S'il te plaît, fais comme si je ne t'avais rien dit ce soir. Fais comme si tu ne savais rien, je t'en supplie... »

Elle voudrait fuir. Fuir et ne jamais se retourner. Mais elle était pétrifiée, la tête baissée, ses larmes étant la seule chose qui bougeait venant d'elle pour finir leur course sur le toit.

« Marinette... Alors c'était toi, ma lady, depuis le début »

Elle le sentit s'approcher, et autant qu'elle voulait reculer, elle ne pouvait pas faire un mouvement. Elle était forcée de le laisser la prendre dans ses bras une nouvelle fois.

« Si tu savais comme je suis heureux »

L'expression de surprise arriva d'elle-même, autant que ce relèvement de tête qu'elle avait effectué.

« Savoir que celle que j'aime était à mes côtés tout ce temps me rend heureux, continua Chat Noir, bien décidé à révéler qui il était sous le masque. Et me dire que tu portes mon enfant me rend encore plus heureux »

Marinette ne comprenait pas. Pourquoi était-il si heureux ? Certes, ça lui permettait de savoir où elle habitait et de venir voir son enfant tout en restant transformé, mais de là à ce qu'il la serre si fort de joie, elle ne comprenait pas.

« Plagg, détransformation.

- Chat Noir, qu'est-ce que tu- »

Ce fut les premiers mots qui sortirent depuis qu'elle avait annoncé au futur père sa grossesse. Elle s'était elle-même coupée quand les yeux complètement verts de son partenaire avaient laissé place à des yeux qu'elle ne connaissait que trop bien. Des yeux qu'elle avait admiré pendant si longtemps. Des yeux qui l'envoûtaient et lui donnaient l'impression de se noyer dedans à chaque fois.

« Ad... rien... ? »

Elle n'en croyait pas ses yeux. L'homme de ses rêves, l'homme de ses fantasmes, l'homme de sa vie, était le même homme qu'elle avait rejeté tant et tant de fois.

« Je t'aime, Marinette Dupain-cheng. Et je serai plus qu'heureux d'être le père de l'enfant que tu portes, de m'en occuper avec toi et de former notre famille »

Elle était toujours perdue dans ce regard vert, se noyant plus profondément à chaque seconde qui passait.

« Ma lady, je peux t'embrasser ? »

Malgré leurs regards plongés l'un dans l'autre, l'héroïne lâcha un petit et faible "Oui". Aucun d'eux n'attendit plus longtemps pour plonger sur les lèvres de l'autre, l'une mettant ses mains dans les cheveux blonds, et l'autre mettant les siennes sur ses hanches avant de la rapprocher de lui.
Chacun d'eux s'était remémoré leurs nombreuses nuits passées ensemble. Marinette avait tenté d'oublier Adrien en se donnant à Chat Noir, et Chat Noir avait essayé d'oublier Ladybug en s'adonnant à Marinette.

« Que dirais-tu de continuer cette nuit dans ta chambre, buguinette ? »

Adrien regarda sa bien-aimée passer un de ses doigts majestueux sur ses lèvres.

« On ne peut pas, chaton. Alya y est sûrement encore, elle serait bien trop surprise. Et je ne voudrais pas lui imposer notre vision d'amour »

Elle se sentait mieux. Elle se sentait beaucoup mieux. Son inquiétude d'avoir un enfant et de s'en occuper toute seule était devenue de la hâte de l'avoir et de pouvoir s'en occuper avec l'homme de sa vie.

« Alors allons chez moi.

- Avec plaisir, mon chat »

Ainsi, ils finirent leur soirée sur le lit d'Adrien Agreste, tandis qu'Alya Césaire avait fini par s'endormir sur celui de sa meilleure amie.

「1713 mots」

Je suis vraiment fière de cet OS ! L'idée du Marichat m'est venue de l'os Marichat du recueil "Semaine de Lemon (OS)" de @Talymm. J'ai hésité à écrire cette """suite""", et au final, je regrette pas du tout :D
J'espère vraiment que vous le kifferez autant que moi, je suis rarement fière de mes écrits.

✌️ and ❤️ and 🍋