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Chapitre 43

EDEN

J'avais tenté de rappeler le numéro de Silas une dizaine de fois en vain. Il était vivant, il était là, quelque part, seul et surement effrayé, terrifié même ; au point d'avoir quitté Sherwood. Et j'étais responsable de cette situation, il n'y avait aucun doute là dessus alors j'allais y remédier, une fois que je connaitrais toute l'histoire alors je pourrai dire à Silas de revenir.

Aeden était parti voir sa tante ce weekend avec ses frères alors son père était seul. C'était aujourd'hui que tout changeait, aujourd'hui que je saurai enfin ce qu'il s'était passé il y a des années avec maman et par conséquent ce qu'il se passait avec moi.

— Eden ? Où vas-tu ? demanda maman alors que je m'apprêtai à sortir.

— Je vais faire un tour.

— Tu vas voir Aeden ?

— Non maman, je ne vais pas voir Aeden, je me fiche d'Aeden c'était juste une distraction !

— Pourquoi est-ce que tu t'es habillée ainsi ? Pourquoi...

Je n'écoutais pas la suite et sortis en claquant la porte. Je montai dans ma voiture et me rendis chez Aeden. Maman m'avait utilisée, elle m'utilisait encore aujourd'hui surement de la même manière dont elle avait été utilisée. Elle ne semblait pas traumatisée, au contraire, elle semblait plus forte, toute la ville était à ses pieds, papa était à ses pieds même le pasteur Smith...

Je me garai et sonnai à la porte après avoir pris une longue inspiration. Le père d'Aeden, Cillian O'Sullivan ouvrit la porte et parut surpris de me voir. Je n'attendis pas qu'il dise quoi que ce soit et entrai dans la maison en retirant ma veste et la jetant nonchalamment sur un fauteuil.

— Bonjour Cillian, j'ai attendu sagement qu'Aeden aille chez sa tante pour venir vous voir, dis-je en m'installant sur le canapé.

Il m'observa longuement, et son regard détailla chaque partie de mon corps.

— Tu devrais rentrer chez toi Eden, ce n'est pas le moment.

— Non, on s'est mis d'accord sur une chose la nuit du gala, vous vous en souvenez n'est-ce pas ? Le grand-père d'Aeden n'est pas là ? Il connait aussi l'histoire, sûrement mieux que vous et vu le mépris qu'il m'a témoigné ce soir-là, je suppose qu'il veut aussi que je m'éloigne d'Aeden ?

Une porte s'ouvrit.

— Je suis là Eden Moore, tu es bien la fille de ta mère, votre ressemblance est inquiétante...

— Tout le monde est là, on va pouvoir passer aux choses sérieuses.

— Très bien, allons sur la plage, ce sera plus approprié.

— Papa ! Ne fais pas ça...

— Il faut que ça s'arrête Cillian, et ça doit s'arrêter avec elle... Suis moi Eden, allons sur la plage.

Il se dirigea vers une porte et je le suivis sans hésitation. Il avait raison, ça devait s'arrêter, tout devait s'arrêter.

— Eden, m'arrêta le père d'Aeden. Tu ne veux pas savoir, tu ne le veux pas, ça va tout changer pour toi et tu ne le supporteras pas...

— Je veux que ça s'arrête Cillian, il faut que ça s'arrête, dis-je en le regardant. Je laisserai Aeden, il ne craindra rien...

Je rejoignis son père dehors et m'installai à ses côtés sur une chaise en face de l'océan. Il me tendit une couverture et regarda le golfe du Mexique en soupirant.

— Si tu savais le nombre de cadavres qu'il y a au fond de l'eau, c'est la même chose au lac de Sherwood, je suppose... Tu le sais déjà de toute façon... Tu sais tout, mais tu ne te souviens pas, du moins pas comme ça.

— Je le sais...

— Tout a commencé en 1930, j'avais à peine seize ans, mes parents venaient de s'installer ici avec plusieurs autres familles. Nous venions tous de Sherwood, mais il était temps de partir, c'était ce qu'avait décrété Silas Smith.

Silas Smith ?

— Oui Silas Smith, le premier du nom, celui qui est à l'origine de tout ça. C'était la grande dépression, une crise économique effroyable qui touchait tout le pays, le crash boursier nous a frappés de plein fouet et nos familles étaient désespérées, elles avaient tout perdu pour la plupart. Silas Smith, qui était le pasteur de la ville a réuni tous les hommes un jour et il avait fait l'annonce d'un miracle, d'un espoir que tout le monde attendait. Tu sais par désespoir et par peur, l'homme est prêt à tout, même aux pires horreurs. Ce soir-là, Silas Smith a fait un discours que je n'oublierai jamais...

                                                               Sherwood, 24 août 1930

— Ma chère communauté, ce soir est un grand soir, bien que triste. La crise nous a frappés de plein fouet, certains plus que d'autres, mais nous sommes tous dans une situation inacceptable, tous sauf moi.

Il se dirigea vers l'autel et ouvrit une caisse qui contenait une somme d'argent incalculable. Derrière lui se tenaient plusieurs hommes, habillés de cape à capuche et armés.

— Mes chers amis, il y a un mois j'ai eu une révélation. On m'a confié la raison de ce malheur qui nous touche ainsi que sa solution. J'ai évité de réunir les femmes de notre communauté, ceci est une affaire d'homme. J'avais du mal à y croire, mais j'ai expérimenté la solution et voilà ce qui est arrivé, la richesse, dit-il en montrant les billets. Vous êtes tous dans la même situation, vos familles ont faim, vos enfants ont les joues creusées, vous ne parvenez plus à subvenir aux besoins de vos proches, parce que le poids de cette responsabilité ne pèse que sur vos seules épaules, pas sur celles de vos épouses, ni de vos filles, non juste vous et vos fils. Êtes-vous d'accord avec moi jusqu'à maintenant ?

Unanimement, tous les hommes présents dans la pièce acquiescèrent. La misère se lisait dans tous les regards, l'envie et la convoitise également.

— Messieurs, il y a exactement cinquante mille dollars à partager entre chacun d'entre nous si vous êtes d'accord avec le sacrifice que ça demandera.

Un murmure s'éleva dans la salle, signe d'excitation. Personne ne semblait craindre le fait que cet argent demandait un sacrifice, personne, l'argent aveuglait tout le monde.

— J'ai dû, pour le bien de notre communauté, faire un sacrifice, un sacrifice humain...

Le silence se fit dans la salle.

— Nous sommes croyants, nous savons que même les plus nobles des hommes ont effectué ces sacrifices pour le bien de tous. Le fléau qui frappe notre pays et le monde entier est le résultat de la source même de la faiblesse de l'homme, de ce qui nous fait tourner la tête, de ce qui nous tente le plus, les femmes.

— Révérend ! s'exclama un homme. Est-ce que vous êtes en train de dire qu'une de nos épouses doit être sacrifiée ?

— Non voyons, ce n'est pas ce que je dis. Se délivrer du mal nécessite une certaine douleur, et ce n'est pas à nous de la subir, notre rôle à nous tous c'est juste de s'en assurer. Lorsque nous donnons quelque chose de cher à notre coeur, on nous le rend au centuple.

— Mais qu'est-ce qu'on est censé faire alors ?

— Si j'ai attendu ce jour en particulier pour vous réunir, c'est parce qu'il représente la gloire des hommes, l'honneur des hommes, le salut des hommes. Ce jour est celui de l'élévation, ce jour devra être sacré pour chacun d'entre nous qui suivra cette voie, la voie que je vous propose. C'est le jour où nous acceptons de donner une vie pour en sauver des centaines, nos vies. Voilà la révélation que j'ai eue et voyez, voyez comme on me l'a rendu, dit-il en prenant des billets et en les jetant en l'air. Si certains d'entre vous veulent quitter la salle, qu'ils le fassent dès maintenant, aucun retour en arrière n'est possible, sachez-le.

Personne ne quitta la salle ce soir-là, personne ne s'en alla et c'est ainsi que commença l'histoire...

                                                                  *****************

— Son discours n'avait aucun sens, mais personne n'avait rien dit, personne n'avait compris en fait. Mais j'étais là et j'ai tout de suite compris que ce jour-là le pasteur Smith a expliqué que si nous voulions la gloire, la richesse, nous devions mettre en place un rituel de purification sur toutes les fillettes, et ce dès leurs trois ans. La femme représentait la tentation, le diable, la luxure, la raison du mal pour les hommes et il fallait leur ôter ce mal dès leur plus jeune âge. Il fallait le faire avant leur trois ans parce que c'était l'âge où tout changeait, l'âge où la première forme de l'innocence, la plus pure, disparaissait. Ça représentait un rituel qui avait lieu le 24 août, c'était une sorte de baptême pour toutes les petites filles, sauf pour une, celle qui avait été choisie...

C'était moi, j'étais celle qui avait été choisie...

— À l'époque, le choix avait suscité beaucoup de discussions houleuses, personne ne remettait en cause le fait que nous plongions dans de l'eau glacée des petites filles de trois ans, et ce jusqu'à ce que leurs coeurs cessent de battre avant de les réanimer. Personne ne disait rien, même les femmes avaient suivi parce que, quand tout le monde dépérissait et se retrouvait sans rien, l'argent coulait à flots pour eux. L'argent avait mis des œillères à tout le monde, et au moment où il a fallu choisir celle qui porterait le premier enfant à sacrifier, plus personne n'était d'accord, l'argent ne suffisait plus. Le pasteur Smith avait expliqué qu'il fallait qu'un choix soit fait, que sinon tout ce que nous avions acquis disparaîtrait... Un soir, plusieurs hommes se sont réunis, il s'agissait des hommes les plus influents, mon père en faisait partie. Je l'ai suivi ce jour-là et ils se sont mis d'accord sur une chose, ils se sont mis d'accord sur le fait que Margaret Johnson serait l'élue. 

Margaret Johnson ? La mère de maman s'appelait Margaret...

— Margaret Johnson avait seize ans, elle était la fille discrète, qui avait perdu son père très jeune, elle vivait avec sa grand-mère. Elle était belle, sa peau était laiteuse, ses cheveux étaient d'un brun foncé particulier, elle avait des boucles souples qui encadraient son visage de poupée. Tu es son portrait craché, mais tu n'as pas ses yeux, les siens étaient bleus, aussi bleus que l'eau de l'océan. Silas Smith avait réussi à manipuler tout le monde avec rien, juste de l'argent, son discours était fou, il n'avait ni queue ni tête, mais son fils lui, son fils avait quelque chose dans le regard. Quelque chose de pervers, quelque chose de dangereux... Margaret s'est retrouvée enceinte, et son regard avait perdu de sa lumière, son regard était mort, elle aussi. Neuf mois plus tard, elle donna naissance à Eden, le vingt-quatre août mille neuf cent trente-neuf à Sherwood. Quelques semaines après sa naissance, nous avons déménagé à Galveston, le pasteur Smith nous avait expliqué que plusieurs personnes souhaitaient rejoindre notre communauté, j'avais dix-sept ans et je devais épouser une fille que mon père avait choisie pour moi. J'étais obsédé par Margaret, mais son comportement avait changé, elle était devenue une autre personne, elle passait tout son temps à l'église jusqu'au jour du sacrifice...

Je fis abstraction des images qui fusaient dans mon esprit, je devais attendre qu'il termine de ma raconter l'histoire, je ne pouvais pas craquer maintenant.

— La petite Eden avait trois ans, comme toutes les autres petites filles, mais ce jour-là, elle n'a pas participé au rituel avec les autres, non, ce jour-là elle est restée des heures enfermée avec les douze hommes, dont le pasteur Smith et sa mère, Margaret. Nous attendions en silence depuis des heures, jusqu'à ce qu'elle revienne dans les bras de sa mère, endormie. Margaret l'a plongé elle-même dans l'eau glacée, elle l'a plongée et l'a maintenue dans l'eau, jusqu'à ce qu'elle ne bouge plus... Ce soir-là, Eden est morte, sous nos yeux à tous, et nous étions tous coupables... Sa mère...

— Ça n'a aucun sens ! Je suis Eden, je suis censée être cette petite fille, mais j'ai dix-sept ans et je suis toujours vivante !

— Tu es vivante Eden, parce que ce n'est que le début de l'histoire, je te parle de la première enfant sacrifiée, la première Eden... Ce sacrifice devait avoir lieu tous les treize ans, treize comme Jésus et ses apôtres. Après la mort d'Eden, l'abondance est arrivée et très vite nous avons oublié, la richesse nous a fait oublier qu'une petite fille était morte, du moins c'est ce que je pensais. Sauf que certaines personnes ont commencé à avoir des acquis de conscience, certaines femmes commençaient à parler et des rumeurs se sont propagées au sein de la communauté. C'est à ce moment-là que les meurtres ont commencé, pourquoi devions-nous tout perdre parce que quelques personnes avaient des remords ? Les corps ont commencé à s'entasser au fond du lac, que des adultes, une dizaine tout au plus. Les années ont passé, le pasteur Smith se faisait vieux, alors son fils a commencé à prendre le relais, Silas Smith deuxième du nom. C'est lorsqu'il a pris le relais que tout a changé, cet homme était le diable en personne, il était pire que son père, il a tout changé et ce qui avait commencé comme une folie s'est transformé en horreur, une horreur sans nom... Une horreur dont la finalité est ta mort Eden, il ne reste que toi, il ne reste que ta partie pour compléter le rituel et atteindre l'absolution...

Il se leva et plia soigneusement la couverture.

— Cillian te racontera la suite de l'histoire, il la connait mieux que personne. Une fois que tu sauras tout, tu devras retrouver Silas Smith, logiquement vous avez le même âge, trouve-le Eden et tue-le. Tue-le et ensuite, si tu veux être libre, mets fin à tes jours, tu as déjà subi beaucoup trop d'horreurs pour supporter ce qui t'attend. J'ai assisté à la création de cette histoire, ta mère en a écrit la fin en te mettant au monde et toi, toi tu en es la conclusion...

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