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Chapitre 3🌟

« Je me lève, il fait noir, il n'y a personne. Je regarde autour de moi. Rien. Je suis seule, encerclée par la brume d'une immense forêt. Seule, je suis seule. Je m'avance à pas de loup, dans les profondeurs d'une nuit noire et totale. Désorientée, je cours en tous sens, en vain. La peur m'envahit soudain, je me tourne au moindre bruit. Je fixe du regard une lumière infirme parmi les ténèbres alors que la pluie m'inonde de ses gouttes jusqu'à stagner sous mes pieds. Je suis glacée, il fait froid. Une douleur particulière m'atteint soudain. Je me dirige, pas à pas, vers la lumière qui sans raison, m'attire. Le sol tremble à fréquence régulière. La lumière semble trop forte et m'éblouit. D'un dégradé peu commun, le ciel bleu et ténébreux s'offre à moi, comme un paquet cadeau que l'on reçoit les jours de fête. La distance qui me lie à cette minuscule petite lumière paraît infinie. Je tente de l'atteindre et la trouve, attachée à un arbre comme emprisonnée. Je la touche du bout des doigts et comme par magie, une silhouette m'apparaît.

Que veux-tu ? Je demande toute tremblante.

Elle ne répond pas tout de suite. Je repose ma question, cette fois avec plus d'assurance, me sentant plus forte.

Que viens-tu faire ici ? Je demande.

Elle ne répond toujours pas. Je rebrousse chemin, mais elle me retient par la manche de mon blouson déchiré.

À toi de me le dire.

Je... Je ne sais pas. J'ai vu cette lumière, je suis venue et...

Souviens-toi ! Souviens-toi de ces années innocentes où tu n'étais qu'une jeune enfant. Tu en auras besoin !

Je crie et m'efforce de me faire comprendre. J'aimerais des explications. La silhouette repart comme elle est arrivée et me laisse seule face à la réalité. L'écho de mes hurlements résonne dans la pénombre, mais ne l'atteint pas.

Toujours aux aguets, je m'assieds contre un arbuste et me mets à pleurer. Qu'ai-je fait ? À quoi vais-je être confrontée ? Qu'il y a-t-il de si terrible ? Serais-je de nouveau seule ? Je touche à nouveau de l'index les courbes de la petite lumière. J'espère pouvoir y trouver quelqu'un qui pourrait m'aider. Cette fois, la lumière se terne et tombe au sol sous la forme d'une boule de feu. La forêt est incendiée. Je cours le plus loin possible à toutes jambes. Rien n'arrête un feu, il dévaste tout, il détruit des vies.

— Souviens-toi ! »

Je me réveillai en sueur au beau milieu de la nuit. Tout en me rassurant, je me recroquevillai sous mes draps. Et puis, je me rendormis pour les quelques heures qu'ils me restaient à dormir.

— Neuf heures, il va falloir se dépêcher, s'exclama Cath.

L'oreiller collé à mon crâne, je m'efforçai de sourire et fus contrainte de sauter rapidement dans mes vêtements. La balade avait l'air fantastique, seulement l'idée de monter sur un cheval me terrifiait. Il y avait longtemps, que je n'en avais pas fait. La dernière fois que j'étais montée à cheval, j'étais allée à une exposition au Salon de l'Agriculture, le cheval ne bougeait pas, c'était une maquette pour les photos dans le coin des tous petits.

Je me beurrai deux tartines de pains et, enroulées dans du papier, je les fourrai dans ma poche afin de rattraper mes coéquipières. Nous partîmes vers les écuries. Depuis que notre oncle avait signé le terrain, nous avions accès aux plus belles juments des alentours. J'harnachai avec difficulté ma monture, lui caressai les naseaux et le montai. La première étape fut de lui prouver que j'avais les commandes. Je pouvais taper du pied, agiter les rênes, l'animal ne s'interrompit pas dans son repas, derrière les buissons.

— Tu veux de l'aide ? Demanda Cath en s'approchant du cheval.

— Non, je vais...

Je titubai sur ma selle et mis du temps à prendre mon équilibre. Je me tenais au milieu du groupe. Elle prit les rênes et emmena ma monture près de la sienne. Mille excuses me parvenaient à l'esprit. Je redoutais cette question. Je ne savais pas qu'un cheval était aussi haut. Je gardai le dos droit et regardai devant moi. Je n'avais peut-être pas de classe ni d'élégance à cheval, mais au moins, je gardais ma fierté !

Je tournai la tête :

— Tu sais, me dit Cath, on raconte que Merlin vivait autrefois ici dans une petite chaumière au milieu de la forêt.

— On dit aussi que lorsqu'un être ou toute autre créature s'avise d'abîmer ou de déraciner un arbre de cette forêt sans avoir une raison sérieuse de passer à l'acte, il nous arrive un malheur, car les elfes se vengent, compléta Marie.

— Je n'y crois pas vraiment à toutes ces histoires, je répondis, un peu perturbée.

— Prenons un exemple qui te semblera plus concret. Tu te souviens de ce cueilleur de champignon à qui on a fait la remarque d'aller en zone dangereuse ?

— Oui, mais c'était il y a longtemps.

— Les secours l'ont retrouvé noyé dans l'étang d'à côté.

— Une coïncidence.

— Peut-être que oui, mais peut-être que non. Qui sait ? Pareil, ce chasseur qui avait tué plus que ce qui était réglementé, le pauvre, sa famille est décédée dans un terrible incendie.

— Et ?

— À toi de voir, mais je pense que ce ne sont pas que des « coïncidences ».

Il y eut un silence gênant. Je profitai de l'occasion propice pour observer la faune et la flore qui nous entourait. Avant de nous arrêter une première fois, je découvris parmi les feuillages, un beau grimpereau des jardins. C'était un petit oiseau qui avait tendance à s'agripper à l'écorce des arbres pour avancer.

— Le sol est encore assez humide par ici. Nous serons mieux à l'ombre. Et justement, j'ai une idée ! Anne, tu vas adorer. Et si nous allions manger à l'endroit où se trouve la dite « tombe de Merlin » ?

— Ce serait parfait, mais Anne, es-tu sûr que tu tiendras le coup si l'on découvre les os d'un véritable magicien ?

— Très drôle Cath, vraiment hilarant.

Nous ingurgitions paisiblement ce que nous avait préparé Tante Martine autour de deux gros rochers jumeaux adossés l'un à l'autre. L'idée d'avoir une haleine agréable jusqu'au bout me poussait à mâcher une de ces gommes après chaque repas. Alors que j'entamais mon dessert, une voix s'incrusta dans ma tête. « Approchez, approchez, j'ai besoin de vous, venez me sauver. »

— Vous avez entendu ?

— Non, par contre, toi, il y a quelque chose qui t'inquiète ! Répliqua Cath. Tiens, reprend un peu de tarte.

— Non, rien d'important.

Je continuais à mâcher ma gomme. Tandis que j'observais le ciel environnant, un tintement provenant de mon téléphone retentit. Je l'ouvris et la notification apparut : « Approchez, approchez, j'ai besoin de vous, venez me sauver. »
Toujours ce message. Les appels de numéros inconnus se multipliaient, je paniquai et lâchai l'objet de mes mains. Mon cœur s'emballa.

— Anne ? Enfin, qu'est-ce qui se passe ?

— Je ne sais pas, c'est ce message !

Il était partout. Je le voyais s'afficher partout où j'avais l'idée de regarder.


Mystérieusement, l'herbe commença à grincer, projetant cette voix si aiguë que mes oreilles n'eurent pas le temps de s'y habituer. Je protégeai mes tympans du mieux que je le pouvais et nous prîmes la fuite. Je fermai les yeux et courus en ligne droite à la démarche d'un pingouin maladroit. J'étais loin maintenant. J'attendis quelques minutes, la langue collée à un hêtre. Puis, la voix s'affaiblit et le calme revint. Je retournai à mon point de départ.

— Un insecte un peu trop bruyant, je suppose, je dis avec calme.

Mais ce n'était pas terminé. Alors que je me rasseyais, le ciel s'assombrit, les nuages s'amoncelaient déjà au-dessus de nous. Le vent se leva et un courant glacé me passa sous les os. Je frissonnai et me recroquevillai sur moi-même. Nous ne pouvions ignorer éternellement ces événements étranges. Je respirai un grand coup et me relevai, cherchant un abri pour me réfugier. Il n'y avait rien. Les torrents d'eaux se clamèrent, la forêt humide, reprit le cours des choses.

— Et ça, alors, tu vas me dire que c'était un insecte encore ? Riposta Marie.

— Non, une simple coïncidence, tu sais les vents du Nord qu'ils annoncent sans cesse à la télévision...

— Tu as déjà vu de la pluie s'arrêter aussi vite ?

— Je n'en sais pas plus que toi. Tout ce qui compte pour le moment, c'est de profiter et de finir ce pique-nique.


Pour la troisième fois, je me rassis. Les nuages revinrent, la pluie tomba et les feuilles s'envolaient une à une sous la pression du vent et des masses d'eau qui s'éclataient avec fracas au sol.

— Un abri, trouve un abri !

— Je... Je crois, que la tombe a bougé, balbutia Cath.

— Hein ? Cath, ce n'est pas le moment ! Tu devrais te calmer et nous aider à trouver un abri.

— Je t'assure que j'ai senti quelque chose bouger.

— Quoi ?

— Tu sais ce bruit particulier, ce claquement d'une pierre qui tombe sur un rocher.

Notre trio resta muet de stupeur. Je me levai et regardai tout autour de moi.


Perplexes, nous laissâmes échapper la surprise sur nos visages. La tombe était effectivement ouverte ! Nous pouvions entrevoir une petite ouverture entre les pierres. L'obscurité naturelle et de la fumée violacée s'échappaient de l'entrebâillement ! Depuis le temps que des événements de ce genre n'avaient pas été annoncés dans les journaux : « Il rencontre un elfe alors qu'il cueillait des champignons », « Les licornes existent ! La forêt est véritablement magique ».


J'étais aussi angoissée que curieuse. Nous étions sidérées. J'arrivais à peine à respirer, je n'arrivais pas à le maîtriser. Je n'avais pas été préparée à ce genre d'angoisse. C'était tout nouveau. Mais nous n'avions pas le temps. Nous finirions mortes de froid ou emportées par ces tornades si nous ne nous réfugions pas quelque part. J'expirai et inspirai silencieusement avant de m'écrier par la première occasion :


— Allons-y !

Voilà ce qui s'appelait parler sans réfléchir. Qu'est-ce que j'en savais si ce n'était pas un piège ou une vieille cachette de voleurs ?


Elles hésitèrent à répondre. Je les fixais et attendis. Elles m'observèrent et voudraient sans doute oublier la bêtise que je leur avais dite. Enfin, Cath se manifesta :

— Juste en attendant que l'orage se lève.

— On jette un coup d'œil et on conclut ensuite. Qu'est-ce que nous avons de mieux à faire ? Nous sommes peut-être sur le point de faire une ultime découverte, continua Cath en bougonnant.


Il en fut ainsi, nous fuîmes les masses d'eaux et nous nous réfugiâmes à l'intérieur. À mon ultime passage, un éclair se fendit sur la pierre qui avait l'air de résister. Je criai. L'orage approchait et amplifiait à mesure que nous gagnions du terrain.
L'endroit était sombre et assez humide. Un escalier en pierre recouvert de mousse descendait vers les abîmes du tunnel. Ça me donnait la chair de poule ! Regarder des films dans son canapé, c'est une chose, les vivre, c'en est une autre. Je descendis prudemment les escaliers, marche par marche en m'appuyant légèrement avec la main sur les parois du passage secret. Mon champ de vision était restreint, je pouvais tomber sur n'importe qui en descendant ces marches de pierre. Et puis tout à coup, je m'imaginai le futur de manière insensée et commençai à trembler de moi-même. Et si ?

— Eh ooooooohhhh, Cath ? Marie ? Anne ? Où êtes-vous ? Les filles s'il vous plaît ? C'est Estéban !

Il prenait sa douche quand nous étions parties. Nous n'avions pas le temps de l'attendre, sans quoi nous aurions raté un magnifique paysage rosé.

— Nous sommes là !! Viens te réfugier !

— De quoi ?

— Bein, de l'orage pardi !

— Hein ? Il fait beau dehors !

— Comment ?

— Venez voir si vous ne me croyez pas.

— Si, si, nous te croyons, maintenant viens !

— Là où ? Demanda Este

— Quelle question stupide. Ne vois-tu pas cette fumée violacée ? Rejoins-nous, regarde sous la pierre de Merlin, il y a une entrée, répondit Marie.

Estéban, tout de même perplexe, poursuivait ce qui semblait devenir une aventure avec nous. Nous continuâmes notre péripétie jusqu'à arriver à une étrange porte en bois, rongée par les termites au fil des années.

— Elle est scellée. Quelqu'un a avec lui un couteau ?

— Ça ne changerait rien. Tu ne ferais qu'égratigner la porte et la peler, déclara Marie.

— Développe alors ! S'impatienta Cath en rangeant l'arme qu'elle tenait dans les mains.

— Cette porte est fermée avec un verrou particulier, j'ai lu ça dans un livre de la bibliothèque.


Elle s'interrompit une nouvelle fois. Cath soupirait, ce qui l'irritait particulièrement.

— Oui, il m'arrive de fréquenter une bibliothèque.

— Non, ce n'est pas ça le problème, je me demande juste où tu as pu trouver ce genre de bouquins.

Je m'interposai pour que ces conflits ne dégénèrent pas.

— Il y a souvent une énigme écrite que l'on peut traduire, si l'on en connaît le code. Les Romains employaient cette technique lorsqu'il fallait garder au secret des papiers clandestins qui pouvaient nuire à l'image de l'Empereur. Pour que la porte s'ouvre, il fallait, dans le livre, ensuite y glisser un morceau de parchemin en répondant à une énigme. Le papier ira sûrement très bien, dit Marie d'un air un peu prétentieux.

— Ils ne parlaient pas latin, les Romains ?

— Si, évidemment, mais je doute que cela fonctionne dans notre cas.


Elle occupait notre temps à donner des explications, j'époussetais la planche de bois, pour les rendre plus concrets. Un mécanisme étrange, quoiqu'un peu rouillé, fit son apparition sous la forme d'un rectangle à multiples facettes. Il était caché sous cette moisissure depuis au moins une bonne cinquantaine d'années.

— Évidemment, on ne connaît pas ce code !

— Cherchez un papier ! Ils ont peut-être caché le code. Ils ont besoin de nous !

— Tu penses encore à ce message ? Demanda Marie en fronçant les sourcils.

— À ton avis ?


Elle soupira. J'avais l'air ridicule à ses yeux.
L'air était poussiéreux. J'avais de la suie sur les pointes de mon visage rafraichi par ce début de matinée. Mes cheveux roux étaient attachés en un chignon pour plus de facilité à s'activer. Je cherchais dans les moindres recoins en commençant par l'escalier, dalles par dalles.
Souvent, les acteurs d'un film ou d'un livre trouvaient un message codé sous les marches d'un escalier ou sous les lattes d'un sol de maison.


Nous étions à l'intérieur depuis une bonne vingtaine de minutes et n'avions pas avancé. Je retournai la terre et la mousse qui couvraient le sol de la pièce. Si nous passions au peigne fin les murs et les trous, un quelconque parchemin ou petit indice pour nous avancer aurait été la bienvenue.

— Sinon, tu n'aurais pas une information pour nous aider, Marie. Toi qui connais si bien ce sujet, demanda avec conviction Este en continuant de chercher.

— Oui, peut-être, attends. Je me souviens de ce passage qui parlait de gravures et de pierres, mais c'est tout. C'était le chapitre sur les Égyptiens. Si seulement je l'avais apporté.

Comment aurait-elle pu ? Nous nous étions engouffrés dans un trou sur un coup de tête. Nous n'avions rien pour se sécuriser. Ma batterie de téléphone se trouvait presque vidée. Mais qui aurais-je appelé ? Mes parents ? Et leur demander de comprendre ces événements surnaturels ? Et qu'est-ce qui nous reste comme nourriture ?!

— C'est plus qu'il n'en faut Marie, regarde, j'ai trouvé !
Je nettoyai un peu le mur en l'époussetant avec mes mains salies de crasse et de terre. Il y avait écrit les étapes à exécuter pour traduire un message de ce genre.

Première étape : noter le code. Je donnai mon calepin à Marie. Elle écrivit en capitales sur le papier et compara avec le message à déchiffrer.

— A.... R.... S. Mais oui, c'est un « I » ! J'ai bientôt fini, une seconde, N.... V.... O

— Garde le papier ! Hein ! Il servira pour la suite.

— Sans blague !

— Tu as trouvé ?

— Galilée n'a pas découvert l'héliocentrisme en un jour, je ne déchiffre pas un message inconnu en quelques minutes.

Qu'importe où nous allions, le code définirait de notre direction.

— Voilà, j'ai enfin terminé. L'énigme est la suivante : « Je suis en grand nombre dans le ciel, je parcours le monde en une nuit sans bouger. »


C'est là que mes neurones devraient s'activer. À Noël, nous passions un quart d'heure à essayer en vain de résoudre les énigmes des papillotes. Je les connaissais par cœur.

— Réfléchissons, qu'est qui est en grand nombre dans le ciel ? Je demandai.

— Peut-être qu'il s'agit d'oiseaux migrateurs ? Proposa Cath. Ils volent et sont souvent en grand nombre.

— Non, car, rappelle-toi de la seconde partie de l'énigme : « Je parcours le monde en une nuit sans bouger » justifia Este. L'Humanité n'a pas, à ma connaissance, découvert un oiseau capable de se téléporter.

— J'ai trouvé ! Je m'exclamai.

— Quoi ?

— Les étoiles sont des milliards dans le ciel, et comme la terre tourne sur elle-même, on peut dire qu'elles font le tour du monde sans bouger !

— Non, si je puis me permettre, les étoiles bougent, certes, mais leurs mouvements sont tellement éloignés, qu'ils ne peuvent être visibles. Par contre, c'est vrai que chaque jour, elles effectuent un mouvement de rotation, par rapport à n'importe quel humain sur terre.

— Mais oui, Anne, tu es un génie ! S'écria Marie, trop fière de moi. Hum, Cath, merci de cette petite leçon de sciences improvisée.

— Avec plaisir, répondit-elle à l'appel de son prénom.

Cath, de sa plus belle écriture, rédigea puis glissa un petit bout de papier-réponse et recula d'un bond, par crainte d'une éventuelle explosion. Nous attendîmes quelques secondes, puis, automatiquement, la porte s'ouvrit. C'est le moment ! Je crispai des dents et me mordis la lèvre. C'est vrai, qu'est-ce que nous allions découvrir ? Cette question n'en était pas moins qu'une hypothèse.

Mais, une fois la porte ouverte, je restai bouche bée. Effectivement, je ne m'attendais pas à cela. Je pouvais m'attendre à une cachette d'anciens cambrioleurs, des fouilles archéologiques, une entrée interdite au public, mais pas ça. Cette chose qui planait au-dessus du sol, cette chose, qui traversait ma main comme de la fumée. Plus rien n'avait de sens à mes yeux.

— Anne, réveille-toi ! Tu fais un mauvais rêve. Réveille-toi ! Réveille-toi. !

— Anne qu'est-ce que tu fabriques ?

— Nous sommes en train de rêver, je vais dans un instant retrouver ma couette bleu ciel et la chambre avec vos trois lits.


Estéban me tapota l'épaule et baissa la tête.

— Nous avons découvert un trésor, répliqua-t-il.

— Un portail magique, je m'écris, surexcitée.

— Perspicace hein !

— Je vais prendre une photo avant que mon téléphone ne s'éteigne, je dis.


Je ris. N'y avait-il pas un seul humain capable de croire à cette magie surnaturelle ? J'en étais bien la première. Je riais d'angoisse et pleurais de joie. Mon cœur battait la chamade.

— Waaaaaaaaaaah, s'enthousiasma Cath.

— Oui, comme tu dis.


Mes yeux ne fixaient que lui et sa couleur violacée. Je ne clignais désormais plus des yeux, je poursuivais ce regard long et avide d'en connaître davantage. Este avait également les yeux brillants. Puis, vint le tour de Marie. Elle s'approcha de cette masse surnaturelle et testa la matière. Elle y jeta un regard ou deux et fit demi-tour, l'air indifférent. Je suppose qu'elle ne savait pas trop quoi en penser. Elle nous regardait tous, l'air de dire « je vous aurais prévenue, c'est de la folie d'y aller ».

— On continue.

Le ton de sa phrase ne semblait pas plaire à Marie.

— L'orage a l'air d'être passé, on pourrait peut-être rentrer et signaler cette chose au commissariat ?

— Ou bien alors, on poursuit et on conclut quand nous aurons réellement envie de faire demi-tour, riposta Cath, d'un air suppliant.

— Je vote pour l'avis de Cath.

— Nous ne sommes pas aux élections présidentielles, mais qu'il en soit ainsi, je vous aurai prévenus, s'interposa Marie en levant les yeux au ciel.

— Qu'est-ce qui te prend ? Tu ne vivras probablement cette aventure qu'une fois dans ta vie.


Cath était la plus convaincue et passa la première. C'était comme si elle s'était décomposée. Pendant la première seconde, ses pieds dépassaient tandis que sa main et le reste de son corps avait été projetés dans l'au-delà.

— Je le répète, n'y allons pas ! Défendit Marie.

— Trop tard ! On n'abandonne pas Cath.

— Mais...

Este passa le deuxième. Je croisai les doigts. Il fallait que cela fonctionne. J'espérais ne pas avoir eu tort de les avoir emmenés. Il se pouvait que ce soit un piège, mais si c'était le contraire ? Il fallait savoir. On ne faisait pas demi-tour quand on était si proche du but. Je vis passer Marie. Et puis, je traversai. J'en eus l'estomac retourné. Il y eut une seconde de brouillard et de tourbillon. Je ne savais pas si c'était dans ma tête ou si cela se passait réellement.
Je m'enfonçais cependant dans un trou béant, au milieu d'un million de particules colorées. Je passais en revue mes pires souvenirs et les meilleurs. Je voyais mes parents, mes frères, Estéban tout petit, ma première descente à vélo, mon premier noël... Je souriais, criais, mais le son ne se propageait plus. Tout le monde était présent. Qu'il s'agisse d'amis proches ou de « figurants » dans ma vie, chacun passait me voir. Il y avait cette dame au chien qui passait sans cesse devant chez moi, le vendredi après-midi. Il y avait ces enfants avec qui j'aurais tellement eut envie de jouer depuis que j'étais en primaire. Il y avait cette place où je lisais au soleil quand je m'ennuyais. J'avais l'impression d'être dans une bulle et de faire une descente en parachute. J'eus envie de vomir. À peine les pieds sur terre, je fonçai dans un coin et me mis à dégoupiller mon repas de midi. J'aurais cru devoir régurgiter mon déjeuner d'il y deux jours. J'avais encore ce goût amer sous la langue. Et puis, enfin, quand je me sentis mieux, j'ouvris les yeux.
Je poussai un cri. La grotte avait disparu, mais je respirais enfin pleinement. La lumière tapait à l'œil. Il devait être quinze heures, alors que nous avions quitté notre Terre aux environs de midi. Nous surplombions des plaines et des espaces aux couleurs aussi vives que mon carnet de coloriage de maternelle. Je voyais du bleu et je percevais du noir d'une part. Je trouvais une colline et une jungle à l'autre bout. Pour finir, un chemin tracé commençait cinquante mètres plus loin. Un monde parallèle au nôtre. C'est trop beau pour être vrai.

— Ça va mieux ?

Je réalisai l'instant d'après que quelqu'un m'avait adressé la parole.

— Tu disais ?

— Ton mal des transports ? Demanda Cath en rigolant.

— Oui, oui, ça va mieux. Je crois que mon cœur a fait un bond !

— Évidemment.

Il nous fallut peu de temps et quelques remises en question pour retourner à la réalité. La fascination fit place à l'envie immédiate à retourner sur nos pas. Nous rebroussions chemin quand, par je ne sais quelle magie, le portail fut aspiré, devant nos yeux.

Je n'avais pas encore digéré le fait que nous avions traversé une espèce de frontière entre nos rêves et la réalité de la vie. À présent, notre seule issue venait de disparaître sous nos yeux, sans crier garde. Je paniquai. J'essayais de respirer calmement, mais je n'y parvenais plus. Nous nous regardions tous, l'air d'avoir commis un crime. Marie, elle, garda étonnamment son sang-froid et s'approcha de l'emplacement du portail. Elle farfouilla un peu partout. Soudain, elle s'accroupit et ramassa quelque chose.

— Qu'est-ce que tu as trouvé, lui demandai-je.

— Un parchemin.

Elle l'avait dit de la manière la plus simple possible.

Tout le monde se retourna pour écouter :

— Qu'est-ce qu'il y est écrit ? Demanda Este.

— Je ne sais pas, attends, je traduis.

Nous laissâmes passer quelques minutes de silence. Je continuais de regarder tout autour de moi. Entretemps, j'avais pris soin de remettre mes chaussures. Puis, elle l'ouvrit doucement et le posa sur ses genoux. Elle sortit son stylo et y compara le code et les signes inscrits sur le parchemin. C'était une lettre ? Un avertissement ?

— Anne, viens par ici avec le papier. Je n'arrive pas à déchiffrer cette lettre.

Je lui tendis le papier chiffonné.

— C'est un « Z ».

— Ok. Bon, j'ai presque fini.

En attendant, je m'assis quelques minutes le temps de reprendre mon calme.

Je me posai contre la pierre et attendis que la réponse nous parvienne. Il y avait beaucoup de monde avec qui j'aimerais me confier en ce moment. Mes parents, mes frères même. J'avais vu des choses qui ne m'avaient jamais souciée jusqu'à présent. Des souvenirs qui étaient restés coincés dans un tiroir de mon cerveau. J'en avais vécu des choses. Et maintenant, cette aventure. J'en étais sûre, elle ne ferait que commencer.

— Alors, le parchemin dit : « Pour partir, il faut l'accomplir. Ramenez-les et vous serez sauvés »

— C'est tout ?

— Non, en dessous, il y a une liste de toute sortes d'objets. Le plus difficile est de les traduire mais, enfin, voilà.

Nous nous approchâmes. Elle lut à voix haute en plissant des yeux à certains moments.

De la poussière d'arc en ciel, monde de la couleur.

Du sang de cerf-tortue, monde déformé.

Trois poils de sphinx des mers, monde des abysses.

Une corne de licorne, forêt trompeuse.

Un éclair de larmes, monde des rêves.

Potion de désir, monde de l'abondance.

Griffe de borrador, monde de la braise.

Borrador ? Ce n'était pas un effaceur en espagnol ? Je ris de cette interprétation et fronçai les sourcils. Ces mots n'étaient certainement pas dans un dictionnaire ordinaire.

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