Chapitre 23⭐
Je me tire dans un coin et gémit. Cette pression, que j'avais sentie, de toute évidence provenait de notre hôte. Ces blessures, il les avait provoquées. Cette vision que j'avais eu, c'était la soupe. J'avais mal. Mal d'avoir été bernée une fois de plus, mal de mes plaies. Il quitte la pièce, je me retourne vers les cages voisines.
-Alors ?
-Et bien quoi ? réponds Marie. J'ai cru mourir dans la gueule d'une tortue marine. J'ai été jetée, tirée, blessée. Sincèrement, je n'ai pas très envie d'en parler. J'en tremble encore.
-Et toi Cath ?
-Même chose. Il était simplement question d'une mygale géante. Elle était poilue, avait des yeux dix fois plus gros que ceux d'un caméléon. Ils me fixaient. Je criais mais elles continuaient à m'intimider. On est coincé maintenant. Alors... Et toi, c'était quoi ?
-Des plantes dévoreuses d'humaines.
-Et bein, il n'aurait pas pu choisir mieux.
—Non, comme tu dis.
Une chose était sûre : nous pouvions abandonner l'idée d'un sympathique diner à la grotte, auprès d'Este, qui commençait sans doute à s'impatienter. Et Sherlock, je suppose qu'il ne lui aurait pas facilité la tâche. Des pas se rapprochent de nous. L'individu arrive en trombe dans la pièce sombre et grognait.
-Toi !
-Moi ?
-Oui, toi ! Vous voulez votre dû, alors, il faut bosser.
-Et nous repartirons sans une égratignure ?
-Hum...il se trouve que tu en a déjà quelques-unes. Traîner votre espèce humaine s'est révélé beaucoup plus embêtant.
Je rougis. Il voulait qu'on l'aide.
- Alors ?
- Très bien, je commence donc.
Ceci étant dit, il décadenasse ma « cellule » et m'agrippe par le poignet en m'entrainant dans une vase pièce.
La seule manière de vaincre et avant tout de ne pas se dépasser par nos émotions. Paniquer n'arrange jamais les choses. Je respire un grand coup et me prépare. Pourquoi pas moi après tout ? Pourquoi les autres ? Je dois jouer mon rôle dans cette histoire. Je dois les rendre fier et leur faire honneur. Je m'avance et attend, sagement la suite.
J'accours d'un pas pressé. Que vais-je devoir faire ?
- Tu vois cet énorme tas de buches ?
Il y avait effectivement un grand tas de buches.
- Et ses chauves-souris qui dorment ?
De plus en plus de surprises ! J'adore ! Je plaisantais.
- Et bien voilà, tu dois faire fuir ces bestioles d'ici. Tous les matins, je les chasse et le soir, elles reviennent. Si tu trouves un moyen de les chasser définitivement, je t'en serai reconnaissante. C'est gagnant-gagnant non ?
- Allez, au travail !
Il m'avait amenée dans une sorte de salle. J'étais enfermée car évidemment, pas moyen de sortir tant que la tâche n'aurait pas été réalisé.
Je regarde autour de moi, espérant trouver quelque chose d'utile à la préparation d'un feu. Supposons que je pourrais allumer le feu avec une braise, où trouverais-je le combustible ? Il y avait dans un coin, un point d'eau. Celui-ci était humide et avait entraîné la pousse de plusieurs plantes.
Je ne prends pas le temps de réfléchir plus longtemps et attrape d'une main la plante.
-Il ne reste plus beaucoup de temps, crie le Bodrador.
Il y avait un chronomètre ? Qu'importe. Je me depêche et lance le feu. La branche n'alimente pas ma braise mais programme une fumée épaisse.
« Le tas de bûche n'était qu'une perte de temps ! » je me disais en triomphant de mon sens pratique.
La fumée s'épaissit et remonte vers le haut. Les chauves-souris, prises par surprise, fuient à l'extérieur et élisent comme domicile un vieux tronc. Quelques secondes plus tard, elles étaient parties !
Automatiquement, les portes de la salle s'ouvrent et le Bodrador affichait un sourire sadique. Il réfléchissais et n'avait pas pris conscience que je me trouvais à sa droite. Il m'entraine dans la salle à cage, me jette dans la mienne et se munit d'un bout de ferraille pour desceller la suivante, Marie.
- Bravo Anne ! disent-elles d'une voix enjouée.
- C'est pas mal...oui ça peut aller, s'exclame le Bodrador de son habituelle grosse voix.
J'ai fait ma part, aux autres de faire la leur. J'ai fait ce que l'on attendait de moi, Marie doit poursuivre avec autant de bon sens et d'audace que moi. Il faut réussir.
Le Bodrador s'assoit sur une sorte de trône.
- J'ai besoin d'un peu de feu, je pourrai me le prendre moi-même mais décidemment je suis fatigué, je ne veux pas bouger, déclare le monstre en regardant sa future victime. Tu as à peine cinq minutes. Je compte sur toi !
Quand je dis qu'il nous fait faire ses corvées.
PDV Marie :
C'est bien la première fois que l'on me demande une chose pareille. J'ai beau lire de nombreux livres traitant tous les sujets possibles et inimaginables, rien ne mentionne cela. Autrement dit, je suis bonne pour repartir les mains vides. Je n'ai ni allumettes ni de briquet. Si je le prends avec les mains, je vais écoper une grave blessure. Cela dit je pourrai certainement bruler un de mes tee-shirt de rechange.
Que faire ?
Le temps passe et je n'ai rien pu faire.
- Plus que deux minutes ! Hurle notre hôte d'une voix puissante.
J'étais sur le point de repartir quand un petit éclat de braise jaillis et retombe au sol. Une belle et grosse braise, brulante.
Mais oui !!! Je peux simplement lui apporter une braise.
- Trente secondes !!!
Aller, je peux le faire. Je cours, à tel point que même mes poumons n'eurent de temps pour faire le plein d'air. Je rougis et me glisse dans les tunnels pour atteindre la sortie. Il criait, je me laissais guider par sa voix.
- Cinq secondes, quatre...
J'arrive à la « salle du trône »
- Deux...un
- Je suis là !!! je crie en reprenant mon souffle.
Je lui apporte ma petite braise que je tenais encore fermement dans mes mains. Un petit souffle suffit pour faire jaillir une magnifique flamme. On aurait dit qu'elle dansait.
- C'était si compliqué que cela, cela me paraissait évident, enfin bref, bravo, voilà tout le tralala la, passons à la suivante et donc la dernière, la prénommée Cath !
- Passons, on aimerait repartir avant l'année prochaine, si vous pouviez raccourcir un peu vos beaux discours, s'écrie Cath d'un ton brusque.
- Je n'attends que toi comme tu peux le voir. Les autres restez ici.
Sans blagues. Je ne suis pas un gorille tout de même. On parle de cages en acier.
PDV Cath :
Qu'est-ce que je vais devoir faire ? Voici la question qui se trame dans ma tête depuis notre arrivée. Une question toujours terrifiante.
Tandis qu'il parlait et me racontait sa jeunesse, je restais focalisée sur le lieu où nous rendions. Il y avait un tunnel et derrière une porte. Les lieux étaient déserts et ne témoignait plus d'un signe de vie. Je tremblais. Mes genoux flanchaient. La porte s'ouvre sous la pression d'une main et me révèle enfin son secret. La salle représentait un terrain de stade à elle-seule. Il se détériorait à vue d'œil, les parois se fragmentaient en blocs entiers. Elle montrait un certain effet sur moi.
Il entame un de ses fameux discours.
- Vois-tu j'ai un frère, commence le monstre.
J'haussais la tête mais ne prêtais aucun intérêt à ce qu'il m'avançait. J'avais peur, tout simplement.
- Et mon frère adore la bagarre, c'est comme un jeu pour lui. Il est... comment t'expliquer cela...différent.
Il poursuit tandis que je commençais à m'agiter.
- Il est venu de loin, rien que pour te rencontrer. Je lui ai promis des sensations fortes, tu m'y aideras.
- Comment avez-vous fait pour le prévenir aussi rapidement.
- Nous sommes constamment connectés à notre ligne de communication. Il me suffit d'appuyer sur un bouton et un bruit aussi aigu que celui que produisent les chauves-souris en chassant.
- Pas de problème, il arrive bientôt ? Je déclare fièrement.
Il n'apparait rien de nouveau. Si je parlais sans réfléchir je me couvrais de ridicule. Pour dissimuler ma peur, j'avais usé du superflue et prétendais être quelqu'un que je n'étais absolument pas. Je ne suis pas face à un problème écologique ni scientifique, je vais me confronter à un monstre dont je ne connais même pas les origine. Je claque des dents et crispe mes orteils, une scène qui ne manque pas de ridicule.
- Bon et bien très bien ! d'une voix heureuse et impatiente. Positionne-toi derrière la porte de droite. Viens Mathias ! Tu peux entrer.
Je le fixe, il le rend par un sourire en coin.
Un gros monstre, un peu plus robuste que notre « ami » ouvrent violemment la porte de gauche.
- Salut Taylor, s'écrie Mathias d'une grosse voix.
- Euh oui, mon vrai nom c'est Taylor, m'explique le Bodrador, un peu gêné.
Il n'avait pas l'air bien méchant. Je rougis de honte.
- Bon fini de jouer, Mathias, tu sais ce que tu dois faire. Mais avant, pour rendre le duel plus croustillant...
Je redoute la suite ? Il lui fit signe d'approcher et lui murmura quelque chose à l'oreille. Le second ricanait.
- Parfait ! J'ai hâte de voir ça !
Et il riait. Et moi, je gémissais de l'intérieur.
- Viens mon ami, tu peux l'amener.
Un troisième individu jaillissait de l'une des issus de secours et lâcha un sac de toile dans l'arène. Este hurlait à l'intérieur.
- Sortez-le de là ! Vous, ne pouvez pas !
- On a conclus un marché. Tu vas faire ce que l'on te demande de faire.
Ceci étant dit, il arrache les clés des mains de son serviteur et les fourre dans son tablier.
- J'ai voulu ajouter un peu de piment à ton duel. Tu devras le sauver, autrement, il restera enfermé dans la cage que tu as dû voir un peu avant, s'écrie Taylor en rigolant. Et pour être sûr que tes amis ne puissent pas t'aider je ferme à clef toutes les issus possible.
Il continue :
- les règles du jeu sont simples. Vous vous battez. Le sort de l'autre dépendra du survivant. Tous les coups sont permis, toutes armes autorisées. La clé est suspendue au plafond, je serai l'arbitre. Compris ?
J'acquiesce en dévisageant mon nouvel adversaire.
La vie d'un ami est entre mes mains, et peut être de trois ! Je ne battrai jamais Mathias, il faudrait un miracle. Comment ont-ils pu trouver Este ?
Je me prépare de mon mieux. Je voyais ma vie défiler devant moi. Je sue déjà à grosse goutte et m'impatiente. Un petit échauffement peut m'être salutaire. Elaborer un plan ne fait pas partie de mes habitudes et pourtant je ne fais que ça depuis que je suis jeune. Arracher mon collier des mains d ma petite sœur, chaparder le carnet de l'autre, soutenir la dernière barre de chocolat de la tablette.
Nous étions l'un en face de l'autre mais éloignés. Les armes sont autorisées et je n'en ai malheureusement pas sur moi, et visiblement mon adversaire non plus. Le combat a commencé, je m'élance et tente d'esquiver ses coups, les plus simples à éviter. Il s'élance par derrière, je recule d'un bond, d'un mouvement bref et rapide. De nouveau, il use de ses poings pour me faire subir une violence peu rationnelle. Sa tactique n'est pas la bonne. Il fonce dans le tas et l'on en observe les conséquences. Le combat en soi, n'était pas très élaboré. J'avais surtout peur de me prendre le coup de la vie.
- Tu crois vraiment t'en sortir, tu me parais trop innocente pour me vaincre. Personne ne m'a jamais vaincu, personne n'est revenu vivant de ces combats.
Je me tais, je n'ai pas le temps, je dois me concentrer sur mon objectif. J'avais posé mon sac un peu plus loin et à l'intérieur je trouverai sûrement un truc ou deux. Je fais demi-tour pour récupérer l'objet en question. Je l'ouvre et miracle ! Je trouve mon coquillage. L'embout, m'avait assuré Sam, était aussi pointu qu'une lame de couteau. Je n'y avais pas prêté attention, et pourtant ma vie en dépend aujourd'hui. Je tente une attaque mais en vain. Une deuxième, même chose mais à la troisième, à ce moment-là une occasion s'offrait à moi que je ne pouvais refuser. Je pointe mon arme en sa direction et lui perce la poitrine. Et ensuite, le vide se faisait dans ma tête. Je sombrais dans un des plus long sommeils de ma vie. Avant, un gros coup se fit ressentir au niveau de mon crâne avant. Et puis plus rien. je ne voyais plus rien.
PDV Anne :
Sherlock grinçait des dents et aboyait à la figure d'un cadavre. Il avait vite fait de mordre le derrière de Taylor. Il déguerpit, nous attrapons la clé à l'envol et courrons chercher Este. Il était allongé, inerte sur la plateforme de terre. Je le réveille, il s'étire et nous partons ;
Cath tombe dans mes bras, je la rattrape.
- Cath, ça va aller, tu as été super.
Elle me sourit et s'écroule sur mes épaules. Je la porte jusque loin dans les montagnes. La route est longue avant d'arriver. A tour de rôle, nous prenons Cath dans nos bras. Et ce, durant trois jours entiers. Elle n'est pas prête d'oublier cette scène mémorable qui l'avait conduit dans le coma durant plusieurs jours. Nous sommes au sommet d'une montagne. Mes pommettes sont gelées et rosées. J'ai le nez qui coule. J'ai froid. Les intempéries et la mauvaise qualité de nos refuges avait poussé ma peau réagir aux particules qui la composait. Elle se réveille enfin.
- Cath ? ça va mieux ?
Elle réchauffait ses mains près du feu que nous avions lancé avant la tombée de la nuit. Elle reste toujours assez pâle, mais elle tient debout. C'est déjà ça.
- Oui, merci.
Il y eut un moment de silence et puis :
- Dis-moi Anne, comment je me suis retrouvée dans cet état ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Excuse-moi si je perds la tête.
- Oh non, pas du tout, mais tu ne te souviens vraiment de rien ? Le monde de la braise, le Bodrador et son frère, le coup que tu as reçu ? Non, rien ?
- Si, si, enfin, non, pas vraiment. Tout ce dont je me souviens c'est notre discussion, dans le volcan. Tu te rappelles ?
Ça remonte à loin cette histoire ! Quel choc son cerveau a dû avoir. Je laisse divaguer dans ses propres réflexions parfois absurdes et ne la perturbe pas. Elle baragouine des choses et d'autres. Elle est amnésique. Il lui faudra du temps pour se souvenir.
- Bois ça ! Je dis. C'est tout ce que nous avons pu trouver. De l'eau, réchauffée à feu avec quelques aromes pour donner du gout. J'irai remplir nos réserves quand il y aura quelques éclaircis.
- Merci, c'est gentil Anne.
Le lendemain, nous sommes repartis. Nous quittons à présent les montagnes et poursuivons notre chemin le long d'un sentier côtier. Une fine odeur embaume le chemin et se faufile à travers mes narines. Je me sens revivre et me rappelle des après-midi sur les plages avec mes cousines. A cette époque-là, nous n'avions pas de soucis à se faire, on vivait la vie, c'est tout.
- C'est là que le sentier s'arrête. Nous devons traverser ce lagon à la nage. L'eau est calme, nous ne devrions pas avoir de problème.
- Oui, et pour ce qui est de nous sécher ensuite ?
- En plein désert, ça devrait être facile, tu ne crois pas ?
- C'est toi qui tiens la carte, je te rappelle.
Je me débarrasse de certaines couches de vêtements délabrés et plonge la tête la première dans l'eau. J'en profite pour me laver les cheveux à l'eau pure et poursuis une nage crawlée vers le bord. Vue d'en bas, les montagnes ont l'air si grandes et inaccessibles. Et pourtant, nous les avions franchis en quelques jours, avec ou sans nourriture. Je me retourne et me focalise sur ce que j'avais de mieux à faire. Je mets pied à terre au bout de longues minutes de nage. Nous essorons nos vêtements et repartons aussitôt.
Este avait raison, nous surplombions un désert de sable, plus grand encore que celui que nous connaissions : mêmes superficies non sans se distinguer par ces ponts et ses passerelles. Je pousse Cath devant moi afin de la surveiller de plus près. Elle se comporte bizarrement depuis quelques jours.
- Quand je pense que nous marchons pour rentrer à la maison, tu ne trouves pas ça fabuleux Marie ?
- Si, si Anne.
- Tu m'as l'air une fois de plus dans les nuages, ça t'intéresse ce que je te raconte ?
- Si, bien sûr.
Elle ne me regarde toujours pas.
- Marie ?
- Anne, regarde !
Je me tourne et vois un personnage pas plus grand que nous qui parlait d'un tour. Nous nous approchons. Il porte une vieille salopette brune et des chaussures basses. Il porte la moustache avec un petit chapeau typique du voyageur.
- Et vous êtes ? je demande.
- Rudy. Ça vous dit une ballade ? Je dis ça comme ça mais Cocci, ma fidèle mascotte fera parfaitement l'affaire.
- Et si nous ne voulions pas monter sur ces choses, je continue en pointant du doigt des insectes géants.
- Et bien, vous aurez manqué une sacrée expérience.
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