Chapitre 10🌟
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— Ils attendent derrière la porte, votre éminence, prompt à vous servir.
— Mais faites-les entrer bandes d'abrutis ! Qui m'a donné des gardes pareils ! Des tests d'aptitude devraient être instaurés pour des individus de votre genre. Maintenant, ouvrez la porte que l'on puisse en finir.
Pourvu qu'elle respire un grand coup avant de porter son jugement et prendre la décision finale. Un comportement neutre et professionnel serait attendu. Le yoga peut-être ?
— B-bien madame. Que l'on ouvre les portes !
En grinçant, la lourde barrière qui nous séparait avec l'impétueuse reine s'ouvre. Celle-ci, tout en se montrant méfiante à notre égard, fronce les sourcils, prête à se défendre si cela s'avérait nécessaire. Il était assez choquant de savoir qu'elle serait capable de nous maitriser, n'ayant pas d'armes dans nos mains. La potion de désir avant toute chose. Le reste viendra après. Nous nous approchons lentement, d'un pas hésitant et maladroit.
— Garde !!! un. . .deux. . .trois. . .quatre. . .et cinq, marmonne-t-elle, très attentive au nombre de personnes que compose notre groupe.
— Oui, votre seigneurie ?
— Cessez d'employer ces mots ridicules qui ne veulent rien. Dire. Ce n'est tout de même pas une dictature. Combien voyez-vous de jeunes gens devant vous ?
— Il est évident qu'ils sont cinq, ma reine, pourquoi cette question ?
— Vous m'avez dit à l'instant qu'ils étaient six !
— Votre grandeur, je m'excuse, j'ai dû mal compter.
— Mal compter ? Je vous paye pour quoi ? Pour dormir ? C'est ce que vous espériez peut-être ?
— Je n'aurai envisagé cette réponse ma reine...vous...
— Je vous paye pour faire le travail d'un garde ! Non, mais. Allez-vous-en ! Retournez travailler, vous m'avez suffisamment agacé comme cela.
— Tout de suite, ma reine !
Sur ce, il repartit aussi anxieux qu'il l'était avant.
Elle balaye du regard la pièce et se tourne à présent vers moi. Certes, elle n'était pas laide. Des cheveux blonds et bouclés lui tombent au niveau de la taille ainsi qu'un pendentif. Elle portait la robe rouge pourpre comme personne.
— Je vous souhaite la bienvenue dans mon humble Royaume !
J'hausse la tête comme signe de remerciement. Elle se râcle la gorge et pousse un rire sadique dissimulé. Tout en se regardant dans une de ses argenteries, elle demande :
— Que venez-vous faire ici. Les visites touristiques sont désormais fermées. La loi en a décidé ainsi. Des artisans et des ouvriers peut-être. Mon palais est en travaux pour y ajouter une extension. De la main d'œuvre est toujours utile.
Je commence, déçue de ne pas retarder l'audience :
— C'est...c'est ça, nous nous chargeons des fouilles géologiques pour contrôler le terrain.
— C'est tout ? Allons trêves de plaisanteries, vous mentez, c'est certain.
Mentir ? Je n'ai jamais menti. On ne dit simplement pas tous ce qu'il y a dire. Nuance.
— Depuis déjà plusieurs jours, nous parcours monts et vallées afin de réunir sept objets divers et variés, bien choisis et précisés sur une liste, conservée dans un rouleau de parchemin, remis dans nos mains lors de la découverte de votre Univers. Nous ne cherchons pas à déranger votre village, mais la liste nous a conduit jusqu'à vous afin de récupérer la potion de désir, que vous renfermez entres ces murs.
Elle interrompt mon monologue et commente cette dernière phrase.
— Ces parchemins...je les avais oubliés.
Elle reprend ses esprits et poursuit :
— Vous êtes humains. Il y a forcément une autre solution. Vous habitez Madrid ?
— Non.
— Alors par quel chemin êtes-vous passés.
— Pardon ?
— Le portail !? Où e trouve-t-il ?
— Oh, dans les entraves de la tombe de Merlin.
— Le Merlin ?
— Il y en a plusieurs
Elle réfléchissait et murmurait :
— La tombe de Merlin, il y en a donc deux...voire plus.
— Vous dîtes ??
— Non, oubliez, ce n'est pas important.
La reine poursuit et nous raconte son histoire à elle. Commençant à avoir mal au dos en restant statique, je me permets de débloquer quelques articulations en quelques mouvements. Elle s'en aperçoit et s'autorise un regard méprisant.
— Je vois. . . Voyez, je vis seule depuis longtemps. Il y a quelques années, mon frère était parti chercher de l'aide pour protéger notre village, assaillie par des opposants au nouveau gouvernement que nous avions imposé. Il avait un an de plus et pourtant n'écoutais pas les règles d'autrui. Nous l'avions retrouvé noyé après avoir fait entrer des enfants de la même espèce que vous. Certains disaient que c'était nos voisins, d'autres donnaient la faute à ces humains. Et vous savez ce que j'en pense moi des humains ? Rien de bon, j'en suis navré. Cependant, je vois que vous n'êtes pas comme les autres. Supposons que vous alliez chercher votre potion de désir, pourrais—je vous faire confiance ? Comme je ne peux le savoir ?
Je ne réponds pas à la question et détourne le regard.
— C'est bien ce qu'il me semblait. J'ai une solution à notre problème. J'aimerai que vous me laissiez le plus jeune. Il me distraira ainsi que mes serviteurs et certains de mes sujets les plus fidèles.
— Qui y a-t-il de si dangereux, je veux dire, pour pouvoir récupérer la potion ?
— Arrêtez avec vos questions stupides ! Ah les jeunes !
Je pousse à mon avantage :
— Vous n'êtes pas en sucre comme votre peuple. Vous ressemblez plutôt à une humaine.
— Oui, je suis une humaine. Et quoi ? Comme vous, j'ai trouvé un portail, comme vous j'ai eu une mission, comme vous je suis arrivée ici. Un malheur m'arriva, me contraignant à abandonner mes racines, je me suis donc installé ici. J'ai créé au fil des années le royaume dont je rêvais depuis toujours.
C'est inouï ! Nous sommes sans cesse jugés et méprisés par des êtres qui n'acceptent pas notre nature et maintenant, une reine parmi ces Royaumes provient de notre Terre, de nos territoires, de notre monde.
— Sa Majesté, je tente interloquée par la réponse qu'allait me donner la reine, il y encore une question qui me trame dans la tête. Alors si vous avez franchi la barrière entre nos deux mondes, quel genre de mission vous aviez donc été assimilée. Qu'est ce qui vous ait arrivé cette année-ci ?
En posant ce genre de question, nous pourrions avoir des informations concernant notre correspondant et l'auteur de ce parchemin. Elle possède certainement des informations que nous n'avons pas reçu.
— Ma mission consistait à réaliser un bâton formé à partir de l'énergie de chacun de ces mondes. Il y en avait neuf au total. Les tatouages, réaliss sur le bras droit des nouveaux-nés à la naissance, leur permettait une vie tranquille, sans maladie ni interférence avec la nature. Ce sont d'eux que proviennent la magie et l'énergie dont ces créatures ont besoin.
Neven se tourne alors vers moi et dévoile son bras, couvert d'un étrange symbole. Son tatouage de naissance.
— ...Cependant, j'étais sur le point de réussir la dernière mais par malheur je tombai dans un trou et me fis une blessure qu'aucun n'aurait pu guérir, une blessure fatale dans le monde humain. Vous comprenez que je n'avais pas d'autres solutions que de m'installer ici.
Voyant les expressions sur nos visages, elle cesse, mais continue tout de même son long et beau monologue :
— J'ose espérer que j'aurais pu continuer la mission aujourd'hui. J'ai construit mon destin ici et y est construit mes racines. Qu'importe mes origines, ma place est ici à présent, auprès de mes sujets.
— Nous comprenons, mais et votre famille ? Et vos amis ? Que leur sont-ils arrivés pour que vous décidiez un tel avenir ?
— Rien évidemment. Mais je ne me sens pas à ma place auprès de ces putois terrestres. Ce sont d'horribles personnages, des individus égoïstes et sans aucun horizon. J'avais peur. Dès quatorze ans, je m'étais faite à l'idée de ne jamais les revoir.
Je ne réponds pas, ne sachant que dire. J'ai un peu pitié pour la reine. Bien qu'elle ne soit pas consciente de sa décision, elle a du manqué à sa famille, qui ne l'aurait donc jamais retrouvée. Ils n'auraient pas pu.
Voyant que nous n'avions pas d'autres questions, la reine crie :
— GARDE ! Amenez-moi Georges !
— Bien madame !!
Le garde se dirige en toute hâte à l'extérieur du palais. Et qui est ce Georges à qui elle nous livre ?
— Je vais demander à Georges de vous héberger.
— Qui est Georges ? demande Marie, soucieuse.
— Georges est la seule personne dans ce village qui ait la capacité de vous héberger tous et le seul qui pourra vous aider pour la potion de désir. C'est aussi un fidèle ami et...mon mari.
Des pas précipités et saccadés se dirigent vers nous. Le dénommé Georges s'agenouillait devant elle. Un homme de carrure forte ainsi qu'un visage potelé s'avança vers sa femme et n'osait même pas lui faire la bise ; Il était traité comme l'un des nombreux sujets de la reine.
— Majesté. . .pff. . . voulait. . Pff me.. Parler. . . pff de quoi ???? Dit-il essoufflé par la course qu'il vient de faire.
— Relève-toi !! Je voudrais que tu héberges ces cinq jeunes enfants chez nous, dans ta maison.
— Moi ? Ma chérie, si je puis me permettre, notre maison est grande, certes, mais pas assez pour cinq personnes.
— Georges, vu votre ténacité, je suis sûr que vous en trouverez.
— D'accord.
— Vous pouvez vous retirer avec vos nouveaux invités.
— Allez !! on y va les enfants !
Nous sortîmes de la salle du trône. Je n'aime pas cela. Nous nous dirigeâmes à l'extérieur du palais. Je m'approche du groupe et m'intègre afin de leur parler en privé.
— Je ne dirais que deux mots : restez prudent. On ne les connaît pas.
— Oui, je ne suis pas convaincue. On reste ensemble !
Nous marchâmes une bonne dizaine de minutes et nous arrivâmes enfin. La maison que voici ne paraissait pas plus grande que les autres de l'extérieur. Le jardin était sans doute particulièrement dense.
Plus loin dans le paysage se dressaient d'immenses forêts de barba papa. Encore plus loin, mêlées dans la brume, de majestueuses montagnes meringuées et des sucettes géantes surplombaient les collines et les montagnes du voisinage. Le bonheur.
— Bienvenue chez moi ! Une règle que vous ne devrez pas oublier : ici, on ne touche à rien, on ne casse rien, on ne dérange rien. Compris.
— Oui.
— Oui qui ?!
— Oui, Georges.
Je n'avais qu'une envie : me recroqueviller sur moi-même et me fondre dans le paysage.
— Ma maison est grande, vous ne trouvez pas ? Un jour, je demanderai quelques extensions...
— On sait ! Et nous vous l'avons répété comme les cent dernières fois.
— Le lieu est magnifique !! dit Neven, très positif.
— N'est ce pas. Le cadre est tranquille, réplique Georges en fouillant dans ses poches à la recherche de ses clés.
On aurait dit que Neven connaissait cet endroit sans réellement le connaitre ; Il savait des choses que par la théorie et ne l'avait jamais vu.
Georges est une personne de taille moyenne. Il n'est pas très âgé, je dirai une cinquantaine d'années. Ce n'est évidemment pas un humain, mais presque, puisque qu'il y ressemble de trop. Une moustache terminant en pointes et une petite barbichette forme un homme au regard franc mais pour être honnête, pertinemment soucieux.
— Posez vos sacs ici, en attendant que je vous trouve un endroit pour dormir.
— D'accord, merci.
L'endroit est assez joli. Les murs de la maison, fraîchement restaurés, s'affiche de nougat et en caramel, décorés toujours des plus fins détails acidulés. Cet ajout de bonbons donne un aspect très chaleureux à la maison. Il y a un petit meuble en chocolat, sûrement pour ranger les chaussures. Mais non, c'est idiot puisqu'il n'en porte pas.
Par la fenêtre, des montgolfières s'envolent un peu partout dans le ciel. Leur ballon n'est autre que du chewing-gum gonflé par du feu. La nacelle est en biscuit. Je les suis dans leur trajectoire. Elles voguent au va du vent, au gré de la pluie et du soleil de saison. Tout en fermant la fenêtre j'entame une discussion jusqu'à ce que Cath s'y interpose :
— A quoi servent ces montgolfières ? demande Cath, qui apparemment a eu la même idée que moi.
— Ça, c'est notre système postal, la nacelle transporte le courrier et l'emmène à la destination prévue, la pointe de la technologie.
S'il savait. Niveau technologie, leur développement n'a égal que celui du moyen-âge, quand on découvre les premiers canons et autres armes à feu.
Cath entre en jeu.
— Vous n'avez pas pensé à la pollution ? Demande Cath.
— De quoi parlez-vous ?
— Enfin, la pollution, vous savez, la fonte de glaciers, l'air de moins en moins respirable, l'érosion, le dérèglement de la température, vous devez bien savoir de quoi je parle.
— Non, justement, je ne vois pas. Maintenant, si vous me le permettez, j'ai des choses à faire.
— Pourtant c'est un sujet mondial !
— Et nos chambres ?
— Assez ! Votre chambre est au fond, première porte à droite.
Bon. Au moins, on est fixés.
Cath se débat encore et cherche ses prochains arguments. Elle sait des choses et veut les lui partager. Quand elle est comme ça, c'est qu'elle ne comprend pas la vision des autres gens.
J'entreprends de la raisonner et de la calmer.
— Un sujet mondial, certes, mais pas chez eux.
Cath avait l'air si triste et déçue à la fois. Elle avait l'air de lui en vouloir sans le reconnaître. A elle seule et en l'espace de quelques minutes, elle exprimait toutes les émotions possibles et imaginables.
Nous continuons la visite de nous-même puisqu'il ne voulait pas avoir affaire à nous. J'entre dans la salle de bains.
— C'est occupé !
— Georges ?
— Oui, c'est toujours moi, depuis cinq minutes. Maintenant ouste !
Personne ne peut être à trois endroits à la fois. Il y a un instant, il était encore dans la cuisine en train de ranger des plats et des cuillères. Je cherche des indices qui pourrait nous informer du pourquoi il agit de la sorte.
Il y avait sur un petit bureau, des boulettes de papiers et des plans barrés. Chacun portait des signes et des lettres inidentifiables. Un horaire ? Une date ? Oui, cela me semblait plausible, mais pour quoi ?
— Que prévoyez-vous de faire prochainement ? Sans vouloir paraître indiscret, demande Este.
Georges sort en trombe de la cuisine, un stylo dans la main.
— Pardon ?
Pour réponse, je lui montre les papiers et les ratures qu'il avait laissés sur le meuble.
— Rien d'important, des projets pour l'avenir, la retraite quoi ! J'aurai une vie ensuite, après tout ça. Il y a des fois où je voudrais partir très loin et ne jamais revenir.
— Pourquoi vous ne le faites pas ? Et votre femme dans tout ça ?
— Pas le temps, pas la motivation. Non, ça sera plus tard. Enfin bon, si vous le voulez bien, oubliez ce que vous avez vu, ça n'en vaut pas la peine de toute manière, vous ne trouverez rien d'intéressant. Le diner est prêt, vous devez avoir une de ces faims après cette journée de marche.
— Oui, effectivement.
Il y eût ce bruit de brisure. Que se passe-t-il ?
— Je reviens, il manque des couverts pour servir le plat.
Il se dirige vers la cuisine, un peu plus loin, d'un pas joyeux.
— Nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous avant qu'il ne revienne. Alors voilà, nous sommes tombés sur un monde particulièrement étrange. Je ne sais pas ce qui se passe, mais méfiez-vous. Il y aura des représailles, avance Cath en tournant la tête. Je le sens, mes narines le perçoivent. Ça sens le pourri par ici.
— Tu as raison, mais vous n'avez pas remarqué le regard inquiétant de la reine, cela ne me dit rien qui vaille. Et Georges ? Il s'est méfié, lui aussi.
— Encore une fois, restons sur nos gardes, il ne faut pas trop compter sur eux, agissons comme il nous plaira. Je ne saurais vous le répéter suffisamment.
— A table !! Désolé du contretemps. Tout va bien ?
— Oui.
La porte d'entrée s'ouvre.
— Je suis rentrée !
— Neven ? C'est toi ? Le diner est servi, viens à table.
— Je dois y retourner dans à peine deux heures.
— Ça ne fait rien. Viens manger !
Georges ne doit rien savoir de nos inquiétudes, qui sait ce qu'il nous cache, ne nous mêlons pas de cela. Il faut creuser un peu et essayer de lui faire avouer avec discrétion, sans nous attirer des ennuis pour autant.
Pour commencer, un élément simple à retenir. Le repas n'avait pas l'air très compliqué à cuisiner, et pourtant Georges est resté dans cette cuisine plus longtemps. De quel contretemps parlait-ils ? Pleins de questions pour peu de réponses, des hypothèses.
Il y eut un éclat dans les yeux de Neven. Il se remit de ces excitations et insista auprès de Georges.
— Ce plat est magnifique, d'où vient-il ?
— Je ne sais plus. Je l'ai acheté dans un de nos mondes il y a plusieurs mois.
— Je peux ?
Il retourne le plat et plisse les yeux. Il cherchait quelque chose.
— Il vient de nos magasins ! Aucun doute.
— D'où viens-tu ? N'es-tu pas des leurs ?
— Je suis du territoire des mondes de la couleur.
— Mais bien sûr. Je me souviens !
Il sourit et se redresse, fière de l'être.
Le repas fini, Georges file droit vers la cuisine. Disons nettoyer, pour ne pas se faire trop d'idées.
Les matelas de barba papa sont très confortables, quoiqu'un peu poisseux par moment, mais rien de trop dérangeant. Je dormirai par terre sinon.
Il y a toujours cette vue qui me laisse bouche bée, à la fenêtre. Le ciel est clairement dégagé pour une nuit d'observation des étoiles. Si nous n'allions pas plus loin dans les faits, j'aurai dit que cet endroit était parfait.
Seulement, les apparences sont souvent trompeuses, un complot se prépare derrière notre dos, j'en suis certaine. Il n'y a que ça qui pourrait justifier les faits et gestes de Georges depuis que nous sommes arrivés. Tout tourne autour de nous et nos corps d'humains. Je m'écarte brusquement et ferme la fenêtre. Il y a quelqu'un.
— Les amis, j'ai vraiment besoin de vous parler de quelque chose. . . Je n'ai pas eu le temps de vous en parler à table, c'est pourquoi j'aimerais que vous m'écoutiez, dit le jeune garçon en arrivant en trombe dans notre chambre.
Sur ce, je m'assois en tailleur sur mon lit et écoute avec attention, Neven qui avait l'air paniqué. Personne, pas même les mouches n'auraient pu entendre ne serait-ce qu'une bribe de notre conversation tellement nous parlions bas.
— Qu'y a-il de si urgent ?
— Et bien. .
— Tu dois en parler aux autres, je ne suis pas la seule dans le groupe, eux aussi doivent savoir.
Je me lève et lui montre le couloir qui mène aux chambres voisines.
— Non attends, ils sauront demain.
— Tu me le promets ?
— Oui, demain, vous saurez tout.
Je reste immobile à réfléchir.
— Après mûre réflexion, il vaut mieux que ce soit ce soir. Viens, ils ne vont pas te manger.
Il baisse la tête et me suis de derrière. J'entre en première. Il suit le mouvement et s'incruste pour nous parler.
— Anne nous a dit que tu voulais nous parler. On t'écoute.
Il se tourne vers moi et me fait un de ces regards noirs qu'on n'oublie pas. Je détourne les yeux. Il commence à parler de façon maladroite.
— Vas-y dis-leur ! je m'exclame par derrière.
Le garçon parle, nous l'écoutons avec attention.
— Cet après-midi, je suis allée à l'intention, de la reine, la divertir. Je faisais les services de boissons et autres caprices de ses sujets. Pour cela, j'ai fait plusieurs fois le tour du château. Il y avait des cachots, des cuisines, des salles d'armes, et puis il y avait ce papier qui était tombé par terre. Il appartenait à Georges avant qu'il ne parte. Je l'avais ramassé avant de rejoindre la salle des repas.
— Tu l'as avec toi ?
Il sort le papier. Il était déchiré à certains endroits, mais les écrits étaient intacts. « Faites ce que vous avez à faire. Le reste doit disparaitre. »
— Il s'agit de nous, reste à savoir comment éviter Georges et ce, de la meilleure façon.
— Il vaudrait mieux que quelqu'un reste pour y veiller. Je me porte volontaire.
— Toi ?
— Je te rappelle que j'ai accès à toutes les pièces du château.
— Oui, mais, il faudrait quelqu'un d'un peu plus...
— Grand ? Expérimenté ? Je connais des choses que vous ignorez, je sais faire de choses dont vous êtes incapables, je suis capable de résoudre ce que vous pensez impossible. Alors, si vous n'y voyez pas d'inconvénients, j'aimerais essayer.
— Ok. Tu iras, mais reste sur tes gardes.
— Oui.
Il sort de la chambre et commence à se préparer. Cette nuit, il part pour le palais.
Quelque temps plus tard :
— Bonne nuit, dit Cath.
— Bonne nuit, dit Este.
— Bonne nuit répond Cath.
— Bonne nuit.
— On a compris, maintenant silence pour tout le monde.
Le silence se fait tôt ou tard. La nuit n'est pas assez claire pour s'y promener, c'est la nouvelle lune je crois. Comme à mes habitudes, je ne m'endors pas aussitôt couchée. Cath dort paisiblement, pas de ronflement cette fois.
Je me réveille quelques heures plus tard, au beau milieu de la nuit, sans doute à cause de la chaleur des matelas et surtout de l'oreiller ! Quand j'ai trop chaud dans mon lit, je ne dors pas bien. Il me prend soudain une petite envie de manger. Je n'ai que des chocolats et des bonbons, et cette petite réserve, j'aimerais la garder pour demain, quand j'en aurai réellement besoin.
Je me lève et prend la direction de la porte d'entrée. Rien de mieux qu'une petite balade nocturne pour mieux dormir ensuite.
Les portes qui grincent. Un sujet dont on pourrait parler encore plusieurs heures.
— Chut ! Mais qu'est-ce que tu es en train de faire au beau milieu de la nuit ? Il est minuit passé ! Dit Cath.
— Désolée, je voulais juste aller faire un tour dehors, je n'arrive plus à dormir !
— Bon, bonne fin de nuit, réponds Cath, les yeux encore gonflés de fatigue.
— Merci.
A peine sortie, j'entends des bruits venant de la cuisine.
— Qu'est-ce que l'on fait ? Dit une première voix paniquée, en chuchotant.
— Ils n'ont pas d'armes ni de moyens pour se défendre, c'est le bon moment ! Réponds la deuxième voix, plus calme que la première.
— Oui tu as raison mais une seule sera suffisante, pas la peine de prendre de risques inutiles.
Il s'agit de deux hommes : l'un est un homme robuste. Celui-ci est habillé d'une toge marronne, noué par une corde, comme le serait un moine. Botté élégamment, il donne fière allure. En revanche, le deuxième a la taille d'un nain de jardin. Un bouc au menton, il a les cheveux noirs et le visage assez creusé.
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