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24 - L'alerte royale (3/3)

Melinah, un doux sourire aux lèvres, effleura les boiseries en merisier surmontées d'une tapisserie aux minuscules fleurs blanches sur fond rosé. Ses parents avaient conçu l'étage de la fratrie comme un cocon protecteur, où chacun pouvait se reposer. Ils n'avaient pas pour autant négligé l'apprentissage de la vie rude à l'extérieur de ces murs.

Mèr... Imany tenait face à notre père qui se consacrait au bien-être du peuple.

Pourtant, Louise, leur gouvernante, fut leur meilleure professeure avec son franc-parler et ses histoires au sujet des habitants de la cuvette ; même si elle les édulcorait pour des oreilles enfantines. Faits divers, lois, décisions royales, attitudes de la bonne société, tout y passait.

C'est grâce à elle que j'ai réussi à supporter les brimades.

Louise lui avait aussi répété inlassablement son devoir d'aînée, à l'instar d'Imany. Melinah avait approuvé sans réserve... jusqu'à aujourd'hui. Cette mission lui apportait un nouveau regard, elle flanchait sur cette conviction. La fratrie en avait souffert. Si elle avait écouté les désirs de Perrine et Arthus, qui démontraient leurs capacités à gérer leur vie, ils ne se disputeraient pas à chaque rencontre. Leur complicité d'autrefois n'aurait pas explosé.

Un soupir d'impuissance lui échappa, et elle entra dans son ancienne chambre. Ses paupières clignèrent : la décoration avec ses meubles en pin, les jolis vases, les jouets, et le baldaquin couleur pêche n'avaient pas changé depuis, depuis...

La mort de mère, s'attrista Melinah en ôtant son masque.

Ils avaient aussitôt quitté le manoir pour rejoindre celui de leur oncle et leur tante, avant d'être transférés au collège réservé aux hauts bourgeois. Les premiers mois s'étaient déroulés sans trop de heurts, si on relativisait mépris, isolement et insultes feutrées, puis le décès accidentel de Jérémie Maillet avait déclenché un harcèlement de plus en plus violent. Melinah avait fait le dos rond, se contentant d'éviter les pièges à son frère, quand Perrine n'hésitait pas à se battre pour eux.

Elle défendait plus notre honneur que moi-même !

Oui, à leur manière, tous les trois souhaitaient redorer leur blason. Réintégrer la noblesse n'était pas la seule voie. Appartenir au bastion du pouvoir ne démontrait pas l'honorabilité d'une famille ou d'une personne. Melinah n'avait pas de leçons à donner à sa fratrie qui avait préféré relever la tête plutôt que de l'abaisser, dans l'hypothétique espoir d'atteindre un but.

Ses réflexions l'amenèrent au jeu d'échecs en palissandre, où elle renversa le roi noir.

Mat ! J'ai tout perdu, la bonne société et Daphné. Perrine et Arthus, eux, peuvent réussir leurs ambitions, ils n'ont jamais eu besoin de moi. Ni de mes stupides remontrances.

Des larmes roulèrent sur ses joues, qui devinrent ruisseaux dans le doux silence de la chambre. Elles emportaient ses convictions, ses préjugés, ses erreurs. Le reconnaître tordait son cœur, mais le libérait de ses années de carcan.

Un nouveau souffle s'emparait de tout son être.

Les poupées en porcelaine, marins, noble, princesse, paysanne, alignées sur la commode contre le mur semblaient l'approuver avec leur sourire rouge vif au milieu d'un visage blanc. Elles l'attirèrent vers le passé. Un passé complice...


— Pourquoi tu pleures ? l'interrogea Perrine.

Melinah souleva la tête de son oreiller.

— J'ai pas... j'ai pas réussi... mes devoirs d'algèbre. Ça fait plusieurs... jours que j'essaye.

— T'as demandé au professeur de t'expliquer ?

— No... non !

Quand elle renifla, Perrine lui tendit son mouchoir, brodé d'une longue-vue. Elle s'assit sur son lit.

— Fais le la prochaine fois, il te mangera pas, l'encouragea sa sœur.

— Je dois y arriver toute seule ! C'est mon devoir d'aider ma fratrie, et de me débrouiller.

Perrine roula les yeux, serra les bras avant de répéter mot pour mot sa phrase d'une grosse voix. Puis elle attrapa la poupée de marin avec son canotier juché sur la tête et l'agita telle une marionnette.

— Mademoiselle Mella, vous oubliez qu'ils ont aussi une cervelle ! Arthus et Perrine connaissent des choses, vous d'autres. À vous trois, vous formez les cinq doigts d'une main. Plus fort, plus unis, vous irez loin par-delà les mers et les montagnes !


Nous formons les cinq doigts d'une main, se répéta Melinah.

La devise que leur avait dédiée leur père, la devise tombée en poussière après le collège, la devise qui pourrait renaître de ses cendres.

Et elle renaîtrait. 

Melinah se le promit en essuyant ses joues glacées. La mission forcée des souverains lui apportait un point positif, il ne tenait qu'à elle de poursuivre sur sa lancée. Elle devait construire un nouvel avenir... avec sa fratrie, sa famille et ses amis.

Elle attrapa la poupée de marin, dont elle bougea les bras, et imita à son tour un timbre grave.

— Vous avez raison, mademoiselle Melinah. En avant tout ! Tchou-tchou !

Un rire éclata de sa gorge. Il rejoignit le plafond aux poutres foncées, telle une musique féérique. S'envola vers la porte, sur laquelle quelqu'un frappa.

— Melinah ? Vous allez bien ?

Oreste ? Quelle poisse !

Alors qu'elle reprenait une attitude convenable de jeune noble, le vicomte entra et referma le battant derrière lui. Puis il ôta son masque.

— Je m'inquiétais de ne plus vous voir au rez-de-chaussée et quelqu'un m'a conseillé de monter. J'ai poursuivi au deuxième étage, où votre rire m'a conduit jusqu'ici. C'est votre chambre ?

Quand ses yeux curieux parcoururent la pièce, les doigts de Melinah se crispèrent sur le petit marin. Elle n'avait pas autorisé Oreste à pénétrer dans l'intimité de son espace privé, même s'il correspondait à celui de son enfance.

Encore plus ! Ils sont plus vulnérables à cet âge.

— Nous devrions retourner en bas, les chaperons...

Melinah laissa en suspens la phrase, un message suffisamment clair.

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