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23 - Au comté Debeauciel (2/3)

— Perrine est en place, à notre tour de jouer, souligna Melinah.

Elle avait entraîné Arthus au buffet dans l'ancienne salle à manger du manoir, un moyen de se séparer de leur partenaire respectif au milieu de la foule agglutinée autour des longues tables.

— Je me suis renseigné auprès du chef des spectacles. L'atelier de papa servira de salle d'exposition avec tout son matériel d'explorateur et, surtout, ses carnets.

Cette information n'arrangeait pas leur plan. Perrine devait retenir l'attention d'Honoré Fidulas jusqu'à ce que l'un d'eux réapparaisse dans la salle de jeu et lui fasse signe. Ensuite, sa sœur s'efforcerait de perdre et eux s'éclipseraient de la soirée. Même si un serviteur découvrait le vol et sonnait l'alerte, le patron de CarboIndus ne quitterait pas sa table devant son public. Les recherches s'effectueraient en catimini. La bienséance l'exigeait.

— Pourquoi dans une heure ? s'enquit Melinah.

— Pour que la bonne société ne manque pas un film tourné pour l'occasion.

— À la gloire de Honoré Fidulas, je suppose.

— Certainement, regardons-le quand même, nous n'en avons encore jamais vu. Et il nous fera patienter.

La patience, Melinah la connaissait. Elle la pratiquait depuis des années dans la poursuite de son devoir. Réintégrer la noblesse. Un but qu'elle avait pourtant détruit en annulant sa future union avec Oreste. Son cœur se serra, puis elle se morigéna.

Les souverains n'ont pas pris de décision à mon sujet, et ils ont eu l'intelligence de ne rien annoncer avant la soirée d'Honoré Fidulas.

Ses sourcils se froncèrent : la reine s'était jointe à la partie de tarot, en quatrième joueur. Leurs majestés n'hésitaient pas à participer aux bals des uns et des autres et, quand l'occasion se présentait, ils venaient incognito. Du moins, la bonne société devait le prétendre, même si des gardes restaient dans les parages des royales personnes. En toute discrétion.

Sa présence à la table n'est pas juste un hasard, j'en mettrai ma main à couper.

L'arrivée d'Oreste ne lui permit pas de se pencher plus sur ce point. Son élégance naturelle attirait l'intérêt des dames, dont certaines semblaient concourir pour le maximum de plumes sur leur masque.

— De quoi parlez-vous ? demanda-t-il.

— Mon frère me proposait de regarder un film. Qu'en pensez-vous ?

Une moue plissa la bouche du jeune noble.

— Je préférerais danser avec vous, cela conviendrait plus à notre situation.

Melinah se mordit l'intérieur de la joue, mentir à Oreste l'insupportait. Pas vis-à-vis de lui, mais parce qu'elle devait continuer à prétendre devant la bonne société. Comme sa sœur, comme le couple royal, il lui fallait tenir son rôle de fiancée.

Patience, Mella, patience.

— Bien entendu, je valserai avec vous. Excuse-moi de t'abandonner, Arthus.

— Nous reviendrons après le film, je danserai volontiers avec Jia.

Un éclair de satisfaction traversa les iris marron d'Oreste, pourtant il dérangea Melinah. Son « fiancé » affichait peu ses émotions. Lui découvrirait-elle un côté possessif ? Elle mit cette idée saugrenue sur la tension que générait leur plan et posa une main sur le bras du jeune homme.

Il l'emmena dans la salle de bal. La délicatesse et la fraîcheur reprenaient ses droits avec le marbre blanc et les colonnes sculptées de guirlandes fleuries. Une douce brise entrait par les fenêtres arrondies, qui donnaient sur l'avant du manoir et son parc à la française. Des couples y évoluaient éclairés par les lustres, aux fausses bougies. Le seul changement avec le passé. Une usine sur le Lowat, construite en montagne, apportait l'électricité à toute la bonne société, le domaine du charbon restant, lui, cantonné à la cuvette.

L'orchestre, installé sur une mezzanine au premier étage, entama une valse viennoise. Oreste se révéla un excellent danseur, et Melinah aurait pris grand plaisir à tournoyer à droite à gauche dans d'autres circonstances, mais la mission comptait plus. Ses pieds virevoltaient de manière automatique. Ses bras se tenaient souples, animés de leur propre volonté.

Vous êtes ravissantes dans cette robe verte, murmura Oreste, mais je vous sens ailleurs. Auriez-vous des soucis ?

L'inquiétude perçait dans la voix et Melinah se reprocha son manque d'attention.

— Une amie dont je n'ai plus de nouvelles, en effet.

— Serait-elle malade ?

— Elle vit dans le quartier des lynx, c'est plus difficile de savoir. Je lui rendrai visite dans la semaine, mais cela ne doit pas me détourner de votre présence. Veuillez me pardonner.

Melinah avait opté pour un demi-mensonge, en se fiant à Daphné et à sa chambre chez Vincent Morisot. Oreste ne ferait pas ainsi le lien avec la jeune peintre. Il accepta d'ailleurs son explication d'un sourire chaleureux.

— Puisque vous parlez de visite, m'accorderiez-vous celle du manoir ? Sauf si cette maison d'enfance vous rappelle de mauvais souvenirs.

La musique changeait juste et Oreste la guidait vers le hall d'entrée.

— Notre promenade exigerait plutôt un chaperon, je regretterai de l'imposer à qui que ce soit avec une aussi jolie fête. En revanche, j'aimerais m'isoler au salon des dames. Nous reprendrons plus tard dans la soirée.

Elle rappelait la bienséance qui autorisait aux fiancés de danser ensemble, sans exagération. Trois valses au début, même nombre au milieu, et à la fin répondraient parfaitement aux coutumes de la bonne société.

Tandis qu'Oreste rejoignait des connaissances, Melinah s'empressa de jeter un coup d'œil dans la salle de jeu. Le silence y régnait, chaque joueur était concentré sur ses cartes. Quant à la projection des films, Arthur et Jia étaient assis au dernier rang à rire des pitreries d'un faux maçon qui mettait ses compagnons en difficulté en haut d'une tour en construction.

Il me reste une demi-heure à tuer.

Et devoir mentir au sujet d'Oreste aux dames la rebutait. L'idée du jeune noble lui revint en mémoire. Pourquoi n'irait-elle pas dans sa chambre au second étage, réservé aux enfants avec la nurserie, la petite salle à manger, et la salle de jeu ? L'évocation de cette dernière lui arracha un souvenir nostalgique. La fratrie préférait la pièce près de la véranda, car Imany peignait dehors à côté et venait plus facilement les voir.

Sans compter Daphné quand elle jouait avec nous.

Melinah soupira : comment réussirait-elle à renouer avec la jeune peintre ? Sa souffrance à la partie de chasse la marquait au fer rouge. Elle voulait essuyer les larmes sur les joues si douces de son amie, contempler les étoiles dans ses iris mordorés, entendre son rire cristallin et son timbre chaud, humer son parfum de violette.

Dès que les souverains auront annoncé l'annulation de mes fiançailles, je tiendrai un siège devant chez elle.

Ragaillardie par ces paroles, elle grimpa les marches que plus d'un couple empruntait. Ils s'arrêtaient au premier, où des portraits de la famille du comté Debeauciel décoraient les murs en brocart bordeaux. Melinah se faufila derrière l'épais rideau de la même teinte qui cachait l'escalier du second étage et le silence se fit.

Un silence reposant après le brouhaha des conversations du rez-de-chaussée.

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