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23 - Au comté Debeauciel (1/3)

Perrine descendit de l'hippomobile et son véhicule laissa la place à la suivante. Dans la cour de son manoir d'enfance, une longue queue déversait peu à peu les invités. Honoré Fidulas avait mis les petits plats dans les grands. Le bourgeois tenait à son triomphe.

Contre l'insignifiant garçon que je représente ?

Une moue dubitative abaissa ses commissures, Terry Lodel, le petit bourgeois pour tous ne valait pas un tel déploiement fastueux. La partie de tarot servait surtout de prétexte à démontrer la richesse du patron de CarboIndus et, par ricochet, l'étendue de ses pouvoirs.

La bonne société ne s'y trompe guère.

Elle affichait ses plus beaux atours, du trois-pièces brodé pour les messieurs aux robes décolletées et colorées chez les dames. Seules les deux sirènes dans la fontaine au milieu de la cour leur volaient le premier rôle : les automates en laiton, aux écailles recouvertes d'émail émeraude, ondoyaient dans le bassin et se rejoignaient dos à dos sur des rochers. L'éclairage circulaire accentuait si bien leurs gestes délicats, qu'elles en devenaient irréelles.

Hypnotisaient les spectateurs.

Les bouches de ces derniers s'agrandirent quand les sirènes soufflèrent un jet d'eau. Sa hauteur variait sous avec leur mélodie envoûtante.

— Extraordinaire ! s'exclama un noble proche de Perrine. J'en avais entendu parler, mais c'est encore plus beau en vrai. Galien Debeauciel possédait un talent rare.

Beauciel, corrigea sa compagne avec dédain. Et ce genre d'ornement n'a pas sa place chez les aristocrates. Leur déchéance ne m'étonne guère.

— Il est vrai que le père a surpris tout le monde en...

Le crissement des bottines dans la cour gravillonnée et les commentaires de bourgeois admiratifs couvrirent les paroles du couple qui s'éloignait. Perrine en fut soulagée, et ses poings qu'elle avait serrés sans s'en rendre compte se détendirent.

Tu en entendras bien d'autres, Perry. Garde ton contrôle !

Quand elle avança à la vue de tous, quelques-uns lui jetèrent des regards curieux. Parce que personne ne l'accompagnait ? Ou à cause de son masque noir brodé de larmes dorées, à contrepied de ceux qu'arboraient les convives ? Melinah et Arthus l'avaient choisi avec elle, tandis qu'eux-mêmes se dissimuleraient derrière une lune et des étoiles, respectivement. Si Perrine avait leurré Vincent Morisot, elle leur avait relaté la vérité sur la partie de cartes contre Honoré Fidulas. Non seulement sa fratrie ne l'avait pas blâmée, mais ils avaient organisé ensemble le vol des carnets en conséquence.

Melinah et Arthus prendront plus de risques que moi.

Quand elle avait tenté de trouver un autre moyen, où sa participation serait plus active, ils s'étaient rebellés.

Un parfum, mélange acidulé et sucré, la ramena au présent. Elle avait atteint le large porche arrondi du manoir, recouvert de magnifiques roses orangées et blanches. Les préférées de sa mère.

S'interdisant de songer au passé, Perrine tendit son carton à un des deux serviteurs, chargés de filtrer les invités. Ils arboraient aussi des habits festifs dans les tons vert et noir, et une perruque que les domestiques de l'ancien Régime en France auraient approuvée.

— Monsieur Lodel ? Nous vous attendions, veuillez me suivre.

Le serviteur avait murmuré l'information, telle une confidence. Quand il traversa le hall au sol en marbre veiné de rose et murs en acajou, Perrine fronça les sourcils. Ils ne gagnaient ni la salle de bal aux portes ouvertes pour les convives ni la salle de billard à gauche ; mais le salon privé derrière l'escalier principal.

Ce salon où sa famille avait partagé tant de soirées et de joies.

Ce salon défiguré !

Une nouvelle pièce, incluant la bibliothèque, exposait une décoration baroque de mauvais goût. Elle cascadait ses ors aux murs, étalait son marbre noir au sol et alourdissait le plafond d'imposants lustres. Les teintes pastel d'autrefois n'existaient plus.

Le choc envoya un uppercut dans le ventre de Perrine. Sa main se crispa dessus, son souffle se coupa. Elle tituba. Quelqu'un avait osé détruire le nid douillet de son enfance. Qui ? Qu'elle lui renvoie sa souffrance.

Notre souffrance.

Parmi les spectateurs rassemblés, Melinah et Arthus se tenaient au fond de la pièce, accompagnés d'Oreste Decalx et de Jia Wang respectivement. La peine dans leurs yeux avait attiré les siens. Ils partageaient les discussions animées sur les aventures de leur père, les peintures de leur mère, ou sur leurs journées enfantines... jusqu'au moment où une silhouette rompit le contact. Elle lui attrapa le coude et déclara :

— Bienvenue, monsieur Terry Lodel. Je serai votre protecteur pour toute la soirée.

À qui parlait l'importun ? Qu'il s'écarte de sa vue, qu'elle retrouve la chaleur avec sa sœur et son frère, qu'elle pleure la perte...

— Ne le laissez pas vous abattre, Perry, l'interrompit-il dans un chuchotement à son oreille.

Entendre son diminutif, secoua Perrine. Le parfum boisé lui apporta le nom de l'intrus avant que son regard ne découvre les cheveux de neige et les yeux gris clair sous un loup noir.

Vincent !

— Depuis quand...

— Je vous conseille de modifier votre voix, la coupa-t-il une nouvelle fois.

Sa voix ?

Comment cela, sa voix ?

La vérité surgit enfin dans sa tête. Vincent Morisot l'avait reconnue à son timbre dès leur rencontre dans la salle clandestine. Non, dès l'entrevue royale dans le manoir de chasse. Perrine ne devait pas oublier son rôle d'espion, qu'il réussissait à merveille. N'avait-il pas joué avec elle au sujet des conditions de l'invitation et du carton ? Il avait tenté de la pousser dans ses retranchements, de lui faire avouer sa fausse identité.

— Vous ne perdez rien pour attendre !

Au lieu de lui lancer une de ses joutes verbales, Vincent Morisot se contenta d'un sourire en coin. Elle dégagea son bras, en colère contre lui, en colère contre sa propre déception.

Ignore-le, comme lui sur la terrasse.

L'arrivée de Honoré Fidulas l'empêcha de rêvasser telle une innocente en face de son prince charmant. Personne n'était charmant ni innocent dans cette pièce, à commencer par le président de CarboIndus au visage poupin avec ses yeux bleus et ses boucles blondes. Il resplendissait un peu trop dans son costume safran, brodé de fils d'or et de diamants, jusqu'au masque aussi chargé. Vincent Morisot, dans sa tenue pourpre, et elle-même en marine semblaient relégués au niveau des diplômés.

— Vous êtes à l'heure, monsieur Lodel, je vous félicite pour votre ponctualité.

— Terry, appelez-moi Terry. Je suis votre humble serviteur pour cette soirée dans cette magnifique demeure.

Quand le patron de CarboIndus pencha la tête, Perrine faillit accrocher la manche de Vincent Morisot à ses côtés. Aurait-elle mal modifié son timbre, soit un ton moins grave ? Elle avait effectué ce choix qui conviendrait mieux à sa fine stature, quoique Melinah et Arthus eurent rembourré ses épaules, et épaissi sa taille. Même ses bottines avaient été rehaussées de quatre centimètres. Sa corpulence se rapprochait de celle de Vincent Morisot.

— Pourquoi pleurez-vous, Terry ?

— Pardon ?

— Votre masque, les larmes dorées. Elles sont très jolies, mais inappropriées à ma fête.

— C'est pour rendre hommage à votre talent et à votre victoire, susurra Perrine, après un soupir intérieur.

Le patron de CarboIndus s'esclaffa à son compliment, et tous les spectateurs, les fameux vautours-bovins l'imitèrent.

— Ne me décevez pas, Terry. Combattez comme au Lynx des aérocabs, leplaisir des convives m'importe beaucoup.

— Et votre gain final, riposta Vincent Morisot. Ne soyez pas trop gourmand, mon cher Honoré.

L'intervention tombait au bon moment, elle détruisait la menace qu'impliquait le ton de l'adversaire.

— Le rôle de protecteur vous va comme un gant, Vincent, et l'habit de monsieur Lodel me convient parfaitement. Que préférez-vous ? Visiter le domaine, danser ou regarder un film, avant de démarrer la partie ?

— Je ne m'appelle pas Cendrillon, mais ma famille ne veut pas que je rentre trop tard.

Nouvel éclat de rire, et Honoré Fidulas les invita à s'asseoir à une table carrée, suffisamment large pour qu'aucun ne réussisse à communiquer par les pieds. Resterait les spectateurs, l'un d'eux pourrait renseigner l'hôte de la soirée en louchant dans le jeu des adversaires.

— Qui souhaite se joindre à nous, prêt à perdre sa fortune pour moi ? clama le patron de CarboIndus.

Son geste théâtral déclencha l'hilarité, à laquelle Honoré Fidulas se mêla. Cependant, son regard demeurait calculateur, il fixait un coin de la salle.

Bien entendu, il a déjà décidé du quatrième joueur. En sa faveur !

Alors qu'en effet un inconnu à cet endroit écartait les spectateurs, une dame vêtue de soie ornée de multiples papillons colorés atteignit la table avant lui.

— Permettez-moi de me joindre, je rêve d'être aux premières loges de ce duel.

Par les Hirondelles, la reine ? Impossible, Perry !


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