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22 - Une soif de vivre (2/3)

Vincent Morisot saisit soudain un couteau posé sur une planche, où un cake aux fruits attendait son destin sagement. Le bout pointu lui servit à couper le coin de la toile à l'arrière. Quand il tira dessus, un juron lui échappa : un second tableau se dévoilait en dessous.

— Marise accrochait une de ses œuvres par-dessus une autre, qui doit avoir plus de la valeur.

Le déshabillage se poursuivit. Les rayons d'un astre aux teintes rouge et orange foncé se révélèrent, les pétales roses d'un arbre en fleur, et enfin un bassin parcouru d'ondes.

— Le... Cerisier du Japon... au soleil couchant, balbutia Perrine, une paume sur sa bouche.

— Vous le connaissez ?

— C'est le dernier tableau de ma mère avant... avant son... décès.

Une boule grossit dans sa gorge, elle l'ignora.

— Louise a dû le récupérer grâce au testament de mes parents, et le léguer ensuite à Marise. Mais pourquoi vous l'a-t-elle envoyé et pas à moi ?

Sans attendre la réponse, les mots s'assemblèrent dans la tête de Perrine : vivait, possédait, accrochait, léguer.

— Non, ne me dites pas...

— Elle a été assassinée, après avoir répété notre réunion à son ou ses meurtriers.Son corps en garde des traces. Quand je suis arrivé, les prostituées étaient révoltées, prêtes à châtier le coupable. J'ai réussi à prouver notre innocence, grâce à leur cheffe qui détenait le cadeau de Marise pour vous. Elle s'occupera de distribuer le reste aux filles équitablement avec mon soutien.

— Assassinée, assassinée...

Deux yeux noirs surgirent dans son esprit. Ils l'hypnotisaient, ils s'abreuvaient de sa souffrance, ils jubilaient de sa mort prochaine que deux mains allaient appliquer. Puis son corps chuta pendant des secondes interminables que le sol détruisit en un instant. Une voix douce, avec un fond d'inquiétude, se faufila à ses oreilles.

— Perrine ! Vous êtes chez moi, à l'abri.

Ses paupières cillèrent, et la terrasse de Vincent Morisot reprit consistance. Elle était allongée par terre, dans les bras de son hôte, qui s'appuyait contre le mur du salon.

— Racontez-moi, que s'est-il passé ?

— Co... com...

— Vous ne vous êtes pas changée, des mèches s'échappent de votre tresse, vous avez un regard hagard et un visage blafard. Et vous arrivez plus tôt que prévu.

— Je... je ne souhaitais pas... rester seule à l'atelier... ni affoler Melinah et ma famille, alors...

« Vous trouverez toujours un refuge sûr ici, de jour comme de nuit » lui avait crié le patron du Lynx des aérocabs après l'attaque des sbires de Honoré Fidulas. Elle ne l'avait pas oublié.

— Une sage décision, racontez-moi.

Les caresses sur ses cheveux ou le ton chaleureux ou le torse ferme eurent raison de Perrine, à moins qu'elle voulût déverser son choc dans une oreille attentive. Plus le flot de ses paroles saccadées s'écoula, plus le poids sur son cœur s'allégea. Sa voix se brisa sur la fin de son récit.

Je ne pensais pas en avoir tant besoin.

Quand un pouce essuya ses joues, elle tressaillit. Elle avait pleuré ! L'auréole sur le gilet gris foncé de son hôte en gardait la trace.

— Vous devez me prendre pour une hystérique, croassa Perrine.

— L'idée ne m'a même pas effleuré, nous n'avons pas à nous montrer fort à chaque instant.

— Les hommes, eux, prétendent ne jamais perdre leur sang-froid !

— Ils ne veulent pas perdre la face, corrigea Vincent. L'éducation aussi l'impose à leur décharge.

— Ça vous est arrivé de pleurer ?

— Oui, une fois, il y a très longtemps, et c'est une femme qui m'a aidé à retrouver ma dignité.

— Elle doit être extraordinaire.

Le cœur de Vincent battait un peu plus vite. Perrine avait touché un point sensible, un secret intime qu'elle aurait aimé approfondir et en apprendre plus sur cette femme. Malheureusement, son hôte ne lui en donna pas l'occasion.

— Pourriez-vous vous relever... mon genou.

Un prétexte ou la vérité ? La grimace chez un homme capable de mentir sans ciller ne permettait pas de le déterminer. Elle signait la fin des confidences. Perrine obéit à contrecœur et tendit une main secourable. Mal lui en prit : un cri de douleur lui échappa quand Vincent Morisot tira dessus en se remettant debout.

—  On ne vous apprend pas à soigner vos blessures chez les Hirondeaux ? gronda-t-il à la vue de sa paume rougie.

— L'excellent thé de Benoît m'appelait trop, même si je n'ai pas encore pu le déguster. 

— Je me ferais le plaisir de vous aider à le boire, après vos soins. Attendez-moi !

Alors qu'il disparaissait dans son appartement, Perrine s'assit sur sa chaise, les joues brûlantes. Un éclair avait traversé les iris gris clair de Vincent. Comment réussissait-elle à passer de l'effondrement à la joute verbale ?

Elle avait failli mourir.

Marise Foniar était morte avant de leur avoir parlé.

J'ai besoin de ressentir la vie ! Autour de moi, au plus profond de moi.

Ses paupières se fermèrent : le parfum des roses la titillait, délicat et entêtant à la fois ; la brise la caressait, si chaude et si douce ; le métal de la table électrisait le bout de ses doigts, froid et lisse.

Des pas souples sur le parquet du salon, un léger effluve boisé. Vincent Morisot revenait. Il utilisait moins la canne chez lui, peut-être parce que les meubles lui servaient de support. Lorsque les pieds de sa chaise claquèrent sur le sol en pierre de la terrasse, Perrine rouvrit les yeux. Et les écarquilla.

Son hôte avait défait veste et gilet, roulé ses manches sur le haut des bras, à la peau glabre. Une boîte trônait sur la table, un courrier déplié à côté.

— Je vous promets de ne pas vous dévorer, la taquina-t-il.

Tout dépendait comment.

Fichtre, Perry, tu ne vas pas te comporter comme un succube !

Elle n'était pas entièrement coupable, le jeune homme l'avait provoquée. Il s'affairait maintenant dans la pharmacopée ambulante.

— Lisez la lettre de Marise que je vous ai amenée, pendant que je vous soigne. Ça vous détournera de la douleur.

Ou de mes désirs.

Vincent lui attrapa une main qu'il bassina avec de l'eau fraîche et une éponge. Ses gestes doux la rassuraient. Lorsqu'il lui ôta une écharde avec une pince à épiler, elle gémit à peine, mais un peu plus sous l'alcool.

— La lettre, Perrine.

Elle obéit aussitôt. Le contenu confirmait la supposition de son hôte : Louise avait reçu un petit legs de ses parents, il reviendrait à Marise.

— Sauf pour le tableau, enchaîna Perrine. Louise l'avait donné sous forme de rouleau à Marise, lors de leur séparation, avec la consigne de nous le remettre dès son retour à Nébelisse. En découvrant la magnifique peinture, elle a préféré la garder. La vente lui aurait ramené un joli pactole. Elle nous demande de lui pardonner.

Sa mémoire lui restitua l'attitude de Marise quand elle lui avait proposé quelques nébels pour appuyer son travail avec les prostitués.

— Elle a refusé, gênée à cause du tableau de ma mère.

— Vous l'avez récupéré, maintenant. Vous pouvez lui pardonner.

— Je ne lui en aurais pas voulu, même si elle l'avait.

— Vous avez été une petite fille très sage, j'ai terminé de vous soigner. Bandage et baume de Pérou tous les jours. Heureusement, les brûlures sont superficielles, vous serez d'aplomb pour la soirée de cartes chez Honoré Fidulas.

Perrine tressaillit. Vincent Morisot tenterait-il de la tester avec cette précision ? Il rangeait le matériel médical dans la pharmacopée ambulante, elle ne pouvait déchiffrer son air. Les crochets claquèrent d'un bruit sec, il se tourna vers elle. L'instant devenait critique.

Elle ne devait pas se trahir ni le laisser continuer dans cette direction.

Puisque tu as envie de ressentir la vie en toi, vas-y !

— Vous êtes un merveilleux infirmier, qui mérite une récompense... Vincent.

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