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15 - Le pont des Soupirs (1/2)

— Louise... morte ?

Au-delà de la piste qui se terminait en cul-de-sac, apprendre le décès de la gouvernante choquait Perrine. Louise, qui enseignait à aller de l'avant, qui se battait pour sauver sa mère de la dépression, qui aimait tant la vie, avait succombé à...

Quarante et un ans, calcula Perrine, atterrée. Elle en avait vingt-huit à la lettre de papa.

— Oui, mon enfant. Le drame l'avait affectée, elle voulait respirer l'air pur de la montagne, grâce au pécule laissé par vos parents dans leur testament.

Avec la déchéance, et suivant les lois de Nébelisse, tous les biens étaient revenus à son oncle et sa tante, mais ceux-ci avaient honoré les legs prévus sans rechigner, comme ils avaient accueilli la fratrie à bras ouverts.

— Elle voulait respirer ? intervint Vincent Morisot.

Il tentait de briser le silence lourd, de relancer la conversation. Marise poursuivit avec des étoiles dans ses yeux délavés :

— Louise m'avait tant vanté l'air pur et la beauté des montagnes que j'ai accepté de la rejoindre au printemps dans une maison sur un plateau isolé entre les nantis et les diplômes. Nous nous promenions, lisions, discutions, chantions, dansions. Ce fut une merveilleuse période...

Une pause, et les traits de Marise se froissèrent.

— Puis est arrivé l'automne. La chute des feuilles, les pluies, et les jours qui raccourcissaient m'ont effrayée. J'ai hésité longtemps jusqu'à ce qu'une meute de loups tuent toutes nos poules. Louise et moi avons eu une horrible dispute, elle ne comprenait pas que je veuille m'empoisonner sous le brouillard de Nébelisse.

— Vous vous êtes alors séparées en mauvais terme, compléta Perrine.

Des larmes roulaient sur les joues de Marise, qui hocha la tête en reniflant. Lorsque Vincent Morisot entreprit de chercher des mouchoirs dans le bric-à-brac en laiton, une fine poussière se soulevait à chaque objet déplacé. Perrine éternua dans sa manche et resta ainsi pour se protéger.

Après quelques minutes, les bruits métalliques cessèrent et son partenaire revint avec un tissu élimé. Marise se moucha en silence, confirmant sa bonne éducation.

Pourquoi vit-elle dans cette rue emplie de prostituées, et dans cette misère ?

Les méandres sous le crâne de certaines personnes la surprenaient, elles lui apparaissaient si illogiques. Perrine préféra ne pas se perdre dans maintes suppositions. Le destin funeste de son ancienne gouvernante requérait toute son attention, mais Vincent Morisot la devança :

— Si Louise et vous aviez rompu le contact, comment savez-vous qu'elle est décédée ?

— Nous continuions à nous écrire, puis notre correspondance a cessé. Quelques mois plus tard, un notaire me convoquait chez les diplômés, et j'apprenais la mort de Louise lors d'une chute dans un ravin à cause de la neige. Elle m'avait tout légué !

Cette fois, Marise conservait un port digne, et Perrine ne retint pas la question qui lui brûlait la langue :

— Même si rester dans la plaine vous convient mieux, pourquoi ici ?

— J'ai toujours vécu dans le secteur des pêcheries, et j'y ai rencontré Louise par hasard, alors qu'elle faisait des courses sur le marché. Un mendiant tentait de la voler, je l'ai secourue. Nous sommes vite devenues amies, elle m'a aidé à acheter cette maison et à m'occuper des prostituées.

— Des prostituées ?

Marise lui décocha un maigre sourire.

— Ma mère enseignait à l'école du secteur, nous éduquait ma sœur et moi et économisait pour que nous apprenions un métier plus digne. Je m'imaginais rejoindre les peintres, ma cadette les boutiques de mode. Un jeune noble l'a trompée, prêtée à des acolytes durant des mois, et elle a fini ses jours dans cette rue quand l'un d'eux l'a engrossée. La honte et le désespoir l'ont emportée, malgré notre soutien.

Depuis, vous essayez d'améliorer leur vie, au détriment de la vôtre. À la mémoire de votre sœur.

La trahison d'un homme avait encore détruit une innocente. Perrine jeta un coup d'œil rageur à Vincent Morisot, qui, à cet instant, représentait toute la bassesse de la gent masculine. Son visage crispé la déstabilisa, il semblait condamner l'attitude du bourgeois. Se comporterait-il différemment s'il s'intéressait à une jeune ouvrière ?

Peut-être, mais il exploite les enfants.

— Je suis désolée de vous avoir apporté de mauvaises nouvelles, conclut Marise.

Dès qu'elle se leva, Perrine l'imita et extirpa une bourse de la poche de sa robe. Entendre le récit de son hôtesse au sujet de sa sœur lui avait dessillé les yeux sur sa manière de voir les prostituées. Ces victimes ne méritaient aucun mépris.

— Pour votre noble action envers ces femmes.

Marise ouvrit la bouche, hésita, avant de baisser la tête.

— Garder vos nébels, vous avez aussi souffert.

— Alors, acceptez les miens, intervint Vincent Morisot.

Les pièces passèrent de main en main, et Marise attrapa un petit tableau, qu'elle enveloppa dans un journal.

— Si vous ressortez sans, on vous le reprochera.

******

— Qu'en pensez-vous ? demanda Perrine, une fois dans la rue.

— Marise Fornia nous dit la vérité sur son rôle dans cette rue, le comportement de la prostituée à nous scruter avant de nous indiquer la maison. Ces femmes protègent leur bienfaitrice. Quant à Louise, c'est une autre histoire.

— Vous avez raison, nous devrions vérifier son décès.

— Perrine Beauciel d'accord avec moi, extraordinaire ! Devrais-je ouvrir une bouteille de champagne ?

Elle ne retint pas un coup avec le cadre du tableau, et Vincent Morisot gémit :

— Ouch, pourquoi tant de haine !

Ses yeux de chien battu provoquèrent leurs rires. Puis Perrine se ressaisit. Que lui prenait-il de sympathiser avec un espion, imposé par le couple royal, abuseur d'enfants !

— Je préférais votre visage d'avant, très joli avec vos cheveux auburn, même s'ils ne sont pas déliés.

— La séduction ne fonctionne pas sur moi, monsieur Morisot !

Malheureusement, ses joues la trahirent. Elles lui brûlaient tant que Perrine plaqua ses paumes dessus et tourna le dos à son tortionnaire... qui lui enserra la taille. Alors qu'elle allait le repousser, il lui murmura à l'oreille :

— Jouez l'amoureuse. Que voyez-vous à l'entrée de la rue ?

Perrine se retourna en riant et passa ses bras autour du cou de Vincent Morisot, qu'elle obligea à se déplacer. Le nez contre son épaule à l'odeur graisseuse, elle l'éclaira :

— Sept mendiants d'après leurs habits, mais leur corpulence ne correspond pas à des mal-nourris, d'autant que leurs chaussures sont solidement attachées. Deux ont une main dans leur veste, les autres dans la poche de leurs pantalons. Certainement prêts à extraire un poignard, une matraque ou un pistolet.

Vincent Morisot sursauta entre ses bras.

— Rappelez-moi de vous engager quand je chercherai un criminel dans une foule.

— Vous n'êtes pas policier. Ils s'approchent avec des démarches d'homme ivre, on fait quoi ? Nous battre à deux contre sept, même avec nos talents réunis, ne me semble pas une bonne idée. Ni retourner chez Marise, nous la mettrions en danger ou ils nous attendraient.

— La Lowat coule à l'autre extrémité de la rue. Un canot taxi nous ramènerait au cœur de la ville.

— Des canots taxis dans ce coin ?

— Très discrets pour venir se... soulager, railla Vincent Morisot.

Bien entendu ! T'es qu'une idiote, Perry.

Elle se détacha du jeune homme et s'écria :

— Chéri, et si on rentrait en bateau ? Nous irions plus vite.

Ils partirent bras dessus bras dessous, et prétextèrent des câlins pour jeter un coup d'œil derrière eux chacun à leur tour. Malgré le danger, la proximité physique de Vincent Morisot perturbait Perrine. Pendant le combat pour le couple royal, elle avait « tâté » les muscles durs, mais la douceur de son épiderme au niveau de son cou et du menton l'avait surprise. L'indice d'une peau glabre ? L'envie de vérifier son hypothèse sur son torse picota ses doigts.

Bon Dieu, Perry, c'est pas le moment d'étudier son anatomie !

Heureusement, sa gêne trompa Vincent Morisot.

— Ils ne nous attaqueront pas dans cette rue, la sécurité du client l'exige, ni à partir du pont des Soupirs. Soit nous parvenons à l'atteindre soit un canot taxi nous récupère rapidement.

— J'en regretterai presque vos gamins... presque j'ai dit, ajouta Perrine au regard appuyé de son partenaire.

Ils parcoururent les derniers mètres en silence, comme des lutteurs qui se préparaient psychologiquement dans le coin d'un ring. Il se matérialisa sous la forme d'une berge, une large bande de mauvaises herbes longeant l'arrière des maisons décrépies ou des murs noircis. Des bateaux à vapeur, emplis de marchandises, circulaient dans les deux sens sur la Lowat.

Aucun canot taxi ne s'approchait du bord.

Un kilomètre les séparait du pont des Soupirs.

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