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13 - Un violoniste solitaire (2/2)

Face aux yeux du plus malheureux du monde, Daphné pouffa, ce qui fit relever la tête à Touffu. Son aboiement joyeux démontra son talent de comédien, au point d'en oublier son maître. L'inconnu tendait un gobelet.

— Buvez, ça va vous ravigoter !

Son amie le vida d'un trait, puis toussa comme une écorchée vive.

— C'est... c'est quoi ? demanda-t-elle d'une voix déformée.

— De la bonne gniole, croyez-moi.

L'homme, aux longs favoris bruns comme les poils de Touffu, s'en servit un verre, qu'il avala sans ciller. Melinah préféra sa gourde, sur laquelle se rabattit aussi Daphné. Elles se relevèrent ensemble, mais quand la jeune peintre se détacha, un étrange vide l'envahit.

Les émotions, certainement.

— Monsieur, nous vous remercierons pour votre aide. Je ne comprends pas pourquoi le lynx nous a attaquées.

— Vous vous êtes très bien débrouillées, d'autres auraient couru, la queue entre les jambes. Et pas de monsieur entre nous, je suis Gontrand.

— Gontrand Lemercier, le violoniste ? C'est vous que nous venions voir, souffla Daphné.

— Mazette, deux jolies dames, j'en ai de la chance. Je vais vous montrer quelque chose, puis nous irons chez moi pour casser la croûte et vous me direz ce qui vous amène.

Melinah aurait préféré aborder les choses dans un ordre inverse, mais son éducation l'empêchait de bousculer leur hôte. De plus, Gontrand arborait un air mystérieux. Lui refuser sa surprise risquait de se retourner contre sa quête. Elle lui emboîta donc le pas avec Daphné, accrochée à son bras. Le léger parfum à la violette de la jeune peintre lui envoyait des milliers de papillons dans son ventre, dont elle ne chercha pas la signification. Une nouvelle sérénité la comblait, peut-être l'effet de la nature avec son magnifique paysage, ou peut-être l'effet de Touffu aux aboiements enthousiastes.

Peut-être...

Du moment que cet instant durait, elle s'en contenterait.

Le musicien se retourna soudain, un index sur ses lèvres, avant de leur faire signe d'approcher. Il s'était accroupi à côté d'un bosquet, où d'étranges miaulements en sortaient.

— Des bébés ! murmura Daphné avec excitation.

Elle lui attrapa la main et la tira auprès de Gontrand.

— Nous sommes face au vent, le lynx ne vous sentira pas.

Melinah retint son souffle, tandis que sa vue perçait le feuillage et enfin découvrit deux petits. Les boules de poil brun clair, pataudes sur leurs courtes pattes, se chamaillaient, trébuchaient, et roulaient, sous l'œil attentif du félin. S'ils s'éloignaient un peu trop, un cri rauque les rappelait à l'ordre.

Le lynx dressa soudain la tête et gronda. Aussitôt, les bébés coururent se mettre à l'abri dans le terrier derrière leur mère, qui s'y glissa ensuite.

Gontrand intima de reculer sans bruit. Melinah l'imitait avec Daphné, à demi pliée, en évitant de marcher sur les rares brindilles et feuilles à terre. Sitôt que le musicien retrouva une position verticale, la jeune peintre déclara :

— Quel merveilleux spectacle, ils sont si mignons !

Et si dangereux, compléta Melinah.

Son amie, aux yeux emplis d'étoiles, semblait oublier ce fait, auquel elles avaient fait face moins d'une demi-heure plus tôt. Elle ne tenta pas, pour autant, de lui pointer son incohérence.

N'est-ce pas étonnant qu'une mère élève ses petits aussi prêts du chemin qui va chez vous ? s'enquit plutôt Melinah.

Gontrand s'esclaffa, avec une claque sur son pantalon en toile. Mieux habillé qu'un ouvrier, moins bien qu'un artisan, son allure surprenait chez un musicien à la stature internationale. Son attitude simple également.

— Je veux pas vous vexer, mais vous vous êtes perdues. Touffu et moi, on se baladait dans le coin, heureusement pour vous.

Quoi ?

— Tout le monde peut se tromper, la consola Daphné avec un grand sourire. Viens.

Son amie avait de nouveau passé un bras sous le sien : elle s'était immobilisée sans s'en rendre compte. Melinah ne la repoussa pas et écouta les explications de Gontrand sur la flore et la faune des lieux, tandis que Touffu courait en tous sens.

— Nous arrivons, déclara enfin leur hôte. Je vous invite à grailler avec moi, on parlera de votre visite après.

— Il nous faudra rentrer pas trop tard, objecta Melinah, préoccupée à nouveau par sa mission.

— Touffu et moi, on vous raccompagnera au premier plateau, départ à 16 heures.

Soit 18 chez Daphné, et 20 chez mon oncle avec un aérocab, parfait.

Melinah se détendit, le programme lui convenait, d'autant que Daphné l'obligea à s'asseoir sur un des deux fauteuils, garnis de coussins moelleux.

— Repos, je m'occupe de toi, maintenant.

Quand son amie s'agenouilla pour lui ôter ses chaussures, elle jeta un coup d'œil vers la maison.

— Il va préparer le repas, ne t'inquiète pas !

Sauf qu'on ne supprimait pas des années d'éducation. Melinah intima à Daphné de retourner son siège, avant d'accepter ses soins. Les mains douces, à travers ses bas, finirent par vaincre ses dernières réticences. Ses paupières se fermèrent, un soupir d'aise lui échappa. Son amie lui massait maintenant les voûtes plantaires avec de l'eau tiède.

Divin.

Tout comme les ondes le long de ses jambes, jusque dans son ventre. C'était la première fois qu'elle « subissait » un tel traitement, à se reprocher de ne pas l'avoir testé plus tôt. Ses yeux s'ouvrirent sur la chevelure de Daphné, casque cuivré sous les rayons du soleil. La jeune peintre sentit-elle son regard ? Elle releva la tête et Melinah découvrit des taches vertes dans les iris mordorés. Leur intensité l'hypnotisa, brûla sa peau, arrêta sa respiration.

Et relança les coups désordonnés de son cœur.

Le monde n'existait plus, ou plutôt, il aurait pu s'écrouler sans qu'elles s'en rendent compte. Étrange phénomène qu'une voix forte rompit :

— Le repas est prêt ! Vous m'aidez à mettre la table ?

Melinah repoussa sa jupe sur ses jambes d'un geste brusque, alors que Daphné bondissait et dressait son corps en rempart.

— Il est rentré, la rassura-t-elle. Je vais lui donner un coup de main.

Les allers-retours de son amie entre la maison et la cour permirent à Melinah de se rhabiller. Comme si Gontrand avait attendu qu'elle soit à nouveau présentable, il sortit avec un plateau.

— Saucissons, patés, fromages de montagne, pain fait maison, tomates et salades d'un fermier. Rien que du bon, rien que de sain. Vous allez vous régaler !

L'estomac de Melinah approuva volontiers. Daphné pouffa, se tut quand le sien renchérit à son tour, et un éclat de rire marqua le début d'un repas « gastronomique ». Pendant qu'elles le savouraient, le musicien relata des anecdotes sur ses tournées : l'intérêt de certains pour le Taj Mahal qui faillit mettre leur concert en péril, au point que le chef s'en arrachait les rares cheveux ; le refus aux membres de couleur de jouer dans une salle à Boston, l'orchestre soudé avait fini par avoir raison de la stupidité des organisateurs ; la lettre émouvante d'enfants malades, bloqués à Noël dans un hôpital, les avait poussés à faire un mini-concert dans la salle de jeu.

Plus Gontrand racontait son passé, plus il s'animait, tant qu'au moment où il se tut, Melinah lui demanda :

— Pourquoi avez-vous arrêté ? Vous avez de belles années encore devant vous.

Les épaules de l'artiste se voûtèrent, comme si vingt années lui tombaient dessus. Même son visage s'était fripé. Il retourna dans sa maison et revint avec un violon, qu'il cala sous son menton. Une mélodie d'une tristesse infinie s'éleva vers le ciel, tandis que Touffu se couchait aux pieds de son maître, le regard malheureux. Si quelques fausses notes frappèrent les oreilles de Melinah, l'émotion existait, au point qu'elle devait ciller pour chasser des larmes.

En revanche, Daphné fixait les mains de Gontrand et ses lèvres se pinçaient au moment où l'archet ne jouait pas correctement. Qu'avait-elle remarqué ? Son amie l'éclaira à la fin du morceau :

— Vous avez eu un accident ? Votre poignet me semble raide sur certains mouvements.

Bravo, Daphné !

La jeune peintre, avec sa supposition, orientait la discussion vers le but de leur visite. Melinah retint son souffle, mais Gontrand ne daigna pas répondre de suite. Il caressa le bois de son violon, se rassit... et extirpa une pipe. Ses yeux bleu pâle les avaient oubliées, ils regardaient un point au loin.

Un point dans le passé.

Sans allumer sa pipe, Gontrand parla d'une voix enrouée :

— Rempiler sans les anciens membres de mon orchestre, j'aurais l'impression de les trahir. La plupart sont morts dans le naufrage de la Bourgogne.

— Un terrible accident, renchérit Daphné. Melinah est aussi concernée que vous.

— Ah ? Vous avez perdu quelqu'un de proche ?

— Mon père, mais je n'en ai pas la preuve. Il voyageait incognito, c'était l'ami de Léon Pourteau et la raison de notre visite. J'ai besoin de savoir. Un homme de grande taille avec des cheveux roux, une force de la nature. Il s'était rendu plusieurs fois en Amazonie. Cela vous rappelle quelque chose ?

Gontrand fronça les sourcils un long moment, puis secoua la tête.

— Nous n'emmenions ni ami ni famille avec nous, trop pénible, mais certains faisaient semblant. Il est donc possible que votre père fût à bord, ou non.

— Et avec son physique, vous ne vous souvenez pas ?

Une profonde tristesse assombrit le regard de Gontrand.

— L'orchestre était tout ce qui m'intéressait, et l'accident a beaucoup effacé... ma mémoire, je suis désolé.

Melinah eut honte d'insister ainsi auprès de cet homme, qui avait souffert un cauchemar avec ce naufrage. Elle s'excusa et proposa de prendre congé. Le musicien réagit à peine, même quand Daphné lui souffla :

— Le meilleur hommage que vous pourriez leur donner c'est de jouer à nouveau, ils revivraient à travers vous.

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