Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

12 - Les alliés (2/2)

Le cœur de Perrine manqua un battement : depuis quand Vincent Morisot était-il entré dans la salle à manger ? Son front plissé indiquait son étonnement, la bouche figée, l'amusement qu'il réprimait.

Ça le divertit ? Continuons donc, les hommes adorent les femmes provocantes.

Perrine sauta sur ses pieds, passa un bras autour du cou du patron du Lynx des aérocabs, aussi grand qu'elle, et s'appuya contre son côté gauche. Pas trop. Elle ne désirait pas le déséquilibrer ni l'obliger à plus compenser avec sa canne. Le parfum boisé, discret comme son hôte, lui titilla le nez. Elle s'interdit de l'humer.

— Oh, te v'la, mon chou. J'trouvais l'lit bien froid c'matin. Pourquoi tu m'as lâchée pour les nanties ?

Une main glissa sur sa taille et Perrine se retrouva collée à la hanche de Vincent Morisot. Le handicap du jeune homme lui avait fait oublier sa force physique. Pourtant, elle en avait reçu une superbe démonstration la nuit dernière dans la salle de combat. Il la bloquait maintenant et ses yeux, d'un gris clair, riaient.

— Vous profitiez tant des bras de Morphée, ma chère Perry, que je n'ai pas eu le courage de vous réveiller. Attention, je pourrais me montrer jaloux.

Le souffle chaud de Vincent Morisot avait effleuré son oreille, à moins que ce fussent ses lèvres, lui provoquant une onde électrique de la tête au pied. Perrine maudit sa réaction et encore plus son hôte. Avant qu'elle ne puisse le remettre à sa place, celui-ci la lâcha et gagna le buffet.

— Benoît, que pensez-vous de notre invitée ? Imite-t-elle bien les ouvrières ?

— Mademoiselle Beauciel a du talent, monsieur, mais elle devrait moins jouer sur le côté... vulgaire. Un peu trop caricatural.

— Voyons, Benoît, elle se prenait pour ma maîtresse.

— Je sais, et j'en suis désolé pour notre maison.

Notre maison ? Ils me tendent un piège, se moquent de moi, et se lamentent ensuite de mon attitude ?

Son sang bouillonnait dans ses veines. Alors qu'elle ouvrait la bouche pour tancer les deux compères, le serviteur la devança :

— Veuillez m'excuser, mademoiselle, je n'aurais pas dû vous tromper.

— Non, c'est à moi de m'excuser, intervint son hôte. Benoît obéissait à mon ordre.

— Mais non, monsieur, tout est de ma faute...

Les deux hommes, dont la chevelure blanche se différenciait par la quantité, se chamaillaient sur celui qui offrirait les plus belles excuses. Perrine s'esclaffa et ils la fixèrent, ahuris. Son rire contagieux finit toutefois par les atteindre, Vincent Morisot l'imita, Benoit sourit.

— Si nous mangions, maintenant, enchaîna son hôte. Votre estomac ne tiendra plus trop longtemps, le mien non plus.

Il l'invita de la main à s'installer sur la terrasse, couverte d'une pergola, que des roses jaunes décoraient. Si la couleur de la fleur s'accordait avec les teintes de la salle à manger, Perrine se doutait que le choix résidait dans le parfum plus délicat et léger que les autres espèces. Il n'incommodait pas les repas. Au-delà de la rambarde, un magnifique parc à l'anglaise avec une pièce d'eau, où des oiseaux s'abreuvaient, ravissait les convives.

— Vous partager ce superbe jardin avec la propriétaire de la boutique de mode ?

— Est-ce un moyen de vérifier votre supposition ?

Benoit qui disposait leurs assiettes sur la table ronde, recouverte d'une nappe verte, ne lui permettait pas de voir son hôte, mais il avait conservé son ton amusé.

Si différent du patron du tripot la nuit, distant, presque froid. Intéressant.

La vie lui avait appris à garder un maximum ses cartes en main, et à découvrir celles de ses adversaires, avant qu'eux n'y parviennent. Même si Vincent Morisot ne se classait pas dans cette catégorie, les souverains le lui avaient imposé. Il leur rapporterait ses faits et ses gestes.

Je lui fausserai compagnie le moment venu.

— Deux nébels pour connaître la raison de ce front soucieux.

Perrine cligna des paupières, Vincent Morisot l'étudiait tout en dégustant une salade composée avec du saumon frais. Elle-même délaissa le bacon et se contenta de ses œufs.

— Votre manière d'analyser les gens et de retourner les questions.

Un demi-mensonge, il ne la trahirait pas.

La fourchette de son hôte s'immobilisa une seconde en l'air avant de poursuivre sa route vers l'assiette.

— Je suis le propriétaire de la boutique, une activité innocente pour dissimuler une autre qui l'est moins.

— Ah oui, vous possédez un club de jeu a annoncé le couple royal. Au premier étage, puisque votre logement privé se situe au second. Les bourgeois, la nuit ; les bourgeoises, le jour. Il vous arrive de dormir ?

Le rouge monta aux joues de Perrine. Vincent Morisot allait s'imaginer qu'elle le provoquait à nouveau.

— J'essaye de garder quelques heures pour ma maîtresse, j'en change souvent.

Il se moquait d'elle ! Il avait très bien compris qu'elle n'avait pas voulu se montrer impertinente ni se risquer sur un terrain intime. Elle tenta de rattraper sa maladresse :

— Vous ne recevez pas de femmes ici, Benoit l'a avoué.

Un silence accueillit sa remarque, il clôturait l'incident. Perrine, soulagée, saisit une fraise, qu'elle enroba de crème, et la dégusta, les paupières closes.

Quel dessert divin !

Le fruit rouge, gorgé de jus, fondait sous la langue. Alors qu'elle recommençait l'exquise expérience avec une seconde, Vincent Morisot lui souffla :

— Pouvez-vous faire confiance à un serviteur qui obéit à mes ordres ?

Perrine s'étrangla. Son hôte la prenait en traître et, pire, mettait en défaut ses propres directives ! Ses mains se refermèrent sur sa serviette, puis se détendirent : la colère la rendrait vulnérable face au calme de son assaillant. Elle lâcha donc d'un ton badin :

— Je me disais bien que les décorations possédaient une touche féminine. Avec toutes vos admiratrices dans la cour, vous avez l'embarras du choix. J'espère simplement que je n'occupe pas son lit, je regretterai de déranger vos loisirs, ou que je ne porte pas une de ses robes.

Vincent Morisot rétorqua par un éclat de rire. Des rides se plissaient au coin de ses paupières, le gris de ses yeux brillait dans son visage hâlé. Un bel homme. Les bourgeoises ne s'y trompaient pas, à en ignorer sa taille moyenne et son handicap.

Le bel homme lui déclara :

— Je pourrais presque vous croire jalouse. En tout cas, je n'aimerais pas être votre ennemi, si vous traitez ainsi vos alliés. La robe que vous portez a été achetée dans un magasin pour les ouvrières, et vous avez passé le test sur votre capacité à vous déguiser.

Perrine s'en tirait à bon compte, elle rebondit sur la dernière information :

— Où voulez-vous en venir ?

— Vous m'avez dit que vous recherchiez votre ancienne gouvernante, hier soir, vous vous souvenez ? Un gamin qui travaille pour moi pense avoir une piste, une amie à elle. Je monte me changer, terminez votre déjeuner tranquillement.

Tandis que Perrine digérait la bonne nouvelle, Vincent Morisot se leva. Il sembla hésiter une seconde avant de franchir le seuil de la salle à manger, puis il lui susurra :

— Peut-être, le lit aiguisera votre imagination. Oh, et votre façon de savourer les fraises pousserait n'importe quel homme à vous croquer. Prenez garde, tous n'ont pas ma galanterie.

******

Vincent claqua la porte de son dressing plus qu'il ne la ferma et jeta un coup d'œil rageur à son image dans le miroir. Il était pathétique, sa provocation était pathétique... et si vulgaire.

Qu'est-ce qui t'a pris ?

La réponse s'imprima aussitôt dans sa tête : l'envie de la faire rougir, certainement pas d'abuser d'elle sur un plan intime. Elle était adorable, comme autrefois au collège, les joues rosies par une activité à l'extérieur. La petite fille se méfiait déjà des garçons, après la trahison de son père. Pourtant, elle l'avait encouragé à lutter contre les élèves qui raillaient sa taille, due à un retard de croissance, et sa faiblesse physique.

Et lui, il la remerciait comment aujourd'hui ?

En revêtant l'habit d'un goujat, alors qu'il suffisait de dire la vérité. Sa mère, Adélaïde, et Daphné l'avaient aidé à arranger la maison, et la chambre que Perrine occupait était celle de sa cousine... dont les goûts s'orientaient vers ses semblables. Aucune maîtresse n'avait jamais franchi le seuil de son appartement, il leur rendait visite ou utilisait un logis de vacances. Discrétion et réputation obligeaient.

Que Perrine ne reconnût pas en lui l'adolescent châtain maigrelet du collège ne justifiait pas son attitude indigne. Elle lui apparaissait incompréhensible, d'autant qu'il avait crié à la jeune femme, déguisée en garçon, de se réfugier chez lui après le « message » de Honoré Fidulas.

Je ne savais pas qui elle était, mais c'était avant l'ordre du couple royal.

— Justement, et si je cherchais autre chose ? demanda Vincent à son miroir.

S'il entretenait la méfiance naturelle de Perrine envers les hommes, elle parviendrait alors à sauver sa vie, au cas où il devrait presser un pistolet sur sa tempe.

— Ou à te tuer !

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro