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1 - Le Lynx des aérocabs (1/2)

Treize ans plus tard.

Éclairage tamisé, rideaux cramoisis fermés sur la nuit, aquarelles d'impressionnistes aux murs et tables recouvertes de tapis vert sapin : un raffinement discret habillait le Lynx des aérocabs.

Ne jamais se fier à une figure aimable, la belle reste un tripot ! ironisa Perrine.

Il suffisait d'écarter la robe pour noter les détails qui aidaient les nobles et les bourgeois à se délester de leur précieux magot. Des chérubins à la mine coquine dansaient  aux plafonds, des liqueurs ou du vin rouge millésimé coulaient à flots dans les verres en cristal, des« accompagnatrices » aux parfums capiteux se pendaient aux bras des hommes.

Toutefois, ces dernières demeuraient intouchables.

Le propriétaire du Lynx des aérocabs interdisait la prostitution et les comportements violents. Si certains y trouvaient à redire et se rendaient ailleurs, une majorité se pliait volontiers aux règles... qui permettaient aux femmes d'en jouir. Elles avaient ainsi droit à leurs « accompagnateurs » si elles le désiraient. Cette présence féminine encourageait les attitudes respectueuses des hommes, augmentait leur envie de parader, assurait la réputation du club de jeu dans la bonne société.

Une excellente stratégie pour remplir les caisses.

Quant à l'identité, chacun portait un masque, mais beaucoup ne cherchaient pas à la préserver.

Sinon, un déguisement ferait mieux l'affaire.

Perrine en portait un. Les rares engrenages cousus sur la veste noire et sa simple perruque brune la classaient dans les petits bourgeois. Sa voix voilée, elle, ne nécessitait pas de modification.

Son verre de vin avalé, elle se concentra sur ses trois partenaires de jeu. Celui à sa gauche qui devait lancer le tour se dandinait sur son siège et jetait des coups d'œil à ses alliés éphémères de la partie. Elle l'avait laissé mariner dans son jus, se contentant de contempler la pièce.

Mon gars, la chance sourit aux audacieux.

— Si vous me permettez, je vais vous faciliter votre choix, minauda-t-elle.

Les mâchoires des trois joueurs s'affaissèrent un peu plus à chaque carte que Perrine alignait sur le feutre vert sapin.

— Quinze d'atout, quatorze, cavalier de cœur, valet, dix et... petit au bout.

Un silence lourd accueillit sa dernière annonce. Il ne dura qu'un souffle.

— Avec ces plis, aucun doute. Garde contre réussie, venez voir ! s'écria une femme.

Le vide autour de la table disparut en un claquement de doigts : des spectateurs, tel un troupeau de vaches affriandé par une herbe grasse, se bousculèrent. La comparaison n'amusa pas Perrine.

Toi qui t'obligeais à te fondre dans la masse, c'est loupé.

Depuis quatre mois, elle fréquentait le Lynx des aérocabs de temps à autre et ne s'intéressait qu'aux tables de tarot, jeu moins recherché que le poker ou le bridge. Ce plan remplissait ses poches sans attirer l'attention.

Jusqu'ici.

— Messieurs, nos dix parties sont terminées. Je garderai un bon souvenir de cette soirée, qu'il me faut quitter, hélas.

— Avec votre veine, jeune homme ? s'étonna un des curieux. Pourquoi ne pas en profiter plus et nous régaler ?

— Ou auriez-vous peur que nous récupérions nos mises ?

Le joueur, au visage poupin à peine couvert d'un loup et à la moustache blonde, la scrutait d'un air glacial sous ses paupières à moitié baissées. Il n'aimait pas perdre son argent et ne l'affichait qu'à elle. 

Mon « pactole » ne vaut pas le centième du diamant sur sa cravate Ascot !

— Vous m'avez démasqué, monsieur, confia-t-elle d'un ton accommodant. La chance finira par tourner, je préfère rester humble devant cette redoutable maîtresse.

Des rires discrets accueillirent son « aveu », des murmures approbateurs renchérirent, les deux joueurs mutiques hochèrent la tête. L'homme au diamant, lui, pinça les lèvres.

Je le disais, toujours se méfier d'une figure aimable.

Les commentaires chuchotés moururent et les curieux échangèrent des regards inquiets. Certains reculaient d'un pas.

Ils ne craignent pas une bagarre ?

Son corps se raidit. Elle se battrait sans souci contre n'importe quel quidam, à condition de ne pas se retrouver en prison le lendemain. Or, cette conclusion peu glorieuse lui tomberait fatalement dessus, que l'issue du combat lui soit favorable ou non. Melinah, son aînée, ne manquerait pas de lui reprocher sa bêtise. Arthus aussi.

Comment éviter un tel incident ?

À sa grande surprise, la réponse vint de la masse grouillante autour d'eux.

— Allez, Honoré, inclinez-vous. Votre entreprise survivra à cette perte insignifiante, vous y survivrez.

Honoré ? Honoré Fidulas, le président de CarboIndus ? Mazette, t'as tapé fort, Perry !

Les spectateurs s'écartèrent devant le sauveur tombé du ciel : un homme de taille moyenne,  aux cheveux de neige et à la peau hâlée, arborant un habit à la coupe impeccable. Sa démarche claudicante prouvait que sa canne n'appartenait pas au décorum. Néanmoins, ni ce léger handicap ni son jeune âge, moins de trente ans, ne dévalorisait la force qui émanait de lui.

Sûrement Vincent Morisot, le propriétaire du club. Qui d'autre oserait s'adresser ainsi au bourgeois le plus puissant de Nébelisse ?

La bouche de Fidulas se détendit et ses yeux bleus pétillèrent. Le changement si rapide interpella Perrine. Aurait-elle imaginé leur froideur assassine ? Ses doutes s'effacèrent à la proposition du patron de CarboIndus :

— Je reconnais avoir trouvé un rude adversaire, et m'inclinerai devant sa victoire s'il accepte une nouvelle partie... chez moi, sans masque.

Les spectateurs pivotèrent dans un ensemble parfait vers Perrine. Sauf Vincent Morisot. Il continuait de fixer l'omnipotent bourgeois.

— Vous connaissez les règles. Les seuls défis que j'autorise restent entre les murs de mon établissement. 

— Vincent, vous toujours prêt à relever les challenges, vous me décevez. Tenez, je vous invite. Vous pourriez servir de témoin à ce garçon.

Il se croit dans un duel ? Un vrai cinglé ! 

— De protecteur, corrigea le propriétaire du club, et je m'assiérai à la table de jeu.

— Puisque vous le souhaitez, mon cher ami.

Perrine faillit s'étrangler : ces deux lascars planifiaient sa venue, comme de vieux camarades au coin du feu, comme si son accord valait de soi. Le rouge lui monta aux joues. Elle devait remettre à sa place ces acolytes d'un soir. Toutefois, refuser lui attirerait des remarques méprisantes, ou pire, lui fermerait les portes du Lynx des aérocabs. Les autres clubs ne lui arrivaient pas à la cheville pour gagner de l'argent. Cet argent nécessaire à son avenir et à celui d'Arthus dans ce monde gouverné par le statut social.

Jouons leur jeu pour l'instant.

Face à l"assemblée avide d'entendre sa réponse, elle redressa les épaules.

— J'accepte sous une condition non négociable. Le règlement du tri... Lynx des aérocabs s'appliquera chez vous... avec un prix conséquent.

Alors que Vincent Morisot demeurait impassible, Fidulas se frotta le menton.

— Et si je gagne ?

La question déstabilisa Perrine. Elle n'avait pas réfléchi à ce point, car elle ne s'imaginait pas perdre, encore moins se prêter à cette mascarade. Son sauveur la tira à nouveau de ce mauvais pas :

— Comme je suis le protecteur, je couvrirai la dette. En revanche, vous nous concocterez un magnifique bal masqué, qu'il serait dommage de manquer, et mettrez mon club à l'honneur. Une occasion d'attirer des clients.

Le président de CarboIndus se leva et proclama :

— Affaire conclue, mon majordome vous contactera pour la date et les détails dans quinze jours. Je vous laisse le soin de tenir au courant votre protégé.

Des applaudissements retentirent, les termes du contrat réjouissaient les convives qui se bousculèrent avec l'espoir de décrocher un carton d'invitation. Partagée entre le dégoût et le soulagement de ne plus être le centre d'attention des vautours-bovins, Perrine s'éclipsa avec son tas de jetons. 

Un besoin crucial de fuir cet endroit nauséabond la tenaillait.

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