Chapitre 2 : L'évidence Pokemon
J'arrive enfin au commissariat. Il y a certaines personnes qui attendent à l'accueil, et qui se retournent pour me voir, un gosse emmitouflé dans une serviette pour cacher sa nudité. On m'emmène pour une séance de prise d'empreinte, de photo, et interrogatoire. On prend mon visage et la tâche bizarre sur l'épaule en photo, et on me donne des habits, un tee-shirt rose et un pantalon rouge. Je ne fais pas ma fine bouche, c'est mieux que rien. Pour l'interrogatoire, j'ai le droit à une commissaire, l'agent Jenny. Elle me pose les même questions qu'au policier, avec bienveillance, mais je lui répond la même chose. Rien a faire, ma mémoire m'échappe. Je me concentre sur ce que je peux, et c'est tombé sur ses habits. Son uniforme, constitué d'une veste et d'une jupe courte, est serré à juste le corps, ressortant toutes les formes. Le haut est en majorité bleu foncé et bleu clair au mieux, avec du rouge au bord des manches légèrement retournées et sur le col, lui aussi retourné. Elle porte un pistolet en bandoulière, bien camouflé néanmoins, qui doit être fonctionnel, vu que l'étui est usé par les rentrée et sorties successives de l'engin. Mais elle n'est pas sur ces gardes cependant, je pense que cela doit être un gamin, et qu'on ne se souci pas d'un gamin...
Je me fais tout un tas de réflexion et d'analyse sur celle qui m'interroge, quelque chose de naturel, une sorte de méfiance instinctive ou éduquée. Je complète la panoplie de la police de ce pays inconnu, des talons noirs et haut pour les femmes, et un képi des même couleurs, mais avec une Etoile à cinq branche jaunes et en relief sur le couvre-chef. Elle me regarde de ses yeux bruns, balançant ces cheveux verts.
« Tu ne te souviens de rien alors, me questionne-t'elle une nouvelle fois.
- Non madame, je lui répond simplement.
- Il faudra que tu fasses un examen à l'hôpital. »
J'avale ma salive. Ce mot évoque pour moi de la souffrance, je ne sais pas pourquoi. Je laisse rien paraître, et je la suis au parking des voitures de police, où elle me réserve l'une de ces dernières, avec un chauffeur et son collègue attitré. Je m'installe à l'intérieur, puis avant de refermer la porte, elle crie :
« Caninou, viens ici ! »
Je suis surpris par ce nom. Qui dans sa brigade s'appèlerai "Caninou" ? Cela ressemble plus à un surnom qu'a autre chose. C'est alors qu'une grosse boule de poils oranges et brunes s'écrase sur mes jambes. Je suis pétrifié, j'ai peur des chiens.
« Tu n'as rien a craindre de Caninos, il est gentil et obéissant. »
Le chien aboie pour confirmer sa maîtresse, ou est-ce qu'une coïncidence. Quoi qu'il en soit, je n'arrive pas à bouger, d'autant plus que le chien se blottit sur les jambes. Le policier qui me sert de conducteur me jète un regard amusé à travers le rétroviseur intérieur, et commence à partir. J'essaye de faire partir cet encombrant personnage durant le trajet, mais rien à faire, il est lourd et déterminé à rester. Je reste alors droit comme un "i" dans la voiture, regardant dans le vide. J'ai peur des chiens, voila la première info que j'apprends de ma vie, en plus d'avoir peur des hôpitaux...
En cours de route, nous étions sur le bord de plage, toujours en direction de l'hôpital, quand un appel grésille dans la radio :
« Ici central, on a une maltraitance sur Pokemon sur la plage, près du restaurant de Nastina.
- Ici voiture 14, lui répond le collègue, nous sommes à côté, on prend.
- Très bien voiture 14, Carapuce maltraité par deux jeunes individus de 15 ans environs. Ils portent tee-shirt rouge et vert, et portent tous les deux une caquette.
- Très bien centrale, on y va. »
La voiture allume le gyrophare, et ce qui devait être une simple mission de conduite se transforme en mission de sauvetage. J'enregistre tous ces éléments dans mon esprit comme une éponge : Pokemon ? Nastina ? Carapuce ? J'ai compris que Carapuce est un Pokemon par déduction, et qu'un Pokemon est un être vivant, mais à savoir ce qu'est un Pokemon ! Je joue les ignares, et j'utilise la naïveté de mon nouveau corps pour poser la question :
« C'est quoi un pokemon ? »
Les deux policiers, pourtant concentrés, sont surpris de cette question, comme si c'était une évidence, et je comprend alors que cela en devait être une. Le policier passager se retourne vers moi :
« Tu sais pas ce que c'est qu'un Pokemon ?
- Bin non.
- Caninos est un Pokemon par exemple. »
Ce dernier bouge sur les genoux. J'hésite de lui dire ma prochaine réplique, mais je me lance, sachant que ce que je disais allait être faux :
- Bin non, c'est un chien ! »
Il me regarde d'un air qui me signifie que ce que j'avais dis était une connerie.
« On en reparlera plus tard, conclut-il avant de se retourner et d'échanger un regard interrogatif avec son collègue. Je roulais dans une voiture de police avec deux policiers qui me croient fou, un chien/pokemon qui me fait peur, dans une région totalement inconnue, avec une mémoire défaillante, dans un corps qui ne m'appartient pas : qu'est ce qui ce passe bon sang !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro