Chez Nanou

7h30 :Point de vue de Kyle

Elle vient juste de partir. Je continue de fixer la porte dans l'espoir qu'elle revienne. C'est totalement idiot me souffle ma conscience. Ce matin, quand je me suis levé, je n'avais qu'une seule obsession. La revoir. J'ai pourtant bien essayé de me la sortir de la tête mais rien à faire. Même au lit avec une autre c'est son visage et son corps que je veux.

Depuis le soir où elle est partie en colère d'ici, je n'arrête pas de penser à elle, à sa bouche si sensuelle et naturellement pulpeuse,à ses courbes si parfaites, à son rire tellement communicatif, à son regard, timide mais qui peut d'un coup devenir brûlant et déterminé. Bref tout en elle me rend dingue. Toutefois, je me refuse toujours à succomber, je ne veux plus jamais ressentir ce que j'ai vécu avec Sabine, sa perte soudaine m'a bisé le cœur, elle l'a emporté avec elle à jamais. Hélas quand Elène est dans le coin, mon corps et en particulier une partie précise de mon anatomie réagit instantanément. Et plus je pense à elle, plus je deviens dur. Le problème, c'est que je suis toujours en présence de ma grand-mère, elle me fixe et je vois un sourire se dessiner sur son visage. J'ai toujours dans mes mains ce petit bout de papier qui contient le sésame, son numéro de téléphone.

- Qu'est ce qui te fais sourire comme ça mamie ?

- Toi mon grand, ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu aussi joyeux !

Mon sourire s'efface aussitôt, je m'interdis d'être heureux alors quel'amour de ma vie n'est plus là. Je sais au fond de moi qu'elle ne voudrait pas que je sois comme ça. Sabine était la bonté et la joie même, elle voudrait me voir heureux, j'en suis sûr seulement je n'y arrive pas. Je suis en colère, au début j'en voulais à la terre entière. Pour comprendre il faut que je vous explique ce qu'ils'est passé ce jour là, enfin du moins ce que je me souviens :

"Je me souviens, être parti de la maison, afin de rejoindre la caserne, je devais prendre ma garde. A peine arrivé, l'alerte est donnée,nous partons pour une personne présentant des douleurs au niveau de la poitrine, avec des antécédents cardiaques sévères. Je vous passent les détails, sans compter que mon esprit en a occulté certains. Par exemple, je suis incapable de me souvenir de la victime. Bref,nous partons avec mon équipe, l'intervention se passe bien, le smur nous rejoint puis nous pouvons transporter la victime. Dans le vsav,je me souviens que la radio était allumée, une deuxième équipe était dehors. Accident de la route, une voiture contre un poids lourd. Autant dire que nous savons déjà que la personne qui conduisait la voiture n'aurait pas beaucoup de chance de s'en sortir.Mais ce que je n'imaginais pas c'est que cette personne était la femme que j'aimait. Quand je l'ai appris en arrivant à l'hôpital, j'ai d'abord cru que c'était une blague mais ensuite quand j'ai croisé le regard du médecin et qu'il a confirmé l'horreur, je me suis effondré.J'étais anéanti. Très vite les parents de Sabine sont arrivés avec sa meilleure amie et c'est là que j'ai compris que ma vie n'aurait plus jamais le même sens. C'est quand j'ai entendu son père pleurer dans les bras de son épouse que j'ai réalisé que je ne tiendrais plus jamais ma future femme dans les bras, que je ne verrais plus jamais son sourire. Et c'est à ce moment précis que j'ai moi aussi arrêté de sourire. La colère a alors commencé à faire son petit bonhomme de chemin en moi. Et elle ne m'a plus vraiment quittée. Elle est toujours là, tapis tout au fond de moi et de temps en temps elle se manifeste. Au début, j'étais en colère contre tout le monde. J'en voulais injustement à cette personne qu'on a secourue, je pensais que si elle ne nous avait pas appelé alors j'aurais été appelé sur les lieux de l'accident, et j'aurais peut être réussi à la faire revenir parmi nous. J'en ai voulu à mes collègues qui n'ont pas réussi à la sauver, j'en ai voulu aux médecins, aux infirmières et même à mon chef qui a fait nos plannings. Si je n'avais pas été de garde ce jour là, c'est moi qui l'aurait conduite à ses rendez-vous. Bref, la colère peut faire faire et dire des choses vraiment horribles. J'ai très souvent pris part à des bagarres dans les bars, je me suis saoulé plus que de raison aussi pour ensuite finir dans un lit avec la première fille rencontrait dans la soirée."

En repensant à ça, je fronce les sourcils et en croisant le regard inquiet de Nanou, je me reconnecte à la réalité :

- Désolé Nanou, j'étais parti loin !

- J'ai cru comprendre mais s'il te plait Kyle, accepte enfin d'être heureux. Sabine restera dans ton cœur à jamais mais essaye de l'ouvrir aux autres.

- Grand-mère, je te jure que je vais essayer. Mais je dois y aller doucement.

- Oui exactement un pas après l'autre ! Comme quand tu apprenais à marcher !

J'éclate de rire, c'est exactement ça, il faut que je réapprenne comme quand j'étais petit. Mon petit papier toujours en main, je décide de lui envoyer un message :

Moi :Slt, j'ai été content de te revoir. Je te dis à ce soir ? K.

J'envoie le message, puis mon regard se pose sur la tasse de café vide qui se trouve devant Nanou, je lui en ressers un et je m'en sert un aussi. Puis je me souviens que Camille doit arriver aujourd'hui. Je me tourne vers Nanou, je me racle la gorge puis je lui demande :

- Au fait, mamie, ça te dérange si Camille vient passer quelques jours ici ? Il a quelques jours de congés.

- Mais voyons Kyle, tu es chez toi ici, pas besoin de demander la permission. Et puis tu sais que Camille, je l'aime comme un petit-fils.

Je souris aux souvenirs que j'ai dans cette maison avec Camille. Ma grand-mère était sa nounou et c'est ici que nous nous sommes connus. Le ping de ma messagerie me ramène au présent et quand je vois le nom de Elène s'afficher à l'écran, un énorme sourire naît sur mes lèvres.

Elène : Slt, moi aussi j'ai été contente de te revoir. Non pas ce soir désolée. Bonne journée et bon week end. E.

Son message me laisse perplexe, cette fille aura ma peau c'est certain.Mais ça me donne encore plus envie de la connaître. Et de la mettre dans ton pieu me chuchote ma conscience. C'est pas totalement faux.

- Hey oh, Kyle tu m'écoutes ?

- Oui excuses moi, vas y !

- J'étais juste en train de te dire que Elène est une fille extraordinaire mais il faut que tu fasse attention, elle n'a pas vécue que des choses faciles dans sa vie.

Cela fait déjà deux fois, qu'elle me met en garde mais je sais que si je lui demande d'être plus explicite, elle va m'envoyer sur les roses alors je me contente de hocher la tête en signe d'accord. Ma curiosité est attisée et je vais tout faire pour découvrir tousses petits secrets. Je suis devenu un maître dans l'art de la manipulation et je compte bien le prouver encore une fois. Cette fille est un vrai mystère mais plus pour longtemps.

La journée passe à une vitesse folle. Après le petit déjeuner, nous sommes sortis chercher le pain et faire quelques courses. Bien sûr,nous nous sommes disputés pour payer mais devinez quoi ? C'est moi qui est gagné. Nanou a passé tout le trajet du retour à râler.Elle est comme ça, de temps en temps son mauvais caractère refait surface mais ça ne dur jamais très longtemps. Ensuite, j'ai préparé le déjeuner, rien d'extraordinaire, des pâtes à la carbonara et une salade de fruit en dessert. Puis Nanou s'est installé devant son programme télé et moi ben j'ai tant bien que mal cherché à m'occuper l'esprit, enfin jusqu'à ce que mon chef se manifeste :

Moi : Sergent chef Robinson à l'appareil.

Chef : Kyle, ne sois pas si solennel ! Comment vas tu ?

Moi : Très bien mon commandant. Et vous ?

Il rigole puis il rajoute :

Chef : Ecoutes, je t'appel pour savoir comment tu te sens ? Et aussi parce que les autorités m'ont demandés si tu étais aller voir un spécialiste comme il l'ont exigés ?

Et merde, je regrette aussitôt d'avoir répondu. Je souffle puis je lui répond :

Moi : Ecoutez honnêtement, j'ai pas encore eu le temps mais promis je vais le faire Chef.

Chef : Je te crois mon garçon mais c'est pas moi qui décide et ils veulent une preuve de ta bonne fois. Alors j'ai pris l'initiative de te prendre un rendez-vous avec un psychologue à l'hôpital de Rennes.

Je laisse échapper un juron puis d'une voix résignée je répond :

Moi : Ok, donnez le jour et l'heure du rendez-vous et j'irais.

Chef : Tu as rendez-vous lundi à 15h avec le docteur Frau. Je suis navré de t'appeler pour ça vraiment. Sinon j'espère que tu te sentira vite mieux et que tu pourras reprendre le boulot.

Je souris, et nous continuons à discuter encore un petit moment. Qaund nous raccrochons il est temps pour moi d'aller chercher mon meilleur ami. Ce soir, nous avons décidés de sortir. Je pense l'amener dans ce pub, celui là même où j'ai rencontré Elène pour la première fois. Au fond de toi, tu espère la retrouver là bas, me souffle ma conscience. Et pour une fois je dois bien avouer qu'elle est perspicace cette satanée conscience.