L'homme courrait.

Il ne savait pas depuis combien de temps, ni où est-ce qu'il allait. Il faisait noir, il ne distinguait pas grand-chose.

On entendait seulement raisonner ses pas précipités ainsi que le bruit de sa respiration saccadée.

L'homme avait de la boue jusqu'aux genoux mais il n'y prêtait guère attention.

Soudain, dans le noir complet, il vit un fin trait de lumière. L'homme leva la tête et laissa échapper un soupir de soulagement ; il avait enfin trouvé une sortie.

Avec une surprenante agilité, l'homme réussit à atteindre la grille par laquelle filtrait la lumière de l'extérieur. Il souleva le grillage et put enfin sortir de la bouche d'égout.

Mais, alors que le vent froid soufflait sur son visage, l'angoisse reprit le dessus. L'homme renouvela sa course effrénée. Il cavalait jusqu'à en perdre haleine, jusqu'à ce que ses os se brisent.

Il déboucha finalement dans une rue animée. L'homme se fraya un passage parmi la foule et se précipita dans le premier commerce venu.

C'était une boutique calme, avec une clientèle raffinée. L'homme fut dévisagé par ces personnes issues d'un milieu aisé.

Un vigil vint à la rencontre de l'homme.

- Monsieur, vous ne pouvez pas rester ici, dit-il.

- Je vous en prie, puis-je rester deux minutes ?

- Non, Monsieur, je suis désolé. Veuillez sortir ou j'appelle la police.

L'homme sortit à pas lent, la boule au ventre.

Il était perdu.

Le vigile ferma la porte du magasin et se posta à l'entrée.

L'homme s'éloigna, les poings serrés.

Le voilà seul.

Seul, face à son destin.