Chapitre 21
Dans ma très belle cage dorée
J'aimerai revoir la liberté
J'aimerai briser la solitude
J'aimerai quitter mon inquiétude.
Je le veux mais je ne le peux,
Mon cœur est tellement souffrant,
Ma tête est remplie de tourments.
Étouffée par mes jolis rêves,
J'ai oublié la trêve.
J'ai oublié mes sentiments,
J'ai oublié ma joie d'antan.
Paul, si j'ai toute ton attention
Je te donne grandement raison
Je nous ai oublié,
Emportée par un futur rêvé.
Un tonnerre d'applaudissement suivit la dernière note de la chanson. Le public, envouté, se leva pour acclamer la resplendissante danseuse et diva.
Lili fit partie des premiers à applaudir. Tout au long du spectacle, elle avait été hypnotisé par cette talentueuse artiste. Lili avait pu admirer son corps musclé danser avec légèreté et passion. Les nombreuses robes que l'artiste avait porté tout au long du spectacle lui avaient donné un air majestueux. Lili avait également pu savourer la voix extraordinaire de la sublime chanteuse. En plus d'avoir eu le rôle principal dans le ballet à succès La danse maudite d'Adrien Arween, l'artiste avait elle-même composé les chansons qu'elle chantait durant le spectacle.
M. Arween monta sur la scène et les applaudissements redoublèrent.
- Je remercie l'Orchestre International de Chicago pour leurs incroyables morceaux, toutes les personnes du son, de la régie, les costumiers, les costumières, les coiffeurs, les coiffeuses, les maquilleurs, les maquilleuses, les artistes peintres et les artistes sculpteurs pour leurs merveilleux décors, ainsi qu'au personnel de ce magnifique théâtre qui a permis à ma troupe de se produire. Et bien sûr, à tous les comédiens, les chanteurs, les danseurs et particulièrement à la délicieuse Ruby Diamond !
Cette dernière salua encore une fois le public et il eut un nouveau tonnerre d'applaudissement.
On réclama une autre chanson ; l'artiste accepta avec joie.
Les premières notes ensorcela le public, comme à chaque fois que Ruby Diamond chantait.
Lili fut la première à être tombée sous le charme. Cependant, un désagréable souvenir surgit dans ses pensées et brisa cet instant magique. Elle repensa à ce qu'il s'était passé après avoir quitté la salle des archives, la veille. Elle s'était rendue auprès de son père pour discuter avec lui.
Pour une fois, il n'était pas en réunion.
Sous le coup de la colère et de la résignation, Lili était entrée dans son bureau en claquant la porte.
M. de Castel avait à peine levé les yeux sur elle.
- Bonjour, mon fils, avait-il dit simplement.
Lili avait su qu'il faisait exprès de l'appeler ainsi. Elle n'avait pas relevé et s'était efforcée de contenir son sang-froid.
- Je suis venue te parler d'une chose importante, avait-elle dit.
- Ah ? Tu as découvert que tu te sentais plus licorne qu'humain ? avait-il alors rétorqué ironiquement.
La jeune femme avait senti une colère noire montée en elle. Mais, à sa plus grande surprise, elle avait réussi à se contenir.
- Je ne vais pas tourner autour du pot. Je sais tout. Je sais que les médicaments Farmassium pollue. Je sais également qu'ils font du mal à beaucoup de personnes. Je sais que c'est toi qui a tué, ou, du moins, qui est responsable des meurtres qui se sont déroulés récemment au sein de l'entreprise.
Cette fois, M. de Castel s'était lever d'un bond.
- Attends... Après m'avoir annoncé ta lubie folle, tu es en train de m'accuser d'être un meurtrier et un menteur ? Mais comment oses-tu ? Moi, ton propre père !
- Tu es un meurtrier et un menteur. Un très gros même. Tu as roulé dans la farine des tas de gens pendant des années ! Mais, c'est fini, Papa. J'ai des preuves. Bientôt, tu ne pourras plus nier.
M. de Castel blêmit de colère et s'écria fou de rage :
- Prends gare à ce que tu fais ! J'ai les meilleurs avocats du pays ! Et si tu oses porter plainte contre moi, je te raye définitivement de mon testament et tu peux dire adieu à ce poste de chef d'entreprise ainsi qu'à ton avenir !
- Raye-moi maintenant de ton testament, si ça te chante ! De tout façon, il est hors de question que je reprenne les rênes de cette entreprise qui est responsable du mauvais sort de la planète, ainsi que de la mort et de la folie de plusieurs personnes.
M. de Castel s'était alors dirigé vers un meuble, l'avait ouvert et avait sorti une liasse de feuille.
- Vois-tu ceci ? C'est mon testament. Tout ton avenir est là-dedans.
A ces mots, il avait déchiré le tout.
- Bien, maintenant, puisque nous n'avons plus aucun lien de parenté, sortez ! avait-il dit froidement.
Les larmes aux yeux, Lili s'était précipitée vers l'ascenseur. Son père tenait si peu à elle ?
Lili ouvrit les yeux et revint sur le présent. Les applaudissements interrompirent ses pensées.
Elle se maudit intérieurement. Elle maudit son père. Tout était toujours sa faute. A cause du souvenir de cette scène, elle n'avait pas pu profiter de la délicieuse voix de la chanteuse.
Accompagnée d'Adrien Arween, Ruby Diamond sortit de la scène sous les applaudissements du public.
Les lumières se rallumèrent dans la salle et un brouhaha se fit entendre. Lili se fraya un passage vers la sortie. Soudain, quelqu'un tapota son épaule. Lili se retourna.
M. Arween se tenait devant elle.
- M. de Castel ? Je suis honoré de votre présence. J'espère que le spectacle vous a plu.
- Oui, j'ai adoré, c'était grandiose !
- J'ai récemment rencontré votre cousine qui m'a affirmé qu'elle viendrait. J'espère que ça lui a plus également.
- Il se trouve qu'elle est malade, elle n'a malheureusement pas pu venir.
Si à la maison de retraite, Lili s'était habillée en femme, elle avait dû faire un effort pour ne pas venir vêtue ainsi, au beau milieu de tous ces gens si élégants. Quelqu'un pourrait s'apercevoir qu'elle était un homme. Lili n'était pas encore prête à dévoiler au grand public son secret. Pour l'instant, aux yeux du monde et de ses connaissances, Lili était une cousine de Victor de Castel. Pour ses proches et sa famille, en revanche, Lili et Victor ne formaient qu'une seule personne.
- C'est fort dommage, répondit M. Arween. Mais, si vous le permettez, j'aimerai vous présenter quelqu'un qu'aurait fort appréciée votre cousine.
Lili accepta. M. Arween la conduisit près d'une loge. Il toqua à la porte et une voix les invita à entrer.
Ruby Diamond était assise près de son miroir qui reflétait son doux reflet. La jeune femme était en train d'enlever ses boucles d'oreilles. Lorsqu'elle vit les nouveaux venus entrer, elle se leva gracieusement.
- Ruby, j'aimerai te présenter Victor de Castel, le fils du directeur de la prestigieuse...
- ... Entreprise Farmassium, je sais. Enchantée M. de Castel. Je ne me présente pas, vous devez savoir qui je suis, j'étais constamment sur scène.
- Euh... Oui..., bredouilla Lili quelque peu déstabilisé par son fort tempérament qui contrastait avec son regard timide.
- Bon, reprit M. Arween. Je vous laisse. J'ai beaucoup de monde à saluer.
Il s'en alla et un silence s'installa dans la pièce.
Ruby Diamond se tourna vers son reflet et défit son chignon, laissant ses cheveux noirs flotter dans son dos.
- Je compte me changer et voyez-vous, même si j'aime qu'on admire mon corps de déesse, je suis assez pudique.
Les joues de Lili s'empourprèrent et elle se dirigea vivement vers la porte.
- Attendez-moi dehors. Si vous voulez, je vous ferais visiter le bâtiment, lui dit Ruby avant que la porte se referme.
***
La nuit était froide. Le vent soufflait dans les cheveux de Lili. Elle avait enlevé son chapeau qui retenait ces derniers et avait desserré sa cravate. Ce costume l'étouffait. Elle aurait tant voulu porter une élégante robe noire et avoir un beau chignon, comme ces mesdames !
Ruby Diamond surgit soudainement, vêtue d'un beau manteau rouge style années 50.
- Il fait froid, pour une nuit d'été ! Encore un effet du dérèglement climatique ! Tout est inversé, les nuits d'hivers sont chaudes et celles d'été sont froides ! Ah, quel malheur !
- Oui...
Lili n'eut pas le temps d'en dire plus, Ruby Diamond enchaîna :
- Savez-vous que la moitié des bénéfices des spectacles sont reversées à des associations luttant contre le dérèglement climatique ? Je trouve ça bien, mais j'ai peur que cela ne suffise pas... J'essaie de limiter ma consommation de viande, d'œufs, de poissons... J'essaie également de ne pas m'acheter trop de choses, mais, c'est difficile, je l'avoue !
Puis, la conversation -enfin, plutôt, le monologue- bascula sur le sujet du dernier sac à main que Ruby avait acheté récemment.
Alors que Lili commençait à s'ennuyer, Ruby Diamond l'entraîna dans les jardins du bâtiment.
- ... Je parle, je parle, mais j'oublie la raison de votre venu. Nous voici dans les jardins. Le bâtiment a été construit au début des années 1900, par le duc de Roybell. Il devait servir de résidence secondaire, mais le duc faisait venir tellement d'artistes qu'il a décidé de transformer ce bâtiment en théâtre. Une partie des jardins a été conservé. L'autre a été vendu dans les années 90 pour construire des immeubles et un parking.
A travers la pénombre, Lili observa le vaste terrain. Les haies étaient bien taillées et des parterres de fleurs colorées recouvrait l'herbe fraîchement tondue. Son attention se reporta alors sur Ruby Diamond.
Ruby...
Ruby et sa peau parfaite, Ruby et ses cheveux virevoltant, Ruby et son corps magnifique...
Ruby et son tempérament imprévisible, Ruby et sa langue bien pendue... Mais, surtout, Ruby et son sourire éclatant.
- Vous venez ? demanda celle-ci en entraînant Lily à l'intérieur.
Puis, Ruby ajouta de but en blanc :
- Vos cheveux sont magnifiques ! S'il vous plaît, ne les coupez pour rien au monde !
Lili se contenta de sourire et de bredouiller un « merci ».
Les deux jeunes femmes restèrent face à face et se contemplèrent longuement.
Soudain, Lili se figea et observa le jardin d'un air effrayé.
- Tout va bien ? demanda Ruby.
Lili tourna la tête vers elle et sembla se détendre.
- Oui, oui...
Nouveau silence.
Lili ne résista pas, et, sans crier gare, elle embrassa Ruby.
Cette dernière eut d'abord un mouvement de surprise mais finit par se laisser faire.
A cet instant, Lili oublia tout, ses problèmes, sa vie... Seule Ruby comptait. Même le baiser échanger avec Jenna, lors de sa remise des diplômes, était un lointain souvenir que Lili avait effacé en une seule soirée.
Jenna, l'université, son projet de diriger Farmassium... Tout cela appartenait à Victor.
Et Victor appartenait au passé.
Lili glissa ses mains sous les vêtements de Ruby. Elle désirait de toutes ses forces sentir sa peau douce et chaude.
Soudain, Ruby se recula vivement et gifla Lili. Sous le choc, celle-ci se retrouva par terre, massant sa joue douloureuse. Ruby donna un coup de pied dans la cheville de Lili avant de crier :
- Laisse-moi, connard !
Puis, elle déguerpit en laissant Lili plus abasourdie que jamais.
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