Chapitre 18
Le lendemain, les quatre jeunes gens et l'inspecteur se rendirent à la maison de retraite pour voir M. Arween. Son fils vint les accueillirent et conduisirent le groupe de visiteur jusqu'à lui.
M. Arween était assis dans un fauteuil roulant et regardait par la fenêtre d'un air absent.
Adrien Arween se baissa à la hauteur de son père et lui dit :
- Papa ? Tu as de la visite.
M. Arween ne répondit pas, le regard toujours rivé vers l'extérieur.
- On va te poser des questions et...
Il s'interrompit en voyant son père tourner brusquement la tête vers Ahmès.
- Tante Josie ? C'est toi ?
- Papa, ce n'est pas Tante Josie...
M. Arween se tourna vivement vers son fils et lui dit très sèchement :
- Merci Violette, vous pouvez disposer. Pouvez-vous me dire quand ma femme rentrera ?
Le visage de son fils se ferma et il déclara :
- Vers dix-sept heures, tout au plus.
Le regard du vieil homme se dirigea une nouvelle fois vers la fenêtre et resta ainsi de longues minutes.
Les épaules d'Adrien Arween s'affaissèrent.
- Vous êtes sûr qu'on obtiendra des informations provenant de cet homme ? chuchota Ahmès à l'inspecteur.
Ce dernier ne répondit pas et se dirigea vers M. Arween.
- Je suis l'inspecteur Durray. Je fais des recherches sur James de Castel.
Il glissa une photo du directeur de Farmassium dans la main du vieil homme.
Ce dernier baissa la tête vers l'image et la caressa de sa main ridée tout en murmurant :
- James, James, James...
L'inspecteur Durray glissa ensuite les articles qu'avait trouvé Athéna dans la salle des archives ainsi que la lettre.
Le vieil homme releva soudainement la tête vers l'inspecteur et se mit à parler d'une voix calme :
- James, avec tout le respect que je vous dois, vous ne pouvez pas continuer à produire ces médicaments. Votre grand-père savait qu'ils étaient dangereux, vous devez prendre également conscience et cesser l'activité de votre entreprise. Pour le bien de l'Homme et de la planète. Comment je le sais... ? Eh bien, grâce à mes recherches... Farmassory consomme plus qu'elle ne vend ! De plus, je sais que des dizaines de milliers de personnes se plaignent qu'un de leurs proches ayant pris les médicaments Farmassory font désormais des crises de démences ou sont prient de paranoïa... Il y en a même qui meurent ! Vous ne pourrez pas le cacher, James. Un jour ou l'autre, la vérité sera dévoilée. Ce jour-là, j'espère ne pas être là. J'espère être mort de honte bien avant. Oui, j'ai honte. J'ai honte d'avoir collaboré à un projet qui cause la perte de la planète ainsi que de nombreuses personnes.
Il haussa ensuite le ton :
- Mais je me fiche que l'entreprise soit toute votre vie et qu'elle vous rapporte beaucoup d'argent ! Vous arnaquez des millions de gens et vous détruisez la planète ! Vous reproduisez les mêmes erreurs que votre grand-père, bien que lui a reconnu qu'il avait tort et a fermé son entreprise. Vous devez faire pareil ! Vous devez cesser la production de ces médicaments, vous m'entendez ? Oh ! Jamais au grand jamais je n'aurais dû m'engager avec vous dans ce projet ! Je regrette !
M. Arween s'était mis à hurler et à prendre l'inspecteur par le col.
Adrien Arween se jeta sur son père et lui pria de se calmer.
Lorsque le vieil homme relâcha légèrement M. Durray, celui-ci s'éloigna doucement.
- Oui, je regrette... Oh, comme je regrette ! soupira M. Arween en basculant sa tête sur le côté avant de fermer les yeux.
- Sortons, murmura M. Durray.
Le groupe sortit, suivit d'Adrien Arween qui était un peu déboussolé par la conversation.
- Je n'ai jamais entendu mon père parler aussi longtemps depuis qu'il est malade, déclara Adrien Arween.
- J'ai tout enregistré, lança Cecily en désignant son téléphone portable.
L'inspecteur resta silencieux, l'air songeur.
- Récapitulons. Charles Arween aurait été un ami de David de Castel et aurait connu le grand-père de ce dernier. Celui-ci aurait également fondé son entreprise de médicament mais l'aurait fermée en découvrant que ceux-ci étaient néfastes pour l'Homme et pour la nature.
- Chose que mon père ne reconnaît pas, ajouta Lili.
- Exactement, confirma l'inspecteur.
- N'oublions pas que, sans vouloir vous offenser, Adrien, M. Arween n'a plus toute sa tête. Il se peut que ce qu'il ait dit ne soit pas totalement vrai, remarqua Ahmès.
- Écoutez, intervint Adrien Arween. Ce que je peux vous dire, c'est que mon père n'est pas dans son état normal. Enfin, je veux dire, depuis qu'il est malade. Cela m'étonnerait que les tirades qu'il vient de dire soient dues à sa maladie.
- De tout façon, rester ici ne nous avancera pas plus. Je vous propose de réfléchir à tête reposée.
L'inspecteur salua le petit groupe et sortit. Cecily le rattrapa.
- Attendez ! Vous n'avez pas dit quand vous nous recontacterez. Et où.
- Au commissariat. Demain. Quatorze heures.
- Très bien.
Il eut un silence.
- Voulez-vous que je vous dépose quelque part ? proposa alors M. Durray.
- Eh bien... Oui, avec plaisir... Je n'ai pas de voiture et je n'ai pas très envie de prendre les transports en commun, surtout à cette heure-ci.
Ils montèrent dans la voiture.
Cecily observa l'inspecteur qui était concentré sur la route. Voyant qu'elle le dévisageait, M. Durray lui jeta un coup d'œil.
Étrangement, lui qui était d'un naturel bavard, ne savait pas trop quoi dire. Cecily Fardom l'intriguait, elle lui procurait un sentiment qu'il ne saurait trop décrire.
- Vous ne m'avez pas dit votre adresse, remarqua l'inspecteur en espérant lancer une conversation.
- Elle est marquée dans mon dossier, vous ne l'avez pas retenue ? répondit ironiquement Cecily.
Bien sûr que M. Durray l'avait retenue.
Cecily logeait à l'Hôtel Black Angeles, situé près de l'aéroport international de Chicago.
Il y eut un nouveau silence.
Soudain, Cecily se tourna vivement vers l'inspecteur lui pressa son bras. M. Durray cacha sa surprise en toussotant.
- S'il vous plaît, promettez-moi de me tenir au courant de toute l'enquête et de ne jamais abandonner.
- Bien sûr, c'est mon métier...
- Il faut à tout prix arrêter M. de Castel. Je suis sûre que c'est lui qui a commis tous ces meurtres... Et je suis également sûre qu'il avait une bonne raison de faire cela.
- Et qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
- Je ne sais pas... Une intuition...
- Si tous les enquêteurs pouvaient démasquer les coupables seulement par intuition, soupira l'inspecteur. En tout cas, j'espère que la vôtre ne se trompe jamais.
Ils arrivèrent finalement devant le vieil hôtel décrépit.
L'inspecteur coupa le contact et se tourna vers Cecily.
- Puis-je vous demander pourquoi vous logez là-dedans ? questionna M. Durray en désignant le bâtiment du menton.
Pour toute réponse, Cecily retira sa ceinture de sécurité et ouvrit la portière.
Avant que la jeune femme puisse sortir, l'inspecteur la retint par le bras.
A ce contact, le cœur de Cecily se mit à battre à vive allure.
- Venez dîner chez moi, samedi soir.
- C'est vous qui cuisinerez, M. Cordon Bleu ?
- Je suis honoré d'être ainsi nommé, dit-il en souriant ce qui fit battre encore plus fort le cœur de Cecily.
- Je verrai si je peux, murmura-t-elle.
Ils se regardèrent un long moment. Puis, l'inspecteur baissa les yeux sur le poignet de Cecily. Il caressa du bout des doigts les cicatrices que la jeune femme avait.
Cecily dégagea brusquement son bras de l'emprise de M. Durray et s'en alla en marmonnant un vague « bonsoir ».
L'inspecteur observa la jeune femme s'éloigner. Il savait que Cecily avait un passé obscur et qu'elle en était marquée.
Étrangement, il ressentit le besoin de l'aider le plus possible.
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