Chapitre 15
Il faisait très chaud.
Beaucoup plus chaud que les températures de saison.
Heureusement, les grands arbres de la forêt faisaient de l'ombre et permettaient de conserver l'humidité.
Les enfants courraient pieds nus, sans se soucier des égratignures qu'ils risquaient de se faire.
Celui qui était en tête s'arrêta d'un coup.
- Eh bien ? Tu continues ? demanda un enfant en continuant de courir.
L'enfant arrêta son frère.
- Regardez, murmura-t-il en désignant du doigt un campement.
Il y avait une dizaine de tentes, ainsi que des caravanes et des camions.
Des hommes discutaient en petit groupe.
Ils ne ressemblaient pas à ceux que les enfants voyaient les rares fois où ils allaient à l'école.
Non, ces hommes-là étaient de type Caucasien.
- Pourquoi ils sont tout blanc ? demanda le plus jeune.
- D'abord, ils ne sont pas blancs mais beige, corrigea sa sœur. Ensuite, il n'y a pas que des personnes de notre couleur de peau dans le monde. Certaines ont la peau un peu plus claire, d'autres beaucoup plus... Bref, c'est juste une histoire de physique, ce n'est pas très important...
- On peut aller leur dire bonjour ?
A peine l'enfant eut-il prononcé sa phrase que d'autres hommes arrivèrent et firent entrer des personnes dans une des caravanes.
- Qu'est-ce qu'ils font ? demanda le cadet.
Soudain, un homme se retourna vivement et se dirigea vers l'arbre où les enfants étaient cachés. L'homme abordait un air menaçant, un fusil à la main.
- On court ! lança l'aîné des enfants.
***
Ahmès fut réveillé brusquement vers trois heures du matin. On l'emmena hors du commissariat et on le jeta dans un camion.
- Eh, oh ! Doucement ! dit-il.
Les portes du camion se refermèrent sur lui, le laissant dans le noir complet. Lorsque le véhicule démarra, Ahmès se laissa balancer d'un côté à un autre. Ses pensées étaient ailleurs. Elles étaient loin, très loin.
***
Les enfants courraient aussi vite qu'ils le pouvaient. L'homme blanc était à leur trousse.
Épuisé, un des plus jeunes enfants s'arrêta quelques secondes. Cela suffit à l'homme pour attraper le petit.
Alerté par le cri de surprise qu'avait poussé son jeune frère, l'aîné se précipita vers lui pour le libérer.
- Bouge pas ou j'le tue ! dit l'homme blanc le fusil braqué sur le cadet.
- Non ! hurla l'aîné.
- Vous allez me suivre, continua l'homme.
- Non.
- Tant pis.
L'homme allait tirer mais, soudain, il se retrouva par terre.
La sœur des deux enfants se trouvait derrière l'homme, le regard triomphant.
Elle lui arracha son fusil et frappa l'homme qui tomba dans un sommeil profond.
- Il est mort ? demanda l'aîné.
- Non. Je l'ai juste remis à sa place.
- Où as-tu appris ces techniques de défense ?
La jeune fille prit un air mystérieux.
- Tout ce que je peux te dire, c'est qu'avec un peu de courage et beaucoup de volonté, tu peux toujours t'en sortir.
***
Après quelques heures ou quelques jours (Ahmès avait perdu la notion du temps), le camion s'arrêta.
Le jeune homme profita de ce temps d'arrêt pour réunir toutes ses forces afin d'enfoncer les portes du camion.
S'il ne réussissait pas du premier coup, on allait vite soupçonner qu'Ahmès voulait s'enfuir.
Par chance, les portières s'ouvrirent dès qu'Ahmès cogna de toutes ses forces.
Soudain, le camion reprit sa route. Le jeune homme cessa de réfléchir et son premier réflexe fut de sauter. Il atterri durement sur le goudron.
Ahmès se rendit compte qu'il était au beau milieu d'une autoroute ! Il se mit de côté en évitant de justesse les voitures qui fonçaient à vive allure.
Le jeune homme n'entendait pas le bruit des klaxons ainsi que celui des voitures.
Il se concentrait seulement sur le sang qui dégoulinait de sa figure.
***
Scène 4, ACTE I (extrait)
Des jeunes adolescents discutent entre eux.
Lys entre. Silence. Tout le monde se tourne vers elle.
Une fille se place devant elle.
FILLE N°1 : Alors, la grosse, t'es toujours seule ?
FILLE N°2 : Ca ne m'étonne pas. Elle sent mauvais. Il paraît que chez elle, elle n'a pas de douche.
GARCON N°1 : Et il paraît qu'elle est placée en famille d'accueil car sa mère se drogue et se prostitue. Pas vrai, la grosse ?
La sonnerie retentit.
Les enfants sortent.
Lys est assise en centre-scène. Elle sort son téléphone.
VOIX-OFF : - Bonjour, Fleur de Lys.
LYS : - Bonjour, Gost0312
VOIX-OFF : J'ai longtemps observé la photo que tu m'as envoyé. Tu es très belle. Ton visage est tellement... Inoubliable...
LYS : Merci.
VOIX-OFF : Peux-tu m'en envoyer une autre ? Peut-être avec plus de maquillage ? Le fard à paupière bleu ciel ferait ressortir tes cheveux blond clair.
LYS : Tu crois ?
VOIX-OFF : Oui ! J'ai fait des études pour être maquilleur professionnel. Fais-moi confiance.
LYS : Très bien. Je verrai ce que je peux faire.
***
Le téléphone à la main, des objets divers dans l'autre, Cecily mettait de l'ordre dans sa pièce tout en rappelant l'inspecteur Durray.
Elle avait complètement oublié l'heure fatidique et n'avait pas entendu son téléphone sonner.
L'inspecteur Durray l'avait appelé quatorze fois exactement dans la même soirée.
Il répondit dès la première sonnerie.
- Que faites-vous, bon sang ? s'énerva-t-il dès qu'il décrocha. Je suis déjà au commissariat !
- Oui, oui... Eh bien, moi, je suis justement en train de venir...
- Dépêchez-vous.
Il raccrocha.
Cecily poussa un soupir et sortit de l'hôtel. Mary était endormie depuis longtemps.
Un quart d'heure plus tard, elle était au commissariat.
M. Durray l'attendait en faisant les cent pas dans son bureau.
- Vous voilà, enfin ! s'écria-t-il. Allez, venez et ne faites aucun bruit !
Entre nous deux, c'est vous qui faites le plus de bruit, murmura Cecily. Vous ne vous agitez pour rien...
- Pardon ? Pour rien ? Ce que nous sommes en train de faire est complétement illégal ! Je vais tout perdre ! C'est vous qui avez accepté. Libre à vous de partir et de tout annuler.
M. Durray soupira et déclara en se passant une main sur le visage.
- Je suis désolé... C'est juste que je suis angoissé à l'idée que quelqu'un nous découvre... Je ne veux pas perdre mon boulot.
- Il n'arrivera rien si on arrête de parler. Allez, allons sortir Ahmès d'ici !
Cecily et l'inspecteur se rendirent près des cellules.
Ahmès ne s'y trouva pas.
M. Durray interpella uns de ses collègues pour lui demander où se trouvait Ahmès.
- Il est en route pour retourner dans son pays, répondit-il.
Cecily sortit précipitamment, M. Durray sur ses talons.
Le téléphone de la jeune femme sonna. C'était Athéna.
- Cess', tu peux venir s'il te plaît ?
- Attends, on a perdu Ahmès !
- Il est avec nous.
Cecily poussa un soupir de soulagement et raccrocha. Elle rapporta à l'inspecteur ce qu'elle venait d'apprendre.
- S'il vous plaît... Ne dites rien à qui que ce soit, lui supplia Cecily.
- Vous avez ma parole.
- Merci.
Il y eut un long silence où ils se dévisagèrent longuement. Puis, Cecily tourna les talons.
M. Durray suivait la jeune femme des yeux, jusqu'à ce que celle-ci eut complètement disparu.
***
Athéna, Ahmès et Victor étaient dans la salle des archives. Le visage nettoyé et sa blessure soignée, Ahmès racontait son escapade.
Après avoir fui du camion, il avait longuement et difficilement marché pour retourner à Chicago.
- Maintenant, il faudra que je me fasse petit un bon bout de temps pour que la police ne me retrouve pas, dit Ahmès.
- Ne t'inquiète pas... On va trouver une solution pour te faire des papiers, répondit Athéna.
- Ce n'est pas si simple...
- Sans être indiscret, pourquoi tiens-tu temps à rester ici ? questionna Victor.
Ahmès se frotta les yeux avant de se lever.
- Je... Je n'ai pas très envie d'en parler. Je vais prendre l'air.
Il sortit.
- Et toi ? Tu as réussi à parler à ton père ? demanda Athéna à Victor.
- Et depuis quand nous tutoyons-nous ?
- Ça, ça veut dire que vous n'avez pas réussi.
- Non ! explosa-t-il. Non, je n'ai pas pu... Je n'ai pas oser... Il y avait des personnes avec lui...
- Eh bien, trouve un moment quand il sera seul.
- Je n'y arrive pas ! C'est plus fort que moi !
- Si tu commencerais par t'assumer, ça serait déjà beaucoup plus facile.
Ils furent interrompu par la porte qui s'ouvrit à nouveau.
- Il n'y a jamais eu autant de monde dans cette pièce, murmura Victor.
Cecily entra suivit d'Ahmès.
- J'ai réussi à faire en sorte que la police ne recherche pas Ahmès...
- C'est complètement fou, dit ce dernier en s'affalant sur une vieille chaise.
- Comment as-tu fais ? demanda Athéna à Cecily.
- Disons que j'ai réussi à gagner l'amitié d'un inspecteur réputé... Il va se charger de faire disparaître le dossier d'Ahmès et va faire en sorte qu'on lui fasse des papiers.
- J'aurais pu me débrouiller tout seul, répondit Ahmès. Mais, merci, je te suis redevable, dit-il en se tournant vers Cecily.
- T'inquiète, tu ne me dois rien du tout.
- Bon, intervint Athéna. Où en est notre enquête sur Farmassium ?
- L'enquête ? Quelle enquête ? interrogea Ahmès qui était le seul à ne pas être au courant de la découverte de la lettre et des articles critiquant Farmassium.
Victor dévisagea Athéna, l'air inquiet.
- Es-tu sûre que c'est une bonne idée de lui dire ?
- Je fais confiance à Ahmès tout comme à Cecily... Je vous ferais bien confiance aussi si vous n'étiez pas aussi entêté... De plus, vous ne voulez même pas admettre que M. de Castel est le responsable...
- Quoi ? s'écria Ahmès.
- Je te répète pour la millième fois qu'il n'y a aucune preuve ! tonna Victor.
- C'est ce qu'on verra ! dit Athéna avant de se tourner vers Ahmès pour lui raconter les mystérieux articles qu'elle avait découvert ainsi que l'étrange lettre.
Elle lui raconta également le témoignage de Milena, la secrétaire.
Pour appuyer ses propos, Athéna sortit la lettre, les articles ainsi que la clé USB contenant le film.
- Il est vrai que Milena aurait très bien pu créer de toute pièce ce film provenant de la vidéo surveillance et même faire de faux articles ainsi qu'une fausse lettre... Mais c'est vrai M. de Castel paraît suspect..., dit Ahmès.
- Merci pour cette intervention très pertinente, lança ironiquement Cecily.
- Pourquoi est-ce que dans les articles et dans la lettre de ce M. Arween, on parle de Farmassory et non de Farmassium ? continua Ahmès en ignorant la remarque de Cecily.
- Je ne sais pas, répondit Athéna. Cependant, si cette lettre et ces articles étaient dans la salle des archives, c'est que Farmassory et Farmassium ne sont qu'une seule et même entreprise.
- Il faudrait aller dans les sous-sols..., suggéra Cecily.
Tous les regards se tournèrent alors vers Victor.
- Tu n'es jamais allé dans les sous-sols ? demanda Cecily.
- Non, je ne savais même pas qu'il y en avait...
- Tu es sûr que tu es le fils du patron ? grommela Cecily.
- Je ne sais pas encore tout, se défendit-il.
- Bon, allons-y, intervint Athéna.
- Où ? demanda Ahmès.
- Ben, dans les sous-sols !
- Mais, si on se fait surprendre... Surtout que je suis censé me faire tout petit...
- On a le fils du patron avec nous. Il trouvera bien une excuse.
Et, sur ces mots, Athéna sortit.
Les autres suivirent, moins rassuré.
***
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un couloir sombre.
- C'est ça, le sous-sol ? demanda Ahmès.
- Vous voyez qu'il n'y a rien ; Milena mentait ! grommela Victor.
Athéna sortit de l'ascenseur et avança dans la pénombre.
- Qu'est-ce que tu fais ? Reviens ! dit Ahmès.
Cecily suivit Athéna.
- Je n'y vais pas, il n'y a rien, dit Victor.
- Qu'est-ce que tu en sais ? répondit Ahmès.
- Je le sais, c'est tout.
- Ben voyons... Allez, avoue, tu as la frousse !
- Moi ? Pffff ! N'importe quoi !
- Bon, eh bien moi, j'y vais.
Ahmès disparut à son tour dans la pénombre.
Le jeune homme entendit des pas derrière lui.
- Ah ! Tu es venu finalement ?
- Je vous couvre au cas où vous tomberiez sur un employé qui vous demande ce que vous faites là, marmonna Ahmès.
- Oui, on va dire ça !
Victor allait répliquer mais il fut interrompu par une lumière qui provenait au bout du couloir.
- Athéna ? Cess' ? appela Ahmès.
- On a trouvé une porte ! Venez, ne faites pas de bruit, chuchota Cecily.
Ahmès et Victor rejoignirent les deux jeunes femmes.
- C'est fermé, dit Cecily.
- Ben oui, évidemment, soupira Athéna.
- Je crois qu'il faut une empreinte digitale pour l'ouvrir...
- Bon, eh bien, partons, dit Victor.
- Attends, le retint Athéna. Utilisons la tienne.
- Quoi ?
- Tu es le prochain patron, ton père a déjà dû programmer ton empreinte.
- Ça m'étonnerai..., grommela-t-il.
- Ça ne coûte rien d'essayer !
Victor approcha sa main et la plaqua contre le petit boîtier.
La porte s'ouvrit. Les jeunes gens furent ébahis par ce qu'ils trouvèrent derrière. Enfin, Victor était plus ébahit par la porte qui s'était ouverte que par ce qui se trouvait derrière.
Dans la vaste salle, il y avait une montagne de médicament disposé dans un grand bac. Une immense machine était suspendu au-dessus.
- C'est comme sur le film que nous a montré Milena, murmura Athéna.
- Ce serait donc le produit que la machine rejette qui produirait des effets secondaires voir même néfastes pour la santé ? questionna Ahmès.
- Oui et d'après la lettre de M. Arween, la fabrication de ce produit détruirait l'environnement.
- Seigneur...
Victor était médusé. Il ne disait rien.
- Que faites-vous là ? lança une voix derrière eux.
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