Lorsque j'arrive en courant au centre, Harry est déjà là.

Il m'attend dans notre salle habituelle et me sourit doucement lorsqu'il me voit arriver à bout de souffle, les cheveux en pagailles et les joues rouges. Je déteste être en retard, mais mon dernier rendez-vous s'est éternisé et je ne pouvais décemment pas couper court. Mon portable n'ayant plus de batterie, je ne pouvais pas non plus prévenir Harry.

— Je... désolé... j'ahane en tentant de reprendre mon souffle, mes mains appuyées sur mes genoux.

— Lou, hey ! Ce n'est pas grave ! Respire doucement... ça va aller... me rassure-t-il doucement en s'approchant de moi.

Quand ma respiration se fait plus lente, je me redresse et plonge presque automatiquement dans son regard vert et mon cœur menace de s'échapper de ma poitrine tant il s'emballe comme un fou. Ses yeux sont clairs aujourd'hui et son visage semble apaisé. Ses cheveux sont de nouveau attachés, mais en hauteur cette fois, mettant en valeur son port de cou et sa mâchoire carrée. Une fois de plus, sa beauté me frappe.

C'est lui qui m'a appelé. Comme il me l'avait promis. Il n'a attendu que deux jours cette fois-ci et c'était bien suffisant. Maintenant que j'ai réalisé ce que je ressentais pour lui et l'ampleur de mes sentiments, je n'avais qu'une hâte, le revoir. J'étais impatient comme un ado à son premier rendez-vous. Quand j'ai enfin reçu son appel, j'étais tout stressé, mais aussi tout content. Je marchais de long en large et en travers dans mon appart, savourant chaque parole échangée, m'enivrant dans la raucité de sa voix.

C'est sans doute ridicule, mais je m'en moque.

Parce que ça fait un bien fou.

Je me sens enfin vivant.

— Lou ? Ça va ? me demande-t-il d'une voix douce, me faisant sortir de ma contemplation.

— Euh... oui, oui, ça va merci. Désolé, j'étais... ailleurs.

Ailleurs, perdu dans sa beauté, mais ça je me garde bien de le lui dire. Mes joues chauffent peu, je me sens bête ou niais, je ne sais pas trop, mais ça ne me dérange pas. Ça fait bien trop longtemps que je n'ai pas ressenti ça.

Son sourire s'agrandit et il s'approche de moi pour me prendre dans ses bras. Je n'hésite pas à l'étreindre, en mesurant chacun de mes gestes pour ne pas le brusquer ou l'effrayer. Certaines vieilles habitudes ont la vie dure. Si avec Lottie elles ont tendance à s'estomper, elles ressortent naturellement avec lui. Le câlin est bien trop rapide à mon goût, mais j'en profite pleinement, fermant les yeux une seconde et respirant son odeur. Il se détache de moi et dépose ses lèvres délicatement sur ma joue, me laissant légèrement pantelant.

— J'ai fait chauffer l'eau pendant ton absence, mais je n'ai pas pensé à prendre mon thé avec moi. Tu as ta mallette ? me questionne-t-il, me sortant une nouvelle fois de ma torpeur.

Je cligne des yeux pour revenir à moi et m'empresse de récupérer mon sac à dos et d'en sortir le coffret que je lui tends. Pendant qu'il l'ouvre, je m'installe à notre table habituelle et tente de me calmer. Mon cerveau et mon cœur partent dans tous les sens, il faut que je me reprenne.

— Où tu veux partir aujourd'hui ? s'enquiert-il, visiblement fier de lui d'être à l'initiative.

Je ne peux m'empêcher de sourire, moi aussi très fier de ses progrès. Je hausse les épaules, un peu pris de court. Je crois qu'en fait depuis qu'Harry est entré dans mon champ de vision, j'ai perdu ma raison. Je n'arrive plus à réfléchir correctement. J'espère que le temps qu'il finisse la préparation, je vais réussir à me remettre de mes émotions.

— Surprends-moi, je souffle, malicieux.

Je vois son regard s'illuminer et son sourire s'agrandir, faisant ressortir ses fossettes. Il farfouille dans la mallette que j'ai agrémentée il y a quelques jours de nouvelles saveurs. Je ne peux m'empêcher de le trouver beau, ainsi concentré, se mordant la lèvre inférieure.

Voilà que je deviens mièvre...

— Ah ! J'ai ce qu'il nous faut ! s'exclame-t-il au bout de quelques secondes.

Il sort les sachets et les regarde attentivement.

— Alors, aujourd'hui nous voyageons vers la Corée du Sud. C'est un thé vert de Hadong aux notes végétales, marines, fruitées, beurrées et florales, énumère-t-il en lisant l'étiquette.

Il relève son regard sur moi.

— Ça m'intrigue ! ajoute-t-il avant de plonger les sachets dans nos tasses respectives.

— Oui, moi aussi ! Nous allons voir ça.

Il s'installe en face de moi et pousse ma tasse vers moi. Je le trouve changé, il semble plus à l'aise, mieux dans ses baskets. Il m'impressionne.

— Lou, si je t'ai fait venir ici, c'est que je voulais te parler, amorce-t-il la discussion en relevant ses yeux purs vers moi.

— Oui, je m'en doutais comme je pense savoir de quoi tu veux me parler.

Il acquiesce en souriant. Il hésite une seconde, jouant nerveusement avec sa petite cuillère. Je le laisse prendre son temps, trouver ses mots. J'avoue être un peu stressé quand même. Il soupire avant de reprendre la parole.

— Je voudrais avant tout m'excuser.

— T'excuser ? je répète en fronçant les sourcils, mais pourquoi ?

— Pour mon attitude. Je n'ai pas été très cool avec toi la dernière fois que l'on s'est vus et je m'en veux.

— Il n'y a pas de quoi. Vraiment. Je sais que ce n'est pas simple pour toi.

Voilà que maintenant que ma sœur a réussi à me convaincre d'arrêter de culpabiliser, c'est Harry qui s'y met.

— Si. Je t'assure.

Il se mord la lèvre inférieure dans un tic nerveux.

— Je t'ai embrassé et on n'en a pas reparlé, lâche-t-il au bout d'une seconde. Je n'aurais pas dû...

À ces mots, je sens mon cœur se serrer. Sans le vouloir, mes mains se crispent autour de ma tasse. Il va me dire qu'il s'est laissé griser et qu'il ne voulait pas m'embrasser. Il va s'excuser et me demander d'oublier et comme le con amoureux que je suis, je vais lui dire que tout est OK sans en penser un seul mot, brisant ainsi ma promesse de toujours me montrer honnête avec lui, juste parce que je ne veux pas le perdre. Une grosse boule vient se loger dans le fond de ma gorge.

Je souffle pour réussir à lui répondre sans que ma voix ne trahisse la tempête qu'il vient de déclencher au fond de moi et me laissant un arrière-goût amer sur le bout de ma langue.

— Ce... ce n'est pas grave... je tente de répondre de façon détendue alors qu'en réalité je suis au bord du malaise.

— Non, bien sûr que ce n'est pas grave.

— Bien.

Je ne sais pas quoi lui dire d'autre, alors pour ne pas m'effondrer là tout de suite, je me concentre sur mon thé que je goûte du bout des lèvres. Son goût est surprenant, mais plutôt bon. Cependant, il ne suffit pas à me réconforter.

— En plus, j'ai soufflé le froid et le chaud avec toi. Je te prends la main pour t'ignorer ensuite. C'était maladroit. On aurait dû en parler à ce moment-là, mais j'étais trop obnubilé par mon rendez-vous alors je me suis recentré sur moi. Je veux que tu saches que je ne voulais pas te faire du mal ou te décevoir.

— Ta thérapie, que ce soit avec ta psy, l'asso, tes séances d'hypnose ou même avec moi, c'est le plus important. Ta guérison est ce qui compte, je remarque en pensant malgré tout chaque mot, même si la déception est bien présente.

Je suis incapable de lui en vouloir. Je sais qu'il n'agit pas par calcul ou par méchanceté. Il est maladroit, il l'a reconnu lui-même.

— Merci... mais je regrette vraiment, tu sais...

Je sens mon cœur se fissurer. Il regrette... notre baiser sans aucun doute, peut-être même notre relation qui a pris un tournant qu'il ne voulait pas. C'est allé trop vite, il n'est pas prêt et moi, je ne suis qu'un idiot.

— Oh... je comprends... je...

Je me stoppe quand je sens les larmes me monter aux yeux. Je ne dois pas craquer, pas maintenant. Je ne veux pas qu'il culpabilise. Il n'a pas besoin de ça en plus du reste. Je bois une nouvelle gorgée de mon thé et relève la tête. Harry me regarde intensément, les sourcils froncés.

Merde, merde, merde, ça doit se voir sur ma tête que je ne me sens pas bien là.

Il faut que je me reprenne et vite. Je force un sourire, mais ça n'a pas l'air de beaucoup fonctionner vu le regard qu'il me lance.

— Tu es tout blanc, qu'est-ce qu'il se passe Lou ?

Il semble sincèrement inquiet pour moi.

— Je suis vraiment déso...

Il stoppe subitement sa phrase et ouvre de grands yeux. Ses joues se colorent doucement d'un joli carmin avant qu'il ne reprenne la parole.

— Non... Louis, tu n'as pas compris ! Ce n'est pas le fait de t'avoir embrassé que je regrette, c'est plutôt mon manque de réaction après.

J'écarquille les yeux et ouvre la bouche pendant qu'un sentiment de soulagement intense m'envahit. C'est à mon tour de rougir. Je me sens un peu bête. Je passe rapidement une main dans mes cheveux et lorsque je la repose sur la table, Harry la saisit avec la sienne et entrelace nos doigts.

— Je suis décidément très maladroit. Je suis désolé. Je... je ne regrette pas ce qu'il se passe entre nous, ce qui est en train de se créer. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée depuis de nombreuses années et je n'ai pas envie de te lâcher, crois-moi. Mais... mais ça me dépasse un peu et je ne sais pas toujours comment réagir, quoi dire, quoi faire.

Il souffle en secouant la tête.

— Je ne suis pas très doué, hein ? Mais je fais de mon mieux. C'est juste encore très compliqué et je suis désolé pour ça.

— Ce n'est rien Harry, c'est normal que ce soit déstabilisant. Tu n'as pas à être désolé ou te sentir mal pour ça. Je sais ce que c'est. Tu peux prendre tout le temps dont tu as besoin. Je suis là, je t'attendrai, je le rassure en serrant sa main dans la mienne.

Il acquiesce puis baisse la tête une seconde. Il semble réfléchir, chercher ses mots. Je le laisse faire.

— Donc... si j'ai bien compris ta réaction, tu ne regrettes pas non plus ce baiser ? me demande-t-il, son regard rempli d'incertitude.

— Non, je ne le regrette pas... il m'a même donné envie d'en recevoir d'autres, mais j'ai aussi conscience que ça va sûrement trop vite pour toi et que tu n'es pas prêt pour ça.

— J'en ai envie aussi... je veux dire, d'avoir d'autres baisers de toi. Je ne sais pas si ça va trop vite, si je suis vraiment prêt, mais honnêtement, je m'en moque. J'ai envie de suivre mon cœur et mon cœur, pour la première fois en deux ans est en train de s'ouvrir. Pour toi. Parce que je te fais confiance, parce que je sais que tu ne me feras jamais de mal, parce que je sais que tu seras là, comme tu me l'as promis. Cependant, je ne te cache pas que ça me fait peur.

Il attrape sa tasse pour boire une gorgée de son thé. De mon côté, je suis un peu abasourdi. Harry est quelqu'un d'incroyable. Il a du mal à s'exprimer, mais lorsqu'il le fait, il est clair, net et précis et ses mots balayent tout sur leur passage. Ils me renversent, ils me remplissent. Ses mots me retournent le ventre et le cœur. L'espoir est là, présent, tenace. Je n'ose y croire, et pourtant...

— De quoi as-tu peur ?

Je m'en doute, mais il faut qu'il l'exprime pour se libérer.

— Pas de toi... il s'empresse de me répondre. Mais de ce que tout ça implique...

— C'est à dire ? je le pousse un peu.

— La relation... tu vois, si on construit quelque chose, ça va vouloir dire des sorties de couple, des câlins... du sexe ?

Ses joues rougissent subitement. Il relâche ma main et se recroqueville sur lui-même.

— Hazz...

Il relève la tête et me regarde étrangement.

— Pardon, si ça ne te plaît pas, je trouverais autre chose... je souffle, gêné.

— Non, non, j'aime bien. Juste, c'est la première fois que tu me donnes un surnom et ça m'a fait bizarre, mais... j'aime bien.

Il est mignon, avec son sourire timide.

— Hazz, tu n'as pas à t'inquiéter. Je sais ce que tu as vécu, j'ai tout à fait conscience que certaines choses devront attendre. J'ai tout mon temps, je ne suis pas pressé. On fera les choses à ton rythme.

— Je ne veux pas que tu passes en second non plus, que tu t'oublies pour moi...

— Le simple fait de savoir que tu me veux dans ta vie me suffit. Si vraiment ça t'inquiète, je te promets dès aujourd'hui que s'il y a quoi que ce soit qui me dérange, je t'en parlerai. Tu te souviens ? On s'est promis de toujours être honnête l'un envers l'autre, je lui rappelle en récupérant sa main pour la lui presser.

— Je me souviens, approuve-t-il avec un sourire adorable aux lèvres. Je... que fait-on du coup ?

— On continue à se construire, on continue à te guérir, on continue à faire ce qu'on a toujours fait jusqu'ici, c'est-à-dire laisser faire les choses et... s'aimer ? je propose le cœur battant.

— Et s'aimer, approuve-t-il sans hésiter, ce qui fait emballer mon pouls.

Ses yeux ancrés aux miens, il se penche et s'avance vers moi. Son nez frôle le mien, nos souffles se mêlent. Il semble hésiter, l'espace d'une poignée de secondes avant de finalement sceller nos lèvres dans un baiser doux et en surface, un baiser qui me fait vibrer tout entier. Ses lèvres caressent timidement les miennes, me procurant mille sensations. Lorsqu'il se recule, il a les joues rouges, sans doute l'exact reflet des miennes. Il semble aussi bouleversé que moi.

— Et s'aimer... murmure-t-il, les larmes aux yeux.

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Hello tout le monde 👋👋

J'espère que vous allez bien 😊😊

Voici donc la dernière partie du chapitre 22, toujours du point de vue de Louis 😊😊 J'espère qu'il vous a plu 🙈🙈

Voilà enfin la discussion tant attendue... Et un joli quiproquo 🙈😂😂😂

Harry est maladroit, que ce doit dans ses gestes, ses attitudes et ses mots. Ce n'est pas méchant, c'est juste nouveau pour lui tout ça 😊😊

Après ce qu'il a vécu, c'est comme s'il redecouvrait la vie à travers son nouveau regard sur la vie et ses nouvelles attentes et ce n'est pas si facile 😊😊

Louis toujours égal à lui-même, qui souffre en silence, qui n'ose pas exprimer ses ressentis pour ne pas braquer Harry 😔😔 il va falloir qu'il apprenne à aussi penser à lui 😔😔 Heureusement, Harry en a conscience et veillera au grain 😊😊

J'attends vos retours, comme toujours 🙈🙈

Je vous embrasse 😘😘😘

💙💚