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95. Dans le taxi (réécriture)


Je n'arrive pas à croire que je suis bien assise sur cette banquette à l'arrière d'un taxi. Est-ce réellement fini ? J'ai l'impression que d'une seconde à l'autre nous serons pris en chasse. Ou que ce chauffeur qui me conduit va me poser des questions : pourquoi est-ce que je boite ? Pourquoi est-ce que mes bras sont éraflés ? Qu'est-ce que je transporte dans mon sac à dos ?

Régulièrement, je lève les yeux en direction du rétroviseur, croisant son regard, effrayée à l'idée qu'il m'espionne. Même si rien ne le suggère concrètement.

Mes bras entourent et serrent fortement mon sac à dos, posé sur mes genoux. Quand je ne surveille pas le rétroviseur, je me retourne vingt fois par minute, pour tenter de voir s'il n'y a pas un véhicule qui nous suit.

Quand on m'a demandé où je souhaitais me rendre, j'ai donné l'adresse de Minhok, je ne vois vraiment pas chez qui d'autre je pourrais tenter de me réfugier.

J'ai aussi tenté de le joindre, mais je tombe systématiquement sur sa messagerie.

Mon corps tremble toujours. À croire que je vais rester dans cet état de panique éternellement ; je halète, je transpire, j'ai du mal à ordonner mes pensées. Qu'est-ce je dois faire en premier ? Quel est le plus urgent ?

Je commence par consulter tous les messages que j'ai reçus récemment. J'espérais surtout y trouver des nouvelles de Rémi, à la place, je découvre des appels en absences de la part de Nanae. Je les écoute aussitôt, avec une boule au ventre :

« Je... Jeanne. C'est Nanae. Jeanne, c'est moi. Je ne sais pas où tu te trouves, mais je dois te dire que tu ne dois pas revenir à la Pak. »

La voix de mon amie est méconnaissable. La Nanae chantante et enjouée a disparu, pour laisser place à un timbre suraigu, une diction malhabile, et une pointe de sanglots encore frais agite ses cordes vocales.

« Je ne sais pas trop ce qui se passe... Des hommes vraiment louches ont interrogé tout le monde et ils m'ont posé beaucoup de questions sur toi. J'ai essayé d'en dire le moins possible, mais... j'avais peur aussi. J'ai fait comme si je ne savais rien. Ils m'ont dit qu'ils reviendraient m'interroger s'ils ne trouvaient rien... ça m'ennuie. Jeanne, je sais où ça se trouve ! Ce qu'on leur a volé ! Je sais où ça se trouve ! Je le sais parce que Rémi est venu me voir et il m'a demandé si je... Il ne m'a pas montré ce qu'il... Il disait que c'était un cadeau pour se faire pardonner. Il me l'a remis et m'a dit de le cacher dans tes affaires... J'ai donc mis l'ensemble dans ta... ta... boite, tu vois ? Je l'ai mis là. Je t'avais vu cacher des choses dans cette boite. J'ai mis le cadeau de Rémi et la lettre. Je ne savais pas qu'il avait volé quelque chose... Pour l'instant, je n'ai rien dit à ces types, mais ils me font peur. Je ne sais pas si je vais pouvoir te couvrir très longtemps, eonni. Où es-tu ? Où es-tu ? Rappelle-moi quand tu sais. Je m'inquiète pour toi. »

Le message s'interrompt abruptement.

Elle semble éprouvée, à cause de moi, mais ça pourrait être pire. Maintenant que je possède le journal, que MJ m'a vu l'emporter, il ne devrait plus l'embêter.

Je prends le temps de lui écrire un SMS. Il faudrait que je puisse faire plusieurs choses en même temps... Tout le temps durant lequel je rédige mon message, je pense au journal intime dans mon sac, aux hommes de Han qui me poursuivent encore, et à Rémi. Avec toutes ces préoccupations, je nage en pleine confusion.

Je continue de lever la tête chaque fois que nous nous arrêtons à un feu rouge, toutes les voitures qui nous entourent me paraissent suspectes.

« Je vais bien. Je suis partie avec le paquet. Tu n'as plus besoin de me couvrir. S'ils te posent encore des questions, dis-leur tout ce que tu sais, ne cache rien, ne te mets plus en danger. Si tu peux, je te conseille de quitter cette agence. Ils sont mauvais, crois-moi. Nous reparlerons de tout ça plus tard, pas sur un SMS, on ne sait pas sur qui ça peut tomber. Efface celui-ci tout de suite après l'avoir lu. Il ne faut pas que ces types sachent que tu reçois des messages de moi. Je suis tellement désolée de te causer tous ces soucis. Je te demande pardon, sincèrement. Prends soin de toi surtout. Tu es une fille super. Je t'aime. À bientôt. »

Bien. Ensuite...

J'essaie de nouveau de téléphoner à Minhok, puis à Rémi. Des répondeurs, à chaque fois, des répondeurs. C'est pas vrai. Pourquoi ils ne répondent pas ? J'en ai les larmes aux yeux à force de rester sans nouvelles. Même si c'est surtout pour Rémi que je me fais du souci. Dans le cas de Minhok, je n'ai pas de raison de m'inquiéter. Mais pourquoi ne répond-il pas ? J'ai besoin de lui.

Au lieu de continuer à me morfondre je décide de lire la lettre de Rémi. Je me saisis de mon sac à dos en vérifiant que le chauffeur n'est toujours pas du genre curieux. Tout va bien : il garde les yeux sur la route. Tant mieux.

« Chère Jeanne,

Ce matin, j'ai appelé ta sœur, Soumaya. Tu ne voulais plus me parler et j'avais besoin de comprendre, alors je l'ai contactée. Elle m'a appris ton histoire, ce que tes parents ont fait. Je sais maintenant que j'ai réveillé de douloureux souvenirs en te parlant. Je n'ai pas pensé une seule seconde que mon histoire pourrait te faire souffrir... Pourtant, même si maintenant je comprends ta réaction, je continue de penser que tu as eu tort de le prendre de cette manière.

Les croyants catholiques pensent que celui qui se suicide va droit en Enfer, pour toujours. Tandis qu'en Asie, certaines personnes croient qu'elles doivent se suicider pour réparer une faute ou assumer leurs responsabilités après un échec. Pour beaucoup de Coréens, la mort par suicide est une fin non seulement pardonnable, mais honorable.

Ne vois-tu pas à quel point cela n'a pas de sens ? D'un côté comme de l'autre ?

Ma tentative de suicide t'a sûrement rappelé la mort de tes parents. Mais ne vois-tu pas que ces deux situations sont totalement différentes ?

Lorsque j'ai fait ma tentative, il y a des années, j'ai intentionnellement mis en scène mon suicide pour que ce soit mon propre père qui retrouve mon corps. Je voulais qu'il soit le premier à le voir, parce que je tenais à lui faire du mal, à le faire culpabiliser. À l'époque, je cherchais moins à mourir qu'à envoyer un message à ma famille. Mon suicide était un réquisitoire. Aujourd'hui, je regrette d'avoir utilisé une méthode aussi radicale, d'avoir été aussi cruel, mais les personnes auxquelles j'ai fait du tort n'étaient pas innocentes. Mon père n'a eu que ce qu'il méritait.

Je veux que tu saches, Jeanne, les suicidaires ne sont pas nécessairement égoïstes ou cruels, ils sont parfois simplement blessés, malades et confus. Moi, c'est ce que j'étais.

Il faut que tu comprennes. Quand quelqu'un souffre d'une façon insoutenable, il arrive qu'il perde sa lucidité et ne parvienne plus à voir que d'autres issues sont possibles, même si elles existent. Il ne pense plus aux proches qu'il va faire souffrir, parce qu'il est persuadé de ne plus avoir d'importance à leurs yeux. Cette certitude est sincère chez lui. Moi, je croyais que mon père ne m'aimait plus, que ma mère ne pensait plus à moi, et que mes camarades étaient monstrueux... Pourtant, après ma tentative de suicide, ma mère a pris l'avion pour venir me voir, mes camarades ont écrit une lettre d'excuse et j'ai vu mon père pleurer pour la première fois de ma vie. Il m'a dit qu'il m'aimait, alors que je n'en avais plus conscience. Il m'a serré dans ses bras.

J'ai compris que je m'étais trompé.

Toutes les personnes qui se suicident ne sont pas comme tes parents. J'espère que tu le comprendras un jour, car ce jour-là, tu me pardonneras ; j'en suis certain.

Réfléchis bien, Jeanne. Tes parents auraient pu ne jamais se suicider... est-ce que cela aurait vraiment suffi à faire d'eux des gens bien ?

Est-ce que tu me refuseras à jamais une seconde chance ? M'as-tu condamné à l'Enfer parce que j'ai un point commun avec eux ?

Et Song Minsuk. L'admirais-tu pour sa musique et pour sa personnalité ou bien l'aimais-tu parce qu'il ne se suicidait pas ? C'est trop facile.

Il fallait que tu saches, Jeanne : ton Minsuk ne valait pas mieux que moi sur ce plan-là. Je n'en dirais pas plus ; je n'ai pas eu le temps de tout lire et je préfère que tu découvres la vérité par toi-même. Ce journal est pour toi, je l'ai volé pour toi. Je ne sais pas pourquoi il soulève tant de passion. J'aurais sûrement des problèmes à cause de ça. Il est de toute façon trop tard pour faire marche arrière.

Peut-être que tu décideras de rejeter Minsuk à son tour... le réduire lui aussi à son dernier acte.

C'est injuste de faire ça. Tu veux me réduire à un suicidaire, mais je ne suis pas un suicidaire, j'ai fait une tentative de suicide, c'est différent. Je ne suis pas suicidaire, je suis Mon Woo-Shik Rémi, né à Paris, fils de Jacinthe Piémont et Mon Woo-Hong ; je suis également le connard qui t'a insultée avant de s'excuser pitoyablement, je suis celui qui t'a souvent exaspérée je crois ; je suis celui qui t'a fait rire en imitant un chaton ; je suis celui qui a convaincu ton amie de se nourrir à nouveau ; je suis celui dont tu mates le cul, du coin de l'œil, lorsqu'il danse (et ne nie pas, je connais la vérité) ; je suis celui qui se cache sous les tables avec toi ; celui qui chaparde des badges et qui fait le mur pour coucher avec toi ; je suis celui qui risquerait sa place à la Pak et briserait son rêve sans hésiter, juste pour obtenir une seconde chance ; surtout, je suis accro à toi, à ta peau et à tes mystères. Ça me rendrait fou de ne pas réussir à te récupérer.

Me laisseras-tu une seconde chance ?

Rémi

Je replie le papier avec soin et le glisse dans son enveloppe. Bon sang Rémi ! Pour te donner une deuxième chance, il faudrait déjà que je survive à toute cette histoire. Pour commencer, où es-tu ? Que t'est-il arrivé après que tu as écrit cette lettre et dissimulé le journal ?

Le bruit d'un klaxon à proximité me fait à nouveau sursauter. Je vérifie par la fenêtre. Ce n'est rien. Je dois calmer mon imagination. Nous ne sommes pas suivis. Le chauffeur roule tranquillement, un sapin désodorisant se balance sous le rétroviseur, le ronronnement du moteur est lent et régulier, une odeur de cuir et de parfum résineux artificiels flotte dans l'air. Dehors, le soleil se réverbère sur les carrosseries des véhicules. Nous passons devant les vieux remparts antiques de la ville.

J'avais lu quelque part qu'ils avaient été reconstruits récemment, afin de donner à la capitale l'aspect d'une vieille ville. Les touristes se font avoir ! À Séoul, tout est plus ou moins neuf. Rares sont les vieilles pierres. Séoul compte six siècles d'Histoire, et quasiment rien n'en témoigne. Ici, il faut toujours gratter sous les apparences pour trouver les traces d'un passé enfoui et disparu, souvent douloureux. L'héritage coréen est essentiellement immatériel, il hante son peuple. Minsuk, Rémi, Nanae, ils n'ont pas vécu la guerre, et pourtant il y a ce han en eux, comme s'ils devaient porter la croix du vécu de leurs ancêtres, en plus d'assumer tous les dictats sociaux de ce pays.

J'attrape à nouveau mon sac à dos. D'une main tremblante, je sors le journal intime de Minsuk. Découvrir ce qu'il lui est arrivé ne représente pas une urgence absolue dans ma situation, je le sais. Pourtant, dans la lettre que je viens de lire, Rémi sous-entend qu'il y a eu suicide.

C'est incohérent. J'ai découvert le contraire cet après-midi. Pourquoi Rémi semble encore penser qu'il s'agit d'un suicide ? Il n'a peut-être pas eu le temps de lire le journal, il s'est contenté d'un passage et l'aura mal interprété...

Je n'avais pas pris le temps d'imaginer à quoi ressemblerait le journal intime de Minsuk. Mais je dois dire que je m'attendais à autre chose, quelque chose de plus spectaculaire. L'image du « Death Note » me revient en tête. Je voyais un cahier dans ce genre-là, massif, une couverture noire, un aspect inquiétant. Le journal intime de Minsuk ressemble à un cahier de brouillon banal. Encore plus étonnant, ce cahier a l'air neuf, les bords ne sont pas cornés, la coloration jaune de la couverture n'a pas perdu d'intensité. Je caresse la couverture, elle glisse parfaitement lisse sous mes doigts.

Au moment où je m'apprête à ouvrir le journal, je suis interrompue par la voix du chauffeur :

— Nous sommes arrivés, Mademoiselle. Vous souhaitez régler par espèce ou par carte bleue ?

Je remets à contrecœur le journal dans mon sac, en jetant un coup d'œil à l'extérieur. Nous nous trouvons dans une rue secondaire agréable, bordée de pavillons, loin des artères fréquentées. Si je ne me fis qu'à cette unique rue, le quartier Jongno fait plus propre et plus bourgeois que celui de Yongsan.

Je paye le taxi et descends sur le trottoir. Je m'apprête à sonner chez Minhok, lorsque je suis surprise par une vibration contre ma cuisse.

Je me dépêche de sortir mon téléphone de ma poche, impatiente de découvrir qui m'appelle. Sur l'écran, je peux lire un nom. C'est Rémi.

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