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68. Divorce ❗ (réécriture)


« Tu me fais marcher ! »

Tel a été la réponse de Soumaya.

Pour la convaincre que je lui disais la vérité, que je n'inventais pas, il a fallu que je lui envoie une photo de moi et Rémi, l'un aux bouts des lèvres de l'autre.

Quant à Minhok, j'ai dû énormément le décevoir, car il ne me donne plus signe de vie depuis son coup de colère injustifié. Des jours passent, puis une semaine entière.

Je ne réalise pas. Le temps s'écoule à un rythme indolent. Je suis en pause, en vacances. Rien ne me touche, mis à part les mains de Rémi, longues, douces, presque féminines. Le contact de sa peau sur la mienne, sa langue, son pouls que j'entends quand je dépose mon oreille sur son torse après l'amour.

Je m'éloigne de plus en plus des préoccupations qui étaient les miennes. Au point de ne plus sursauter quand la porte de la salle de danse s'ouvre tardivement. Nous n'avons pas revu M Park depuis la soirée du Burning Sun.

Je ne ressens aucune frustration, aucune urgence. Pourtant, les jours deviennent de moins en moins nombreux avant l'échéance, la fin de la période d'essai.

Je n'y pense que parce que Nanae en parle, parfois. Elle s'inquiète. On raconte que la Pak ne conserve que 10% de ces stagiaires. Elle me confie que ses notes seront insuffisantes et je n'arrive pas à compatir. J'ai conscience que c'est important pour elle, mais je n'ai pas envie qu'elle reste dans cette entreprise, le label des talents qui durent. Pour l'instant, je garde le silence, mais quand viendra le bon moment, je lui parlerai franchement ; je lui conseillerai de partir.

Quand ma jeune amie ne me cause pas boulot, elle m'interroge sur ma relation avec Rémi. Bientôt deux semaines que dure cette aventure clandestine. Je commence à me poser des questions. Est-ce que je suis en train de tomber amoureuse ? Et lui ? Qu'est-ce que je suis pour lui ?

Il ne sait presque rien de moi. Il n'a même pas encore vu mes cicatrices. J'ai acheté des mitaines longues, pour qu'il puisse m'ôter le haut, dégrafer mon soutien gorge et ne rien remarquer. Pourtant, je ne suis pas sûre qu'il soit dupe. Un jour, il posera la question. Un jour, il voudra que je lui parle de moi et je ne saurai pas comment réagir. J'ai peur de tout gâcher.

Il y a la raison dingue de mon arrivée ici. Comment lui dire que j'enquête sur le passé de Minsuk, que je ne crois pas à sa mort, pas à son suicide ?

Et il y a mon passé. J'ai vécu des choses qui ne sont pas faciles à raconter, la véritable provenance de mes scarifications - pas celles que j'ai faites récemment, après la mort de Minsuk - non, celles que j'avais avant, mes blessures originelles.

Avant d'arriver chez les Laaziz, j'avais déjà les bras couverts de ces coupures régulières, sèches, masochistes. Comment expliquer ce que j'ai vécu avant mes douze ans, sans qu'il ne me prenne pour une folle ?

J'appréhende tellement ce moment, que je me suis surprise à faire des cauchemars. Je rêve de ma maison d'enfance, de ma mère qui joue au piano, de mon père qui m'embrasse sur le front avant d'aller travailler. Puis, je me retrouve sous la douche, l'eau coule sur mon corps nu, blanc. J'ai une lame de rasoir dans la main. Je baisse les yeux et je constate que du sang colore l'eau transparente qui file dans le siphon. Puis, la nuance rosée vire de plus en plus vers le pourpre soutenu. Dans des quantités inhumaines. Une quantité de sang trop importante pour qu'elle vienne uniquement de mes coupures. Je relève la tête : la poire de douche crache du sang. Ce n'est pas le mien. Je hurle. Je pleure. Le sang me souille ! J'ai peur. J'essuie rageusement ma peau, avec mes doigts, mes ongles. Je frotte. Je ne veux pas que ce sang me souille. Je ne devrais pas être là. Ce sang, à qui appartient-il ?

— Jeanne ?

Rémi me ramène à la réalité. Je me suis à moitié assoupie dans ses bras, presque nue, allongée contre lui dans le canapé du studio.

— Tu t'es crispée. Tu as gémi.

— C'est parce que... je repensais au cauchemar que j'ai fait cette nuit.

— Tu veux en parler.

— Non, ça ira. Je préfère parler d'autre chose.

— Comme tu voudras ? Tu veux parler de quoi ?

— Tu sais que ma sœur ne veut pas croire que je sors avec toi ?

Il ricane. Je suis appuyée contre son dos. Je perçois quand il rit, mais je ne vois pas son visage. Quand il parle, j'ai la vibration de sa cage thoracique qui se répercute dans tout le corps.

— Je ne savais même pas que tu avais une sœur.

— En fait. Ce n'est pas vraiment ma sœur. Elle s'appelle Soumaya, ce sont ses parents qui ont veillé sur moi.

— Pourquoi tu n'étais pas chez tes vrais parents ?

J'ai hésité.

— Ils sont morts.

Sshibal(*1), a laissé échapper Rémi.

Je le sens bouger derrière moi.

— Je suis vraiment désolé. Comment est-ce arrivé ?

De nouveau, j'ai hésité, et cette fois je ne trouve pas le courage de poursuivre.

— Rémi ? Pourquoi tu couches avec moi ?

Il pouffe dans ma nuque.

— C'est quoi cette question ?

— Toutes les filles de l'agence te trouvent...

— ... superbe ? Sexy ? Magnifique ?

Je lui donne un coup de coude. Il proteste en riant.

— Sérieusement ? Pourquoi moi ?

— J'avais pitié. T'étais toute seule, t'avais du mal à t'intégrer, il fallait bien que je fasse quelque chose...

— ... Arrête ! Rémi !

Nouveau coup de coude, plus fort. Il me sert contre lui, ce qui m'empêche de me retourner et de le secouer.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tu me plais ! Je suis attiré par les Occidentales.

— Oui, grogné-je, elles ont une plus grosse poitrine. Je suis au courant.

Il plaque ses mains contre ma poitrine nue, je sursaute. Puis, son nez se rapproche de mon oreille. Il susurre avec appétit :

— J'adore tes seins. Tu vas me reprocher longtemps de les adorer. Si tu ne veux plus que je les touche, dis-le !

Il imprime un mouvement circulaire, à la fois doux et appuyé, sur mon buste. Mes tétons se tendent et entre mes jambes l'excitation féminine exsude. J'ai serré mes doigts autour de ses poignets, comme si je m'apprêtais à l'écarter de moi. En réalité, je refuse de m'opposer à ses caresses.

~

Dans les jours qui suivent, Rémi me parle de sa famille. Toutes les fois où je me tais sur la mienne, il s'épanche davantage sur la sienne. J'ignore si c'est pour me mettre à l'aise, me montrer la voie, ou s'il a simplement besoin de parler.

Il n'a ni frère ni sœurs. Son père, Woo-Hong, est allé étudier à l'étranger. En Belgique d'abord, puis en France. À Paris, il a rencontré celle qui deviendrait la mère de Rémi : Jacinthe. Quand elle est tombée enceinte, un an plus tard, les parents de la Parisienne souhaitaient qu'elle avorte. Elle en a quand même parlé à Woo-Hong, qui lui a fait une demande en mariage le lendemain. L'avortement était un crime à ses yeux, il ne voulait pas en entendre parler. En Corée du Sud, l'interruption volontaire de grossesse n'est tolérée qu'en cas de viol ou d'inceste(*2). Woo-Hong a fait comprendre à celle qu'il aimait qu'elle devait choisir entre son avortement et lui. Ultimatum cruel ? Pas du tout. D'après Rémi, sa mère a pris la décision facilement et sans concéder de sacrifice, car elle n'avait jamais réellement voulu de cet avortement.

Jacinthe, par amour, par folie, s'est mariée et est devenue mère, à vingt-et-un ans.

Woo-Shik Rémi est née à Paris. Ils ont attendu que Jacinthe finisse sa licence de commerce et toute la famille a déménagé à Séoul. Son père a été engagé comme banquier. Jacinthe pensait trouver un travail, mais est finalement resté mère au foyer.

Statistiquement, les Coréens sont parmi les dix nations un taux de divorce le plus élevé du monde. Dans le cas des couples interculturels, comme celui des parents de Rémi, la probabilité de séparation grimpe encore plus haut. Je n'ai pas été très étonnée quand Rémi a parlé de ce divorce compliqué, dans lequel il a été balloté entre son père et sa mère.

À la suite de la séparation, Rémi est d'abord rentré, à Paris, avec sa mère. Les tribunaux français ont attribué la garde à la mère, pendant que les mêmes, en Corée, accordaient tous les droits au père.

Rémi se souvient un peu de la France, de la maison où il vivait avec Jacinthe, de ses grands-parents maternels. Des réminiscences vagues, comme peuvent l'être les premiers souvenirs de la petite enfance.

À la sortie de l'école - il avait sept ans - il a vu son père avancer vers lui. Il connaissait son visage et lui parlait parfois au téléphone. Quand il l'a reconnu, il a été heureux de le voir. Woo-Hong l'a pris dans les bras et il l'a enlevé en Corée du Sud. Jacinthe n'était pas au courant.

La Corée du Sud n'est pas signataire de la convention de la Haye sur l'enlèvement international d'enfant. Elle ne reconnait pas de droit de visite à un parent étranger. Jacinthe n'a pas pu retourner la politesse à son ex-mari. Rémi ayant la nationalité coréenne, il ne pouvait pas quitter le territoire sans l'accord de son parent coréen.

Pendant des années, Rémi n'a plus entendu parler de sa mère. Puis, finalement, à l'âge de neuf ans, Woo-Hong a passé un « accord » avec Jacinthe. Si elle renonçait à ses actions en justice, il lui laisserait un droit de visite, et autant d'appels téléphoniques et audio-visuels qu'elle le souhaitait.

Depuis, Rémi la voit une fois par an, pour son anniversaire. Et il lui parle presque toutes les semaines sur Messenger.

— Tu lui ressembles un peu, m'a-t-il avoué, un jour, en me regardant dans les yeux.



*1 - Merde/putain

*2 - L'avortement a été légalisé en avril 2019 en Corée du Sud.

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