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45. Han Jongtaek ❗ (réécriture)


Comme pour fuir mon silence, Minhok se lève, pour aller jeter nos coupes de carton vides dans l'une des poubelles du restaurant. Volontairement, il n'a pas choisi la plus proche et lorsqu'il revient s'assoir, il a eu le temps de se calmer.

— Vous avez pu parler à Gong ?

Je savais qu'à un moment ou à un autre, il me poserait la question.

— Non.

— Pourquoi ?

— Vous avez promis qu'il y aurait des fêtes, reproché-je. Vous avez dit que je n'avais pas besoin de faire boire Gong, qu'il le ferait devant moi, un jour ou l'autre... mais ce n'est pas le cas. Je patiente pour rien depuis deux semaines.

Minhok se repositionne sur sa chaise, parvenant mal à dissimuler son embarras.

— Je ne perds pas confiance. Vous aurez votre chance.

Sans dire un mot, je sors mon téléphone portable et y cherche la photographie que Rémi m'a envoyée. Minhok me regarde naviguer dans mes messages, attentif et curieux. Je lui tends ma trouvaille, en lui expliquant :

— Rémi, au centre, dit que X Park et Gong ne s'apprécient pas, mais qu'ils font semblant.

— On s'en doutait déjà, non ? commente-t-il d'une voix lasse.

— Derrière, en arrière-plan. Il y a un homme qui accompagne souvent X Park. Vous le voyez ?

Minhok se penche en avant et sur son visage l'ennui cède la place à la stupéfaction.

— Vous le connaissez ? dis-je. C'est ça. Vous le connaissez ? C'est Minsuk qui vous en a parlé ?

— Cet homme ? Oh non, ce n'est pas Minsuk qui m'en a parlé. Je peux ?

Il tend la main vers mon téléphone que je lui cède en toute confiance. À l'aide de ses deux doigts, en jouant sur l'écran tactile, il zoome sur celui que j'ai pris l'habitude de surnommer le Sosie. Ses yeux s'accrochent à la photo, comme s'il craignait qu'en la perdant de vue, elle se métamorphose.

— Mais vous le connaissez ? insisté-je en approchant ma chaise de la sienne. Vous savez quelque chose sur cet homme ?

— Possible. Il ressemble à Han Jongtaek.

— Han Jongtaek, répété-je, les yeux fermés pour mieux graver ce nom dans ma mémoire.

Toujours sans quitter l'écran des yeux, Minhok poursuit d'une voix blanche :

— Je ne sais pas ce qu'il fait là... Je ne m'attendais pas... Il ne faut pas que vous vous approchiez de cet homme.

Il fait glisser le téléphone vers moi, comme s'il voulait repousser loin de sa vue une image désagréable.

— Pourquoi ?

— Parce qu'il est dangereux.

Depuis le début, mon intuition me chuchotait qu'il n'était pas net - il faut dire qu'il le porte sur lui - mais de là à être vraiment dangereux !

— Dangereux ? Pourquoi ? C'est qui ce Han Jongtaek ?

— Chut !

Il m'intime de me taire et son regard balaye le restaurant, nerveux. Pendant quelques instants, chaque muscle de son visage se tend. Puis il s'arrête, apparemment rassuré par ce qu'il voit. Tout semble en effet banal autour de nous, et personne ne fait attention à ce que nous racontons. Le journaliste tourne de nouveau son attention vers moi, me regarde au fond des yeux, cette fois. Intimidant.

— Ne parlez pas si fort. Ce que vous dites le jour est entendu par les oiseaux, ce que vous dites la nuit est entendu par les souris. Même les mots peuvent parcourir mille miles. Soyez plus prudente quand vous parlez. Et surtout, ne répétez pas son nom devant n'importe qui, vous n'êtes pas censée le connaitre.

J'acquiesce, émue de sentir sur moi son regard inquiet. La tournure que prend la situation devrait m'effrayer - et c'est le cas - pourtant, je ressens surtout le désir d'en savoir plus. J'ai la conviction que l'identité de cet individu peut être un indice essentiel.

— Cet homme, on dirait qu'il est malade ? fais-je remarquer.

— C'est le cas. Ou plutôt c'était le cas. L'année dernière, il a eu un cancer des poumons. On ne lui donnait pas plus de quelques mois à vivre. Mais il s'en est sorti. Un miracle... les médecins parlaient d'une intervention divine, mais, en ce qui me concerne, je pense que c'est plutôt le Diable qu'il faut accuser. Mais, peu importe, je ne devrais pas vous parler de lui. Vous n'aurez pas besoin de lui adresser la parole pour récupérer le journal.

Il s'interrompt, comme si quelque chose d'important lui venait soudain à l'esprit. Il ajoute fébrilement :

— Si c'est toujours ce que vous voulez ? Vous voulez toujours chercher le journal ?

— Il est si dangereux que ça ?

Il se tait, interdit.

— Vous devez me dire qui il est.

Je le vois hésiter, peut-être parce que j'ai dix-huit ans, peut-être parce que je suis une femme, peut-être parce qu'il ne sait pas par quel bout commencer...

— Vous devez me dire qui il est. Je suis à l'intérieur. Ça me concerne. Je suis trainee là-bas, maintenant, à la Pak ; j'ai commencé à poser des questions et je continuerai... je dois savoir à qui j'ai affaire. Vous voulez savoir si je continue ou pas, n'est-ce pas ? Je ne peux pas vous répondre si vous ne me dites pas toute la vérité. Qui est Han Jongtaek ?

Il soupire. J'ai raison et il le sait. Il frotte un peu son front et commence à parler, en fixant un point légèrement au-dessus de mes yeux, comme s'il ne voulait pas me regarder trop directement.

— Il appartient à la Kangpae (note de bas de page). Vous voyez de quoi je veux parler ?

— Oui. J'en ai entendu parler plusieurs fois au cours de mes études.

— Si je sais à quoi ressemble Han, c'est parce que l'un de mes collègues a enquêté sur lui, il y a deux ans. Il avait réussi à s'intégrer dans son cercle d'amis et commençait à réunir les rumeurs qui couraient sur lui. Son enquête a été interrompue par le cancer de Han. Ce qui explique que rien n'a été publié pour l'instant.

Il s'interrompt.

— Mais quoi ? Que disaient ces rumeurs ?

— Des fantaisies. La plupart tiennent du mythe et restent invérifiables. Même les proches de Han doutent de leur réalité. Entre autres, on raconte qu'il a changé de tête pour échapper à la pendaison. On raconte que son nom n'est pas son nom de naissance, qu'il en a changé parce qu'il a été condamné à mort. Il aurait tué six de ses camarades, pendant son service militaire. Il aurait envoyé une grenade, puis après son explosion, aurait fini le travail au couteau. Un coup dans le cœur et...

Minhok montre ses yeux.

— Il aurait crevé leurs yeux. Pour sa défense, il aurait déclaré qu'il avait agi pour se venger du bizutage qu'il avait subi. Quand on lui a demandé quel genre de bizutage, il a répondu que ceux qui savaient emporteraient avec eux le souvenir de ce qu'ils avaient vu dans la tombe, et que c'était bien ainsi. Il n'avait que dix-neuf ans, les avocats ont dû utiliser cet argument pour implorer la clémence, mais on dit qu'il y avait des enfants de personnes importantes dans les victimes, alors, le jugement a été exemplaire. Peu importe, tout ça n'est qu'une rumeur, une histoire invraisemblable pour expliquer la chirurgie esthétique et laisser penser qu'il n'a pas froid aux yeux. Si on peut se permettre de dire les choses comme ça.

Il a un sourire ironique, pendant que mes bras se croisent devant ma poitrine.

— En fait, il n'y a même pas de traces d'un tel procès dans les archives. La seule chose qui est avérée dans cette histoire, c'est qu'il a effectivement dû changer de nom et qu'on ne connait pas ses véritables origines. Mon collègue a tenté de remonter dans son passé et il n'a pas trouvé de traces du nom de Han Jongtaek avant l'année 1988. Comme si cet homme, son nom en tout cas, était apparu à ce moment-là. Ce que nous savons, c'est qu'il travaille à son compte. Il a commencé dans l'extorsion de petits commerces, au cœur du quartier d'Itaewon, avant de passer à des délits plus importants, comme le trafic d'influence et le blanchiment d'argent. On l'a vu se rapprocher de personnalités importantes, auprès de Chaebols et de partis politiques conservateurs. Mon collègue pensait qu'il faisait plus encore que du trafic d'influence. De ses propres mots : « Han agitait devant vous une carotte et, si vous ne la saisissiez pas, il vous cravachait le derrière ». Selon lui, dans le but de favoriser des entreprises qu'il soutenait, il employait des méthodes assez radicales.

— Comment ça ?

— Par exemple, en 2014, Han s'est rapproché d'une entreprise qui se battait pour obtenir un contrat important. Mais elle n'était pas la seule à postuler et une entreprise concurrente menaçait sérieusement de leur piquer le marché. Seulement, une série de mésaventures ont frappé cette autre entreprise. Vous me suivez ?

— Oui, je crois. Quelles mésaventures ?

— Tout d'abord, l'un de leurs dirigeants a été accusé de viol par une adolescente, puis un second dirigeant est mort d'un choc anaphylactique. Enfin, le PDG s'est suicidé dans son bain, sans successeur.

— Et vous pensez que c'est Han qui provoquait toutes ces catastrophes ?

— Oui, c'est ce que pense mon collègue. Je me demande ce qu'il fait avec X Park sur cette photo.

Il reste pensif l'œil dans le vague. Il ne me regarde plus du tout et semble réfléchir à haute voix.

— Soit il travaille en association avec X Park, aide la Pak à... prospérer, soit il lui fait de l'extorsion.

— Ou les deux, ajouté-je, ce qui ne manque pas de faire sourire mon interlocuteur.

— Ou les deux, confirme-t-il.

— Peut-être que cet homme a un rapport avec la disparition de Minsuk ?

La question me brûlait la langue. Je sais qu'il y pense aussi, forcément qu'il y pense, même si, comme moi, il ne voit pas encore de lien évident.

— Nous avons un accord, rappelle-t-il. Vous ne devez pas dire disparition devant moi.

— Excusez-moi. Mais peut-être que la raison pour laquelle le journal a disparu a un lien avec lui, vous ne pensez pas ?

— C'est possible. Minsuk a pu écrire quelque chose qui incrimine Han, et cela expliquerait que le journal ne m'ait pas été légué. Mais si c'est le cas, on ne le retrouvera jamais et je ne saurais jamais pourquoi il a fait ça.

Subitement, il se tourne vers moi.

— Je comprendrais que vous ne vouliez pas continuer. Vous savez, normalement, quand un journaliste enquête sur des personnes comme Han, il n'agit pas seul. Une équipe le protège. Tout est préparé longtemps à l'avance, on n'improvise pas. Alors, ça serait plus sage d'arrêter. Je comprendrais.

Je prends le temps de réfléchir, considérant sérieusement sa question. D'un côté, abandonner, démissionner et rentrer en France, de l'autre, poursuivre mon enquête, même si on m'affirme qu'elle devient dangereuse. Cette menace me semble encore lointaine, alors que les preuves allant dans mon sens s'accumulent. Je n'ai pas envie de m'en aller alors que je sens que je touche au but. Quand je suis partie, je n'ai jamais pensé que ça serait facile. Ce serait trop lâche de ma part de laisser tomber maintenant. Surtout que, pour l'instant, je n'ai pas de rapport direct avec ce sosie effrayant. Tant que nous gardons nos distances, que je me concentre sur Gong, tout ira bien.

— Ça fait quatre ans que je veux venir ici, dis-je, quatre ans que je consacre ma vie à trouver des réponses. J'ai réussi à convaincre la Pak de me prendre, je vous ai convaincu, vous, de me faire confiance. Je veux continuer. Je veux trouver ce journal, au moins autant que vous.

— Vous savez, Gardin, chuchote Minhok avec un drôle de sourire qui lerendrait presque sympathique, vous avez beaucoup de défauts. Vous êtes malélevée, vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas et vous n'avez aucunsavoir-vivre, mais... je dois bien admettre une chose, vous êtes la personne laplus déterminée que je n'ai jamais croisée de ma vie.


Kangpae = Les gangs en Corée sont appelés Kangpae, voulant dire « voyous ». Le terme fait référence au crime plus ou moins organisé, du petit gang jusqu'aux entreprises du crime qui, selon les époques, ont pu intervenir jusqu'aux sphères politiques.

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