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16. Le contrat de trainee (réécriture)


Au-dessus de moi, une languette de papier tressaute en cliquetant. Elle est accrochée à la grille d'un climatiseur et l'air conditionné fait sursauter le morceau de papier. J'observe ce mouvement saccadé depuis plusieurs minutes avec abattement. Je ne comprends pas pourquoi il fait si chaud, alors que je suis juste sous cette machine et qu'elle semble fonctionner.

Il est 14 heures de l'après-midi, je crève de chaud dans l'un des couloirs de la Pak. Je suis venue avec une demi-heure d'avance au rendez-vous, ce qui m'a laissé tout le temps d'admettre que je ne suis pas en train de rêver. Je vais vraiment infiltrer la Pak. J'ai l'impression d'être une espionne d'un genre nouveau. La suite des évènements est en train de tourner d'une façon que je n'aurais pas osé envisager.

La semaine dernière, les résultats du casting m'ont paru si soudains que je n'y ai pas cru. Au lieu de vérifier l'information, j'ai passé ma journée à accomplir des formalités administratives. Je suis passée dans une banque pour y obtenir une carte bancaire. J'ai aussi fait le nécessaire pour obtenir un téléphone avec un crédit internet illimité, sur lequel j'ai tout de suite installé KaKaoTalk. J'ai envoyé un premier message à Minhok mais, pour l'instant, il n'a pas daigné me répondre. Je ne sais pas si c'est un air qu'il se donne ou s'il est vraiment buté. C'est tout de même lui qui m'a parlé de KaKaoTalk en premier !

Nanae, en revanche, m'a envoyé : « bonjour » trente secondes environ après mon premier message, et quarante secondes plus tard, elle m'annonçait sa réussite au casting de la Pak. Sur le moment, j'ai été très heureuse pour elle. C'est étrange quand j'y pense. J'aurais dû ressentir de l'inquiétude, je sais que la vie qu'elle s'est choisie ne sera pas une partie de plaisir. Je me demande si ma joie n'est pas malheureusement motivée par des raisons égoïstes. Je suis peut-être simplement heureuse de savoir qu'elle sera là, avec moi, quand j'emménagerai dans les dortoirs de la Pak.

« C'est allé très vite. », lui ai-je écrit.

« Il faut que tu t'y habitues. Ce sont les rythmes coréens. Pali pali. »

— Jeanne Gardin, me hèle-t-on.

Je me lève, j'essuie la sueur qui colle sur mon front, je tire sur mon minishort et tente de me calmer. Une nouvelle idée effrayante me traverse l'esprit. Et s'ils savaient ? Ils ont peut-être fait des recherches sur mon passé et réussi à trouver que je suis obsédée par la disparition de Minsuk. Ils ont deviné que je suis une espionne. Peut-être m'ont-ils menti ! Ce rendez-vous pour signer un contrat de trainee chez eux est un piège. Ils veulent me confronter.

Je ne peux pas m'empêcher de croiser les bras en entrant dans la pièce. La porte se referme derrière moi. C'est la première salle que je vois, ici, à Pak Entertainment, qui ne soit pas un bocal. Il n'y a pas de fenêtre qui donne sur le couloir, celles qui existent donnent sur l'extérieur et sont couvertes par des persiennes. Cela conserve un peu la fraicheur des lieux. L'air est respirable. La salle ressemble un peu à un modèle miniature et confidentiel de bibliothèque universitaire. Des rangées d'étagères regorgent de dossiers, innombrables. Au centre, il y a une grande table de lecture, dans laquelle on a incrusté de petites lampes de travail individuelles et des cloisons brise-vue.

Un vrai salary-man, costume cravate impeccable et lunettes sur le nez, m'indique où je dois m'assoir. On me place loin des autres personnes déjà présentes dans la salle. Beaucoup d'adolescents, accompagnés ou pas de leurs représentants légaux.

L'homme me demande en chuchotant ma carte d'identité et ma convocation à ce rendez-vous. Je vois qu'il compare méticuleusement ma tête avec celle de la photo. Pendant ce temps, je regarde son badge. Il occupe la fonction de secrétaire.

— Je vais chercher votre contrat, murmure-t-il en me rendant mes papiers.

Il m'apporte un dossier que j'estime faire une bonne quarantaine de pages.

— Vous avez besoin d'un traducteur ?

Je fais non de la tête, comme si j'avais perdu ma langue. Mes doigts se posent avec un mélange de crainte et de curiosité sur le contrat.

— Vous êtes venue seule ? s'étonne le secrétaire.

— Oui. Je dois signer tout de suite ? demandé-je.

— Il n'y a pas d'obligation, l'entreprise peut fixer un nouveau rendez-vous pour signer le contrat, si vous avez besoin de réfléchir.

— Quels sont les délais ?

— Quelques semaines.

Tiens, ce n'est pas très pali pali tout ça.

— Mais les cours commencent la semaine prochaine, fais-je remarquer.

— C'est vrai.

— On peut les suivre sans avoir signé le contrat ?

— Il faut avoir signé le contrat pour avoir le droit d'assister aux cours.

— Donc si quelqu'un demande une rectification de son contrat, il manque une partie des cours. Comment peut-il les rattraper ?

L'homme regarde sa montre, puis en direction de la porte d'entrée. Je sens que je commence à l'ennuyer avec mes questions.

— Excusez-moi, je ne suis que secrétaire.

Sur ces mots, il me quitte, me laissant avec mes questions sans réponse et ce dossier de 38 pages. J'allume la petite lampe et je commence à éplucher ce fameux contrat. Je lis et j'avoue que j'ai du mal, car mon coréen n'est pas au niveau. Le langage est très spécifique, je ne connais pas tous les mots. Parfois, je relis dix ou douze fois la même phrase, en cherchant ce que j'ai dû mal comprendre. D'autant plus que certains contenus sont surprenants.

— Excusez-moi ? demandé-je en levant la main. Puis-je poser une question ?

Le secrétaire, qui était en train de placer une nouvelle personne à la table de lecture, lève les yeux vers moi.

— Des questions ?

La surprise sur son visage me fait comprendre que les futurs élèves qui demandent des précisions doivent être rares. Il vient à moi et je lui explique mon problème en chuchotant :

— Quand il y a écrit, ici, dans l'article 6, celui qui s'appelle : « droits et responsabilités du signataire » ...

Je mets un index sur la feuille pour lui désigner le bon article. L'homme regarde par-dessus mon épaule et lit en même temps que moi :

— « Si le signataire reçoit des critiques publiques en raison d'un usage de drogue récréative ou pour des rapports indécents avec le sexe opposé, etc. le présent contrat pourra être rompu par Pak Entertainment et des indemnités de rupture (cf art.16) pourront être demandées. »

Je fais une pause. L'homme se redresse.

— Oui. Quel mot ne comprenez-vous pas ?

— Je voudrais savoir ce qu'est un « rapport indécent avec le sexe opposé » ? Est-ce qu'il s'agit de rapports sexuels ?

Le secrétaire baisse les yeux pour me répondre.

— Entre autres.

— Entre autres ? C'est-à-dire ?

Il se ratatine. Je continue pourtant, car son « entre autres » m'inquiète énormément :

— Embrasser quelqu'un, c'est indécent ?

Il vient de relever les yeux et, à son expression, je comprends que s'embrasser est clairement indécent. Il me dit :

— Un homme et une femme qui s'embrassent, cela doit rester intime. S'embrasser en public, c'est ça qui est indécent.

Je n'avais jamais pensé, avant ce moment, la chance qu'ont les Français de pouvoir vivre leur amour publiquement. Finalement, il y a beaucoup de pays où s'embrasser dans la rue peut vous être gravement reproché.

— Est-ce que ça veut dire que je n'aurais pas le droit de sortir avec un garçon ?

— Si, si... rien n'est interdit, mais il faut en parler avant, avoir l'autorisation. S'il n'y a pas de critiques publiques, il n'y aura pas de problème.

L'idée de devoir demander l'autorisation de mon agence pour m'envoyer en l'air avec un homme me scandalise, mais cet employé n'a pas besoin de savoir le fond de ma pensée. D'autant plus que j'ai encore pas mal de questions.

— Et s'il y a des critiques alors que je n'ai rien fait ?

— Il n'y aura pas de critiques si vous n'avez rien fait.

Il est catégorique, si sûr de lui que je pourrais presque le croire. Je sais que les Coréens sont a priori plus honnêtes que nous, qu'on peut laisser son téléphone portable dépasser de la poche arrière de son jean dans un bus, que l'on peut confier son sac à main à un inconnu dans la rue, mais j'ai du mal à croire qu'aucun d'entre eux n'a jamais lancé une fausse rumeur.

Je fais à nouveau semblant d'être pleinement satisfaite par son explication et je poursuis :

— « Le signataire s'engage, à l'intérieur et à l'extérieur des locaux de l'entreprise, pendant et en-dehors de son temps de travail, à ne pas consommer d'alcool, à ne pas conduire de véhicule, à ne pas faire de chirurgie esthétique et à ne pas avoir de rapport indécent avec le sexe opposé. » Là, je ne comprends pas, je croyais que la chirurgie esthétique était courante.

— Rien n'est vraiment interdit, mais pour ces choses-là, il faut demander l'autorisation exceptionnelle de Pak Entertainment. La confiance est essentielle pour préserver l'image de l'entreprise. Et toujours, la discrétion est très importante, surtout à propos de ces choses-là.

J'acquiesce, mon langage corporel aux antipodes de ce que je ressens. Je tourne plusieurs pages, pour lui montrer l'article 16, celui sur la rupture du contrat.

— Ici, il est indiqué que mon contrat prendra fin dans trois ans et que si je souhaite le clôturer avant cette date, je devrais verser à Pak Entertainment la totalité des frais qu'ils ont dépensés pour moi, ainsi qu'une indemnité compensatoire. Je trouve que c'est assez flou. Quel est le montant de cette indemnité ?

— Vous n'aurez pas besoin de le savoir. Pour l'instant, aucun trainee de Pak Entertainment n'a jamais décidé de clôturer son contrat avant la fin.

J'ai envie de lui dire que, justement, le montant de ladite indemnité pourrait très bien expliquer ce fait.

— Est-ce que je peux savoir combien l'entreprise va dépenser pour moi ?

— C'est très difficile à estimer, ça dépend de beaucoup de choses : de votre logement, de votre nourriture et surtout des cours que vous allez suivre. L'entreprise investit beaucoup d'argent pour former ses trainees.

Il me sourit comme si c'était une bonne nouvelle et je lui rends son sourire, pour la forme.

— Vous avez d'autres questions ?

D'autres articles m'ont fait dresser les cheveux sur la tête, mais au point où j'en suis, je le remercie pour son aide et il s'éloigne, soulagé.

Je me sens mal. Le contrat est ouvert devant moi. Je ne le regarde plus vraiment, je fixe les pages avec un regard vide et je réfléchis. Je me souviens que j'avais rangé les mauvais côtés de l'industrie K-pop en catégories. L'une d'elles, je l'avais appelée : « les chaines ». Je sais que les artistes de K-pop n'ont pas la liberté de démissionner. Je sais qu'ils sont enchainés à leur entreprise, jusqu'à la fin de leur contrat. Je me heurte maintenant moi-même à cette réalité. Je vais devoir faire un choix cruel. Est-ce que je suis prête à sacrifier une partie de mon existence pour connaitre la vérité sur Minsuk ? Trois ans et peut-être plus, si on compte le temps que je vais devoir consacrer à rembourser ma dette.

Depuis quatre ans, toute mon existence tourne autour de la disparition de Minsuk. Savoir ce qu'il lui est arrivé, c'est mon désir le plus profond, mais pas au point de m'enchainer à vie à une agence de K-pop. Surtout pas la Pak ! Minsuk a passé tout le début de sa carrière à parler de son entreprise avec un vocabulaire dithyrambique, puis, six mois avant la fin, il a arrêté d'en dire du bien. J'interprète son soudain silence sur le sujet comme une lourde dénonciation : il n'aimait plus son entreprise, il l'exécrait. Et apparemment, je ne pourrai jamais découvrir pourquoi.

J'ai les larmes qui me montent aux yeux. Je ne vais pas pouvoir signer ce contrat. Je ne vais pas pouvoir infiltrer la Pak. Je relis mécaniquement l'article 16 pour me laisser le temps de me faire à cette idée, ensuite j'appellerai le secrétaire et je lui rendrai le contrat, vierge de mon paraphe.

Je lis tous les points, jusqu'au dernier. Sur celui-ci est écrit :

« Une période d'essai de trois mois prend effet à partir de la signature du contrat. L'entreprise pourra rompre le contrat sans donner de motif et sans verser aucune indemnité de licenciement. Le signataire pourra rompre le contrat sans motif et sans verser d'indemnité compensatoire. »

Je me frotte les yeux et je relis, une fois, deux fois. Peu m'importe le reste du contrat, la période d'essai vient de m'en gracier. Je tourne les pages avec une vigueur retrouvée, jusqu'à la dernière page. J'attrape un stylo et je signe : « Lu et approuvé, Jeanne Gardin ».

J'ai donc trois mois pour trouver des réponses à mes questions.


Pali-pali : Littéralement, Vite vite ! Expression employée pour parler de l'évolution fulgurante de la Corée du Sud et le rythme effréné auquel vive les Coréens.

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