Des protestations
Sixième
Lucie se tenait devant la porte de sa nouvelle chambre, mais n'osait pas rentrer.
Cela pouvait peut-être paraitre étrange pour n'importe qui, mais elle était terrifiée. Elle venait de pénétrer dans un univers qu'elle ne connaissait pas, tout ce qui l'entourait était inconnu à ses yeux et ce qui se trouvait derrière cette porte l'était encore plus. Sauf que ce dernier allait avoir un impact tout aussi voire encore plus important sur sa vie.
Ses parents et la baby-sitter qui venait la garder quand elle était plus petite étaient les seules personnes avec qui elle avait jamais vécu et maintenant il fallait qu'elle partage sa chambre avec une parfaite inconnue ? Qu'allait-elle faire si elle tombait sur une fille complètement dérangée qui vouait des cultes à Satan ? Ou alors, était-elle elle-même facile à vivre ou pouvait-elle se montrer insupportable ? Elle n'en avait pas la moindre et le fait que ça pouvait être une possibilité l'effrayait au plus haut point.
Elle ne savait pas si elle était prête, elle ne savait pas si la personne se trouvant derrière cette porte était prête, mais elle n'avait pas la possibilité de se retourner puisque ses parents étaient déjà partis et que son inscription était définitive.
Alors elle ferma les yeux, prit une grande inspiration, expira lentement par la bouche et rouvrit les yeux avec une détermination nouvelle brillant à l'intérieur.
Elle poussa doucement la porte et entra dans la pièce, sa valise encore bien trop grande pour elle la suivant de près. La première chose qui lui sauta aux yeux, ce qui n'était pas très compliqué à vrai dire, fut la fille avec qui elle allait partager sa chambre entièrement enroulée dans le bras de sa couette et debout sur son lit.
Lorsqu'elle l'entendit entrer, cette dernière essaya de se tourner vers la porte, mais elle se prit les pieds dans le bas du drap et tomba du lit. Lucie n'eut même pas le temps de réagir qu'elle relevait la tête avec un sourire embarrassé sur les lèvres.
« Hey, salut. Je m'appelle Alexia. Je suis vraiment désolée de devoir te demander ça alors que tu viens juste d'arriver, mais est-ce que tu pourrais m'aider ? Je crois que je suis coincée. »
Ses longs cheveux blonds étaient entièrement ébouriffés, ses yeux noisettes luisaient d'une lueur chaleureuse et son expression était amicale, quoique un peu grimaçante dû à sa chute. Lucie n'attendit pas une seconde de plus et l'aida à se relever tant bien que mal, tout en essayant de la démêler du drap. Elle ne voyait même pas comment elle avait pu se mettre dans une telle position.
« Tu ne t'es pas fait mal ? » Lui demanda-t-elle une fois dégagée du drap.
« La couette a amorti ma chute. » Répondit Alexia en bougeant dans tous les sens pour verdier qu'elle n'avait mal nulle part. Une fois sûre, elle se tourna vers elle avec un large sourire. « Alors, comment est-ce que tu t'appelles ? »
Lucie fut légèrement interpellée par ce brusque changement de sujet, mais elle se reprit rapidement. « Lucie. »
« Et bien Lucie, je te remercie pour ton aide, même si tu dois avoir une drôle de première impression de moi maintenant. » Répondit-elle en penchant légèrement la tête sur le côté.
« Crois-moi, j'ai déjà connu des rencontres pires que celle-ci. » Affirma-t-elle avec un sourire timide, ne sachant pas encore sur quel pied danser.
Alexia, elle, semblait tout à fait à l'aise et rigola. « Difficile de faire pire, mais je veux bien le croire. Rassure-moi, tu n'es pas le genre de fille à passer son temps libre à faire des cultes sataniques ? »
Cette réflexion faisant écho à ses pensées précédentes, elle put se détendre et commença à s'installer tout en continuant à faire connaissance. Alexia n'était pas très dure à cerner, elle était très ouverte et constamment de bonne humeur, le contraire de Lucie qui était plus réservée et ne laissait pas voir ses émotions si facilement.
Elles parlèrent de tout et de rien tout en se partageant la chambre, s'installant au mieux afin de ce sentir comme chez elles puisque c'était le début de longues années dans cette chambre. Quand l'heure d'aller diner sonna, elles se connaissaient déjà davantage et rigolaient bien, marchant calmement vers le réfectoire des collégiens.
« Pourquoi est-ce les filles doivent porter ces stupides jupes ? »
Cette question attira leur attention et elles se retournèrent simultanément vers un coin du couloir où se tenait une surveillante proche de la retraite et une élève de sixième qui avait posé la question. Celle-ci avait des cheveux noirs coupés au carré, des yeux tout aussi sombres.
« Excusez-moi ? » Lui demanda la surveillante, prise de court par sa question.
La jeune fille leva les yeux au ciel et montra sa jupe de la main. « Pourquoi est-ce qu'on doit porter ces atrocités ? »
« Et bien, » répondit-elle en clignant des yeux, se remettant toujours de sa surprise, « parce que c'est le règlement qui le stipule. »
« Et il n'y a pas moyen de changer cette règle ? » S'entêta l'élève avec une détermination telle que Lucie n'en avait jamais vue. « Car c'est un peu moyenâgeux si vous voulez mon avis. »
Depuis le temps, la surveillante s'était complètement reprise et cette réflexion ne semblait pas la ravir outre mesure. « Personne ne vous a demandée votre avis Mademoiselle et non, il n'y a pas moyen que ça change. »
La jeune fille plissa les yeux avec une lueur de défi dans le regard. « Vous en êtes sûre ? »
« Évidemment ! » S'outra la plus vieille. « Maintenant, allez au réfectoire avant qu'il n'y ait des conséquences à votre insolence. »
« C'est ce qu'on verra. » Répliqua-t-elle avant de tourner les talons et de s'arrêter devant les filles qui la regardaient comme une bête de foire? « Je ferais abroger cette loi ! »
Et elle les contourna, se dirigeant d'un pas déterminé vers le réfectoire. Alexia et Lucie échangèrent un regard effaré par la scène qui venait de se dérouler devant elle, la stupéfaction coulant à grand flot dans leurs veines.
« Je la veux comme amie. » Déclara soudainement Alexia avec un grand sourire avant de s'élancer à s poursuite.
Lucie la regarda, toujours avec surprise, rejoindre la fille aux cheveux noirs et entamer une discussion. Oui, elle n'avait plus à avoir peur de l'inconnu.
Et elle partit les rejoindre en courant.
Publié le 27 mars 2019
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