XX - Chapitre Vingtième
Je leur sourie de toutes mes dents tandis qu'ils me lancent des regards choqués. L'un deux vient vers moi, mais rien ne peut plus me faire peur.
« - Retourne dans ta cellule, chienne. »
Je lui fais un petit sourire, rempli de pitié.
« - On confond chien et loup à ce que je vois ! »
Je lui réponds, mon regard profondément ancré dans le sien. Ses yeux se remplissent de fureur.
Il fonce vers moi.
Le serpent s'engage dans une valse dangereuse. Mon ennemi est envoyé au loin, mort d'un coup, d'un souffle. Ma magie est puissante, mortelle, dangereuse.
J'ai un petit sourire, alors que tous s'avancent vers moi.
« - Arrêtez. Elle vous tuera un à un. Seuls les magiciens peuvent se confronter à elle. Ecartez-vous ! »
La voix autoritaire d'un des supérieurs de Nathan retentit dans tout le campement. Il s'avance doucement, pour me faire face, et m'offre le sourire le plus mauvais qu'il lui est possible de me lancer. Je ne sais pas pourquoi, sans doute parce qu'il est lâche, mais dans un geste prétentieux, il pousse Nathan devant lui. Je me mords la lèvre. Je ne veux pas me battre contre lui.
J'ai peur de perdre.
Mais surtout, j'ai peur de gagner. Je ne veux pas le tuer.
« - Ravie de te voir Nathan ! »
Je lui lance avec un sourire que je veux assuré. Il s'avance légèrement, les mains levées en signe de paix.
« - Retourne dans ta prison. Tu sais ce qui arrivera sinon... »
Je sens bien que c'est plus une demande qu'un ordre. Il n'a pas envie de me combattre. Je n'ai pas envie de le combattre. Nous rejoignons une même idée, et pourtant, nous savons tous les deux que nous allons combattre.
« - Désolé Nathan... Je dois partir d'ici. J'ai besoins de retrouver ma meute, mon équipe. Sans eux, je suis quoi exactement ? Un pauvre lapin qui fuit deux loups affamés qui n'auront le repos qu'en me tirant jusqu'à leur tanière. Je ne veux pas rejoindre les Rebelles. Tout comme je fuirais l'Ordre autant que je le pourrais. Je ne peux pas rester ici. Et toi... »
« Toi non plus. »... Dans ma voix, je sais que des mots volent sur les silences. « Ne veux-tu pas venir avec moi ? ». Je sais que c'est stupide. Il m'effraie, il m'a torturé, il me déteste sûrement. Mais pourtant, je ne veux pas le laisser là.
Il reste silencieux. Je suis sûre qu'il a compris mon sous-entendu. Je ne sais pas ce qu'il attend pour me répondre, mais il commence à faire long.
« - Nathan... Je ne veux pas t'affronter de nouveau. »
Une légère supplication, un murmure, qui reste en suspens dans les airs.
Soudainement énervés, que je tente de convertir leur plus puissant magicien, les sorciers des Rebelles propulsent vers moi de dangereuses décharges magiques. Sans un mot, sans un geste de ma part, mon pouvoir fait éclater les éclairs en plein vol. Ma magie est si rapide qu'en quelques secondes, tous les Rebelles capables de me résister sont hors d'état de nuire. Il ne reste plus que moi et Nathan. Les seuls magiciens. Les autres soldats ont reculé, effrayés d'avoir vu leurs sorciers tués par une force invisible.
Avec une harmonie qui dépasse tout ce qui a déjà été vu, je ne fais plus qu'un avec mon pouvoir. Ensemble, nous effleurons les surfaces du mur qui entoure Nathan. Sans le moindre sentiment hostile, juste par curiosité, nous tournons autour de lui, nous analysons ensemble sa magie.
Je comprends comment battre Nathan.
L'aura de son pouvoir est simple, chaleureuse, protectrice. J'ai pu briser le mur une fois, alors que je le combattais pour la toute première fois.
Les sentiments nocifs me quittent et je suis remplie d'une douce bienveillance, d'un feu protecteur. Dans une danse amusante, pleine de voltiges et d'acrobaties, je délaisse mon corps entouré de lumière et m'avance vers Nathan. Son mur n'oppopse qu'une très faible résistance. Rien de plus. Son pouvoir n'a pas besoins de le protéger, puisque je n'ai pas l'intention de le tuer. Ma magie est presque plaquée contre lui. Je pourrais le tuer. Je n'en ai pas l'intention. Un pardon infini s'installe en moi et je l'entoure de mes bras invisibles.
« - Tu sais, je te pardonne... Mais, je dois partir. Il est temps que je regagne ma meute. J'ai gagné Nathan. »
Alors que je commence à le lâcher, je l'entend murmurer.
« - Ne les laisse pas me tuer. »
Le... Tuer...
« - Ils vont me tuer... »
Il secoue la tête et se détache de moi sous mon plus grand étonnement.
« - Non... Pars, Leyla. J'ai été faible, en me laissant ainsi manipuler par les Rebelles. Tu n'es pas comme moi, tu es plus forte. Va-t-en. »
Sans un mot, et avec un sourire nostalgique sur le visage, il recule de quelques pas. Je voudrais lui crier dessus, lui dire qu'il est idiot, qu'il devrait m'accompagner ! Mais c'est trop tard. Tout reste coincé dans ma gorge. Ma vision se brouille doucement, mais pas à cause des larmes. Devant moi, sur le visage de Nathan, je vois passer une terreur inimaginable, une horreur sans pareil. Il a écarquillé les yeux et fait un geste dans ma direction, quand un homme lui attrape le bras. De plus en plus faible, détachée de mon harmonie absolue, je me tourne vers mon corps illuminé. Un homme se tient derrière moi, avec un sourire sadique et...
Un couteau.
Une arme blanche qui est profondément enfoncée dans la chair de mon ventre. Je tousse, pour échapper à ma fusion, de plus en plus pesante, avec mon pouvoir. Il me faut quitter cet état d'immersion, ailleurs que dans mon corps. Il faut que je retourne en moi, à temps...
Dans le précipitation, il m'est d'abord impossible de regager mon corps. J'ai du mal à bouger, à redevenir moi-même. C'est lorsque l'homme retire vivement l'arme de ma peau que je suis forcée de retourner en moi. Le sang goûte le long de mon ventre, mais il est tout simplement irréalisable pour moi de perdre connaissance. Je sis parfaitement consciente, et la douleur me lacère de l'intérieur. Je voudrais presque mourir, là, tout de suite.
« - Connard... »
Je murmure à l'intention de l'homme ignoble derrière moi. D'une main, il attrape mes cheveux et les tire en arrière. Je pourrais hurler de douleur, mais je préfère me mordre jusqu'au sang plutôt que de faire plaisir à ce chien.
« - Tu as été une méchante fille. »
Il me tire vers ma cellule et m'y jette comme un vulgaire déchet. La blessure m'empêche de bouger. Dehors, un cri de souffrance retentit.
« - Nathan... »
Je murmure. Je reste longtemps à l'écouter hurler avant que le sommeil ne me gagne. Quelques secondes avant que je perde connaissance, un corps presque dénué de vie est jetté près de moi.
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