XVI . Chapitre Vingt - sixième
Les jours s'écoulent paisiblement dans cette petite ferme, perdue au milieu de nulle part. Depuis mon arrivée, il y a de cela une semaine, les choses ont beaucoup évolué. Nous avons réparé la ferme et, grâce à mon pouvoir, j'ai pu aider leurs récoltes à pousser plus vite. Chaque jour, je vais aider Jean aux champs tandis que Carinne fais l'école à ses enfants. J'apprécie énormément cette famille. Ils sont gentils, dévoués, modestes. Ils se contentent de ce qu'ils ont. Ils ne me forcent à rien et n'attendent rien de moi. Chaque jour, quand j'arrive aux champs, Jean me fait un grand sourire et me remercie de venir l'aider. Je lui ai dit que c'était tout naturel et qu'il n'avait pas à me féliciter et à me remercier pour si peu, mais... Apparemment, il est comme ça. Impossible de lui faire entendre raison.
J'apprécie beaucoup la vie à la ferme. Ca demande des efforts, du travail manuel, je finis toujours mes journées épuisées. Mais au moins, ça m'empêche de penser à autre chose.
Chaque nuit, je rejoins les Protecteurs pour de longue discussions. Ice aime bien venir me voir, tout comme Lya et Alex.
D'ailleurs, grâce à Lya, j'en ai appris plus sur le collier que je porte autour du cou. Vieux de plusieurs milliers d'années, il se transmet depuis des temps immémoriaux dans ma famille. Ma mère l'avait donné à mon père lors de leur rencontre, car elle espérait qu'il était celui que le collier reconnaîtrait.
Selon ce qu'elle m'a dit, le dragon se déroulerait, ou du moins changerait de position une fois accroché au cou du chevalier. Je n'ai pas compris qui était ce chevalier, alors Lya m'a demandé si j'avais déjà rêvé à une femme violette et à son chevalier blonds. J'ai immédiatement pensé à Egelyssia et à Kyrian, qui me sont apparus dans un espèce de rêve éphémère. Je n'en ai pas parlé à Lya, et je lui ai dit que je ne savais pas de quoi elle parlait. Elle m'a dit que le chevalier à qui je dois remettre ce collier est l'héritier du sang de ce Kyrian. Lorsque je le lui donnerais, les pouvoirs du pendentif s'activeront et aideront leur porteur.
Une nouvelle quête s'ajoute à toutes celles de ma vie bien compliquée. Trouver l'héritier du sang de Kyrian pour lui remettre son collier.
Mais... Si Kyrian était un demi-dieu... Alors l'héritier que je dois trouver doit être vraiment puissant. Les demis-dieux sont des personnes très puissantes.
« - Pas du tout. Le sang de demi-dieu ne se transmet pas. Les enfants de ce chevalier étaient parfaitement humains. »
C'est ce que m'a dit Lya. Elle est vraiment un puit de sagesse.
D'ailleurs, Ice m'a aussi appris plein de nouvelles choses à propos de mon pouvoir. Par exemple, je peux le nourrir de la magie des autres et communiquer directement avec le royaume des songes sans être endormie. Ces échanges doivent être très brefs et calme, sinon ils me coûtent trop d'énergie et je m'écroule en quelques secondes.
Pendant la nuit, lorsqu'Alex vient me voir, il m'apprend les rudiments du combat à l'épée.
Je sais que beaucoup doivent être jaloux, que je puisse apprendre de telles choses pendant mon sommeil.
La sélection naturelle, que puis-je dire d'autre.
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« - JULES !! ANTOINE !! »
La voix de Carinne me tire brutalement du sommeil. J'ouvre vivement les yeux et e redresse. Les deux garçons, étendus près de moi, se réveillent difficilement, sans comprendre la situation. Carinne ! Elle hurle le nom de ses enfants. Je les plaque sous la couverture.
« - Restez-là ! »
Je leur dis. A la vitesse grand V, je me dirige vers l'origine du cri.
« - CARINNE ! »
Un homme se tient devant elle, un couteau à la main. Mon sang ne fait qu'un tour. En une fraction de secondes, il est à terre, la vie l'a quitté.
« - Qu'est-ce qu'il voulait ? »
Je m'approche d'elle et elle saute dans mes bras en pleurant.
« - L'Ordre... Elle hoquète. Ils... Ils sont venus s'assurer que le travail a été bien fait ! Ils veulent prendre mes enfants ! Ils veulent les mener à l'armée ! Ils veulent me prendre mes garçons ! »
Elle se met à genoux devant moi et je m'immobilise. Je lui attrape violemment le bras et la conduit vers les garçons.
« - VA-T-EN !!! Fuis vers la forêt ! »
Elle me lance un regard effrayé et je la pousse.
« - Leyla ! Tu ne peux pas les affronter ! Ils ont un magicien !!! »
Je lui souris malicieusement.
« - Aucun qui ne peut rivaliser avec moi, la fille des Protecteurs de Liel. »
Elle écarquille les yeux de surprise, mais ne reste pas immobile bien longtemps Dans un mouvement vif, elle prend ses fils dans ses bras. Je la vois courir vers la forêt et disparaître. Les soldats de l'Ordre débarquent alors dans la cour arrière, là où je me tiens en les attendant.
« - Bonsoir ! »
Je m'exclame joyeusement.
« - Où sont les enfants ? »
Ils s'approchent de moi, menacant. Je leur lance un regard outré.
« - Vous pensez réellement que je vais vous le dire ? »
Cette phrase provocante leur suffit à se jeter sur moi. Malheureusement, ils se heurtent à un mur invisible.
« - Une magicienne ! »
Celui qui s'exclame ça n'a pas le temps de dire autre chose, je le tue sans la moindre pitié. Un autre homme arrive en courant. Ils étaient cinq, je présume. J'en ai déjà tué deux. Plus que trois. Enfin... Ma magie s'élance. Plus que deux, je suppose. Le magicien invoque une boule de feu et la lance sur moi. Elle ricoche sur mon bouclier puis s'éteind.
« - A moi ! »
Je m'exclame. Je prend le contrôle de ma magie et assassine l'autre garde qui tient une épée. Le magicien ne tarde pas à tomber. Je commence à me dire que ce genre de combat est trop facile. J'aimerais avoir d'autres adversaires comme Nathan. Au moins, ça m'apprend quelque chose ! Là, c'est juste du pur massacre.
Où peux bien être Jean ?
Je parcoure la propriété. En quelques minutes, je trouve son corps étendu dans une flaque de sang. Je m'incline près de lui et prend sa main. Il est mort. Un soupir de déception s'échape de mes lèvres. Ce n'est pas la première fois que je vois quelqu'un mourir. Mais lui, je le trouvais sympathique. Le vide est plus grand lorsqu'on voit mourir quelqu'un qu'on aime. Je repense à son sourire complice et doucement, ma magie l'entoure. Son corps se transforme en million d'étoiles alors que j'ai fermé les yeux. Dans la noirceur de la nuit, une lumière plus éclatante que la vie s'élève dans les cieux. Des milliers d'étoiles qui montent vers les cieux et qui disparaissent lentement près de leurs consoeurs.
Je me relève et rend un dernier hommage à cet homme courageux. Une fleur plus belle que les plus éclatante rose pousse devant la grange.
« - Bonne nuit »
Je lui murmure. Je me retourne sans faire attention aux nombreuses larmes qui coulent sur mes joues. Je dois retrouver Carinne. Comment faire ? Comme lorsque j'étais captive, j'envoie mon pouvoir en éclaireur. Je n'ai aucun mal à la retrouver, elle et ses enfants. Ils ne sont pas très loin. Je me met à leur poursuite. Ça ne me prend pas grand temps pour les rattraper.
« - Carinne. »
Elle se retourne vers moi et m'offre un sourire soulagé. Ses fils dorment à moitié dans ses bras. Son sourire se fane lorsqu'elle remarque le sang ornant mes mains. Je répond à sa question silencieuse.
« - Jean est mort... »
Ses yeux s'aggrandissent et elle tombe par terre, réveillant Jules et Antoine.
« - Carinne, tu es en vie et tes trois enfants aussi. Ce n'est pas le moment de pleurer. Pour le moment, on continue. Bien que je me vois mal débarquer chez mes amis avec trois personnes, je crois que c'est la meilleure chose à faire. »
Je soupire. C'est plutôt embarrassant. Je viens de leur dire adieu et il faut que je retourne vers eux en un temps record de moins d'une semaine. Que vont-ils penser ? Je me le demande bien. Je repense aux pleurs de Claire. Elle va m'en vouloir, c'est sûr !
Je soupire encore une fois. Nous verrons tout cela quand je serais en face d'eux.
« - Carinne, tu es épuisée, campons ici. »
Elle s'étend sur le sol et serre ses deux enfants contre elle. Le sommeil vient bien vite les trouver. Je n'ai même pas besoins d'envoyer mon pouvoir pour savoir où se trouve la maisonnette de bois. C'est ma maison désormais. Je peux rentrer chez moi d'instinct. Le matin se pointe vite et je réveille mes trois compagnons. La route est longue, mais nous arrivons près de la maison vers midi. Je m'arrête. Nathan semble attendre quelque chose sur le perron. Nous sommes encore caché par les arbres, pourtant, il pose son regard sur moi et un grand sourire illumine ses lèvres.
« - C'est un de tes amis ? »
Demande Jules.
« - Oui... »
Je m'avance en tenant la main d'Antoine. Nathan s'approche de moi.
« - Alors ? Tes adieux ne durent pas longtemps. »
Je détourne le regard.
« - Que veux-tu que je te dises ? »
Il hausse les épaules.
« - A moi, rien. Je te suis entièrement dévoué Leyla, pour m'avoir sauvé des Rebelles. Je n'ai pas besoins d'une quelconque explication, et puis.. Je te comprends. Seulement, tes amis, eux... Ils ne te doivent rien. Je penses que tu devrais t'excuser auprès d'eux et que tu leur expliques la raison de ce départ précité. Et pourquoi tu es revenue. »
Je n'ose pas l'affronter... Je pousse un soupir et lui lance finalement un regard désolé.
« - Je sais que vous m'en voulez d'avoir fait ça. Toi aussi, même si tu dis le contraire. Mais pour être franche, si je n'avais pas rencontré Carinne, je ne serais sans doute jamais revenue. »
Il me fait un clin d'oeil et je vois dans son regard que je suis pardonnée.
« - Je suis content que tu sois revenue. »
Dans un geste que je ne comprend pas, je me jette dans ses bras. Je suis soulagée. Il me sert contre lui et je passe mes mains dans son dos. Son dos... Il est un magicien, pourtant, il a un dos large et un torse musclé. Il est plus grand que moi, (en même temps, je suis petite...) de quelques centimètres. Je pose mon visage sur son épaule. Derrière moi, je sens le regard de Carinne.
« Surtout l'un d'eux en particulier. »
Je me sépare doucement de Nathan et lance discrètement un regard noir à la femme.
« - Alors ? Qui sont ces gens ? »
Je lui présente la petite famille sans encore lui expliquer les circonstances de notre rencontre.
« - Les autres savent que je suis là ? »
Il secoue négativement la tête.
« - Non, ils dépriment dans le salon. »
J'écarquille les yeux, de plus en plus coupable.
« - Vraiment ? »
Il me fait un sourire malicieux.
« - Non. Ils sont dans le salon, mais je n'ai aucune idée de ce qu'ils font. Enfin, ce n'est pas pour ça qu'ils ne sont pas tristes. »
Je lui souris et prend Antoine dans mes bras pour le serrer contre moi. C'est Nathan qui invite poliment Carinne à entrer.
« - On a assez de chambres ? »
Je demande.
« - Je ne sais pas, mais je pense que oui. »
J'approuve et il me fait entrer. Nathan, Carinne et Jules passent devant et cache ma personne. Pourtant, tous les regards sont tournés vers mon ami. Il se pousse et me laisse apparaître. J'enfouis ma tête dans le cou d'Antoine, rouge de honte. Celui-ci ne dit rien, étonné du nombre de personnes présente dans la petite maison.
« - Leyla.. !! »
Claire... Je la sens s'approcher de moi. Je relève un bref regard vers elle. Que faire ? Si elle me déteste... Pourrais-je le supporter ? J'inspire un grand coup et ose enfin affronter son regard. Son visage est rayonnant, comme si je lui avais sauvé la vie.
« - Je... Je suis revenue finalement... »
Je murmure. Elle me sourit et je peux voir une larme perler au coin de son oeil gauche.
« - Je... J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je peux repartir si ça te dérange ! »
Je m'affole. Alors comme ça, mon retour la rend malheureuse. Elle me fait une grimace et je me détends. Bien sûr que non. Elle est juste heureuse. Je pose Antoine et l'enlce dans mes bras. Lyn et Lou s'approchent à leur tour.
« - Ravie que tu sois de retour ! »
S'exclame Lyn en se joignant à notre câlin.
« - Pour le moment, je te prends dans mes bras. Mais tu vas regretter de m'avoir fait pleurer. Ça fait un moment que j'ai besoins d'une domestique, femme de ménage, toutes fonctions ! »
Me dit Lou en me prenant dans ses bras. Comment ai-je pu partir ? Leur étreinte me réchauffe le coeur et je ne veux plus jamais être séparée d'elles. Je veux les protéger au péril de ma vie. Je veux que rien ne leur arrive jamais.
Et je comprends.
Je ne suis plus faible.
Ce sont mes alliés qui me donnent ma force.
Ils me soutiennent, se battent à mes côtés, risquent leur vie pour ma cause.
Ils sont là pour moi, et c'est pour cette raison que je suis forte à leur côté.
Car je sais qu'ils sont derrière moi, à m'encourager de leur mieux, à me prouver qu'ils seront toujours de mon côté. A jamais, je veux rester avec eux.
Je lève les yeux. Willow est assis dans le salon. Il ne regarde pas dans notre direction. Je soupire en me disant que je vais devoir faire le premier pas.
« - Venez, on va accueillir nos nouveaux invités ! »
S'exclame Claire. Je remarque immédiatement dans sa voix qu'il y a l'ordre invisible de nous laisser seuls. Mes amis montent à l'étage et je me sens soudainement... Sans armure. Face à ce garçon, je n'ai rien. Aucune défense. Il perce mes émotions trop facilement. J'ai énormément de difficulté à lui mentir. Je suis obligée d'être franche avec lui. La dernière fois, ça m'a fait beaucoup trop mal. Cette fois, je lui dis la vérité. Et si mal interprétation il y a, alors je lui expliquerais !
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