IV . Chapitre Quatrième
Et pour la troisième fois, toujours avec cette grimace de mécontentement, j'ouvre les yeux, sortant ainsi de ma torpeur forcée. Cette fois-ci, je ne ressens aucune douleur et mes yeux s'habituent facilement à la lumière basse. Je m'assois rapidement. Il n'y a personne dans la pièce. Juste deux meubles qui me tiennent compagnie. Une table de chevet et un lit miteux qui semble dater de plusieurs années. Je jette un œil vers la porte, elle doit certainement être fermée à clé. Je sors du lit dans lequel on m'a étendu et essaie de la forcer. A ma plus grande surprise, celle-ci s'ouvre sans problème. Devant moi, s'étend un long couloir aux murs grisâtre. Je m'y engage doucement. Aucun garde. A croire que c'est fait exprès... Je continue tout de même de marcher en songeant à ce qui s'est passé avant que je "m'endorme".
Quand cette garce a été soulevée par une espèce de main invisible... Juste au moment où je voulais qu'elle souffre.
Je continue d'avancer dans le couloir sombre. De chaque côté, il y a des portes. Elles donnent sûrement sur des chambres comme celle où j'étais quelques minutes plus tôt. Le doute me tenaille. Et si c'était d'autres "otages" ? Je me décide finalement à ouvrir une de ces fameuses portes. Il n'y a personne à l'intérieur, mais c'est effectivement une chambre.
Je continue de progresser dans ce couloir jusqu'à déboucher dans une autre pièce. On dirait une cafétéria, ou une cantine. Il y a quelques personnes, mais aucune ne semble me porter attention. Je les contemple un moment. Je n'en connais aucun. Je baisse la tête. C'est à ce moment que je remarque les vêtements qu'on m'a affublé. Une simple petite robe blanche qui m'arrive au-dessus des genoux. Je remarque aussi que je suis pied nu et que je porte une unique menotte au pied droit. Elle ne me fait pas mal, mais j'ai de plus en plus l'impression d'être un animal en cage. Je traverse la cafétéria, bien décidée à retrouver la peste qui m'a emmené ici !
Je passe un petit moment à déambuler dans l'énorme bâtiment. Après plusieurs minutes, j'arrive ENFIN devant une porte d'une autre couleur que le gris permanent auquel j'ai droit depuis mon réveil. Cette jolie porte de bois clair me donne l'impression que j'ai trouvé ce que je cherche. Je l'ouvre en fracas, plus qu'énervée d'être trainée de part et d'autre des environs. La porte frappe le mur et me laisse déboucher sur un autre couloir, mais bien plus charmant. Celui-ci est en marbre et de beaux tapis couvrent le sol. J'avance sans porter attention aux différents tableaux qui ornent les murs. Je m'arrête seulement en arrivant devant une grande arche donnant sur un hall d'entrée. LA SORTIEEE !!! Je hurle intérieurement. Je remarque alors que quelques personnes me regardent. Comme si je n'étais pas censé être là. Mais pour être franche, il faut dire que je m'en contre-fiche... Je marche vers la porte grande ouverte qui donne à l'extérieur. Juste avant de la franchir, je m'arrête. Venir jusqu'ici a été beaucoup trop simple. Il doit y avoir quelque chose pour m'empêcher de sortir. J'avance mon pied droit. Celui où est fermement attachée la menotte. Dès que celui-ci a traversé la porte, une alarme retentit. Au lieu de courir vers l'extérieur, je m'enfonce dans le château, suivant ainsi le hall principal. Quand j'arrive au bout, trois hommes me bloquent la route.
« - Halte ! Tu pensais vraiment pouvoir t'en aller si facilement ? »
L'un d'eux s'avance vers moi. Je lui envoie un coup de pied entre les jambes. Son armure de cuir ne protège pas beaucoup ses... Hum... Parties sensibles. Il s'écroule à genoux et j'utilise son corps pour me propulser un peu plus loin. Je continue de courir.
Soudain, une main me prend au cou. Cela stoppe immédiatement ma course. Je crie. La main m'étouffe encore plus. La panique enfle en moi et je lève les yeux vers la personne qui m'étrangle petit à petit.
Encore cette garce !
Je me remue dans tous les sens, la maudit intérieurement, essaie de la mordre... Rien n'y fait, je suis petit à petit privée d'oxygène.
Alors que je commence à sentir mes forces me quitter, j'aperçois, comme un espoir, une personne au visage familier. Pour la deuxième fois, passé, présent et futur s'emmêlent dans ma tête et je sais qu'elle est mon ultime alliée. Je rassemble ce qui me reste de force.
« - Claire... »
Elle est ma dernière chance. Je la vois s'approcher, les larmes aux yeux, se mettre à genoux.
« - S'il te plaît Nara ! Laisse-là ! Ne lui fait pas de mal... »
La prise sur mon coup se desserre et je tombe sur le tapis. L'air s'engouffre dans mes poumons, telle une bouffée salvatrice. Ma respiration sifflante est entrecoupée de toussotement, mais au moins, je respire. C'est bon signe, non ?
« -Tu oses t'opposer à mes décisions ? »
Demande cette garce de Nara
« - N... Non ! Je ne serais jamais capable d'une telle chose. Tu as tant donné pour nous ! Je... Je voulais juste... »
Je vois bien que Claire cherche ses mots.
« - Tu voulais juste ? »
La pousse à continuer sa chef, sadiquement amusée.
« - Je voulais juste... que... Elle semble soudain avoir une idée. Tu m'as toi-même dit qu'elle était importante. Si tu la maltraites, elle ne voudra sûrement pas nous aider... »
« - Qui t'a dit qu'on lui demandait son avis ? »
Elle s'approche de Claire. Celle-ci est toujours à genoux. Sans que je puisse intervenir ni même réaliser ce qui se passe, la jeune fille que j'ai tant de mal à regarder sans voir en elle une personne de confiance, se retrouve par terre, une grande marque rouge sur la joue. Nara semble satisfaite de la punition et sourit. La colère et la haine meurtrière que j'ai ressenties un peu avant de m'évanouir reviennent à la charge, encore plus intensément. Mon être entier se transforme. Jusqu'où suis-je prête à aller pour cette fille que je connais à peine ?
Présent, passé, futur. Tout cela n'a plus d'importance.
Mon être chavire.
« - J'espère qu'à l'avenir, tu réfléchiras avant d'intervenir. »
S'exclame Nara, la voix rieuse. J'entrevois Claire hocher péniblement la tête et mettre sa main devant son visage, les lèvres crispées. Ma vue est floutée à cause de la colère si immense qui monte en moi. Je me lève. Nara me prend par l'épaule. Je ne sens plus rien. Mon être est devenu comme un torrent de haine envers cette femme. Je veux... La voir mourir.
Je ne sens plus rien. Je dérive. Je ne contrôle plus mon corps. Je suis ailleurs, dans un univers de lumière. Les sentiments m'ont quitté. Je suis un être à part, la lumière de moi-même, ou son ombre. Il n'y a aucune différence, aucune importance. Nara s'impose alors à ma vision, elle est juste devant moi. La haine n'est plus présente. Je ne suis plus qu'un halo invisible, une force étrangère, un être avec une mission stricte et ancrée partout en moi. Je dois la tuer. Pendant un bref instant, je reprends conscience de ce qu'il m'arrive. Il y a quelque chose de bizarre. Je ne vois pas Nara depuis mon corps. Je tourne la tête, ou ce qui me sert de tête. Mon corps physique est là, enveloppé d'une lumière destructrice. Alors, je comprends...
La main invisible.
Je fonce sur Nara et la soulève dans les airs, l'étranglant assez pour qu'elle sombre dans l'inconscience. Le devoir de tuer. La seule chose qui occupe mes pensées. Deux gardes s'approchent de mon corps. Je les envoie valser à l'autre bout de la pièce. L'être que je suis devenue me confère une force incroyable. Je pourrais avoir l'impression d'être puissante, d'être invincible. Mais.... Les sentiments m'ont quitté, même la haine. Ma mission s'impose de nouveau à mon esprit. Tuer Nara. Tuer cette garce.
Présent, passé, futur. Plus rien n'a d'importance. Je dois la tuer.
Je lui donne un coup de poing dans le ventre. Elle se réveille immédiatement en crachant du sang. Je la saisis une nouvelle fois et la lance contre un mur. Certains de ses os se brisent dans un craquement sinistre. Mes yeux spectraux captent alors les regards effrayés autour de moi. Ces gens que je ne connais pas, mais qui sont tétanisés par la peur de voir un de leur supérieur être mis au tapis par une fille de 15 ans. Ils ne savent pas. Ils ignorent que je suis un nouvel être. Quelque chose d'à part. Je m'assure que Nara dort puis, petit à petit, je retrouve mon corps. Inutile de les effrayer. Je reprends mes esprits. Les sentiments m'envahissent, me donnant momentanément le tournis. La lumière disparaît. Une fois entièrement en moi, je tombe à genoux. Ma tête tourne et j'ai envie de vomir. Passer d'être insensible à petite humaine émotive est... dur. Je vois Claire, encore étendue sur le sol, à un ou deux mètres de moi. Je cours vers elle et la prend dans mes bras.
« - Excuse-moi... Excuse-moi... Je suis désolé... »
Je murmure. Je m'en veux. Par ma faute, elle a souffert. Je sens ses bras m'enlacer à son tour.
« - Ce n'est pas de ta faute... »
Présent, passé, futur. Tout arepris son sens, mais j'ai gardé une marque. Une confiance aveugle en elle. Enelle et en ceux qui deviendront mes alliés.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro