Et qu'est-ce qu'il en avait envie aussi !
Mais il ne s'était pas comporté parfaitement jusque-là pour trébucher à la première tentation. Il devait être fort, d'autant plus que Livai ne l'était pas. L'accident l'avait rendu faible et vulnérable ; il n'aurait aucun mal à le séduire.
La séduction cependant n'était pas au programme du soir.
Ni d'aucun autre soir.

(Eren) J'ai préparé un goulasch d'après la recette de ta tante, annonça-t-il en revenant vers la table avec un plat. Je l'ai suivie à la lettre, jusqu'au trait de sauce Worcestershire.

-Ça a l'air très bon, commenta Livai d'un ton morne en prenant sa fourchette.

(Eren) Tu veux un verre de vin avec ? Je sais que tu ne raffloles pas du rouge, mais tu ne peux pas vraiment boire de blanc avec ce plat. Et ce Merlot est particulièrement bon.

(Livai) Si tu veux, lâcha-t-il en haussant les épaules, indifférent.

Eren comprit que le dîner allait se dérouler dans une ambiance sinistre. Effectivement, Livai ne parla pas, se contentant d'avaler son goulasch machinalement. Il mangea tout, ce qui fut une consolation après l'effort qu'il avait fourni pour le préparer. Il avait passé des heures dans la cuisine. Mais ça ne l'avait pas embêté : il découvrait qu'il aimait assez cuisiner, même si ça prenait un temps fou.
Cependant, il détestait ranger et nettoyer après. Nettoyer en général d'ailleurs. Il aurait volontiers engagé une personne pour le ménage s'il n'avait pas eu désespérément besoin d'activité pour se distraire et se fatiguer. Il était persuadé du bien-fondé du vieil adage : l'oisiveté est mère de tous les vices. Ainsi, en plus du travail dans la maison et des courses, il allait courir 2 fois par jour le long de la plage. Seul le matin et l'après-midi avec Ian qui se rapprochait enfin de lui.