Un rêve qui tourne au cauchemar.

La vie de Soraya, bien que marquée par un vide qu'elle ne comprenait pas encore, était rythmée par une routine banale. Chaque jour, elle suivait le même chemin jusqu'au lycée, traversait les mêmes couloirs et participait aux mêmes cours. Mais ce matin-là, un étrange malaise s'était emparé d'elle, un pressentiment oppressant qu'elle ne pouvait ignorer.

Assise au fond de la salle de classe, Soraya tentait de se concentrer sur le cours d'histoire. Les mots du professeur semblaient pourtant se diluer, comme une mélodie lointaine noyée dans une tempête de bruits sourds. Une migraine sourde tambourinait à ses tempes, et un vertige monta brusquement. Les murs de la salle semblèrent onduler, se flouter.

— Soraya ? ça va ? murmura Tsumugi, inquiète.

Elle voulait répondre, mais ses lèvres restèrent closes. Une chaleur étrange envahit son corps, et tout devint noir.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Soraya se retrouva dans un parc baignant dans la lumière dorée du coucher de soleil. Autour d'elle, des éclats de rire résonnaient, familiers et réconfortants. Elle tourna la tête et aperçut Tsumugi, qui jouait à lancer des cailloux dans un lac.

— Allez, viens jouer, Soraya ! cria Tsumugi en riant.

Tout semblait si réel, si vivant. Soraya oublia un instant son malaise et avança vers son amie. Mais alors qu'elle tendait la main pour attraper un caillou, une ombre traversa son champ de vision. Quelqu'un la poussa violemment par-derrière. Elle bascula en avant, mais au lieu de tomber sur le sol du parc, elle atterrit sur son lit.

La pièce était sombre, éclairée seulement par la lumière de la lune filtrant à travers les rideaux. Elle était chez elle, dans sa chambre, n'est-ce pas ? Mais quelque chose était différent. Mais elle ne voulais pas y croire, tout cela devait être un rêver? N'est-ce pas?  Elle se tourna sur le dos, cherchant à reprendre son souffle et calmer ses esprits.

C'est alors qu'elle le vit.

Une silhouette sombre se dressait au-dessus d'elle, tenant un couteau brillant d'un éclat froid. Son visage était flou, mais ses yeux étaient empreints d'une intention meurtrière. Le souffle de Soraya se bloqua dans sa gorge. Avant qu'elle ne puisse crier, la silhouette leva l'arme et l'enfonça brutalement dans sa poitrine.

La douleur était insupportable, terrifiante. Soraya sentit le froid l'envahir, un froid qui semblait voler la vie même de son corps. Mais avant qu'elle ne sombre totalement, le décor changea de nouveau.

Elle était maintenant, toujours allonger sur le dos, dans une ruelle sombre, seule. La pluie tombait à torrents, et son souffle formait des nuages dans l'air glacé. Elle baissa les yeux et vit une tache rouge se répandre sur sa chemise blanche. Elle voulait bougée, se lever mais n'y pouvais, son corps ne répondait plus. Elle était blessée, gravement. Mais elle n'avait aucune idée de comment elle était arrivée ici.

À cet instant, Soraya se réveilla en sursaut, haletante, baignant dans sa sueur. La lumière du matin éclairait faiblement sa chambre, et tout était silencieux, sauf le bruit rapide de son propre cœur battant à ses tempes.

Mais ce n'était pas seulement un cauchemar. Elle le savait. C'était un fragment de quelque chose de plus profond, de plus sombre, qu'elle avait enfoui. Une réalité oubliée qui émergeait enfin. Elle se souvenait maintenant. Elle se souvenait de sa mort.

La journée qui suivit fut un tourbillon de confusion. Soraya évita les regards curieux de Tsumugi et des autres tout en continuant ses habitude habituelle, c'est-à-dire, les sourires et d'aider à soigner les autres malgré qu'en faisant cela ne l'aidait pas à oublier ce cauchemar, ce souvenir je voudrais dire. Son esprit était ailleurs, submergé par un flot de souvenirs et d'émotions qui la dévoraient.

Alors qu'elle réfléchissait à tout ce qu'elle avait vu et ressenti, une pensée émergea, claire et froide : elle devait trouver celui qui lui avait fait ça. Celui qui l'avait tué. Et elle savait maintenant où commencer. Ce cauchemar n'était pas un simple rêve. Il était un rappel. Une promesse de vengeance.